Contenu du sommaire

Face à la confusion induite par l'accroissement exponentiel des approches relationnelles dans le champ du développement territorial et leur intérêt croissant dans le champ de l'action et de la politique, cet article cherche à poser les jalons d'une réflexion clarificatrice sur les fonctions des dynamiques relationnelles dans les processus de développement. Le texte propose un retour sur l'émergence de cette intuition centrale dans la reconnaissance de l'encastrement social des activités économiques et s'attache au regain d'intérêt que connaît la réflexion sur ces approches depuis l'intégration de l'innovation sociale et des acteurs de la société civile dans le champ du développement territorial. Il prend appui sur plusieurs exemples localisés, distinguant entre les dynamiques relationnelles qui émanent du territoire ou de pratiques, et des thématiques qui contribuent à fabriquer de nouvelles dynamiques relationnelles dans les territoires. Au final, l'objectif est de discuter l'ambivalence de leur appréhension contemporaine dans le champ scientifique et politique, la prégnance et la persistance des injonctions à la mise en réseaux conduisant à renforcer la gouvernance et les coopérations entre l'ensemble des acteurs territoriaux.

Le « 1 % paysage et développement » est un dispositif d'accompagnement de la réalisation d'infrastructures routières, destiné à financer, dans les territoires d'implantation, des actions de valorisation paysagère au service du développement local. Expérimenté à partir de 1989, ce dispositif a été généralisé en 1995 mais il est aujourd'hui en déclin, supplanté par des mesures en faveur de la biodiversité. Sur le plan national, l'article éclaire cette trajectoire institutionnelle à la lumière de l'évolution des relations entre paysage, développement et environnement. Puis il étudie la mise en œuvre du dispositif autour d'un barreau autoroutier, l'A19, en région Centre. L'analyse atteste l'activation de relations entre acteurs, mais aussi entre acteurs et objets. Elle témoigne également de la réappropriation du dispositif par la société locale, qui le rattache à des objets paysagers qui font sens pour elle, articulant ainsi paysage politique et paysage vernaculaire.

Cet article interroge le rôle que peuvent jouer les dispositifs sociomatériels dans la dynamique d'émergence d'innovations sociales sur les territoires. L'articulation des cadres théoriques de l'innovation sociale, du néo-institutionnalisme et des outils de gestion est exposée puis utilisée pour l'analyse du dispositif Popcorn, à Nantes dans la Loire-Atlantique. L'exploration de la conception et de l'usage de ce dispositif, qui tend à s'essaimer dans les territoires voisins, permet d'entrevoir les rôles d'intermédiaires structurants des dispositifs et leur participation à faire de chaque territoire des espaces d'expérimentations sociales.

Dans une perspective néo-institutionnaliste centrée sur la transformation des normes de l'action collective et l'articulation entre externalités et entrepreneur institutionnel, cet article s'efforce de comprendre le rôle des tiers-lieux dans le processus de régénération territoriale. Il s'agit d'analyser le processus de transition d'une ville administrative à une ville productive. Nous menons une étude de cas sur la petite ville de Digne-les-Bains en France en déployant un processus méthodologique participatif et un dispositif d'évaluation conçus comme un levier encapacitant pour les acteurs du territoire. Nous montrons le rôle central des interactions et des coopérations sur un territoire, les effets des tiers-lieux résidant moins dans leurs outputs (leurs effets directs et quantifiables) que dans leurs externalités. Ces externalités sont autant de leviers des processus de transition.

Dans un contexte d'adaptation aux changements globaux, les territoires de moyenne montagne structurés autour du tourisme des sports d'hiver évoluent vers des schémas touristiques plus diversifiés. Ce processus de diversification de l'offre touristique s'observe sur le long terme et modifie les trajectoires de ces territoires en élargissant le panel d'acteurs impliqués dans l'offre touristique et en jouant sur les formes d'organisation d'acteurs parties prenantes. Par conséquent, les réseaux d'acteurs sont amenés à évoluer et nous faisons l'hypothèse que ce renouvellement conduit à davantage de collaborations. L'article propose une approche évolutionniste des réseaux et des systèmes de relations entre acteurs, parties prenantes de la diversification. Cette approche se formalise par des schémas multi-acteurs évolutifs et des cartographies d'acteurs sur deux terrains d'étude, le massif du Sancy, dans le Massif central, et le Haut-Chablais, dans les Alpes. Il est ainsi possible d'affirmer que la diversification renforce les collaborations en rendant nécessaires l'identification d'acteurs pivots, l'affirmation de visions et d'objectifs communs, l'inclusion de la diversité d'acteurs implantés sur les territoires, l'articulation spatiale des relations, dans des contextes de dépendance plus ou moins forte à une organisation autour du tourisme des sports d'hiver. L'analyse menée sur les terrains permet de conclure que le massif du Sancy, alors plus avancé dans le processus de diversification de l'offre touristique, expérimente des collaborations plus abouties, par rapport au territoire du Haut-Chablais sur lequel persiste une organisation des acteurs autour des sports d'hiver.

Dans cet article, nous cherchons d'abord à caractériser les innovations sociales spécifiques à quatre territoires ruraux de moyennes montagnes, à partir d'une base de données de 120 initiatives. Ensuite, nous expliquons que l'histoire et les problématiques propres à chaque territoire façonnent ses innovations sociales.Notre article permet ainsi de comprendre les spécificités de l'innovation sociale dans ce type d'espace, ainsi que les trajectoires spécifiques de quatre territoires ruraux français situés en marge des dynamiques métropolitaines.Il nous permet de confirmer, d'une part, que les dynamiques territoriales d'innovations sociales sont liées à des problématiques locales et que, d'autre part, elles s'organisent en réseaux. De ce point de vue, on peut valider la pertinence de la notion d'écosystèmes territoriaux d'innovations sociales, même si ces écosystèmes conservent des composantes extraterritoriales.