Contenu du sommaire : La politique étrangère des Etats-Unis.

En appelant directement à l'opinion publique italienne pour faire céder le gouvernement de Rome sur l'épineuse question de l'Adriatique, le président Woodrow Wilson, de l'avis de nombreux historiens, commit non seulement une maladresse tactique, mais une grossière erreur psychologique lors de la Conférence de la Paix de 1919 si l'on en juge par le tollé nationaliste que son initiative allait provoquer en Italie. Le présent article montre qu'en fait son attitude à propos de Fiume découlait logiquement de la piètre opinion que le président des États-Unis — comme nombre de ses contemporains — se faisait des dirigeants italiens, de sa propension au messianisme et au moralisme diplomatiques et, plus généralement, de la méconnaissance américaine des réalités, aspirations et susceptibilités européennes.

Cet article propose de prendre de nouveau au sérieux la vénérable doctrine de Monroe comme mythe politique — comme le dernier acte du puissant drame historique de « la création de la république américaine ». A partir de sources anthropologiques et sociopsychologiques, cinq catégories (intangibilité, perception, prescription, projection, conciliation des contradictions) sont développées puis utilisées pour examiner la récente politique latino-américaine des Etats-Unis. Vue sous cet angle, la doctrine de Monroe continue de servir d'utile instrument d'analyse.

Malgré quelques succès relatifs, la première année de la présidence Clinton a vu s'accumuler les échecs diplomatiques dans tous les dossiers difficiles. C'est que pour la première fois une administration doit formuler une politique étrangère en l'absence de menace militaire directe sur la sécurité des États-Unis. La fin de la guerre froide et le changement spectaculaire de l'environnement international ont eu pour conséquence de renvoyer l'Amérique à des problèmes intérieurs jugés prioritaires, ainsi qu'à un réexamen de ses engagements planétaires, sur fond d'isolationnisme renaissant. Les mutations socio-ethniques du pays, qui interfèrent plus que jamais avec les débats de politique extérieure, comme le pouvoir accru des médias qui fait de la communication un art périlleux, devraient logiquement conduire très vite le président lui-même à redéfinir clairement et avec réalisme le rôle des États-Unis dans un monde qui appelle une adaptation pragmatique à ses nouveaux défis.