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Revue | Revue de l'histoire des religions |
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Numéro | tome 240, no 3, juillet-septembre 2023 |
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- Les juifs, le politique et l'ancrage spatial : déterritorialisation et reterritorialisation au Moyen Âge - Claire Soussen p. 387-414 La dimension diasporique de l'histoire des juifs implique d'une certaine manière la déterritorialisation du peuple juif. Il s'agit ici d'envisager la façon dont l'historien peut penser ce concept et la reterritorialisation des juifs médiévaux entre sujétion politique, ancrage spatial et soumission à la norme halakhique. Le premier temps de l'analyse est consacré à l'apparent paradoxe qui fait des juifs un peuple déterritorialisé mais dont les individus constituent des communautés ancrées dans le territoire. Dans un second temps la réflexion porte sur la loi juive comme outil déterritorialisé et universel de la souveraineté et donc comme pôle de la vie juive. Enfin, le cas de Narbonne permet d'envisager la question de la reterritorialisation des juifs médiévaux en diaspora.The diasporic dimension of Jewish history involves the deterritorialization of the Jewish people. This study considers how the historian may think of the deterritorialization and reterritorialization of medieval Jews in terms of political subjection, spatial anchoring and submission to the halachic norm. The first part of the analysis is devoted to the apparent paradox which makes the Jews a deterritorialized people but whose individuals constitute communities rooted in the territory. Next, it focuses on Jewish law as a deterritorialized and universal tool of sovereignty and therefore as a center of Jewish life. Finally, the case of Narbonne allows us to consider the question of the re-territorialization of medieval Jews in the Diaspora.
- Perceptions interculturelles du martyre : le meurtre du père de la Brunière (Mandchourie, 1846) - Anne Dalles Maréchal p. 415-449 Dès 1840, les prêtres français des Missions Étrangères de Paris tentent d'évangéliser les populations « païennes » qui habitent la Mandchourie. L'un d'entre eux, le père de la Brunière, est tué en 1846 par des Nivkh, une population animiste vivant à l'embouchure de la mer d'Okhotsk. Ses courriers, ainsi que ceux envoyés par les missionnaires partis sur ses traces en 1849, 1861 et 1864, offrent une perspective intéressante sur les premiers contacts entre autochtones et missionnaires chrétiens. Dans cet article, la rencontre des points de vue se traduit par une dualité entre missionnaire et missionnés, qui permet d'analyser les perceptions, les négociations et les transferts d'idées religieuses d'un groupe à l'autre.From 1840 onwards, priests from the Paris Foreign Missions attempted to evangelize the “pagan” populations of Manchuria. One of them, Father De La Brunière, was killed in 1846 by Nivkh men, members of an animist population living at the mouth of the Sea of Okhotsk. His letters, and those produced by the missionaries who followed in his footsteps in 1849, 1861 and 1864, offer an interesting perspective on the first contacts between Indigenous people and Christian missionaries. In this article, the meeting point of different worldviews takes the shape of a duality between missionary and missionized, which allows us to analyze the perceptions, negotiations and transfers of religious ideas from one group to the other.
- Henri Bremond lecteur de William James. Transferts culturels en contexte moderniste - Peter J. Gorday p. 451-484 Tout d'abord sceptique quant aux perspectives de la « psychologie de la religion », mais influencé par Friedrich von Hügel et la présentation de William James par Émile Boutroux (dans la préface à l'édition française, en 1906, des Varieties of Religious Experience), Henri Bremond intègre peu à peu la pensée de l'auteur américain à sa réflexion sur la nature de l'expérience mystique : passant de la « fine pointe » salésienne, lieu ultime de l'intériorité et de la volonté, au « subconscient » ou « subliminal » jamesien, il réussit en retour à élaborer ses portraits spirituels en deux temps, d'abord l'analyse psychologique, puis la vie de prière. Enfin, en s'appropriant ironiquement cette pensée, il parfait son analyse de la propre spiritualité de W. James.Initially sceptical of the perspectives of the “psychology of religion”, but influenced by Friedrich von Hügel and by Emile Boutroux's presentation of William James (in the preface to the 1906 French edition of The Varieties of Religious Experience), Henri Bremond gradually and in an ironic way integrates the thinking of the American author into his own view of the nature of mystical experience : moving from François de Sales's “fine pointe”, the ultimate locus of interiority and will, towards James's “subconscious” or “subliminal” mind, he in turn successfully develops his spiritual portraits in two stages, first a psychological analysis, then the inner life of prayer. Finally, in similar fashion, he evaluates W. James' own spirituality from a French perspective.
- « La vérité est qu'on ne sait plus que devenir ». Années 1890, années néo-chrétiennes - Sylvain Milbach p. 485-517 La dénomination « néo-christianisme » connut dans la France des années 1890 un vrai succès « médiatique », de courte durée (1890‑1894) certes, mais de forte intensité. Les néo-chrétiens voyaient dans l'Évangile, interprété indépendamment des dogmes, le moyen de donner sens à une morale du dévouement susceptible d'accompagner l'affirmation de la démocratie, en encadrant l'essor de l'individualisme et du matérialisme. S'il fut une réponse à une conjoncture, celle du recul de l'empire du positivisme, s'il fut une manifestation d'interrogations protéiformes à l'heure de la laïcité triomphante, il mérite aussi d'être analysé comme une variante du sentiment religieux du XIXe siècle : il a été peut-être son ultime quête d'un magistère spirituel qui cherchait, dans un sentiment religieux renouvelé, les moyens d'une réponse à la « question sociale ».The term “neo-Christianity” was a real “media” success in France in the 1890s, albeit short-lived (1890‑1894), but of great intensity. The neo-Christians saw in the Gospel, interpreted independently of dogma, a way to give meaning to a morality of devotion likely to accompany the affirmation of democracy, by framing the rise of individualism and materialism. Whether it was a response to a particular situation, that of the retreat of the empire of positivism, or whether it was a manifestation of protean questions in a time of triumphant secularism, it also deserves to be analysed as a variant of 19th-century religious sentiment : it was, perhaps, its ultimate quest for a spiritual magisterium that sought, in a renewed religious sentiment, the means of an answer to the “social question”.
- Bernard Gendrel, Muriel Labouret et Élisabeth Le Corre (dir.), De Gethsémani au Golgotha. La Passion dans l'art et dans la littérature : Rennes, Presses universitaires de Rennes, (« Interférences »), 2021 - Solène Baron p. 519-521
- Marcel Metzger, L'Église dans l'Empire romain. Le culte, vol. 2 : Les célébrations : Rome, Pontificio Ateneo Sant'Anselmo, Editions of Sankt Ottillien (« Studia anselmiana », 184), 2021 - Alain Rauwel p. 522-524
- Jean Zumstein, Sur les traces de Jésus. Un essai de spiritualité chrétienne : Genève, Labor et Fides (« Essais bibliques », 56), 2021 - Christian Boudignon p. 524-526
- Valère du Bierzo, Écrits autobiographiques et Visions de l'au-delà, sous la direction de Patrick Henriet, texte établi, traduit et commenté par Patrick Henriet, Jacques Elfassi, Florian Gallon, Céline Martin et José Carlos Martín-Iglesias : Paris, Les Belles Lettres (« Auteurs latins du Moyen Âge », 32), 2021 - Thomas Deswarte p. 526-530
- Vincent Hunink, Acta Martyrum Scillitanorum. A Literary Commentary : Turnhout, Brepols (« Giornale Italiano di Filologia », 24), 2021 - Mohamed-Arbi Nsiri p. 530-532
- Esther Dehoux, Caroline Galland et Catherine Vincent (dir.), Des usages de la grâce. Pratiques des indulgences du Moyen Âge à l'époque contemporaine : Lille, Presses universitaires du Septentrion (« Histoire et civilisations »), 2021 - Jean Sénié p. 532-534
- Kantik Ghosh et Pavel Soukup (dir.), Wycliffism and Hussitism. Methods of Thinking, Writing, and Persuasion, c. 1360-c. 1460 : Turnhout, Brepols (« Medieval Church Studies », 47), 2021 - Olivier Marin p. 535-536
- Matthieu Bernhardt, La Chine en partage. Les écrits sinophiles du père Matteo Ricci : Genève, Droz (« Les seuils de la modernité », 26), 2021 - Fiona Karcz p. 536-539
- Matteo Al Kalak, Mangiare Dio. Una storia dell'eucarestia : Turin, Einaudi (« Einaudi storia »), 2021 - Jean Sénié p. 539-542
- Claire Soussen, La pureté en question : exaltation et dévoiement d'un idéal entre juifs et chrétiens : Madrid, Casa de Velázquez (« Bibliothèque de la Casa de Velázquez », 79), 2020 - Pierre Savy p. 542-545
- Christian Jouhaud, Le Siècle de Marie Du Bois. Écrire l'expérience au XVIIe siècle : Paris, Éditions du Seuil (« L'univers historique »), 2022 - Sophie Houdard p. 546-548
- Jean-Baptiste Amadieu et Simon Icard (dir.), Du jansénisme au modernisme. La bulle Auctorem fidei, 1794, pivot du magistère romain : Paris, Beauchesne (« Théologie historique », 129), 2021 - Paul Chopelin p. 548-551
- Dominique Avon, L'histoire religieuse contemporaine en France : Paris, La Découverte (« Écritures de l'histoire »), 2022 - Yvon Tranvouez p. 551-553
- Sylvain Milbach, Lamennais : 1782‑1854 : Paris, Société d'histoire religieuse de la France (« Histoire religieuse de la France » 51) ; Rennes, Presses universitaires de Rennes (« Histoire »), 2021 - Rémy Hême de Lacotte p. 554-556
- Pierre Janet, Les Formes de la croyance, établissement des textes, annotations, présentation et postface de Stéphane Gumpper et Florent Serina : Paris, Les Belles Lettres, 2021 - Pierre Lory p. 557-559