Contenu du sommaire : L'identité française

Revue Après demain Mir@bel
Numéro no 4, 4e trimestre, novembre 2007
Titre du numéro L'identité française
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'identité française

    • Vous avez dit "identité nationale" ? - Catherine Wihtol de Wenden p. 3 accès libre avec résumé
      La mention de l'identité nationale est une première dans l'histoire de la République et dans les intitulés successifs des secrétariats d'Etat et des ministères qui ont eu en charge les questions de l'immigration. Elle renvoie à des périodes troubles de l'histoire de France et sème le doute sur les liens entre immigration et identité nationale. Celle-ci est-elle menacée par l'immigration, ou l'ethnicise-t-on en la rattachant à l'immigration et à l'intégration ? Un tel questionnement va, de toute façon, à l'encontre de la conception française de l'identité nationale depuis la Révolution de 1789.
    • La vocation de la France - Françoise Seligmann p. 6 accès libre avec résumé
      Une femme passionnément attachée aux valeurs de la République, à l'héritage des Lumières et de 1989, qui a connu la guerre, la débâcle et l'humiliation, l'occupation nazie, Vichy et la collaboration, vécu l'abaissement national et l'honneur retrouvé, qui a participé à la Résistance, à la Libération, à la lutte contre la guerre d'Indochine contre la torture en Algérie, qui a longtemps côtoyé Mendès et Mitterrand, qui a vécu de près mai 1968 et mai 1981, en a vu assez pour savoir que l'identité nationale est bien moins une affaire de papiers qu'une question de valeurs. Aux yeux de Françoise Seligmann, un républicain espagnol entrant dans Paris sur un char de la 2ème DB, sera toujours plus français qu'un Papon.
    • Les étrangers, partie prenante et partie cachée de l'Histoire de France - Yves Lequin p. 12 accès libre avec résumé
      On connaît encore mal le monde, la vie, l'histoire des étrangers en France ; or, et bien plus qu'on ne le croit, ils sont partie prenante du destin national, notamment depuis le XIXe siècle. Yves Lequin rappelle la contribution de l'immigration - tantôt simple addition limitée, tantôt phénomène de masse - à l'histoire de la France. Et si tant d'étrangers ont fini par se fondre dans l'identité nationale au point d'en être constitutifs, c'est parce que la France a su, a pu ou a dû leur faire une place dans un contexte longtemps dénué de toute référence ethnique.
    • Immigration, intégration, identité, nationalité : derrière des mots, la vie - Gérard Moreau p. 16 accès libre avec résumé
      Le fameux “parcours de l'intégration” n'est pas un fleuve unique, qui serait réduit à une séquence quasi-linéaire de mesures successives réservée aux immigrés. Il n'y a que des histoires individuelles d'intégration, ou de non intégration, parce que des séjours longs dans un pays avant de revenir au pays d'origine ou d'aller ailleurs sont tout à fait normaux. Privilégier la composante de l'immigration dans l'identité nationale est réducteur et relève d'une confusion des rôles. La notion “d'identité nationale” ne doit pas être confondue avec la nationalité française.
    • France, Grande-Bretagne : deux leçons non apprises - Christophe Bertossi p. 20 accès libre avec résumé
      La citoyenneté est en crise, souligne Christophe Bertossi. En France, la République ne suffit plus, au Royaume Uni les relations raciales ont échoué, la tolérance libérale a été débordée aux Pays-Bas. Or, c'est précisément au moment même où le principe national est en crise structurelle, que l'on assiste à un sursaut de discours nationalistes pour redéfinir la solidarité au sein de sociétés globalisées et plurielles. Comment faire pour produire une citoyenneté commune dans un monde qui n'est déjà plus celui que nous connaissions il n'y a pourtant pas si longtemps ?
    • Cette part d'ombre que nie la France - Ahmed Djouder p. 25 accès libre avec résumé
      Quelle menace, interroge l'auteur, pèse donc sur la France et les Français pour que toutes et tous se mettent aujourd'hui à parler d'identité nationale ? Qui sont ces étrangers trop “eux-mêmes”, qui empêcheraient les Français d'être eux-mêmes ? La revendication d'une identité nationale est l'un des symptômes d'une France gangrenée par la honte des autres, conséquence d'une honte d'elle-même. L'identité nationale n'existe pas. L'identité n'est qu'individuelle. L'identité, ce n'est pas Soi. L'identité, c'est la partie visible de l'iceberg.
    • De l'identité-prison aux "identités liquides" - Françoise Vergès p. 29 accès libre avec résumé
      La figure de l'étranger est régulièrement convoquée pour resserrer les liens d'un national perçu comme menacé. Ce discours ne tient aucunement compte de l'aspect fictif et imaginaire du national. Il fait comme si l'identité pouvait être fixée et figée une fois pour toutes. De plus, en France, la place marginale qu'occupe l'histoire coloniale, esclavagiste et post-esclavagiste, autorise un aveuglement qui explique en partie l'incompréhension de nombre de Français. On oublie qu'une ligne de couleur a tracé une frontière dans l'histoire de la citoyenneté.
    • L'école, l'identité et le fantôme de Marianne - Françoise Lorcerie p. 33 accès libre avec résumé
      Le couple raison-nation reste dans la mémoire collective comme une caractéristique de l'école républicaine, voulue par ses concepteurs, bien accueillie par la population, fortement assumée par ses agents, les “hussards noirs de la République”. Pourtant, dans les faits, l'école publique française n'est plus organisée aujourd'hui autour de l'acquisition de l'identité française ni de la citoyenneté républicaine par l'ensemble de la jeune génération. Le changement s'est effectué insensiblement mais il est aujourd'hui consommé. L'école, constate l'auteur, n'est plus le véhicule de l'identité française ni de la citoyenneté.
    • Menaces sur l'esprit de 1905 - Caroline Fourest p. 36 accès libre avec résumé
      Exemples à l'appui, Caroline Fourest tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme pour défendre le compromis de 1905, menacé de toutes parts par les instrumentalisations politiques. D'un côté, l'extrême droite y trouve argument pour faire interdire la construction de lieux de culte musulmans en multipliant les recours administratifs douteux. De l'autre, des élus locaux cherchent au contraire à contourner la loi pour financer, par clientélisme, la construction de mosquées, au risque de favoriser l'islam politique au détriment de politiques culturelles et sociales en faveur de l'égalité hommes/femmes et de la laïcité.
    • Vois plus loin sans nier les faits : une vision démographique de l'immigration - François Héran p. 41 accès libre avec résumé
      Que cela plaise ou non, on peut annoncer sans crainte de se tromper que le brassage des Français et des étrangers, des natifs et des immigrés, ne cessera de progresser. Il ne s'agit pas de formuler un vœu personnel, encore moins d'agiter un épouvantail destiné à effrayer ceux qui redoutent la “substitution de populations”. C'est simplement, souligne l'auteur, une observation d'ordre démographique. Elle forme la toile de fond du débat sur une question majeure et incontournable : quelle place sommes-nous prêts à reconnaître à la migration dans l'évolution de notre société ?
    • Vers la co-citoyenneté - Etienne Balibar p. 44 accès libre avec résumé
      Retenant l'expression de “citoyenneté nomade”, Etienne Balibar lui préfère celle de “citoyenneté diasporique” ou de co-citoyenneté, désignant non pas tant une “citoyenneté du monde” qu'une “citoyenneté dans le monde”. Les actions communes de résistance, mais aussi de revendication, voire peut-être, demain, de participation des nationaux et des étrangers (et donc des militants des droits de l'homme et des migrants avec ou sans papiers) à un même espace politique, sont - espère-t-il sans en méconnaître le caractère improbable dans un monde dominé par les intérêts capitalistes nationaux et mondialisés - une composante fondamentale de cette appartenance en devenir.
    • Exemple à suivre : Le Collège des pyramides à Evry : une photo, une page et... raconte moi avec tes mots ! - p. 47 accès libre avec résumé
      Situé au cœur d'un groupe d'immeubles d'habitation à Evry, le Collège des Pyramides, établissement classé en “Zone d'Education Prioritaire, Réseau Réussite Scolaire et Zone Sensible”, accueille des élèves aux origines culturelles multiples.En début d'année scolaire 2006-2007, un projet théâtral a été mis en œuvre afin de favoriser une communication que les adolescents ont de plus en plus de mal à établir.