Contenu du sommaire : Femmes des quartiers populaires : les oubliées de la santé

Revue Les Cahiers du développement social urbain Mir@bel
Numéro no 76, deuxième semestre 2022
Titre du numéro Femmes des quartiers populaires : les oubliées de la santé
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  • Éditorial - Frédérique Bourgeois, Muriel Salle p. 1-2 accès libre
  • Première partie. Les femmes des quartiers populaires au croisement des inégalités de santé

    • Écoutez les femmes parler de la santé - p. 6 accès libre avec résumé
      Ces paroles ont été collectées entre 2017 et 2019 par l'association Ébullition de Romans-sur-Isère, lors d'entretiens et d'ateliers. Classées par thématiques, elles reflètent différentes dimensions et appréhensions des questions de santé. Donner la parole aux femmes des quartiers populaires nous semblait incontournable et une belle entrée en matière pour ce numéro.
    • Santé des femmes des quartiers populaires : pourquoi et comment en parler ? - Muriel Salle p. 7-9 accès libre avec résumé
      Comment vont les femmes des quartiers populaires ? Plutôt moins bien que les autres. Moins bien que les hommes des mêmes territoires et moins bien que les autres femmes. C'est ce que démontre Muriel Salle, historienne, maîtresse de conférences à l'Université Lyon 1, qui aborde dans une perspective intersectionnelle les inégalités de santé liées au genre et les inégalités sociales et territoriales.
    • De la difficulté de documenter les inégalités sociales et territoriales de santé au prisme du genre - Marion Pollier p. 10-11 accès libre avec résumé
      Que savons-nous de l'état de santé des femmes des quartiers prioritaires de la politique de la ville d'Auvergne-Rhône-Alpes ? C'est pour répondre à ce questionnement que l'équipe de Labo Cités est partie à la recherche de données sur le sujet. Nous avons pu recueillir des éléments grâce à trois sources, seulement : le rapport 2019 de l'ONPV1, le site Balises de l'Observatoire régional de la santé Auvergne-Rhône-Alpes et les témoignages de plusieurs médiatrices santé de la région. Cet article présente le résultat final de nos recherches sous forme d'infographies et de verbatim, une façon de poser un [modeste] diagnostic concernant la santé des femmes résidant en quartier populaire et les inégalités qu'elles subissent en la matière.
    • Maladies cardiovasculaires : l'urgence du repérage et de la prévention pour les femmes des quartiers populaires - Claire Mounier-Véhier p. 12 accès libre avec résumé
      En France, les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité des femmes, tuant 200 femmes par jour. Les plus touchées sont celles en situation de précarité. Partant du constat que dans 8 cas sur 10, l'accident est évitable par un repérage des situations à risque et une prise en charge adaptée, Thierry Drilhon, dirigeant et administrateur d'entreprises, et la cardiologue Claire Mounier-Véhier, ont créé en 2020 le fonds de dotation Agir pour le Cœur des Femmes dont l'action phare est le Bus du Cœur des Femmes. Présentation de cette campagne nationale de dépistage, conçue comme une action partenariale d'aller-vers les femmes en situation de vulnérabilité socio-économique au sein de leur territoire.
    • Femmes des quartiers, expertes en contournement : à quel prix pour leur santé ? - Dominique Poggi p. 13 accès libre avec résumé
      Stratégies d'évitement ou de contournement de lieux, changements de trajets ou adaptation d'horaires… tels sont les phénomènes dont témoignent des habitantes de quartiers populaires afin de se sentir en sécurité sur l'espace public. Ces phénomènes ont des impacts négatifs, notamment sur leur santé mentale, encore trop peu connus. Pour autant, leur participation à des actions collectives peut devenir un levier positif à leur liberté. Dominique Poggi, sociologue, nous permet de mieux mesurer les conséquences de ces attitudes de protection et des solutions possibles.
    • L'offre de soins libérale : quelle implantation dans les quartiers populaires ? - Marjorie Fromentin p. 14-15 accès libre avec résumé
      À quelle offre de soins libérale a-t-on accès quand on réside en quartier prioritaire ? Où sont implantés les médecins généralistes et les spécialistes ? Concernant les femmes, quelles disciplines médicales peuvent-elles trouver dans leur quartier ? C'est à ces différentes questions que Marjorie Fromentin, chargée de mission à Labo Cités, s'est attelée à partir de données régionales chiffrées. Cet article présente uniquement les éléments relatifs à la médecine libérale (hors professionnels salariés donc) et ne prétend ni à l'exhaustivité ni à l'analyse des causes et des conséquences de la situation décrite.
    • L'accès aux soins des femmes des quartiers politique de la ville : un parcours semé d'embûches - Lilia Santana p. 16-17 accès libre avec résumé
      Les difficultés d'accès aux soins rencontrées par les femmes résidant dans les quartiers de la politique de la ville sont nombreuses et ont des conséquences immédiates sur leur état de santé. Les raisons expliquant cet état de fait sont multiples, s'entrecroisent voire se cumulent, comme l'analyse Lilia Santana, chargée de développement et de coordination à Fabrique Territoires Santé.
    • À Annonay, des trajets groupés en voiture pour accompagner les habitants chez le dentiste - Lucile Mollon p. 18 accès libre avec résumé
      Consulter un professionnel de santé peut parfois relever du parcours du combattant lorsqu'on habite un quartier populaire. À Annonay, l'équipe du Collectif 31, association d'accompagnement social et d'hébergement d'urgence, organise depuis deux ans des trajets en groupe chez le dentiste pour répondre aux besoins des habitants en situation de précarité. Explications de Lucile Mollon, infirmière et médiatrice santé.
    • Renoncement aux soins : au-delà des choix individuels, penser les rapports de domination - Louise Virole p. 19-20 accès libre avec résumé
      Les femmes habitant dans les quartiers politique de la ville (QPV) font partie des populations qui renoncent le plus aux soins en France, alors qu'elles sont aussi celles qui ont le plus de risque de voir leur état de santé se dégrader. Louise Virole, sociologue, spécialiste des questions de santé, de genre et de migration, nous propose d'explorer les raisons du renoncement aux soins de ces femmes à travers une revue de littérature.
    • À La Villeneuve, un projet pour lever le tabou des règles et sensibiliser à la précarité menstruelle - Chloé Ndiaye p. 21 accès libre avec résumé
      Question sociale et de santé publique prioritaire, la précarité menstruelle concerne les populations économiquement les plus fragiles. Le phénomène « désigne les difficultés à se procurer des protections périodiques de première nécessité et de vivre dignement ses règles » et concernerait 1,7 million de femmes et de personnes menstruées en France. Chloé NDiaye, ancienne stagiaire à l'École de la paix et étudiante à l'Institut d'études politiques de Grenoble, revient sur le projet Sang'Tabous qui a permis, en 2022, d'enquêter sur les pratiques des femmes et des personnes menstruées du quartier Villeneuve – Village Olympique à Grenoble.
    • La prostitution des mineures, une problématique nouvelle de la politique de la ville ? - Stéphanie Gaudillat p. 22-23 accès libre avec résumé
      L'annonce, en novembre 2021, du premier plan national de lutte contre la prostitution des mineur·e·s manifeste la volonté de l'État de se saisir enfin d'une problématique qui, si elle n'est pas nouvelle, prend aujourd'hui une ampleur sans précédent. Les territoires de la politique de la ville n'y font pas exception, aux dires des professionnel·le·s. Stéphanie Gaudillat, ancienne directrice d'une structure d'accompagnement des personnes en prostitution, aujourd'hui consultante et formatrice, s'intéresse plus particulièrement aux conséquences de la prostitution des mineur·e·s en matière de santé.
    • Mais qui prendra soin des femmes des quartiers populaires ? - Clémence Emprin p. 24-26 accès libre avec résumé
      L'Ébullition est une association d'éducation populaire drômoise dont l'approche féministe et la pratique du théâtre-forum sont les deux piliers historiques. Depuis cinq ans, l'association fait exister des espaces collectifs pour mettre le soin au centre des relations sociales. Clémence Emprin, l'une des coordinatrices de l'association, revient sur l'origine du projet : libérer la parole des femmes des quartiers populaires de Romans-sur-Isère sur le travail du care1 et ses conséquences.
  • Deuxième partie. Face aux inégalités de santé, quels remèdes ?

    • Médiation santé : la réponse de l'ARS pour améliorer l'accès aux droits et aux soins - Fabienne Chambe, Damien Viccini p. 28 accès libre avec résumé
      Interface entre les personnes en difficulté dans leur parcours de soins et les professionnels de santé, la médiation en santé est une mission que l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes (ARS Aura) soutient depuis 2015. Fabienne Chambe et Damien Viccini, de la coordination régionale santé précarité de l'ARS Aura, reviennent sur l'avènement et le déploiement de cet outil influant dans la lutte contre les inégalités de santé subies par les personnes résidant en quartier populaire.
    • La santé des femmes : un sujet en friche pour la médiation - Marjorie Fromentin, Marion Pollier p. 29-31 accès libre avec résumé
      Ce numéro des cahiers du développement social urbain ne pouvait traiter de la santé des femmes des quartiers populaires sans donner la parole aux médiateur·trice·s santé, des professionnel·le·s qui sont au plus près des habitants et des habitantes dans leur parcours d'accès aux soins et à la santé. Labo Cités a donc interrogé sept médiateur·trice·s santé issu·e·s de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes. Marjorie Fromentin et Marion Pollier, chargées de mission, restituent ici les points de vue échangés.
    • À Bourg-en-Bresse, le pari de la coordination entre la santé et la politique de la ville - Frédérique Bourgeois p. 32 accès libre avec résumé
      À Bourg-en-Bresse, ville de 41 111 habitants située dans l'Ain, 20% de la population vit en quartier prioritaire. Nadia Ouled Salem, maire-adjointe déléguée à la solidarité, au handicap, aux liens intergénérationnels et à la santé publique, souligne la faible prise en compte des problématiques de santé vécues par les femmes des quartiers populaires. Elle explique comment la collectivité agit grâce à une articulation entre les dispositifs de la politique de la ville et ceux de la santé, et grâce à la présence d'une dynamique partenariale sur le territoire.
    • Devenir actrice de sa santé L'exemple des ateliers « Le corps en mouvement » - Nathalie Robin p. 33 accès libre avec résumé
      Si les bienfaits du sport sur la santé ne sont plus à démontrer, pratiquer ne va pas de soi et nombreux sont les freins qui peuvent empêcher la mise en place d'activités physiques pour des publics peu ou pas sportifs. L'expérience « Le corps en mouvement » propose un parcours d'ateliers d'éducation à la santé par l'activité physique pour renouer avec son corps et reprendre confiance en soi. Justine Meudre, responsable de la Plateforme Sport Santé de l'Ain à l'initiative du projet, nous explique en quoi consistent ces ateliers et les bénéfices qu'en retirent les participant.e.s.
    • Pour une approche intégrée de l'égalité en matière de santé : le rôle de l'État - Cécile Langeois p. 34 accès libre avec résumé
      L'égalité entre les femmes et les hommes est un principe constitutionnel, mais aboutir à l'égalité réelle nécessite d'agir ! Qu'en est-il des politiques publiques et des actions concernant la santé des femmes des quartiers populaires ? Cécile Langeois, directrice régionale adjointe à la Direction régionale aux droits des femmes et à l'égalité, dresse le panorama des orientations régionales et présente quelques actions soutenues par les services de l'État.
    • Le pouvoir thérapeutique des jardins urbains - Meriem Fradj p. 35 accès libre avec résumé
      Implantée dans le quartier prioritaire des Hauts de Valence, l'association Le Mat est investie dans l'animation de jardins urbains et citoyens depuis près de vingt ans. Meriem Fradj, présidente de l'association, prend la plume pour témoigner des bienfaits de la pratique du jardinage sur la santé physique et mentale des habitantes. Elle nous partage aussi leurs paroles, autant de matière qui illustre l'impact de la nature sur leur bien-être.
    • La promotion de la santé à l'école : un outil de lutte contre les inégalités sociales de santé - Julien Masson p. 36-37 accès libre avec résumé
      Définie par l'Organisation mondiale de la santé comme « un état de complet bien-être physique, psychique et social », la santé ne concerne « pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité ». La santé n'est donc pas de la seule responsabilité des soignants et possède des déterminants bien plus larges que la lutte contre les maladies. Julien Masson, maître de conférences en sciences de l'éducation à l'Université Claude Bernard Lyon 1, en fait la démonstration avec la démarche d'École promotrice de santé, menée à Firminy (commune de Saint-Étienne Métropole), en collaboration avec la Ville et l'Éducation nationale.
    • Douleurs périnéales : sortir de la fatalité - Camille Tallet p. 38 accès libre avec résumé
      Avec la précarité menstruelle ou encore l'endométriose, la santé sexuelle féminine commence à éclore comme sujet dans le débat public. Encore un effort, et peut-être pourrons-nous un jour parler des douleurs périnéales, de leurs causes et de leur prise en charge. C'est ce que souhaite Camille Tallet, sage-femme et ostéopathe à Lyon, fondatrice en 2020 de l'association Périnée Bien-Aimé.
    • Les centres de santé communautaire : des lieux d'émancipation des femmes des quartiers populaires - Gwenaëlle Ferré p. 40-41 accès libre avec résumé
      La participation des usager.ère.s est au cœur des centres de santé communautaire. De nombreuses femmes sont investies dans les activités, ce qui a souvent pour effet de contribuer à leur émancipation, à la fois sur le plan de la santé et sur celui, plus large, du pouvoir d'agir. Gwenaëlle Ferré est cofondatrice d'un centre de santé communautaire et planétaire à Bron et a longuement travaillé dans une structure similaire en Seine-Saint-Denis. Elle précise ici les éléments constitutifs d'un centre de santé communautaire et comment les femmes des quartiers populaires peuvent s'y engager.
    • Écouter et sensibiliser les femmes aux enjeux de santé - Marjorie Fromentin p. 42 accès libre avec résumé
      Ouvert en 2018 à Vaulx-en-Velin, Santé Commune est un centre de santé communautaire doté d'une équipe d'une dizaine de professionnelles. L'association ambitionne de réduire les inégalités d'accès aux soins, notamment en créant des leviers pour prévenir le renoncement aux soins. C'est ainsi qu'a été mise en place en 2022 une action en direction des femmes : le « Café de toutes les femmes », un temps d'échanges où la parole circule librement entre les usagères et les médecins. Labo Cités a pu assister à l'un de ces ateliers. Reportage.
  • Bibliographie - Muriel Salort p. 43-44 accès libre