Contenu du sommaire : Histoire de la macroéconomie

Revue Revue française d'économie Mir@bel
Numéro vol. XXXVII, no 3, janvier 2023
Titre du numéro Histoire de la macroéconomie
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Histoire de la macroéconomie - Patrick Villieu p. 3-7 accès réservé
  • The Microfoundations of Macroeconomics Issue. A Reexamination - Michel De Vroey p. 9-55 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Parmi les différentes critiques qui ont été adressées à la macroéconomie contemporaine (l'appproche DGE pour « dynamic general equilibrium »), la question de l'impératif des « microfondements de la macro-économie » a occupé une place importante. L'objectif de notre notre article est d'évaluer la pertinence des critiques avancées sur ce point. À cette fin, nous nous penchons sur trois articles représentatifs, écrits par A. Leijonhufvud, K. Hoover et A. Vercelli. Nous mettons en avant que l'impératif de microfondements ne constitue qu'un des choix méthodologiques sur lesquels l'approche DGE repose et n'est peut-être pas le plus décisif.
    Among the various criticisms that have been addressed to contemporary macroeconomics (“dynamic general equilibrium” macroeconomics), the question of the imperative of “microfoundations of macroeconomics” has occupied an important place. The objective of our article is to assess the relevance of the criticisms put forward about it. To this end, we look at three representative articles, written by A. Leijonhufvud, K. Hoover, and A. Vercelli. We emphasize that the imperative of microfoundations is only one of the methodological choices on which the DGE approach is based, and perhaps is not the most decisive.
  • Anticipations rationnelles : équivalence observationnelle et déstabilisation - Jean-Bernard Chatelain, Kirsten Ralf p. 57-72 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article pointe deux inconvénients concernant l'usage actuel des anticipations rationnelles dans les modèles nouveaux keynésiens d'équilibre général dynamique et stochastique. Le premier inconvénient est que pour un modèle à anticipations rationnelles avec des chocs autorégressifs inobservables, on peut toujours trouver un modèle à anticipations adaptatives avec des chocs sans persistance qui a exactement les mêmes prédictions avec les mêmes observations disponibles. Le second inconvénient apparaît en présence d'une règle de taux d'intérêt répondant à l'inflation, où à la fois l'inflation et le taux d'intérêt seraient des variables non prédéterminées. Dans ce cas, la solution impose que le paramètre de réponse du taux d'intérêt à l'inflation engendre des spirales déstabilisatrices inflationnistes ou déflationnistes, par un effet de rétroaction positive. Cependant, ces spirales n'apparaîtraient pas du fait d'un ancrage de l'inflation sur un choc autorégressif inobservable. En revanche, ce paradoxe de « déstabilisation stabilisatrice » disparaît si on voulait bien faire l'hypothèse que le taux d'intérêt de la banque centrale est prédéterminé lorsque l'inflation n'est pas prédéterminée. Dans ce cas, la solution unique à anticipations rationnelles implique un paramètre de la règle qui stabilise l'inflation.
    This paper highlights two drawbacks with respect to the current use of rational expectations in new Keynesian dynamic stochastic general equilibrium models. The first drawback is that a rational expectation model with unobservable autoregressive shocks has the same predictions for given observations than an adaptive expectations model with white noise shocks. The second drawback is related to interest rate rules responding to inflation where both inflation and interest rate are non-predetermined variables. In this case, a unique rational expectations solution implies that the parameter in the interest rate rules destabilises inflation with a positive-feedback effect. However, these inflation or deflation spirals do not show off because the autocorrelation of inflation is the one of unobservable cost-push shocks. However this destabilizing stabilization paradox disappears if one assumes that the interest rate is a predetermined variable when inflation is a non-predetermined variable. Then, the rational expectations unique solution implies a policy rule parameter which stabilizes inflation.
  • Aux origines de la théorie des politiques monétaires - Jean-Paul Pollin p. 73-102 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article se propose de décrire comment s'est constituée la théorie des politiques monétaires en partant des débats qui ont marqué les débuts du keynésianisme. Dans un premier temps ces débats ont porté sur les mécanismes d'intégration de la monnaie dans le modèle standard de la macroéconomie keynésienne. Puis, les questions posées sur les fondements de cette macroéconomie et sur ses rapports à la microéconomie ont suscité un retour vers la théorie de l'équilibre général, ce qui a conduit à étendre l'intégration de la monnaie à celle des conditions de financement. Même si elles ont été, et restent discutées, toutes ces contributions ont ébauché un cadre analytique qui permet de penser les fonctions des politiques monétaires ainsi que les diverses formes de leur mise en œuvre. C'est l'objet de la dernière partie de l'article.
    This article intends to describe how the theory of monetary policies was constituted from the debates of early days of Keynesianism. These debates first focused on the channels for integrating money into the standard model of Keynesian macroeconomics. Then the questions on the micro foundations of macroeconomics led to a return to the theory of general equilibrium, which gave rise to an extension of the integration of money to that of financing conditions. Even if they have been and remain discussed these contributions sketched out an analytical framework which allows us to think about the functions of monetary policies as well as how to implement them. We discuss this point in the last part of the paper.
  • Que reste-t-il de l'analyse de la convergence ? - Isabelle Cadoret, Christophe Tavéra p. 103-146 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article présente un survey détaillé de l'évolution du concept théorique de beta convergence ainsi que des principaux résultats empiriques associés. Pour cela, le modèle de beta convergence et les mécanismes économiques sous-jacents sont tout d'abord présentés. Nous indiquons ensuite quels sont les modèles économétriques dérivés de ce cadre théorique. Nous listons enfin les principaux résultats empiriques qui ont été publiés à partir de ce type de modèle dans la littérature.
    This survey presents the evolution of the theoretical concept of beta growth convergence and of the main empirical results associated with these concepts. After a rapid description of the fundamental beta convergence model, we list the main empirical models that have been derived from this theoretical framework and the associated empirical issues. We then try to give a complete overview of the main econometric results found in the literature.
  • L'intégration des ressources naturelles dans la modélisation macroéconomique : l'empreinte de Robert M. Solow - Marion Gaspard, Antoine Missemer p. 147-184 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Dans les années 1970, choc pétrolier et rapport Meadows [1972] ont contraint les économistes d'inspiration néoclassique à réagir aux alertes sur les limites à la croissance et à s'interroger sur la place des ressources naturelles, en particulier épuisables, dans les processus de production. Très vite, ils ont dénoncé les scénarios apocalyptiques, soulignant l'existence de mécanismes d'ajustement (variations de prix, transformations techniques ou institutionnelles). Cet article revient sur le rôle tant théorique qu'institutionnel joué par Robert M. Solow et certains de ses collaborateurs (notamment Joseph E. Stiglitz et William D. Nordhaus) dans cette reconfiguration de la macroéconomie. Il apparaît que Solow a rapidement cherché à occuper le terrain, dans un contexte de luttes internes au MIT, invitant ses anciens étudiants à redonner une légitimité à la science économique, quitte à amener les débats sur des questions techniques – la forme des fonctions de production – plus que paradigmatiques. Mais, alors que la plupart des critiques adressées aujourd'hui aux travaux de l'époque portent sur ces questions techniques (substitution des facteurs, backstop technology, confiance dans le marché pour l'ajustement des prix), cet article souligne que ce sont davantage certains partis pris, comme la désirabilité de la croissance ou encore la traduction de tout enjeu environnemental en décision d'investissement, qui méritent d'être interrogés. L'histoire de l'intégration des ressources naturelles dans la modélisation macroéconomique apparaît ainsi plus riche et plus complexe que ce que l'on en dit habituellement.
    In the 1970s, the oil crisis and the Meadows report [1972] forced neoclassical economists to react to warnings about the limits to growth and to question the role of (exhaustible) natural resources in production processes. Quickly, they denounced apocalyptic scenarios, emphasizing adjustment mechanisms such as price variations and technical and institutional transformations. This article analyzes the theoretical and institutional role played by Robert M. Solow and some of his collaborators Joseph E. Stiglitz, William D. Nordhaus) in the reconfiguration of macroeconomics. It appears that Solow occupied the field, in a context of internal struggles at MIT, inviting his former students to restore the legitimacy of economists, event if it meant bringing the debates to technical issues – the form of production functions – rather than paradigmatic ones. While most of the criticisms addressed today to the work conducted at the time concern these technical questions (factor substitution, backstop technology, confidence in markets for price adjustment), this article shows that other biases, such as the desirability of growth or the translation of any environmental issue into an investment decision, deserve to be questioned. The history of the integration of natural resources into macroeconomic modeling thus appears richer than is usually claimed.
  • Retour sur le Plan - Jean-Pierre Laffargue, Pierre Morin p. 185-233 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Ce texte a pour but de rappeler ce que tenta d'apporter le Plan pendant près de 40 ans, à partir de 1945, aux politiques économiques, structurelles surtout, en mettant l'accent sur sa pensée économique et ses apports méthodologiques. Nous partons d'une présentation en quatre points de Pierre Massé : une parenté avec les pratiques de plusieurs économies occidentales ; la réunion de toutes les parties en vue de décisions communes ; la création d'une communauté d'intérêts dépassant les clivages habituels ; des contributions à la vérité des prix. C'est ce dernier point, qui a le moins laissé de traces dans la mémoire collective, que nous allons tenter de mettre en valeur ici, en rappelant les travaux qui, dérivés des théories dites néo-classiques de l'équilibre et de l'optimum, ont contribué, au Plan et dans sa sphère d'influence, à discipliner la croissance de l'économie française. Après un rappel de ce que pouvaient être les théories de la planification en ces temps, l'article examine les questions de la croissance optimale et du taux d'actualisation qui lui est associé, celle des politiques contraaléatoires, puis celle de la prise en compte des déséquilibres macroéconomiques dans le calcul économique public. Le Plan a été un cadre adapté à la société française d'alors, lui permettant de prendre certaines décisions en surmontant ses divisions. Le talent, et, ainsi que le souligne Jacques Lesourne, les qualités personnelles de beaucoup y contribuèrent fortement.
    The purpose of this paper is to recall what the Plan has tried to bring since 1945, over the 40 years that followed, to economic policies, especially structural policies, by emphasizing its economic reflection and its methodological contributions. We start with a four-point presentation by Pierre Massé: a similarity with the practices of several Western economies; the bringing together of all parties for joint decisions; the construction of a community of interests that goes beyond the usual divisions; and the contributions to the setting of prices at their equilibrium value. It is this last point, which has left the fewest traces in the collective memory, that we will attempt to highlight here, by recalling the work that, derived from the so-called neoclassical theories of equilibrium and optimum, contributed, in the Plan and in its sphere of influence, to disciplining the growth of the French economy. After a review of the planning theories of the time, the article examines the questions of optimal growth and the associated cost of capital, followed by the question of stabilization policies in response to random shocks, and finally the question of taking macroeconomic imbalances into account in the evaluation of public policies. The Plan was a framework adapted to the French society of the time, allowing it to make certain decisions by overcoming its divisions. The talent and, as Jacques Lesourne points out, the personal qualities of many contributed greatly to this.