Contenu du sommaire : Lectures critiques

L'article prend pour objet les processus de cadrage des affaires « Viking » et « Laval » réalisés par la Confédération européenne des syndicats lors de leur examen par la Cour de justice de l'Union européenne en 2005-2006. Jugées en décembre 2007, les deux affaires sont devenues un symbole majeur du déficit social de l'intégration européenne, en raison de la primauté donnée par les juges aux libertés économiques sur les droits syndicaux. Par l'analyse de la construction de la cause de l'Europe sociale contre l'Europe du marché, cette étude rend compte des opérations de cadrage effectuées par les syndicalistes européens et leurs juristes en amont des verdicts, des logiques qui les mènent à entreprendre ce travail de mise en forme symbolique des litiges, et du contexte politique européen dans lequel cette mobilisation s'inscrit.

De nombreux travaux ont mis en évidence que l'européanisation constituait un processus pouvant produire des changements en matière d'activités économiques. Si la libéralisation économique et l'ancrage européen des grandes firmes ont été abondamment documentés, peu de travaux analysent le cas d'acteurs moins visibles, plus petits et moins établis. Cet article pallie ce manque en se demandant, à partir du cas des projets coopératifs d'énergie renouvelable, comment de nouveaux entrants sur un marché font usage de l'Union européenne. L'article met en lumière trois usages de celle-ci effectués par les acteurs de ces projets : un outil d'obtention de ressources cognitives et financières (1), un outil d'intermédiation (2), et un levier d'ouverture (partielle) de marchés (3).

La littérature sur la crise de la zone euro néglige deux caractéristiques déterminantes de la crise, à savoir la tentative initiale de s'appuyer sur l'implication du secteur privé et la répression financière pour faire face aux crises de liquidité dans les États membres. Cet article affirme que ces lacunes découlent du fait que la littérature néglige le concept de pouvoir des entreprises. Il propose une analyse de la manière dont la crise a émergé et a finalement été résolue en 2010-2012, qui s'articule autour d'un compte rendu de la manière dont le pouvoir structurel des entreprises a déterminé l'issue de la crise.

Cette contribution explore la façon dont des méthodes spécifiques de production artistique peuvent être utilisées dans un programme constructif visant à promouvoir l'identification des citoyens avec l'Union européenne. Ce cadre analytique innove en proposant une stratégie par laquelle les citoyens sont invités à mettre en question leurs conceptions assimilées de ce qu'est « être européen », et ce, indépendamment d'un effort conscient. Je soutiens que le processus de signification qui en résulte, du fait qu'il n'est pas influencé par des constructions idéales prédéterminées, nous permet de penser à l'Europe et à une identité européenne sans que cela mène toutefois à la création – et à l'exclusion systématique – d'un « autre non-européen ».

Comment la Commission européenne a-t-elle conçu sa nouvelle méthodologie d'élargissement malgré une certaine lassitude face à ce processus ? Plusieurs études ont montré que l'opposition française au lancement des négociations d'adhésion avec la Macédoine du Nord et l'Albanie en 2019 expliquait le contenu de la nouvelle méthodologie. Traditionnellement, la politique d'élargissement a été vue à travers le prisme de l´institutionnalisme rationnel : de ce point de vue, la nouvelle méthodologie serait le résultat d'un tel choc externe. Cet article soutient au contraire, en utilisant le cadre de l'institutionnalisme discursif et le concept de bricolage institutionnel, que la nouvelle méthodologie est le produit de quatre discours différents sur l'élargissement superposés les uns sur les autres.