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Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | vol. 30, no 1, mars 2022 |
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- Négociation au sein des ménages ivoiriens : résultats expérimentaux en milieu rural - Ralitza Dimova, Edouard Pokou Abou, Arnab Basu, Romane Viennet p. 5-34 Cet article propose une nouvelle mesure expérimentale du pouvoir de négociation de la femme, examine le lien de cette mesure avec les dépenses familiales consacrées aux différents types de biens publics, et étudie ses facteurs déterminants. Le but central de cet exercice est de vérifier s'il y a une corrélation positive entre le pouvoir de négociation de la femme et les ressources allouées aux biens publics au sein du ménage. Nous trouvons que l'homme donne la priorité aux dépenses alimentaires, la femme donne plus d'importance aux transferts à destination des parents et les deux accordent des priorités moyennes similaires à l'éducation. Le pouvoir de négociation de la femme par rapport aux trois catégories de dépenses étudiées est corrélé avec le prix de la mariée, l'éducation de la femme et le revenu de l'homme. Les résultats contribuent au débat sur l'intérêt supérieur de la femme au bien-être des enfants et pourront avoir des effets politiques intéressants. Codes JEL: C93, J43, O55.This paper proposes a novel experimental measure of women's relative bargaining power, relates this measure to expenditures on various household public goods, and studies its determinants. A key question we address in the process is whether higher bargaining power for women translates into increased allocation of resources toward public goods. We find that men prioritize food expenditures, women prioritize financial transfers to parents, and both men and women have similar average priorities with respect to educational expenditures. The woman's bargaining power over the three categories of expenditures studied is correlated with the price of the bride, the education of the wife, and the income of the husband. The results contribute to the debate on women's greater interest in the welfare of her children and could have interesting policy implications.
- Les revenus des ménages dans la Russie de Poutine : changement distributionnel entre groupes socioéconomiques, 2000-2016 - Vladimír Hlásny p. 35-96 Suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 et à l'imposition de sanctions par des pays du monde entier, la population russe est confrontée à une crise aux conséquences profondes mais différenciées selon les groupes socioéconomiques. Nous examinons dans cet article l'évolution des revenus et des écarts de revenus sociétaux tout au long de la présidence de Vladimir Poutine, y compris durant la crise pétrolière de 2014 et la guerre commerciale déclenchée par l'annexion de la Crimée. Des régressions quantiles inconditionnelles sont appliquées aux enquêtes 2000-2016 afin d'estimer les changements de distribution entre les divisions urbaines/rurales, agricoles/non agricoles et entre les sexes à tous les quantiles de revenus, et des courbes d'incidence de croissance pour les groupes respectifs sont dérivées en utilisant des vagues d'enquêtes cohérentes autour des années de crise 2014-2015. Les écarts entre les zones urbaines et rurales s'avèrent omniprésents, en particulier pour les quantiles de revenus inférieurs, tandis que les écarts entre les sexes ont diminué au fil du temps. Les ménages ruraux et ceux dirigés par des femmes reçoivent des rendements inférieurs sur leurs dotations car ils manquent d'opportunités d'emploi. Les chocs de 2014 ont affecté tous les groupes, en particulier les pauvres ruraux, les agriculteurs orientés vers l'exportation et les riches urbains, non seulement immédiatement après les chocs mais durant plusieurs années. Codes JEL: F16, J31, D31, D63, N34, C21.Following the invasion of Ukraine by Russia in February 2022 and the imposition of sanctions by countries worldwide, the Russian population is facing a crisis with deep but differentiated consequences across socioeconomic groups. We examine the evolution of income and disparities in societal income throughout Vladimir Putin's presidency, including the 2014 oil crisis and the trade war spurred by Russia's annexation of Crimea. Unconditional quantile regressions are applied to 2000–2016 surveys to estimate the distributional changes across urban/rural, farming/non-farming, and gender divides at all income quantiles, and growth incidence curves for the respective groups are derived using consistent survey waves around the crisis years of 2014–2015. Urban-rural gaps are found to be pervasive, particularly at lower income quantiles, while gender gaps declined over time. Rural and female-headed households receive lower returns on their endowments because they lack employment opportunities. The 2014 shocks affected all groups, particularly the rural poor, export-oriented farmers, and the urban rich, not only immediately but over several years.
- Consommation d'eau et croissance de la productivité agricole en Afrique subsaharienne - Yannick Fosso Djoumessi, Cyrille Bergaly Kamdem p. 97-134 Cette étude a pour objectif d'analyser la croissance de la productivité agricole en tenant compte de la dotation en eau pour l'agriculture en Afrique subsaharienne. La méthode de la frontière de production stochastique à paramètres aléatoires-vrais (SPF) est utilisée pour estimer la fonction de production agricole intégrant la « dotation en eau » comme intrant, et dériver la productivité totale des facteurs pour un échantillon de 19 pays sur la période 1991-2014. Les résultats du modèle SPF montrent que les coefficients des facteurs de production classiques et de la dotation en eau ont un effet positif et significatif sur la croissance de la production agricole après correction de tout problème potentiel de biais d'endogénéité. Le taux de croissance moyen de la productivité totale des facteurs (PTF) avec la « dotation en eau » est estimé à 0,045 % par an sur toute la période d'étude, bien inférieur à la PTF classique estimée autour de 1 % en moyenne par an. De 1991 à 2001, ce taux est négatif, estimé à −0,44 %. Il est de 0,36 % sur la période 2002-2012. L'amélioration plus importante au cours de la dernière décennie serait due à l'adoption significative de bonnes pratiques agricoles grâce à des avancées technologiques ayant permis des économies d'eau (soit de −0,08 % à −0,05 % en moyenne par an). Il convient donc de mettre davantage l'accent sur les pratiques d'économies d'eau, essentielles à une utilisation efficace de cette ressource en agriculture. Codes JEL : O13, Q1, Q3.This study aims to analyze agricultural productivity growth by taking into account water endowment in agriculture in sub-Saharan Africa. The true-random Stochastic Production Frontier (SPF) method is used to estimate the agricultural production function incorporating “water endowment” as an input, and to derive the total factor productivity for a sample of nineteen countries over the period 1991–2014. The results of the SPF model show that the coefficients of the classic production factors and water endowment have a positive and significant effect on agricultural output growth after correcting any potential endogeneity bias issues. The average growth rate of total factor productivity (TFP) with “water endowment” is estimated at 0.045 percent per year over the whole period, far lower than the classic TFP estimated at around 1 percent on average per annum. From 1991 to 2001, this rate is negative, estimated at −0.44 percent. It is 0.36 percent over the period 2002–2012. The greater improvement in the last decade is believed to be due to the significant adoption of good agricultural practices thanks to technological advances which have resulted in water savings (i.e., from −0.08 percent to −0.05 percent on average per year). Hence, greater emphasis needs to be placed on water-saving practices essential for efficient water use in agriculture.