Contenu du sommaire : Politique de l'engagement artistique : Circulations internationales comparées

Cet article analyse les enchevêtrements entre art et engagement dans les scènes de rap africain en explorant la question (méconnue) des mobilités transnationales qui accompagnent les trajectoires de politisation des rappeurs. Il s'appuie sur l'analyse des biographies de trois rappeurs (du Gabon, du Sénégal et du Burkina Faso), qui s'affirment tous trois comme des artistes « engagés ». Il met au jour les influences et modalités d'action communes que ces rappeurs partagent, tout en démontrant qu'en fonction des contextes et des parcours individuels, ces références et influences communes conduisent à différents types d'engagements par la musique et à différentes expériences de la mobilité. Cet examen des mobilisations de rappeurs africains en mobilité contribue finalement à une compréhension plus large des rapports entre art et engagement, en éclairant la tension entre spécificités nationales et dimension « translocale » de ces mondes de l'art.

À travers la présentation de différentes initiatives culturelles lancées par des intellectuels et des artistes syriens, particulièrement à Beyrouth, Istanbul et Berlin, cette étude vise à montrer la diversité des figures de l'engagement dans les champs culturel et artistique. On verra que l'exil forcé par la répression politique et/ou l'état de guerre ont créé aussi de nouveaux réseaux dont certains ont réactivé d'anciennes solidarités avec des Syriens déjà installés dans les pays d'accueil. La révolution a suscité un nouveau désir de connaissance de la société syrienne, désir qui s'est confondu avec le souci de trouver des réponses aux questionnements soulevés par cette tragédie. La diversité des liens aux territoires de l'exil et à la Syrie ainsi que la variété des trajectoires des artistes et des intellectuels syriens suggèrent de repenser la notion de scène culturelle syrienne au prisme de ces circulations, souvent contraintes, qui reconfigurent les formes de l'engagement.

Cet article explore les reconfigurations des engagements de la génération d'artistes palestiniens, à l'aune de la période post-Oslo et de l'accroissement des flux culturels dans des mondes de l'art globalisés. Il s'agit d'étudier les « métamorphoses du politique » qui sont à l'œuvre chez cette jeunesse palestinienne, à travers le prisme des mobilisations artistiques de la nouvelle génération de plasticiens. S'appuyant sur une méthodologie interdisciplinaire, fondée principalement sur de l'observation participante effectuée lors d'une enquête ethnographique de plusieurs années (de 2011 à 2017), entre Ramallah, Gaza et Jérusalem, au cœur des mondes de l'art contemporain de Palestine, cet article traite dans un premier temps, de la manière dont les artistes déconstruisent le nationalisme et la question nationale dans leurs discours et leurs pratiques artistiques. Dans un deuxième temps, il étudie comment les artistes, en explorant de nouvelles questions, plus en phase avec le monde globalisé, contribuent à créer une « Palestine globale ». Enfin, l'article aborde comment la jeunesse créative palestinienne, en investiguant de nouveaux lieux du politique, participe à une redéfinition – plus intimisée – du politique.

À partir d'observations ethnographiques et des analyses d'œuvres artistiques relatives à la mémoire des disparus et des morts dans la ville de Mexico (Mémorial aux victimes de la violence au Mexique, Mémorial à l'absence, une fête des Morts dédiée aux migrants, deux anti-monuments et le projet collectif Traces de la mémoire), cet article propose une réflexion critique sur l'engagement artistique appréhendé sous le prisme de la mémoire des morts et des disparitions en masse au Mexique. À l'inverse des mémoires officielles, les expériences artistiques issues de la société civile proposent un art de mémoire alternatif et collectif qui redéfinit les contours de l'art protestataire, et de la figure de l'artiste engagé, en adoptant une démarche politique et éthique, proche des victimes et résonnant comme une clameur de justice au-delà du Mexique.