Contenu du sommaire : Revisiter les migrations européennes

En Ukraine, les migrations vers l'Ouest de l'Europe, accentuées par la guerre menée par la Russie depuis 2014, s'inscrivent dans une longue histoire migratoire. Situé entre l'Europe et la Fédération de Russie, pris entre deux systèmes migratoires, le pays a connu, depuis le début des années 2000, un renversement des flux de l'Est vers l'Ouest. Les migrants ukrainiens ont ainsi pu développer leur connaissance du territoire européen et des réseaux de proches dans plusieurs pays. L'agression russe du 24 février 2022 renforce cette tendance d'une population ukrainienne qui regarde résolument vers l'Europe.

Depuis les années 1950, les Spätaussiedler, ressortissants de minorités allemandes en Europe de l'Est, migrent en Allemagne. L'étude de leur accueil dans la société allemande révèle la situation paradoxale de ces rapatriés dans les discours politiques, jugés a priori bien intégrés et dans le même temps soumis au racisme qui vise les Européens de l'Est. Le traitement des Spätaussiedler, renvoyés tantôt à leur image de minorité modèle ou d'étrangers russophones, permet de questionner les enjeux contemporains de l'immigration en Allemagne.

Les clichés qui pèsent sur l'intégration des populations immigrées en France distinguent favorablement certains immigrés, comme les Portugais, au détriment d'autres. L'histoire des préjugés liés à l'origine qui visent les Portugais trouve sa source durant la Première Guerre mondiale, avec le recrutement d'une immigration de travail portugaise vouée à participer à l'effort de guerre. À la lumière de la typologie des caractères nationaux en vogue à l'époque, les travailleurs portugais apparaissent résistants et dociles, ce qui contribue à légitimer leur mise en concurrence avec des travailleurs issus d'Afrique.

Né en 1972 dans la région dauphinoise à l'initiative d'un groupe de militants portugais, publié à Grenoble puis à Paris jusqu'en 1975, le journal O Alarme!.. porte la voie des exilés portugais en France et s'oppose à la guerre coloniale menée par le Portugal en Angola, au Mozambique et en Guinée-Bissau. L'analyse de ses articles au prisme du genre et de la migration permet de dégager les voix des femmes portugaises. Au-delà de leurs regards sur les enjeux géopolitiques, politiques et économiques de l'époque, leur présence dans les colonnes d'O Alarme !.. rend compte de la participation des femmes immigrées aux luttes féministes qui traversent la société française.

La mobilité professionnelle des jeunes espagnols dans l'espace Schengen s'est accrue avec la crise financière entre 2008 et 2014. L'émigration offre notamment aux Eurostars, ces jeunes ayant un niveau d'études élevé, des habitudes cosmopolites et une grande liberté de mouvement, des opportunités de carrière permettant d'échapper aux problèmes structurels du marché du travail espagnol. Si ces jeunes restent souvent surqualifiés pour les postes proposés dans les pays d'accueil, ils conçoivent leur migration dans le cadre d'un parcours individuel tourné vers leur développement personnel.

Les résultats de deux projets de recherche portant sur la mobilité intra-européenne de migrants de la classe moyenne vivant à Londres, à Paris et à Berlin permettent d'esquisser différents types d'ancrages locaux, de l'entre-soi jusqu'à l'isolement en passant par l'intégration locale. Bien ces différents types d'ancrages locaux se retrouvent dans les trois villes, des clusters d'expatriés apparaissent nettement dans chacune d'entre elles. Ils dépendent des raisons de la migration, du fragment spécifique de la classe moyenne auquel appartiennent les migrants, de leur capital culturel et économique, ainsi que des facteurs attractifs des villes.

Né grâce à une directive européenne en 1996, le statut de travailleur détaché encadre la mobilité des travailleurs au sein de l'Union européenne. Cette modalité de sous-traitance internationale permet l'emploi d'un salarié étranger pour une durée déterminée avant son retour dans son pays d'origine. Étudié à la lumière des migrations professionnelles, le détachement révèle la brutalité de la gestion de la main-d'œuvre sur laquelle il se fonde, notamment en termes d'intensité et de temps de travail, ou de conditions de vie dans le pays d'accueil.

Amateurs de petits villages à rénover face à un marché immobilier inaccessible dans leur pays, les Britanniques installés dans le Sud de la France sont une institution. Mais quitter un climat rude n'est pas leur seule motivation, loin de là. Lui-même installé en France, le photographe britannique Rip Hopkins part à la rencontre de celles et de ceux qui ont choisi «  Another Country » pour continuer leur vie, dans une autre langue que la leur.

Le photographe Jean-François Joly mène depuis 1997 une enquête photographique au long cours sur les populations roms en Europe. La série de photographies intitulée « D'Est en Ouest. L'immigration Rom », acquise par le Musée national de l'histoire de l'immigration, est composée de portraits réalisés dans les zones périurbaines de Paris et Lyon, dans lesquels le photographe s'emploie à renverser les stéréotypes attachés aux Roms.

Le bas-relief de la façade du Palais de la Porte Dorée, créé par le sculpteur Alfred Janniot pour l'Exposition coloniale de Paris en 1931, a nécessité l'embauche de tailleurs de pierre aguerris. Venue d'Italie, une équipe d'une vingtaine de scalpellini, dirigée par Innocenzo Santelli, va réaliser en deux ans ce décor monumental. Malgré des lois limitant l'émigration dans leur pays d'origine, ces ouvriers de l'ombre ont occupé une place centrale bien que méconnue au cœur du chantier.

Programmée au Musée national de l'histoire de l'immigration (MNHI) en 2013, l'exposition Albums, des histoires dessinées entre ici et ailleurs. Bande dessinée et immigration (1913-2013) se décline dans une version itinérante intitulée « Sortir des cases, bande dessinée et migrations ». Sa présentation au Château de Ladoucette à Drancy est l'occasion d'un partenariat entre la commune et le MNHI.

Les expositions mobiles du Musée national de l'histoire de l'immigration sont des adaptations de ses expositions temporaires sous un format léger, prévu pour une circulation hors-les-murs. Un des principaux objectifs de ce dispositif est de toucher des publics éloignés du Musée et des institutions culturelles en général. Il peut également servir de base ou d'accompagnement à des projets dédiés à l'histoire de l'immigration sur un territoire, portés par des collectivités ou des associations.

Le 18 janvier dernier, le MNHI a organisé une rencontre-débat sur les évolutions des discriminations en France. Animée par Nora Hamadi et en présence de Claire Hédon, défenseure des droits, Patrick Simon (Ined), Odile Rouhban et Pierre Tanneau (Insee) y ont partagé certains enseignements du deuxième volet de l'enquête « Trajectoires et Origines » (TeO2).

Le régime international des passeports obligatoires, tel qu'il existe aujourd'hui, est un legs de la Grande Guerre. Après l'Armistice, deux « Conférences des passeports » organisées par la Société des Nations envisagent de l'abolir. Ces conférences rencontrent un écho inégal dans la presse française de l'entre-deux-guerres. Les quotidiens qui publient le plus d'articles sont de droite ou de centre-droit. Mais les journaux analysés semblent davantage intéressés par la suppression des passeports que par les efforts de la SDN en la matière.

Vendredi 7 avril 2023, l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), seule université française à dispenser des cours de romani, a organisé une rencontre pour célébrer la Journée internationale du peuple Rom, prévue le lendemain. Le 8 avril a été choisi par l'Union romani internationale en mémoire de son premier congrès en date du 8 avril 1971, dont le but était de célébrer la culture romani et les Roms du monde entier, mais également de lutter contre le racisme en sensibilisant les « non-Roms » aux problèmes rencontrés par les Roms, première minorité de l'Union européenne.

Depuis 2009, Zone Franche est mandatée pour piloter le Comité Visas Artistes afin de réagir face aux difficultés croissantes relatives à l'octroi de visas rencontrées par les organismes professionnels du secteur musical travaillant à un niveau international. Le Comité Visas Artistes, qui réunit une dizaine de membres (organismes professionnels et institutionnels), travaille en étroite relation avec le ministère de la Culture et, depuis 2015, le ministère de l'Intérieur.