Contenu du sommaire : Du cerveau à la vie en société

Quand bien même aucune guerre n'est ouvertement déclarée, la polarisation croissante du débat politique fragilise la démocratie, des techniques de cyberattaque sont utilisées, une forte opposition à l'endroit des valeurs occidentales s'installe. Comment qualifier ce climat d'hostilité permanente ? Le concept de « paix hybride » s'impose peu à peu pour définir ce qui menace la vie commune.

Le Brexit a rendu problématique la situation de l'Irlande du Nord. Cette province britannique, privée de gouvernement depuis un an, s'enfonce de plus en plus dans la crise. Le « Protocole nord-irlandais » est contesté par la communauté protestante qui se radicalise. Le blocage imposé par le Parti unioniste risque de durer et de provoquer de nouvelles violences.

Le dernier avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) s'interroge sur une évolution de la loi actuelle sur la fin de vie. Il recommande un développement préalable de l'accès aux soins palliatifs et plus largement la diffusion d'une culture palliative pour accompagner les personnes en situation de vulnérabilité, du fait de leur santé. Mais il suggère la possibilité d'une évolution législative autorisant en fin de vie l'assistance au suicide qu'il distingue de l'euthanasie. Huit membres ont émis une réserve sur cette évolution législative. Dans quelle mesure est-il possible d'envisager une application éthique de l'aide active à mourir ? Qu'est-ce qui distingue le suicide assisté de l'euthanasie ? Quels sont les retours sur ces pratiques dans d'autres pays ?

La maladie d'Alzheimer influe sur la qualité de vie du malade et de ses proches, car les difficultés cognitives altèrent non seulement les mémoires, mais aussi le langage, la communication, l'autonomie au quotidien, le jugement, la reconnaissance de soi et des autres ainsi que la sociabilité. Depuis l'annonce du diagnostic qui fait d'un proche un aidant dit « naturel », jusqu'à l'entrée en institution, nous devons aider les aidants car les risques physiques et psychiques sont importants et évitables. Qui sont ces aidants invisibles ? Quelles sont les attentes de la dyade aidant-aidé ? Comment éviter les situations d'épuisement et d'isolement social ? Quelles sont les réponses des pouvoirs publics ? Autant de questionnements qui ne peuvent se passer de notre vigilance éthique de soignants et de citoyens.

À partir de l'étude du fonctionnement du cerveau, le neurologue et chercheur en neurosciences cognitives Lionel Naccache ouvre des pistes de réflexion passionnantes sur la manière dont nous entrons en relation avec le monde. Est-ce sur le mode de la continuité ou de la discrétion ? La discrétion dont il est ici question doit être entendue au sens mathématique du terme : au sens où, dans un ensemble discret, les éléments sont séparés les uns des autres. C'est toute une conception de la vie éthique et politique qui en découle, rejoignant des questions très actuelles sur notre rapport au vivant et aux identités.

Achevé en mars 2023, le chemin synodal de l'Église catholique allemande est un événement de grande importance. Conçu comme une réponse à la crise des abus, il associe étroitement évêques et laïcs dans une recherche commune. S'affrontant aux questions cruciales, il peut inspirer d'autres entreprises et venir en appui à la démarche synodale dans laquelle l'Église catholique universelle s'est engagée.

Paule de Mulatier (1903-1980), dont le nom de religion fut ensuite « Marie de la Trinité », eut une trajectoire tourmentée, en proie à des épisodes dépressifs, ce qui l'amena à suivre une analyse auprès de Jacques Lacan (1901-1981). Les carnets spirituels de la religieuse dominicaine sont particulièrement intéressants car ils sondent notamment la dynamique de la filiation, au croisement de sa dimension spirituelle et humaine. Ils éclairent les difficultés et les ambiguïtés du vœu d'obéissance dans la vie religieuse, les abus d'autorité auxquels il peut donner lieu et, d'une manière plus générale, la signification profonde et possiblement libératrice de la filiation spirituelle dans un monde en proie à de grands désordres généalogiques.

Le catholicisme n'aurait-il pas cédé depuis quelque temps au charme ou au récent prestige socioculturel de l'art abstrait ? On peut se le demander face au nombre d'églises d'Europe occidentale où la loi du mur blanc s'est répandue, sinon imposée, avec le consentement des autorités ecclésiales soucieuses de « modernité », sans parler du nombre de tableaux d'église et de vitraux qui semblent s'être fait une loi ou un idéal d'être à chaque fois un triomphe des couleurs vives et un parfait désert iconique, sans que l'on puisse y repérer la moindre figure ni le moindre sujet iconographique identifiable.