Contenu du sommaire : Questionner les philosophies de l'intervention et de la formation sociales
Revue | Revue Sciences et Actions Sociales |
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Numéro | no 19, 2023/1 |
Titre du numéro | Questionner les philosophies de l'intervention et de la formation sociales |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Hommage à Jean Gondonneau
Introduction
- Questionner les philosophies de l'intervention sociale - Swan Bellelle, Thibaut Besozzi, Hervé Marchal p. 6-16
Dossier
- Le travail social morcelé, ou des formats d'humanité divergents - Hervé Marchal p. 17-34 Cet article vise à mettre en évidence de multiples modèles anthropologiques de l'individu – relatifs à la nature humaine – qui sont mobilisés afin de développer et, surtout, de donner du sens à des actions d'intervention sociale. Plus précisément, à partir d'une recherche portant sur un champ d'acteurs engagés dans la prévention contre la radicalisation religieuse, le propos montre combien sont mobilisées différentes conceptions fondamentales de l'être humain renvoyant à des positionnements philosophiques et anthropologiques, loin d'être explicités et maîtrisés dans tous leurs tenants et aboutissants. Compte tenu de la diversité des conceptions mobilisées par les différents professionnels rencontrés, force est d'admettre que l'existence d'un sens commun n'est pas ici la règle. Aussi, ce qui ressort de notre recherche est-il davantage un morcellement des formats d'humanité alors en jeu qu'une cohérence vecteur, sinon d'unité, du moins de convergence.This article aims to highlight the multiple anthropological models of the individual – relating to human nature – that are mobilised in order to develop and, above all, to give meaning to social intervention actions. More specifically, based on research on a field of actors involved in the prevention of religious radicalisation, the paper shows how different fundamental conceptions of the human being are mobilised, referring to philosophical and anthropological positions that are far from being explicit and mastered in all their ins and outs. Given the diversity of conceptions mobilised by the various professionals we met, we have to admit that the existence of a common sense is not the rule here. Thus, what emerges from our research is more a fragmentation of the formats of humanity at stake than a coherence that is a vector, if not of unity, at least of convergence.
- L'impossible théorisation dans le champ du travail social ou la disqualification des savoirs issus des sciences humaines et sociales - Jean-Yves Dartiguenave, Richard Gaillard p. 35-46 Le travail social s'est toujours confronté à l'hétérogénéité des savoirs qu'il emprunte pour alimenter une « démarche clinique » susceptible d'asseoir la spécificité et la légitimité de ses interventions. Aujourd'hui, cette difficulté se double d'une disqualification des savoirs issus des sciences humaines et sociales que porte en elle la doxa gestionnaire et managériale qui s'est emparée du secteur. La perspective exclusivement formaliste et instrumentaliste qu'elle soutient vient en effet évacuer toute altérité et conflictualité constitutives des situations sociales relevant du travail social.Social work has always been confronted with the heterogeneity of the knowledge it borrows to feed a "clinical approach" likely to establish the specificity and legitimacy of its interventions. Today this difficulty is coupled with a disqualification of knowledge from the human and social sciences that carries within it the managerial and managerial doxa that has taken hold of the sector. The exclusively formalist and instrumentalist perspective that it supports comes to evacuate all otherness and conflictuality constitutive of social situations within the scope of social work.
- Enseigner à penser critiquement pour intervenir socialement - Ina Motoi p. 47-75 D'autre part, plusieurs angles de vue, et surtout pas un seul, s'ouvrent sur les mêmes situations. Différentes modalités de réflexivité ou perspectives critiques sont enseignées pour comprendre les personnes à accompagner et ne pas leur imposer un dogme posé comme seule vérité ou raisonnement possible : la pratique réflexive, la conscientisation, la critique sociale, la pensée critique dialogique et la délibération éthique (Motoi, 2014, 2016, 2020). Le rôle critique de chacune se complexifie en s'approfondissant par la continuation de l'une dans l'autre. Dans ce sens, ces perspectives rendent visibles « la contradiction ample entre rectitude politique et pensée critique », et « la tension forte entre liberté de pensée [et de conscience] et justice administré » (Motoi, 2014, p. 8). Elles s'appuient sur deux cheminements de la pensée qui participent à la construction du rapport direct de l'étudiant au savoir : le cheminement d'une pensée naïve à une pensée réflexive et celui d'une pensée réflexive à une pensée critique dialogique. Ce qui en découle, « n'est pas un produit ou un résultat, mais un processus » (Daniel, dans Kpazaï, 2015, p. 49) d'une pensée réflexive qui cherche à saisir son contexte d'émergence sociohistorique et à se développer comme pensée critique dialogique qui est intersubjective. Ce qui lie les individus cognitivement, mais aussi socialement. Ce qui est aussi posé comme une responsabilité citoyenne partagée en travail social.Faced with the difficulty of finding time to think at work in order to make a professional decision, mobilizing students' critical thinking would allow them to grasp and make sense of the situation. On the other hand, in social work, several points of view, and especially not just one, exist for each situation. Different modalities of reflexivity or critical perspectives are taught to understand the individuals accompanied through social work: reflective practice, raising awareness, social critique, dialogical critical thinking, and ethical deliberation (Motoi, 2014, 2016, 2020). In this manner, a dogma would not be imposed as the only possible truth or possible reasoning. Each critical perspective becomes more complex through the continuation of one into the other. This complexity then highlights "the broad contradiction between political correctness and critical thinking", and "the strong tension between freedom of thought [and conscience] and administered justice" (Motoi, 2014, p. 8). These different critical perspectives allow two pathways of thought that participate in the construction of the student's direct rapport to knowledge: the path from naïve thought to reflective thought and the one from reflective thought to dialogical critical thinking.
- Pour une (in)discipline en travail social. Réflexions sur la constitution d'un « espace académique interventionnel » dans les champs social et universitaire - Manuel Boucher p. 76-100 Cet article interroge l'opportunité et les conditions de la construction d'un espace académique interventionnel et pluridisciplinaire spécifique au travail social. À partir d'une réflexion sur les enjeux actuels du travail social, de la formation et de la recherche dans et sur le champ social, il souligne l'importance de dépasser les rapports de « complicité adverses historiques » et les « partenariats concurrentiels » entre les mondes des écoles en travail social et des universités dans l'objectif de favoriser une dynamique propice au développement d'une formation en travail social émancipatrice. Ce texte étudie les conditions de la construction d'un espace académique original dans les champs de la formation sociale et universitaire en mesure, d'un côté, de permettre aux travailleurs sociaux, par la mobilisation des sciences sociales et l'apprentissage d'une « indiscipline épistémologique » de penser par eux-mêmes les logiques d'action et les ambivalences du travail social pris en tenaille entre des logiques normatives et émancipatrices et de l'autre, d'accéder à une reconnaissance académique et universitaire propre au travail social indispensable pour garantir l'autonomie professionnelle des travailleurs sociaux, des formateurs en travail social et des enseignants-chercheurs face aux logiques politiques, clientélistes et financières.This article examines the appropriateness and conditions of building an interventional and multidisciplinary academic space specific to social work. Based on a reflection on the current issues of social work, training and research in and on the social field, he stresses the importance of going beyond the relationship of “historical adversarial complicity” and “competitive partnerships” between the worlds of social work schools and universities with the aim of fostering a dynamic conducive to the development of emancipatory social work training. This text studies the conditions for the construction of an original academic space in the fields of social and university training able, on the one hand, to allow social workers, through the mobilization of the social sciences and the learning of a «epistemological indiscipline» of thinking for themselves the logics of action and the ambivalences of social work caught between normative and emancipatory logics and the other, access to academic and academic recognition of social work, which is essential to guarantee the professional autonomy of social workers, social work trainers and research teachers in the face of political logic, clientelism and finance.
- Le travail social : l'absence d'œuvre - Jean-Sébastien Alix, Michel Autès p. 101-116 La situation sanitaire récente a rappelé avec clarté que le travail social présente un déficit de légitimité qu'il s'agit de restaurer. Pour ce faire, un certain nombre d'acteurs réaffirme l'idée que cette quête passera par la reconnaissance du travail social en discipline scientifique. Cette option est selon les auteurs de cet article une fausse piste qu'il s'agit de déconstruire à partir du contexte socio-historique ou socio-politique (rapport entre écoles et université, new-management, production de savoirs...). Pour reprendre le titre de l'article, l'absence d'œuvre du travail social, c'est cette sorte d'impossibilité de produire lui-même ses propres énoncés, sa « vérité ». Ce texte propose quelques pistes pour éclairer les « modes d'existence » et les régimes de véridiction susceptibles de rendre compte de pratiques dont l'absence de reconnaissance et de légitimité entretient une opacité encombrée de discours hétéronomes qui tentent de suppléer l'absence d'œuvre.The recent health situation has made it clear that social work has a lack of legitimacy that needs to be restored. To do this, a number of actors reaffirm the idea that this quest will require the recognition of social work in scientific discipline This option is according to the authors of this article a false track that it is a question of deconstructing from the history or socio-politics (relationship between schools and universities, new management, knowledge production, etc.). To use the title of the article, the absence of social work is this kind of impossibility of producing his own statements, his «truth». This text proposes some ways to shed light on «modes of existence» and systems of veridiction likely to account for practices whose lack of recognition and legitimacy maintains an opacity cluttered with heteronomous discourses that try to compensate for the absence of work.
- Les faux nez de l'éthique - Michel Chauviѐre, Philippe Merlier p. 117-126 Cet article interroge des notions aujourd'hui si évidentes qu'elles ne sont presque plus discutées : éthique du management, éthique de l'entreprise, éthique commerciale etc. Or, il s'agit là d'oxymores qui prolifèrent et disent à quel point d'aliénation sémantique nous en sommes aujourd'hui. Les auteurs partent d'un constat : dans le travail social, dans les institutions de soin, dans les établissements sociaux et médico-sociaux, et même dans les affaires, sans oublier certaines instances européennes, les affichages ostentatoires de l'éthique se multiplient depuis quelques décennies. Confondant souvent éthique et morale, ils donnent une apparence d'humanité à certaines pratiques qui ne le sont pas toujours. L'article rappelle, de façon essentielle et urgente, les fondements et la légitimité de l'éthique et dénonce quelques-uns de ces faux usages.This article questions notions which are so obvious today that they are scarcely debated : management ethics, enterprise ethics, commercial ethics etcetera... and these are oxymora which proliferate and show what degree of semantic alienation we have reached today. The authors state that in social work, healthcare institutions, social service and medico-social institutions and even in business, not to mention some European authorities, ostentatious displays of ethics have been greatly increasing for a few decades. Often confusing ethics and morals, they give the appearance of humanity to certain practices which may not be so human. The following article restates, in an essential and compelling way, the roots and legitimacy of ethics and denounces some of those misuses.
- Les travailleurs sociaux confrontés à l'accélération du temps - Émilie Auger, Fanny Emperador p. 127-138 Dans un contexte où le progrès technologique fait que tout s'accélère, les professionnels du travail social sont plus que jamais confrontés à l'accélération du temps dans leurs pratiques professionnelles. Malgré leur volonté de respecter les grands principes éthiques guidant leurs interventions, ils courent après le temps. Ils doivent alors s'adapter à des temporalités plurielles et sont souvent contraints par une asymétrie entre les temporalités institutionnelles, les temporalités des personnes accompagnées et leur propre temporalité. Cette asymétrie des temporalités peut les conduire à des dissonances éthiques impactant leurs pratiques. N'ayant pas la prétention de pouvoir orienter notre propos sur tous les métiers de l'humain, l'objet de cet article sera de revenir sur les temps de l'intervention en travail social pour mieux saisir les enjeux au niveau de l'éthique professionnelle.Summary: In a context where technological progress invites the acceleration of the time, social workers are more than ever subject to the acceleration of time in their professional practices. Despite their desire to respect the major ethical principles guiding their interventions, they may find themselves confronted with a lack of time. They must then adapt to plural temporalities and are often constrained by an asymmetry between institutional temporalities, the temporalities of the people supported and their own temporality. This asymmetry of temporalities can lead them to ethical dissonances impacting their practices. Not having the pretension to be able to focus our remarks on all the professions of the human, the object of this article will be to return to the times of the intervention in social work to better grasp the issues at the level of professional ethics.
- La « régulation des consommations » en addictologie : vers un nouveau paradigme socio-éducatif ? - Brandon Dutilleul p. 139-156 Cet article souhaite rendre compte de la pertinence d'un changement de paradigme en addictologie en s'appuyant sur une dimension socio-éducative. Après avoir longtemps considéré l'addiction comme une maladie et l'abstinence comme seul moyen de traiter l'addiction, il semble aujourd'hui important de reconnaître certains effets d'efficience thérapeutique contrastés que ces approches induisent. À l'heure d'une reconsidération de cette philosophie d'accompagnement, déjà engagée par d'autres, il nous semble important de requestionner la place du choix dans les stratégies d'accompagnement proposées et la présence des consommations dans les parcours de vie. L'approche par la « régulation des consommations » permet justement de réintégrer le sens que les acteurs accordent à l'expérience vécue et singulière de leur(s) consommation(s).This article wishes to report on the relevance of a paradigm shift in addictology based on a socio-educational dimension. After having considered addiction for a long time as a disease and abstinence as the only means of treating addiction, it now seems important to recognize certain contrasting effects of therapeutic efficacy that these approaches induce. At a time of reconsidering this philosophy of support, already engaged by others, it seems important to us to question the place of choice in the support strategies offered and the presence of consumptions in the paths of life. The “consumption regulation” approach makes it possible to reintegrate the meaning that the actors give to the lived and singular experience of their consumption(s).
- Pour un accompagnement global en pension de famille : l'apport des capabilités d'Identité-Logement - Frédérique Trevidy, Marcel Le Guen, Patrick Cuvilliez, Jean-Paul Cocot, Abdelaziz Niati, Mélanie Gervais, Cécile Petitot, Yann Benoist, Rémi Gagnayre p. 157-178 Face à l'augmentation constante du nombre de personnes sans domicile en France, le « Plan Logement d'abord 2018-2022 » s'appuie sur les résultats du modèle « Housing First » (HF) pour proposer des solutions de logement pérennes. Il s'agit notamment de pensions de famille qui offrent un logement permanent aux personnes en situation de grande précarité, avec un accompagnement adapté. Si le modèle initial (HF) destiné à un public atteint de troubles psychiques propose un accompagnement orienté vers le rétablissement, l'accompagnement en pension de famille destiné à un public plus large, nécessite d'être pensé autrement. Par une étude de cas menée en pension de famille, cet article présente une philosophie d'intervention différente où l'accompagnement prendrait appui sur l'approche par les capabilités et sur le concept d'Identité-logement, ouvrant la voie au pragmatisme critique.Faced with the ever-increasing number of homeless people in France, the "Housing First Plan 2018-2022" builds on the results of the "Housing First" (HF) model to propose sustainable solutions. These include boarding houses that provide permanent accommodation for people in very precarious situations, with appropriate support. While the Housing First (HF) model for people with mental health problems offers recovery-oriented support, support in boarding houses for a wider public needs to be considered differently. Through a case study in a boarding house, this article presents a different philosophy of intervention where the support would be based on the capability approach and on the concept of Home-identity, opening the way to critical pragmatism.
- Le rétablissement à l'épreuve des situations : ethnographie d'Un Chez Soi d'Abord - Antonyne Breuil p. 179-199 Adaptés du mouvement ‘ Housing First' depuis les États-Unis il y a une dizaine d'années, les dispositifs Un Chez Soi d'Abord (UCSA) se multiplient dans les métropoles de France, accompagnant ainsi de plus en plus de personnes vulnérables vers un logement autonome et un mieux-être social, sanitaire, environnemental. Basé sur le concept-clé de rétablissement mais aussi sur des principes d'action tels que la non-coercition ou l'aller-vers, UCSA est désormais un nouvel acteur ancré de la réinsertion sociale. Cet article se propose d'entrer dans la réalité d'un de ces dispositifs UCSA, pour essayer de démêler les complexités rencontrées, mettre en lumière les philosophies de l'action proposée, les questionnements relatifs à une éthique pragmatique soulevés par les acteurs de terrain. Il s'agit ainsi de faire ressortir de cette réalité, une certaine distance avec les principes développés dans les politiques publiques appliquées.Adapted from the 'Housing First' movement in the United States a decade ago, Un Chez Soi d'Abord (UCSA) programs are multiplying in France's metropolises helping more and more vulnerable people to find independent housing and improve their social, health and environmental well-being. Based on the key concept of recovery, but also on action principles such as non-coercion, outreach, etc., UCSA is now a new actor anchored in social reintegration. This article proposes to enter into the reality of one of these UCSA programs, in order to try to unravel the complexities encountered, to highlight the philosophies of the proposed action, the questions relating to a pragmatic ethic raised by the actors in the field. The aim is to bring out from this reality a certain distance with the principles developed in the public policies applied.
- Colliger les problèmes : une étude polarisée des transmissions entre éducatrices en Maison d'Enfants à Caractère Social - Myriem Auger, Christophe Trombert p. 200-223 Dans cet article nous interrogeons les conceptions sous-jacentes du métier qui se révèlent dans les messages que des éducatrices de MECS s'adressent dans leur cahier de transmissions au sujet des problèmes que posent, à leurs yeux, les adolescents qu'elles accompagnent. Ces écrits proviennent d'éducatrices qui sont perçues et qui se perçoivent comme « polarisées », les unes considérant les autres comme laxistes et se donnant le bon rôle et ces dernières considérant les premières comme rigides et autoritaires. L'étude de ces prises d'écriture, au fil de l'eau, qui interviennent parfois dans les minutes qui suivent les incidents auxquels les éducatrices se confrontent permet d'observer le travail de description (et ce faisant de mise en sens) qu'elles réalisent pour rendre ce qui s'est passé tout à la fois : lisible, saisissable à l'aune du rôle dont elles se réclament et commensurable au regard des autres événements qui secouent l'établissement. La polarisation documentée par ces écrits ordinaires invite à penser que le travail social en MECS n'est pas toujours aussi flottant, indéterminé et dépourvu de lignes normatives qui sont tenues que ce que suggèrent des analyses sociologiques en termes de singularités des situations et d'indécision ou d'hésitation des professionnels quant à l'action qui convient.In this article, we examine some professional conceptions which appears in messages written by six social workers specialized in child protection in their liaison book. Specifically, we are interested in messages in which the team describe the problematical behaviours of the teenagers into the children house. We compare their different judgments about teenager's behaviour with the ways in which they consider to each other, at meetings, as lax or severe. The study of the messages confirms the existence of a difference in the way the six social workers apprehend and describe the problematical behaviours of teenagers. Nevertheless, these messages (written on the fly) also makes it possible to identify many commonalities in the way social workers apprehend their mission and their audience.
- Le travail social morcelé, ou des formats d'humanité divergents - Hervé Marchal p. 17-34
Varia
- Travailleurs sociaux face au burn-out - Fathi Ben Mrad p. 224-240 L'auteur s'intéresse à la manière dont certains travailleurs sociaux sont affectés par leur situation de burn-out, des points de vue physique, psychologique et professionnel. Quels sont les changements personnels profonds qu'ils connaissent lorsqu'ils sont confrontés à l'expérience d'un burn-out et lorsqu'ils doivent déployer certaines de leurs ressources pour résister et faire face à leur situation ( coping) ? Ce changement doit aussi être relié aux transformations socio-politiques comme la Nouvelle Gestion Publique (NGP) qui impacte et traverse la question du burn-out dans de nombreuses professions (agents administratifs, personnels médicaux, travailleurs sociaux, etc.). L'auteur confronte les définitions expertes du burn-out avec celles qui émanent de professionnels concernés par ce syndrome. Il relève les diverses causes et manifestations que ces derniers avancent pour parler de leur syndrome. À partir de ses investigations de terrain, fondées notamment sur des entretiens avec des travailleurs sociaux en burn-out, l'auteur propose de mieux considérer certains éléments significatifs qui sont parfois minorés dans les travaux internationaux sur le sujet.The author is interested in how some social workers are affected by their burn-out situation, from a physical, psychological and professional point of view. What are the profound personal changes they experience when faced with facing the experience of burnout and when they have to deploy some of their resources to resist and cope with their situation (coping)? This change must also be linked to socio-political transformations such as the New Public Management (NGP) which impacts and crosses the issue of burnout in many professions (administrative agents, medical staff, social workers, etc.). The author confronts expert definitions of burnout with those emanating from professionals concerned with this syndrome. He notes the various causes and manifestations that they put forward to talk about their syndrome. Based on his field investigations, based especially on interviews with social workers in burn-out, the author proposes to better consider some significant elements that have sometimes been underestimated in international work on the subject.
- Le travail social comme discipline : quatre concepts pour éclairer ses frontières - Amélie Maugère p. 241-262 Cet article représente une contribution à la définition du travail social comme discipline à partir de la démarche théorique proposée par Alvaro Pires (1995) pour circonscrire les frontières disciplinaires de la criminologie. Notre contribution mobilise trois de ses concepts : l'objet, l'activité de connaissance et le champ d'étude. Nous y avons ajouté celui d'activité de praxis. Ensemble, ces quatre concepts permettent de mettre en lumière le projet spécial de la discipline « travail social », avec un esprit d'ouverture. L'enjeu est en effet de renforcer une identité professionnelle tout en permettant la poursuite, au sein de la discipline, d'un dialogue démocratique entre des points de vue opposés.This article is a contribution to the definition of social work as a discipline based on the theoretical approach proposed by Alvaro Pires (1995) to define the disciplinary boundaries of criminology. Our contribution mobilizes three of its concepts: the object, the activity of knowledge and the field of study. We have added that of praxis activity. These markers make it possible to point out the special disciplinary project of social work with an open mind. The challenge is indeed to strengthen a professional identity while allowing the continuation, within the discipline, of a democratic dialogue between opposing points of view.
- Travailleurs sociaux face au burn-out - Fathi Ben Mrad p. 224-240