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Revue | Participations |
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Numéro | no 34, 2022/3 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les assemblées citoyennes, une nouvelle forme de représentation démocratique ? - Hélène Landemore, Jean-Michel Fourniau p. 5-36 L'introduction de ce dossier examine une question qui parcourt l'ensemble des articles : les assemblées citoyennes tirées au sort peuvent-elles démocratiquement et légitimement légiférer au nom du peuple ? La question des conditions démocratiques d'une représentation non électorale est aujourd'hui saillante dans la théorie politique et conduit à envisager la légitimité de nouvelles formes de représentation politique dans un système délibératif élargi qu'exigent nos sociétés de masse complexes. Le recours aux processus délibératifs questionne spécifiquement la possibilité pour une assemblée tirée au sort de prendre des décisions au nom de l'ensemble de la population, comme le feraient des représentant·es élu·es. Cette introduction situe la réflexion sur ce que sont des « représentant·es citoyen·nes » dans les débats contemporains de la théorie politique. Sans prétendre apporter de réponse définitive, l'introduction explore certaines questions soulevées par la Convention citoyenne pour le climat en France au travers d'une synthèse des différents articles du dossier. Elle précise ce que sont les assemblées citoyennes, et éclaire le phénomène par lequel les citoyen·nes tiré·es au sort construisent un rôle de représentation politique, un « devenir représentant·e » qui excède leur mandat initial, en général limité à réduire le fossé entre la population et les élu·es. Les résultats dégagés ouvrent la perspective de l'institutionnalisation des assemblées citoyennes dans le processus de fabrication de la loi.
The introduction to this dossier examines a question that runs through all the articles: can citizens' assemblies drawn by lot democratically and legitimately legislate on behalf of the people? Whether it is possible to represent democratically in a non-electoral manner is a salient one today in political theory today and raises the question of the legitimacy of new forms of political representation in the sort of expanded deliberative system that our complex mass societies require. Is it possible for a randomly drawn assembly to make decisions on behalf of the whole population, as would elected representatives? This introduction situates the reflection on the meaning of “citizen representatives” in contemporary debates in political theory. Without claiming to offer a final answer, the introduction explores some of the questions raised by the Citizens' convention for the climate through a synthesis of the various articles in the dossier. It clarifies the meaning of citizens' assemblies and sheds light on the way randomly selected citizens become representatives in building a role of political representation that exceeds their initial mandate, which is generally limited to reducing the gap between the population and elected officials. The conclusion raises the question of the institutionalization of citizens' assemblies in the law-making process. - Des citoyennes délibératives et des citoyens délibératifs : la Convention citoyenne pour le climat face à la délibération - Bénédicte Apouey, Jean-Michel Fourniau, Solène Tournus p. 37-79 Le processus de recrutement (le « tirage au sort ») d'un mini-public conduit à sélectionner des volontaires motivé·es et disponibles pour participer à l'assemblée. Cependant, leurs dispositions pour la délibération ne se révèlent qu'en situation et dépendent largement du déroulement même du processus délibératif. L'analyse des réponses des volontaires participant à la Convention citoyenne pour le climat à des questionnaires portant sur la qualité délibérative des échanges, ainsi que leur comparaison avec celles données par les participant·es aux conférences citoyennes régionales du Grand débat national (France, 2019) et du G1000 (Belgique, 2011), permettent de saisir l'expression de dispositions relationnelles dans les interactions qui font d'une situation délibérative une expérience partagée. Nous employons l'expression « citoyennes délibératives et citoyens délibératifs » pour qualifier les interactions entre dispositions individuelles et dispositif délibératif, constitutives de l'expérience partagée. L'écoute et le respect entre participant·es, la sincérité des prises de parole et leur orientation vers le bien commun, le goût pour l'expression du désaccord politique en face à face forment la confiance des citoyennes délibératives et des citoyens délibératifs dans leur capacité collective à produire des propositions efficaces et justes. Un programme comparatif international permettrait de documenter leur expérience en saisissant plus finement les dispositions individuelles favorables à la délibération, leur formation et leur dynamique, en interrogeant les comportements qui les manifestent selon les motifs de participation.The recruitment process (the “drawing of lots”) leads to the selection of volunteers who are motivated and available to participate in a mini-public. However, their dispositions to deliberate are only revealed in the situation and depend largely on the representative deliberative process itself. The analysis of the answers of volunteers participating in the French Citizens' Convention for Climate to questionnaires on the deliberative quality of the exchanges, as well as their comparison with those given by participants in the regional citizens' conferences of the Great National Debate (France, 2019) and the G1000 (Belgium, 2011), allow us to grasp the expression of relational dispositions in the interactions that make a deliberative situation a shared experience. We use the expression “deliberative citizens” to describe the interactions between individual dispositions and the deliberative process that compose the shared experience. Listening and respect between participants, the sincerity of speech, the orientation towards the common good, and the taste for face-to-face expression of political disagreement form the deliberative citizens' confidence in their collective capacity to produce effective and fair proposals. An international comparative program would make it possible to document citizens' experience by grasping in greater detail individual dispositions favorable to deliberation, their formation and their dynamics, and behaviors that manifest these dispositions according to the reasons for participation in the deliberative process.
- Engagements et processus de politisations au sein de la Convention citoyenne pour le climat - Nathalie Blanc, Laurence Granchamp p. 81-106 Notre propos est d'éclairer l'engagement citoyen au cours de la Convention citoyenne pour le climat (France, 2019-2021). Cette assemblée instaure un cadre original d'action collective et invite à réfléchir à ses effets sur les « engagements », soit la propension des participant·es à adopter le sujet débattu comme cause d'investissement personnel. Dans un premier temps, nous étudions les « processus » d'engagement afin d'élargir la compréhension des formes et des discours de l'engagement, en associant les aspects personnels et intimes, à la participation aux débats en vue d'élaborer les mesures à transmettre au gouvernement. Dans un deuxième temps, l'article rend compte des politisations à l'œuvre, entre autres à travers deux exemples de mesures : l'éthique alimentaire et l'écocide, emblématiques de ce « débordement » qui relève, comme nous le montrons, d'une politisation. Dans un troisième temps, nous nous intéressons aux effets de la Convention sur les formes et les dynamiques d'engagement a posteriori. Le travail d'enquête, fondé sur des observations conduites notamment au sein du groupe Se nourrir et des entretiens réalisés après la Convention, s'ancre dans une perspective pragmatiste d'étude des mobilisations, accordant de l'importance aux situations d'engagement.Our aim is to shed light on citizen engagement during the French Citizens' Convention for Climate. This assembly establishes an original framework for collective action and invites us to reflect on its effects on “commitments”, i.e. the propensity of participants to adopt the subject under discussion as a cause for personal involvement. In a first step, we study the “processes” of engagement in order to broaden the understanding of the forms and discourses of engagement, linking the personal and intimate aspects to participation in debates in order to elaborate the measures to be transmitted to the government. In the second part, the article gives an account of the politicisation at work, notably through two examples of measures: food ethics and ecocide, which has become truly emblematic of this “overflow” which, as we show, is a matter of politicisation. In the third part, we look at the effects of the Convention on the forms and dynamics of commitment after the end of de Convention. The research work, based on observations conducted in particular within the group “Se nourrir” (Feeding) and interviews conducted after the Convention, is rooted in a pragmatic perspective of studying mobilisations, giving importance to situations of commitment.
- Une participation entre technique et politique. Typologie des mesures de la Convention citoyenne pour le climat - Selma Tilikete p. 107-137 L'homogénéité formelle des six cents pages du rapport final de la Convention citoyenne pour le climat française (CCC) donne peu d'indices sur ce qu'a pu être le processus d'élaboration des propositions. Pourtant, différentes formes de répartition des rôles entre citoyen·nes et expert·es ont eu lieu pour répondre au mandat, donnant lieu à des mesures allant de la révision constitutionnelle à l'élaboration de seuils et au calendrier de rénovation énergétique des bâtiments. Cet article propose une typologie des mesures de la Convention, construite à partir de plusieurs critères : leur origine, le nombre et la motivation des porteuses et porteurs de la mesure, les types d'arguments utilisés, l'existence de désaccords et leur traitement, la fréquence et la nature de l'appui des expert·es. Grâce à ces critères, des mesures de cinq types ont été distinguées que nous avons choisi de nommer : génériques sectorielles, techniques, de sobriété, de régulation économique, et fondamentales. Si les procédures de la CCC ont été assez souples pour faire émerger cette diversité de réponses au problème climatique, toutes n'ont pas connu un terrain également favorable. Nous en discutons les enjeux politiques, en montrant comment chaque type coproduit à la fois une conception de l'environnement, et une conception de la participation des citoyen·nes tiré·es au sort aux décisions politiques pour répondre au défi climatique.The formal homogeneity of the six hundred pages of the final report of the French Citizens' Climate Convention gives little indication of what the process of elaborating the proposals might have been. However, different forms of role distribution between citizens and experts took place to meet the mandate. This article proposes a typology of the Convention's measures, based on several criteria: their origin, the number and motivation of those carrying the measure, the types of arguments used, the presence of disagreements and how they were dealt with, the frequency and nature of expert support. Using these criteria, five types of measures were distinguished, which we have chosen to call: sectorial generic, technical, of sobriety, of economic regulation and fundamental. If the CCC procedures were flexible enough to allow this diversity of answers to the climate issue to emerge, not all of them found equally favorable ground. We discuss in this article the political concerns, and how each type co-produces both an understanding of the climate change, and a conception of the participation of randomly selected citizens in policy-making to be up to the task of the climate challenge.
- Gouverner une assemblée citoyenne. Le rôle du Comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat - Jean-Michel Fourniau p. 139-171 « Qui gouverne une assemblée citoyenne ? » La question vise les conditions qui permettraient de pérenniser et d'institutionnaliser ce type d'exercice démocratique. Cet article en témoigne : en France, même les approches qui voient dans les assemblées citoyennes tirées au sort une nouvelle forme de représentation démocratique ont répondu à cette question selon les schèmes anciens de la participation du public. Ceux-ci ont conduit à penser la « souveraineté » de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) dans les termes d'un pilotage indépendant de l'exécutif, et non comme la prérogative d'un Parlement des citoyen·nes. Les travaux internationaux sur les mini-publics abordent quant à eux la question en termes d'autonomie de la délibération citoyenne, qui doit être protégée par des règles de fonctionnement et encouragée par l'animation. Cela conduit à des dispositifs très différents, concentrant en France dans un comité de gouvernance les fonctions de pilotage stratégique, de conseil scientifique et d'organisation, plus souvent distribuées à l'étranger entre différentes instances. Cet article retrace la genèse et certains aspects du fonctionnement du Comité de gouvernance de la CCC. Son fil directeur est de considérer que les enjeux de pouvoir révélés par le pilotage et l'organisation d'une assemblée citoyenne engagent le regard que l'on porte sur ces exercices – participation à l'élaboration des décisions publiques ou fabrique de la loi –, qui conditionne à son tour la manière d'aborder leur gouvernance.“Who governs a citizens' assembly?” The question of their governance aims at the conditions that would allow to perpetuate and institutionalize these democratic processes. This article shows that in France, even the approaches that see assemblies of citizens drawn by lot as a new form of democratic representation, have answered this question according to the old patterns of public participation. These have led to thinking of the sovereignty of the French Citizens' Convention for the Climate (CCC) in terms of an independent steering from the executive and not as the prerogative of a citizens' parliament. International work on mini-publics, on the other hand, approaches the question in terms of the autonomy of citizens' deliberation, which must be protected by rules of operation and encouraged by the animation. This results in very different arrangements, concentrating in France in a governance committee the various functions of strategic steering, scientific advice and organization, which are more often distributed between different bodies abroad. This article traces the genesis and certain aspects of the functioning of the CCC's governance committee. Its guiding principle is to consider that the power issues revealed by the steering and organization of a citizens' assembly affect the way we look at these exercises–public participation in decision-making or making of the law–which in turn conditions the way we approach their governance.
- Les frontières négociées des assemblées citoyennes. Le cas de la Convention citoyenne pour le climat (2019-2020) - Maxime Gaborit, Laurent Jeanpierre, Romane Rozencwajg p. 173-204 Comme d'autres mini-publics, la Convention citoyenne pour le climat (CCC), qui s'est tenue en France en 2019 et 2020, a dû répondre à une double contrainte : pour que ses conclusions soient jugées valables du point de vue de la délibération, elle devait apparaître comme imperméable aux influences extérieures, mais pour que ses conclusions aient du poids, les membres de l'assemblée étaient incité·es à développer des alliances avec d'autres acteurs et actrices, et à porter ainsi le débat au-delà des murs de l'assemblée. Cette tension entre ouverture et fermeture, délibération et participation, mini-public et grand public, de plus en plus problématisée au sein des théories de la démocratie délibérative, a été résolue à travers certaines des caractéristiques organisationnelles et logistiques du dispositif, comme dans ces longues intersessions au cours desquelles les citoyen·nes ont été convié·es à investir leur rôle, ce qui a constitué un élément décisif dans la publicité des débats. L'article, qui repose sur une enquête ethnographique tout au long du processus, montre comment les frontières de la CCC ont été construites puis renégociées par les citoyen·nes et d'autres parties prenantes. Nous mettons en lumière un double mouvement d'importation d'acteurs et actrices externes et d'exportation vers le grand public, ainsi que des phénomènes de constitution progressive d'un « Nous » de l'assemblée citoyenne, opposé à un « Eux » qui renvoie aux institutions politiques et économiques comme au reste de la population nationale. Nous suggérons que tous ces mécanismes jouent un rôle majeur sur le devenir des mesures et qu'ils devraient faire l'objet d'une analyse plus systématique dans d'autres mini-publics et assemblées citoyennes.Like other mini-publics, the Citizens' Climate Convention (CCC) had to respond to a double bind: in order for its conclusions to be considered valid from the point of view of deliberation, it had to appear to be impervious to external influences, but in order for its conclusions to have weight, the members of the assembly were encouraged to develop alliances with other social and political actors, and thus to extend the debate beyond the walls of the assembly. This tension between openness and closure, deliberation and participation, mini-public and general public, increasingly problematized within theories of deliberative democracy, was resolved through some of the organizational and logistical features of the process, such as the long intersessions during which citizens were invited to assume their roles, which was a decisive element in the publicity of the debates. The article, which is based on an ethnographic investigation throughout the process, shows how the boundaries of the CCC were constructed and then renegotiated by citizens and other actors. We highlight a double movement of importation of external actors and exportation towards the general public as well as phenomena of progressive separation between the “We” of the citizens' assembly and the “They” of the rest of the national population. We suggest that all of these mechanisms play a major role in the fate of the measures and that they should be analyzed more systematically in other mini-publics and citizens' assemblies.
- La Convention citoyenne pour le climat a-t-elle travaillé comme une assemblée parlementaire ? - Éric Buge p. 205-235 L'article compare le fonctionnement de la Convention citoyenne pour le climat française (CCC) avec celui des missions d'information de l'Assemblée nationale. D'une part, il montre que si les deux structures reposent sur une forme de division du travail entre leurs membres, cette dernière repose sur des logiques différentes : affiliation partisane dans le cas de l'Assemblée et création d'une identité collective pour la CCC. D'autre part, si l'Assemblée distingue nettement les rôles des député·es, des fonctionnaires et des expert·es auditionné·es, la Convention a fonctionné comme un « collectif hybride » réunissant citoyen·nes, Comité de gouvernance, expert·es, etc. Sur le fondement de cette comparaison, l'article se conclut par quelques suggestions de design institutionnel pour les conventions à venir.This article compares the functioning of the French Citizens' Climate Convention (CCC) with that of the National Assembly's “missions d'information”. On the one hand, it shows that while both structures rely on a form of division of labor between their members, this division is based on different logics: partisan affiliation in the case of the Assembly and the creation of a collective identity for the CCC. On the other hand, while the Assembly clearly distinguishes between the roles of MPs, civil servants and experts, the Convention functioned as a “hybrid collective” bringing together citizens, members of the governance committee, experts, etc. Based on this comparison, the paper concludes with some institutional design suggestions for future conventions.
- La parlementarisation de la démocratie délibérative : Pourquoi est-ce que les élu·es institutionnalisent la participation citoyenne au sein de leur parlement ? - Min Reuchamps, Ann-Mireille Sautter p. 237-260 Un nombre croissant de parlements expérimentent des modèles délibératifs permettant aux citoyennes et citoyens de participer activement à la prise de décision parlementaire. Leur institutionnalisation est particulièrement visible en Belgique, où quatre parlements ont instauré de manière permanente la démocratie délibérative. Nous étudions les raisons derrière cette institutionnalisation en utilisant une méthode mixte pour établir, quantitativement d'abord, si une différence de soutien peut être observée entre les parlements ayant institutionnalisé ou non de tels dispositifs. Puis nous analysons qualitativement comment les parlementaires conçoivent ces dispositifs délibératifs et pourquoi elles et ils optent pour un modèle spécifique.
Around the world, a growing number of parliaments experiment with deliberative models allowing citizens to actively participate in public decision-making. Their institutionalization is especially visible in Belgium where four Parliaments have permanently instated deliberative democracy. We investigate the reasons behind institutionalization by applying a mixed method design to quantitatively establish whether a difference in support can be observed between parliaments who have or have not institutionalized deliberative models. Then, we analyze qualitatively how parliamentarians conceive deliberative models and why they opt for a specific design. - La Convention citoyenne pour le climat : un dispositif hors norme parmi les assemblées citoyennes sur le climat ? - Graham Smith, Jean-Michel Fourniau, Lise Deshautel p. 261-281 La Convention citoyenne pour le climat, qui s'est tenue en France entre 2019 et 2021, se situe au sommet de ce que l'OCDE appelle la « vague délibérative ». Si elle présente un fort air de famille avec les autres assemblées climatiques, cela peut masquer des différences significatives. En comparant la Convention avec les cinq autres assemblées nationales pour le climat qui ont achevé leurs travaux à la fin de 2021, l'unicité du phénomène des assemblées pour le climat est remise en question. Grâce à cette comparaison, il apparaît clairement que certains aspects de la commande, de la gouvernance, de la conception et de l'impact de la Convention citoyenne pour le climat la distinguent des autres assemblées climatiques. Il s'agit d'une « donnée aberrante » en termes de sciences sociales. Et ce statut d'exception peut jouer un rôle important dans la remise en question des principes établis pour la pratique des mini-publics délibératifs.
The French Citizens' Convention for the Climate is at the leading edge of what the OECD terms the “deliberative wave”. While it has strong family resemblance to other climate assemblies, this can mask significant differences. By comparing the Convention with the other five national climate assemblies that had completed their work by the end of 2021, the singularity of the phenomenon of climate assemblies is challenged. Through this comparison, it becomes clear that aspects of the commissioning, governance, design and impact of the Convention make it distinguishable from other climate assemblies. It is an “outlier” in social scientific terms. And this outlier status may play an important role in unsettling established principles of DMP practice. - Les marges du dicible dans et hors d'un dispositif de participation instituée : les audits citoyens de la dette à Madrid - Jessy Bailly p. 285-309 Cet article interroge à nouveaux frais les dynamiques à l'œuvre dans les dispositions de participation instituée, à partir de ce qu'il est possible d'y dire et d'y faire entendre. On part de l'expérience d'un collectif d'audit citoyen de la dette à Madrid qui, s'il voit le projet militant dont il est porteur s'institutionnaliser par le nouvel exécutif élu en 2015, s'en estime pourtant insatisfait. Alors que la consécration du dispositif a permis de reformuler la manière de parler de la dette publique, les auditeurs-citoyens et auditrices-citoyennes considèrent que l'ordre du discours institutionnel, certes renouvelé, s'est heurté à leurs tentatives d'imposer leur propre lecture du problème de la dette publique.This article takes a fresh look at the dynamics at work in the participatory democracy's arenas, based on what it is possible to say and to make heard. The starting point is the experience of a citizens' debt audit group in Madrid. Even if its members succeeded in making the citizen debt audit an official participatory tool carried by the municipal government in 2015, they felt dissatisfied. While the consecration of the mechanism has made it possible to reformulate the official way of talking about public debt, the citizen-auditors consider that the institutional discourse, albeit renewed, collided with their attempts to impose their own version of the public debt problem.