Contenu du sommaire : Crise environnementale et sociale : les quartiers populaires relèvent le défi

Quatre groupes d'habitant·e·s fréquentant des centres sociaux ont échangé sur leur manière de vivre la transition écologique dans leur quartier (La Duchère à Lyon 9e et La Monnaie à Romans-sur-Isère). Personnes récemment arrivées sur le territoire, séniors, jeunes, nous livrent leur quotidien. Ce texte est issu de ces rencontres1

Priorité sociale ou urgence écologique ? Plutôt que d'être envisagés comme les deux faces d'une même pièce, ces deux impératifs sont souvent renvoyés dos à dos, comme si la lutte contre les inégalités sociales et l'action face à la crise écologique étaient incompatibles, voire contradictoires. Pourtant, l'observation des actions menées dans des quartiers populaires montre qu'allier les deux est possible et nécessaire. C'est ce que nous explique Léa Billen, autrice d'une thèse de géographie sur les initiatives écologistes citoyennes dans trois quartiers populaires et cofondatrice de l'Institut Transitions.

Accompagner, former, sensibiliser… telles sont quelques-unes des missions du GRAINE, réseau de l'éducation à l'environnement et au développement durable (EEDD) en Auvergne-Rhône-Alpes. Frédéric Villaumé, son directeur, explique la nécessité et l'urgence de prendre conscience des enjeux environnementaux et de s'impliquer dans la transition écologique de chaque territoire, y compris les quartiers populaires.

Aller à la rencontre des voisins pour questionner l'évolution de leurs rapports à la nature, c'est l'objet de l'un des projets artistiques de La Troupe 2022-2023. Elle rassemble une quinzaine de jeunes en service civique au sein de la MJC Laënnec-Mermoz (Lyon 8e). Ils reviennent, dans cet article, sur les enseignements issus de leur enquête.

La santé est une dimension essentielle de la transformation sociétale nécessaire pour affronter les crises sociales, écologiques et sanitaires. Ainsi, Julie Donjon et Lucie Pelosse, référentes régionales santé mentale et santé environnement à l'IREPS Auvergne-Rhône-Alpes, expliquent qu'il ne peut y avoir de transition sans (re)considération de la santé et appellent, en guise d'étape préalable, à nous interroger sur nos représentations de la santé.

La crise de la Covid-19 a fourni une illustration criante des limites et carences de nos systèmes alimentaires dont les conséquences auraient été encore plus dramatiques sans l'action de citoyens, d'associations, de collectivités, d'entreprises et d'agriculteurs. Elle a aussi remis les enjeux de souveraineté et de précarité alimentaires au centre des préoccupations. Pour y répondre, la Fédération des centres sociaux des 2 Savoie (FCS2S) développe, depuis 2021, le projet des paniers solidaires. Valentin Poncet, chargé de mission à la FCS2S, nous présente les tenants et les aboutissants de cette action.

Quatre groupes d'habitant·e·s fréquentant des centres sociaux ont échangé sur leur manière de vivre la transition écologique dans leur quartier (La Duchère à Lyon 9e et La Monnaie à Romans-sur-Isère). Personnes récemment arrivées sur le territoire, séniors, jeunes, nous livrent leurs difficultés. Ce texte est issu de ces rencontres1

S'il gagne du terrain, le débat sur l'écologie demeure monopolisé par les classes sociales supérieures. Comme si le sujet ne concernait pas les habitants des quartiers populaires aux yeux rivés sur la fin du mois, ni sensibles ni sensibilisés, en somme, à l'environnement. Peu responsables des désordres climatiques, ils n'en restent pas moins les plus vulnérables à leurs conséquences. De quoi légitimer leur participation au débat, selon David Prochasson, journaliste spécialisé dans l'action sociale.

Vélo en quartier, association créée en 2018 dans le quartier prioritaire Tarentaize-Beaubrun à Saint-Étienne, propose différentes activités autour du cycle : vélo-école, réemploi de vélos récupérés en déchèteries et revendus à prix engagés, accompagnement à la réparation de son vélo, création de clubs pour s'encourager en ville et sortir du quartier… Samira, Sarra et Marion, techniciennes cycles, reviennent sur la vocation de l'association et leur engagement pour faire du vélo un moyen de solidarité sociale et de participation citoyenne.

Peu de projets écologiques dans les quartiers populaires sont portés par les habitants eux-mêmes alors qu'ils font partie des populations les plus touchées par les pollutions et le dérèglement climatique. Comment faire pour inverser la tendance ? Dans quelle mesure peuvent-ils prendre part à la table des négociations pour proposer les adaptations nécessaires au changement ? Analyse et pistes d'amélioration par Fatima Ouassak, politologue.

Malgré un discours grandissant sur la nécessité d'impliquer les habitant·e·s dans les politiques publiques et un nombre croissant de démarches lancées, la mobilisation citoyenne par les pouvoirs publics reste très compliquée, notamment dans les quartiers populaires. Mais ce désengagement est-il uniquement la marque d'un désintérêt, voire d'un rejet des démarches descendantes ? Ou existe-t-il d'autres freins pour l'expliquer ? Entretien avec Guillaume Petit, chercheur en science politique sur la question des inégalités sociales face aux dispositifs de participation démocratique.

Depuis 2004, le GESRA (Groupement des épiceries sociales de la région AURA) accompagne et anime un réseau d'épiceries sociales et solidaires qui propose un modèle d'aide alimentaire innovant. Tout en donnant l'accès à une meilleure alimentation aux personnes en situation de précarité, ces épiceries œuvrent pour une économie sociale et solidaire, la promotion de la santé, l'éducation populaire et une consommation responsable. Rencontre avec Éric Vivier, coordinateur au GESRA, qui nous explique la spécificité du modèle mais aussi ses limites face à l'augmentation de la pauvreté dans notre pays.

Contrairement à certains a priori, les classes populaires (dans leur diversité) sont sensibles aux préoccupations environnementales qu'elles relient directement à leur vie quotidienne. Mais elles se tiennent à distance de l'écologie moralisatrice et responsabilisante. Jean-Baptiste Comby, sociologue, maître de conférences à l'université Paris 2 et Hadrien Malier, docteur en sociologie, fournissent des clés de compréhension et des pistes de solution pour aborder et travailler différemment les questions écologiques avec les classes populaires.

Pour la Métropole de Grenoble – qui avait fait inscrire dès 20191 l'enjeu social de la transition écologique comme thématique transversale de son contrat de ville –, l'accompagnement social aux transitions est une nécessité. Malik Allam, directeur du développement social à la Métropole de Grenoble, revient sur la création d'un fonds métropolitain dédié à cet enjeu central, et entrevoit les prochaines étapes à franchir sur le chemin des transitions.

Quatre groupes d'habitant·e·s fréquentant des centres sociaux ont échangé sur leur manière de vivre la transition écologique dans leur quartier (La Duchère à Lyon 9e et La Monnaie à Romans-sur-Isère). Personnes récemment arrivées sur le territoire, séniors, jeunes, nous livrent leurs rêves pour leur quartier. Ce texte est issu de ces rencontres1.

Comment allier transition écologique et lutte contre les inégalités au bénéfice des habitants des quartiers en renouvellement urbain ? Pour Kim Chiusano, directrice adjointe à la direction de la stratégie et de l'accompagnement des acteurs à l'ANRU (Agence nationale de la rénovation urbaine), la rénovation urbaine est non seulement un outil, mais également une opportunité pour accompagner les transitions sociales et environnementales.

À Annemasse, le quartier prioritaire Perrier-Livron-Château Rouge – qui compte plus de 6 000 habitants – est en pleine mutation. Comme l'expliquent Inès Ayeb (adjointe politique de la ville, NPNRU et mise en valeur du patrimoine) et Mylène Saillet (adjointe à la transition écologique et à la végétalisation), la transition écologique est pleinement intégrée dans le projet de rénovation urbaine… à tel point que l'on est en droit de se demander s'il pourrait à l'avenir être un modèle à suivre pour les autres quartiers.

Quand l'apprentissage du journalisme rejoint les préoccupations socioenvironnementales, cela donne « Reporters de Quartiers » : un programme qui permet à des jeunes de quartiers populaires de l'agglomération lyonnaise de se former à l'audiovisuel de terrain, tout en découvrant leur quartier, ses acteurs, ses projets, notamment ceux relatifs aux enjeux de la transition écologique. Chloé Lombard, chargée du programme Reporters de Quartiers, Léna Rivier, volontaire en service civique, et Baptiste Thomasset, bénévole, nous livrent leur expérience et surtout des messages d'espoir en faveur d'une transition inclusive et solidaire.

Le constat est sans appel. Les conséquences des bouleversements climatiques, de l'effondrement de la biodiversité et de l'épuisement des ressources disponibles sont plus que jamais visibles. Cette crise environnementale se double d'une crise sociale forte dont nous ne mesurons pas encore l'ensemble des impacts à venir. Mais ce dont nous pouvons être sûrs, c'est que les personnes les plus touchées sont celles qui vivent dans des territoires déjà fragilisés. Les habitant·e·s des quartiers populaires sont donc en première ligne face aux difficultés et aux risques mais aussi en première ligne pour inventer les solutions. Tels sont les messages que les quatre réseaux associatifs, l'AURACS, le GRAINE ARA, l'IREPS ARA et Labo Cités1 ont souhaité faire passer dans cet article.