L'économie française encaisse de multiples chocs (hausse des prix de l'énergie, incertitudes et tensions géopolitiques, vagues du variant Omicron et difficultés d'approvisionnement, hausse des taux d'intérêts…) conduisant à une baisse de la croissance malgré les dispositifs budgétaires mis en place. Après avoir crû de 6,8 % en 2021, rattrapant partiellement la chute de 2020 (-7,9 %), le PIB n'augmenterait que de 2,6 % en 2022 et de 0,6 % en 2023. Cette prévision n'intègre pas d'effet lié à des ruptures ou un rationnement d'énergie. Le seul « choc énergie », comparable au premier choc pétrolier pour l'économie française, réduirait le PIB de 3,3 points mais les mesures budgétaires pour répondre à la crise énergétique amortiraient le choc à hauteur de 1,5 point en 2023, pour un coût budgétaire brut de 47 milliards d'euros (18 milliards en net).Avec un baril de pétrole à 100 dollars en 2023 et une revalorisation de 15 % des tarifs réglementés du gaz et de l'électricité, les prix de l'énergie augmenteraient de 22 % en 2022 et de près de 10 % en 2023. Le salaire mensuel de base (SMB) connaîtrait une hausse nominale de 3,4 % en 2022 et 3,8 % en 2023. Au total, l'inflation mesurée par l'IPC augmenterait, en moyenne, de 5,1 % en 2022 et de 4,6 % en 2023.Le revenu des ménages va fortement s'accroître au second semestre 2022 en raison des fortes revalorisations de l'été, compensant en grande partie les fortes pertes de revenu du premier semestre. En 2023, l'ajustement attendu sur le marché du travail va peser sur la dynamique de la masse salariale et le RDB réel baisserait de -0,3 % en 2023. Sur deux ans, malgré les mesures budgétaires et la revalorisation du SMIC, le pouvoir d'achat par unité de consommation se contracterait de 1,4 %, ce qui le ramènerait à un niveau proche de 2019. Le taux d'épargne passerait de 15,5 % actuellement à 17,4 % fin 2022 en raison de l'inertie de la consommation et de l'incertitude qui restera élevée en fin d'année. En 2023, le taux d'épargne se réduirait pour revenir en fin d'année à un niveau proche de son niveau d'avant-crise. La « sur-épargne » accumulée depuis 2020 atteindrait 11,7 % du RDB fin 2023.Après près de 240 000 emplois créés en 2022, la faible croissance en 2023 et l'ajustement progressif du sureffectif, évalué à plus de 500 000 emplois à la mi-2022, se traduiraient par des destructions d'emplois (-175 000). Dans ce contexte, après avoir atteint un point bas à 7,2 % au troisième trimestre 2022, le taux de chômage remonterait à 8 % en fin d'année 2023. Ce scénario suppose une relative stabilité du stock d'apprentis au cours des prochains trimestres, autour de 900 000.Sur l'ensemble de la période 2020-2023, les mesures exceptionnelles prises par le gouvernement pour faire face à la crise Covid puis à celle de l'énergie représenteraient un coût exceptionnel pour les finances publiques de 270 milliards d'euros, soit 10,8 % du PIB sur quatre ans.Après un déficit public à 8,9 points de PIB en 2020 et 6,4 points en 2021, celui-ci continuerait de baisser malgré les nouvelles mesures prises sur l'énergie, pour s'établir à 4,9 points de PIB en raison de l'extinction progressive des mesures d'urgence liées à la crise Covid et du fort rendement fiscal des prélèvements obligatoires. En 2023, le déficit public s'élèverait à 5,2 % du PIB, conséquence du ralentissement de la croissance et du moindre dynamisme attendu des recettes fiscales, de la hausse des charges d'intérêts et de la baisse structurelle des prélèvements obligatoires.Après une faible diminution en 2022 à 111,2 % du PIB (contre 112,5 % en 2021), la dette publique, au sens de Maastricht, ré-augmenterait en 2023 pour s'établir à 112,2 % du PIB.
The French economy is experiencing multiple shocks (rising energy prices, geopolitical uncertainties and tensions, waves of the Omicron variant and supply difficulties, rising interest rates, etc.), leading to a decline in growth despite the fiscal measures taken. While GDP grew by 6.8% in 2021, which partially offset the fall in 2020 (-7.9%), it will increase by only 2.6% in 2022 and 0.6% in 2023. This forecast does not take into account any effect linked to energy disruptions or rationing.The “energy shock” alone, comparable to the first oil shock for the French economy, would reduce GDP by 3.3 points, but the fiscal measures taken to respond to this should cushion the shock by 1.5 points in 2023, at a gross cost to the budget of 47 billion euros (18 billion net).With oil at 100 dollars a barrel in 2023 and a 15% hike in regulated gas and electricity tariffs, energy prices should rise by 22% in 2022 and by almost 10% in 2023. The nominal basic monthly wage ( salaire mensuel de base – SMB) should rise in nominal terms by 3.4% in 2022 and 3.8% in 2023. In total, CPI inflation will pick up by an average of 5.1% in 2022 and 4.6% in 2023.Household income will go up sharply in the second half of 2022 due to these strong revaluations in the summer, largely offsetting the sharp losses in the first half year. In 2023, the expected adjustments in the labour market will weigh on wage hikes, and real GDI is expected to fall by -0.3% in 2023. Over two years, despite the fiscal measures and the revaluation of the minimum wage (SMIC), purchasing power per consumption unit should shrink by 1.4%, bringing it down to a level close to 2019.The savings rate should rise from the current 15.5% to 17.4% at end 2022 due to the inertia of consumption and the level of uncertainty, which will remain high at year end. The savings rate should fall back to a level close to its pre-crisis state by the end of 2023, at which point the "over-savings" accumulated since 2020 should reach 11.7% of GDI.After the creation of 240,000 jobs in 2022, weak growth in 2023 and the gradual adjustment of overstaffing, estimated at more than 500,000 jobs in mid-2022, should result in job losses (-175,000). In this context, the unemployment rate, after having fallen to a low of 7.2% in the third quarter of 2022, should rise to 8% by the end of 2023. This scenario assumes that the stock of apprentices will remain relatively stable over the next few quarters at around 900,000.Over the 2020-2023 period as a whole, the exceptional measures taken by the government to deal with the Covid crisis and then the energy crisis will represent a one-off cost for the public purse of 270 billion euros, or 10.8% of GDP over four years.The public deficit, which fell from 8.9 GDP points in 2020 to 6.4 points in 2021, should continue to narrow despite the new measures taken on energy, to 4.9 GDP points in 2022, due to the gradual fading out of the emergency measures linked to the Covid crisis and the high tax yield from compulsory levies. In 2023, the deficit should be slightly over 5.2% of GDP, as a result of the slowdown in growth and the expected lower intake from tax revenues, the rise in interest charges and the structural decline in compulsory levies.The public debt, in the Maastricht sense, fell slightly in 2022 to 111.2% of GDP (compared to 112.5% in 2021), but should rise again in 2023 to 112.2% of GDP.