Contenu du sommaire : Whitehead, l'aventure et le monde
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 86, no 4, octobre-décembre 2023 |
Titre du numéro | Whitehead, l'aventure et le monde |
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- Éditorial - p. 3-4
Dossier
- Whitehead, l'aventure et le monde : Une révision catégoriale de la métaphysique. Avant-propos - Vincent Berne, Christiane Chauviré p. 5-11
- La place de l'esprit dans la nature selon Whitehead : Vers un émergentisme impartial - Ulysse Gadiou p. 13-31 Le rapprochement de Whitehead avec le courant émergentiste, notamment Samuel Alexander, Conwy Lloyd Morgan et Charlie Dunbar Broad, met en lumière l'articulation entre la dimension processuelle de sa philosophie et son effort pour rendre compte du caractère signifiant de l'univers. Pour tous, la philosophie se doit de montrer que ce qui relève de l'esprit appartient pleinement à la nature, et n'a pas à être rejeté dans un non-lieu métaphysique. Mais, chez Whitehead, cet effort prend une tournure différente, impartiale, en décentrant la notion d'« esprit » de la référence exclusive à la mentalité humaine.By comparing Whitehead's thought with the philosophy of emergence, especially as it was developed by Samuel Alexander, Conwy Lloyd Morgan, and Charlie Dunbar Broad, we may gain a better understanding of the relationship between his processual approach of philosophy and his effort to recognize the reality of meaning as an essential character of the universe. For all of these authors, one task of philosophy is to explain how the features of the mind belong to nature itself, and that it does not have to be discarded into some metaphysical “nowhere.” But the specificity of Whitehead's thought is that he tries to do so in an impartial manner, by decentering the notion of “mind” from any exclusive reference to human mentality.
- Nature et abstraction : Les formes multiples de l'expérience selon Whitehead - Didier Debaise p. 33-44 La notion d'abstraction est au cœur de la pensée de Whitehead. Des formalismes logico-mathématiques au schème spéculatif, en passant par le statut des entités physiques et des formes esthétiques, la question des abstractions est l'une de celles qui animent la totalité de l'oeuvre de Whitehead. Pourtant, la question des abstractions est restée relativement peu traitée. Il faut dire que Whitehead n'a cessé de leur donner un statut particulier et pour le moins inhabituel. Elles sont, dans sa pensée, au coeur de l'expérience sensible ; elles définissent les êtres dans leur constitution même ; elles forment une prise sur les mondes possibles qui accompagnent toute existence. Cet article vise à proposer une interprétation de la pensée de Whitehead à partir du statut si singulier qu'il accorde aux abstractions.The notion of abstraction lies at the heart of Whitehead's thought. From logical- mathematical formalisms to speculative schemas, the status of physical entities and aesthetic forms, the question of abstractions pervades the entirety of Whitehead's work. Yet the question of abstractions has remained relatively unexamined. It has to be said that Whitehead unfailingly gave them a special and, to say the least, unusual status. They are, in his thinking, at the heart of tangible experience; they define beings in their very constitution; they offer a gateway onto the possible worlds that accompany all existence. The aim of this article is to propose an interpretation of Whitehead's thought based on the singular status he accords to abstractions.
- L'ontologie des processus selon Whitehead - Pierre Livet p. 45-59 Dans ce travail, nous tenterons de voir en quoi prendre au sérieux le caractère fluent des processus implique une liaison indissoluble mais aussi une dualité entre potentiel de connexions et actualisation des processus de connexion. Nous nous demanderons aussi si cela peut ou non être compatible avec l'entreprise d'une synthèse entre une ontologie fondamentale en termes de processus et une ontologie qui assurerait la validité de la connaissance ; et enfin dans quelle mesure Whitehead était justifié à adopter, dans sa « philosophie de l'organisme », un point de vue englobant, incluant Dieu et le monde, pour fonder cette assurance.In this article, we will attempt to see how taking the fluent character of processes seriously implies a duality but also an indissoluble link between the potential for connections and the actualization of connecting processes. We will also ask how this may or may not be compatible with the enterprise of a synthesis between a fundamental ontology in terms of processes and an ontology that would assure the validity of knowledge; and finally, to what extent Whitehead was justified in adopting, in his “philosophy of the organism,” an all-encompassing point of view, including God and the world, as a basis for this assurance.
- L'articulation entre concrescence et transition et sa portée ontologique chez Whitehead - Luca Vanzago L'approche processuelle, incomplètement élaborée dans les travaux épistémologiques de Whitehead, nécessite un approfondissement métaphysique, que son extension à toutes les strates de l'univers permettra d'obtenir : le processus est finalement interprété en termes d'expérience. La réalité se présente alors comme un tout en constante évolution, aux parties interconnectées. L'ontologie substantialiste est remplacée par une ontologie relationniste. En résulte un dédoublement de la notion de processus, la concrescence et la transition formant les deux vantaux de l'avancée créatrice de la nature.The Whiteheadian notion of process is not fully fleshed out in his epistemological works, and requires a metaphysical elaboration that could be achieved by its generalization to the universe as a whole: the process is ultimately construed in terms of experience. Reality is therefore conceived as a constantly evolving whole, composed of interconnected parts. This conception derives from Whitehead's criticism of Aristotle's substantialism and from his preference for a relationist ontology. The result is a twofold notion of process, which Whitehead sees as the two faces of the creative advance of nature
- Le concept d'organisme selon Whitehead et Merleau-Ponty : Pour une pensée renouvelée de l'être - Franck Robert Whitehead nomme « philosophie de l'organisme » sa philosophie. Prenant en charge le renouvellement philosophique qu'impose l'élaboration du concept d'organisme au XIXe siècle, il décrit le sens de l'organisme et le généralise à l'ensemble des entités du monde. Cette recherche trouve un écho dans l'oeuvre de Merleau-Ponty. Comme Whitehead, il découvre la fécondité d'une pensée renouvelée de l'organisme. Il en fait l'un des éléments de son ontologie de la chair. C'est l'importance du concept d'organisme, pour Whitehead et Merleau-Ponty, que cet article souhaite interroger.Whitehead called his philosophy “the philosophy of the organism.” Taking up the philosophical renewal imposed by the development of the concept of organism in the nineteenth century, he described its meaning and generalized it to all entities in the world. This research was echoed in the work of Merleau-Ponty. Like Whitehead, Merleau-Ponty discovered the fruitfulness of a renewed conception of the organism. He made it one of the elements of his ontology of the flesh. It is the importance of the concept of organism for Whitehead and Merleau-Ponty that this article seeks to explore.
- Whitehead, le devenir des propositions - Ali Benmakhlouf p. 61-75 Le projet de Whitehead est de radicaliser l'empirisme. La métaphysique qu'il promeut est une cosmologie organique dont le but est de rendre compte des éléments les plus concrets de la vie quotidienne. C'est dans ce cadre que Whitehead révise le concept de proposition : 1) en le faisant passer du champ linguistique au champ ontologique ; 2) en l'inscrivant dans le devenir pour que la proposition soit en adéquation avec la réalité comme processus. Ces deux aspects lui font rejoindre la tradition pragmatiste sensible aux effets existentiels de la proposition.Whitehead's project was to radicalize empiricism. The metaphysics he intended to promote was an organic cosmology whose aim was to grasp the most concrete elements of everyday life. It is from this perspective that Whitehead revisited the concept of proposition: 1) by shifting it from the linguistic to the ontological field; 2) by situating it in the domain of becoming, so that the proposition is in phase with reality as a process. These two aspects bring him into line with the pragmatist tradition, which is sensitive to the existential effects of propositions.
- Sens et sensibilité chez Whitehead : L'élaboration d'un espace tensif déictisé dans la trilogie de Harvard - Vincent Berne p. 77-93 Avec la cosmologie de la philosophie de l'organisme, Whitehead poursuit son enquête sur les principes de la connaissance naturelle, dans l'idée de faire se correspondre les données phénoménologiques directes et la physique de son temps. En prenant pour modèle le corps percevant, cette métaphysique fait des individus durables les centres d'où s'élabore la connaissance objective. Nous y gagnons sécurité et cohérence dans un monde en perpétuel devenir où les lois de la nature sont elles-mêmes contingentes. Mais le parcours génératif du sens qu'étudie la partie III de Process and Reality interroge : en amont de toute ontologie, l'espace tensif dans lequel la théorie des préhensions inscrit la discussion ne relève-t-il pas plutôt de l'existence sémiotique ?With the cosmology of the philosophy of organism, Whitehead extends his investigation concerning the principles of natural knowledge in order to match direct phenomenological data with the physics of his time. By taking the perceiving human body as a model, this metaphysics considers enduring individuals as the basis from which objective knowledge is elaborated. We gain security and coherence in a world of perpetual change, where the laws of nature are themselves contingent. But the generative process of meaning studied in Part III of Process and Reality begs the question: prior to any ontology, isn't the tensive space that the theory of prehensions places at the center of discussions rather a matter of semiotic existence?
Varia
- Introduction à « Les trois formes fondamentales de systèmes » de Wilhem Dilthey - Emmanuel Patard p. 95-99
- Les trois formes fondamentales de systèmes dans la première moitié du XIXe siècle : (1898) - Wilhelm Dilthey, Emmanuel Patard p. 101-128 Dans l'étude traduite ici, le philosophe allemand Wilhelm Dilthey (1833-1911), après avoir critiqué quelques travaux d'histoire de la philosophie moderne faisant alors autorité, propose une classification des systèmes philosophiques de l'Europe du XIXe siècle selon trois formes fondamentales, qu'il nomme matérialisme ou positivisme, idéalisme objectif et idéalisme de la liberté, fondées sur des « visions du monde ».In this study translated into French, the German philosopher Wilhelm Dilthey (1833–1911), after having criticized several authoritative works on the history of modern philosophy, proposes a classification of the philosophical systems of nineteenth-century Europe according to three fundamental forms, which he names materialism or positivism, objective idealism, and idealism of freedom, grounded on “worldviews.”
Note de lecture
- Quand Habermas analyse le processus de sécularisation - Frédéric Menager p. 129-135
- Musique et philosophie - Victor Bougrel p. 137-148
Bulletins