Contenu du sommaire : La Frustration
Revue | Revue française d'études américaines |
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Numéro | no 175, 2ème trimestre 2023 |
Titre du numéro | La Frustration |
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- La Frustration - Yves Gardes p. 3-12
- “Infinite Subdued Vexation”: Love, Agency, and Frustration in Melville's Pierre; or the Ambiguities - Michael Jonik p. 13-24 Le roman de Herman Melville, Pierre; ou les Ambiguïtés (1852), n'est certes en aucun cas le seul roman du xixe siècle à lier les mystères de l'action aux mystères de l'amour. Toutefois il propose une exploration unique en son genre de la façon dont les causalités complexes de l'action et de l'inaction se mêlent aux économies libidinales de satisfaction et de frustration de l'amour. Et comme il sied à un roman psycho-philosophique marqué d'ambiguïtés affectives, la frustration, loin d'être le revers de la satisfaction, se confond avec elle. Pierre incarne alors l'une des « paraboles de la volonté » que constituent chez Melville d'autres figures comme Moby-Dick ou Bartleby, le Scribe. Mais peut-être offre-t‑il aussi la vision melvillienne la plus large sur la façon dont des indices mystérieux, des intuitions irrésistibles ou des agents externes peuvent façonner nos vies affectives.
- Frustrating Facts: Susan Howe's Special View of History - Xavier Kalck p. 25-37 Cet article étudie le traitement de faits historiques comme objets esthétiques par la poète américaine Susan Howe. En étudiant ses techniques d'écriture et son projet poétique du point de vue de leurs effets sur l'histoire comme discipline et comme matériau, cet article considère néanmoins que la nature d'un document survit à son usage, ce qui amène à remettre en question le révisionnisme orphique revendiqué par Howe, et son penchant pour le surnaturel dans un contexte historique.
- Jason Schwartz, ou la fiction brisée - Stéphane Vanderhaeghe p. 38-52 Jason Schwartz's two books so far, A German Picturesque (1998) and John the Posthumous (2013), have garnered very little criticism, which is no wonder if, as stated by Ben Marcus in his foreword to A German Picturesque, Schwartz's fiction “slips from apprehension,” written as it is in “aphasic English cleansed of obvious meaning” (A German Picturesque viii, ix). The overly descriptive nature of the prose might in part account for this, lending the books ekphrastic contours that deprive them of properly narrative contents. Yet, far from making Schwartz's books more transparent or immediate, this ekphrastic bias rather tends to obfuscate the texts, frustrating the reader's understanding as soon as the descriptive belies its own pretenses and artificiality. By radicalizing its ekphrastics, Schwartz's fiction enhances its own materiality, not to say ontology, and eventually foregrounds its brokenness, as it were.
- Frustrations individuelles et collectives dans In the House in the Dark of the Woods, de Laird Hunt : l'écriture réparatrice ? - Anne-Laure Tissut p. 53-67 Reading Laird Hunt's In the House in the Dark of the Woods is an experience of frustration, as the text offers a tentative formulation of various traumas. As the reader discovers the unreliable narrator's punctured text, she may feel a destabilizing tension between an almost necessary sympathy towards the narrator as the oversensitive victim of violence—both physical and psychological, which caused her lasting frustrations—and the rejection of the morally reprehensible aspects of her behavior. As writing is ostensibly given as a source of freedom in the novel, what kind of light does it shed upon Hunt's literary enterprise? This paper explores the staged questioning of freedom at different levels: the freedom offered to the characters by writing, the freedom offered to the writer through embedded writing practices that highlight their own limitations; the reader's freedom at last, of adopting the right distance towards the narrator who appears alternately as the aggressor and the victim, and thus of endorsing the responsibility of the ethical questioning carried by writing―and reading.
- “This Spirit of Persecution Was the Cause of Our Convention”: the National Colored Conventions of the 1830s as an Early Movement for Black Civil Rights - Claire Bourhis-Mariotti p. 68-81 Alors que, dans les années 1830, activistes noirs et blancs unissaient leurs forces au sein de sociétés abolitionnistes, les gens de couleur libres commencèrent également à se réunir en conventions pour mener un tout autre combat. Arguant que ces conventions constituent un premier mouvement de lutte collective pour les droits civiques, cet article entend contribuer à enrichir l'historiographie du militantisme noir de cette période, qui s'est surtout focalisée sur les activités abolitionnistes des gens de couleur libres.
- “Don't Take the Bait:” The Role of Marshals in the Regulation of New York City Protests - Charlotte Thomas-Hébert p. 82-98 À New York, de nombreux groupes qui pratiquent l'action directe non-violente ont un éthos horizontaliste et anti-autoritaire, et ne demandent pas de permis pour manifester. Leurs services d'ordre jouent alors un rôle crucial – surtout pour les personnes les plus vulnérables – en ce qu'ils protègent et prennent soin des participant.es et leur permettent d'exprimer leurs émotions. Cet article montre comment ces services d'ordre contribuent à articuler des sentiments individuels en une structure affective collective à la fois sociale et politique. Cependant, leur rôle est paradoxal, car c'est en frustrant les affects et comportement des participant.es qu'ils permettent de créer des espaces de manifestation autonomes.
Éclairage
- Three Volumes from the “To” Poetry Series - Vincent Dussol p. 99-106
Comptes rendus
- Claire Cazajous-Augé : À la trace : La poéthique animalière des nouvelles de Rick Bass - Bénédicte Meillon p. 107-109
- Thomas Constantinesco : Writing Pain in the Nineteenth-Century United States. - Laure de Nervaux-Gavoty p. 109-111
- Bénédicte Deschamps : Histoire de la presse italo-américaine : Du Risorgimento à la Grande Guerre - Will Slauter p. 111-113
- Lionel Larré, ed. : Unconquerable: The Story of John Ross, Chief of the Cherokees, 1828-1866 - Augustin Habran p. 113-115