Contenu du sommaire : Iles tropicales.

Revue Les Cahiers d'Outre-Mer Mir@bel
Numéro vol. 48, no 191, juillet-septembre 1995
Titre du numéro Iles tropicales.
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Etudes

    • Saint-Barthélemy : un choix et ses limites - Jean-Pierre Chardon, Thierry Hartog p. 16 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Toute petite île de la Caraïbe du Nord (24 km2), Saint-Barthélemy évoque avant tout un paradis touristique tropical pour clientèle fortunée. Cette île, protégée par sa taille, a ainsi toujours pu et su choisir la qualité de sa clientèle au détriment de sa quantité. Le faible nombre de ses réceptifs hôteliers et para-hôteliers ainsi que la difficulté de son accessibilité assuraient de fait sa tranquilité. Mais cet équilibre semble remis en cause aujourd'hui. Les auteurs s'interrogent donc sur la nature de cette activité touristique et ses limites physiques et humaines.
      Saint-Barthélemy : the tourist politic and its limits. A very small island (24 km 2) in the North Caribbean, Saint Barthélémy presents the picture of a tropical tourist paradise created for the well-to-do traveler. Taking advantage of its limited size, the island has always known how to, and has been able to select a quality visitor rather than a countless number of them. The small amount of its hotel facilities as well as the difficulty of access to the island has assured it of its tranquility. But this equilibrium today seems to be threatened. The authors of this paper study the nature of the tourist activity of St Barthélémy as well as its physical and human limits.
    • Développement économique et social d'une communauté française dans les Antilles Anglophones : le cas des Frenchies dans l'île de Saint-Thomas aux Iles Vierges américaines - Jacques-Olivier Pesme p. 17 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Profitant de l'essor de l'activité économique de Saint-Thomas depuis la fin du XIXe siècle, une communauté française en provenance de Saint-Barthélemy est venue s'installer sur l'île pour y appliquer ses méthodes de pêche et d'agriculture. L'ensemble de la communauté française se divisait en deux entités villageoises, et là où le développement de l'une d'entre elles passait par un rapprochement des centres de décisions locaux, la seconde, isolée sur la côte Nord de l'île, connaissait une évolution plus autarcique. Au travers du développement de St-Thomas, nous voyons comment ces deux sociétés ont su s'organiser dans un univers parfois contraignant, puis réagir et s'installer définitivement dans la structure économique et sociale des Iles Vierges américaines.
      Economic and Social Development in a French Community in the English-Speaking Antilles : The Case of «Frenchies» in Saint Thomas, in the American Virgin Islands. Taking advantage of the economic growth in Saint Thomas that began towards the end of the XlXth century, a French community, coming from Saint Barth, settled in the island in order to apply its fishing and farming methods. The French settlers are divided into two village groups, and although the evolution of one was influenced by decisions made locally, the second group, isolated on the northern coast of the island, experienced a development that was more autarchic. After studying the growth of Saint Thomas, we see how these two groups managed to organize themselves in an environment that was at times constraining, then adapt definitely to the economic and social structure of the American Virgin Islands.
    • Migrants et clandestins de la Grande Comore - Jean-Louis Guebourg p. 24 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'émigration vers l'étranger est une constante grande-comorienne depuis la colonisation. Les migrants, autrefois dénommés «navigateurs », suite à leur emploi sur les grandes compagnies maritimes, représentent 10% des actifs comoriens. L'émigration fut orientée d'abord vers les ports français ; Zanzibar et Madagascar, ces deux dernières destinations se fermèrent respectivement en 1966 et 1976 dans des contextes difficiles. Indépendants depuis juillet 1975, les Grands-Comoriens ne peuvent plus s'installer dans leur ancienne métropole, la France, ainsi qu'à la Réunion ou à Mayotte, sauf en usant de subterfuges comme les mariages blancs ou l'achat de cartes d'identité mahoraises. Souvent clandestins, les immigrants grands-comoriens, dont le chiffre varie entre 50 et 100 000, vivent chichement dans les quartiers les plus précaires de la Réunion ou des grandes villes françaises. Les motivations de ces migrants, surtout masculins (67%), sont certes économiques et intellectuelles comme celles de leurs homologues africains, mais l'originalité de leur quête réside dans l'accumulation d'un capital pour honorer leurs coutumes, notamment le «grand mariage». Ceci justifie la prépondérance des Grands-Comoriens dans la communauté comorienne (80%) qui économisent durant cinq à dix ans, dans une grande discrétion et une atmosphère d'entraide. Les retours annuels de ces migrants, dénommés les «je viens de..», permettent le transfert de flux financiers informels, la célébration des coutumes, et suscitent l'admiration, voire l'envie, de leurs compatriotes demeurés au pays.
      Emigrants and Clandestine Travelers from Greater Comoro, Comoro Islands. Emigration to foreign regions is a Greater Comoran constant since the colonization period. These people, formerly called «sailors», because of their employment with the large shipping companies, form 10% of the population. Emigration was at first directed to French ports ; Zanzibar and Madagascar, the last two destinations closed to the emigrants in, respectively, 1966 an 1976, under difficult conditions (Comoran citizens were chased from Zanzibar and Mahajanga ). An indépendant people since July 1975, citizens from Greater Comoro can no longer settle in their former mother country, France, nor in Reunion and Mayotte, except by using illegal means such as contracting white marriages or purchasing Mahoran identity cards. Often clandestine, the Greater Comoran immigrants, the number of which varies between 50 000 et 100 000 live poorly in the most run-down neighborhoods of Reunion or the large French cities. The goals of these migrants, mainly masculine (67%) are, to be sure, economic and intellectual, like those of their African brothers, but what is unique in their intentions is the accumulation of savings that would be sufficient for them to honor their customs, especially a «big marriage». This is why there is such a preponderance of Greater Comorans (80% ) out of the total Comoran diaspora community and who save for from five to ten years, with great discretion and in an atmosphere of communal aid. The annual returns of these migrants, called the «I come from...», enables the informal transfer of money, celebration of customs, and arouses the admiration, more, the envy of their compatriots who have remained in their native land.
    • Tourisme culturel et tourisme de masse à Bali - Christine Cabasset p. 28 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Fleuron du tourisme culturel, Bali butte aujourd'hui sur le tourisme de masse. Du fait d'une production artistique et artisanale en masse, Ubud, le «berceau culturel» de l'île, commence à connaître des dérapages. Quant à Kuta, ex-étape des «routards» à Bali, rien ne la différencie plus d'une station balnéaire à la mode, avec ses multiples hôtels internationaux et une vie nocturne débridée. Né de l'idée de préservation de la culture balinaise et donc de la rupture entre les locaux et les visiteurs, le tourisme culturel a entrainé le sacrifice du sud de l'île au tourisme. L'engorgement chronique de cette partie de l'île, l'augmentation rapide du nombre de touristes, mais aussi la volonté d'un certain nombre de Balinais de tirer également profit du tourisme, amènent aujourd'hui à la dispersion des complexes hôteliers. Mais cette dispersion, combinée à l'ampleur des projets, sera-t-elle faite en respect de l'environnement naturel et favorisera-t-elle les investissements sociaux et financiers de la population locale ?
      Cultural Tourism and Tourism of the Masses in Bali, Indonesia. Leader of the cultural tourist trade, Bali today is confronted with tourism of the masses. Kuta, the former «hitchhiker» stop, is now but a typical seaside resort with a wide range of international hotels and a wild night life. And Ubud, the traditional cultural cradle of the island, has begun to experience a lower quality of artistic and craftsmen wares due to mass production. Created with the idea of cultural preservation and thus a geographical separation between local inhabitants and visitors, cultural tourism has led to the sacrifice of the southern part of the island to the tourist trade. The chronic pressure on this part of Bali, the rapid increase in the number of tourists, but also the desire of a certain number of Bali residents to profit from the tourist trade, has had the result of a spread of resorts in every direction. But this expansion, combined with the size of the projects, makes one wonder whether the natural environment will be respected and, also, whether it will favor the financial and social investments of the local population.
    • L'urbanisation à Guam - Jean-Pierre Doumenge p. 34 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Guam est la plus vaste et la plus méridionale des îles Mariannes. Elle présente trois unités physiques. Elles est sensible aux tremblements de terre. Découverte en 1 52 1 par Magellan, elle était déjà densément peuplée. Territoire de l'union américaine depuis 1950, son économie a beaucoup évolué depuis le fin de la Seconde Guerre mondiale. Une politique d'attrait des capitaux étrangers depuis 1960, est à l'origine d'un véritable «boom» immobilier, les promoteurs étant essentiellement des Japonais. L'état actuel de l'organisation urbaine -espace résidentiel, équipements touristiques, emprise du commerce et de l'industrie légère, développement des grands équipements et des infrastructures militaires -a eu des conséquences sur la répartition de la population et l'organisation des activités.
      Urbanization in Guam. Guam is the largest and most southern of the Mariana Islands. It is composed of three physical units. It is subject to earthquakes. Discovered in 1521 by Magellan, it was already thickly populated at the time. A trust territory of the American union since 1950, its economy has grown considerably since the end of World War II. A policy adopted in 1960 to attract foreign capital was at the origin of a veritable real estate boom, the promotors being mainly Japanese. The present state of urban planning -residential space, tourist facilities, acquisition of land buinesses and light industry, construction a large facilities and of a military net work -has influenced population distribution and the organization of activities.
    • Les conséquences de l'instabilité tectonique à Wallis et Futuna - Bernard Capecchi p. 20 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le séisme du 13 mars 1993 a provoqué de nombreux dégâts aggravés par une situation environnementale très dégradée. Les Iles de Futuna et Alofi (Archipel des Iles Horn) furent secouées par un tremblement de terre de magnitude 6,5 qui fit trois victimes et occasionna l'effondrement des édifices religieux, des maisons d'habitation de style moderne construites sans dalle reposant sur des longrines, des chutes de pierres et d'innombrables glissements de terrain. La crise sismique commencée le 1 1 mars provoqua le soulèvement du littoral de l'île de 50 cm à 1 m ce qui n'était pas un phénomène nouveau pour les habitants. Ancien volcan sous-marin porté en altitude, l'île de Futuna est une montagne dans l'océan recouverte de calcaires madréporiques. Formé de trois séries basaltiques d'arrière-arc insulaire d'âge Pliocène à Quaternaire, l'Archipel des Horn coincé dans le mécanisme régional de décrochement, entre la faille tranformante nord-fidjienne et les rides de Péguy et de sud Pandora, émerge lentement de l'océan par écaillage progressif de la plaque lithosphérique. Le risque sismique est inculturé dans la population de Futuna. Les cases traditionnelles résistent bien mais les constructions mal maçonnées représentent le risque majeur conséquent. D'autre part, la pression démographique (supérieure à 55 hab/km�) a entraîné une extension de la culture sur brûlis et un fort raccourcissement de la jachère. Une maigre végétation appelée «toafa » s'est substituée à la forêt et désigne les pentes et les nombreuses corniches à une redoutable érosion. Les séismes déclenchent donc des fluages boueux grossis de blocs coralliens qui ravagent tout sur leur passage. Sur le littoral où se concentrent les habitations, les tsunamis représentent le troisième risque grave pour la population. La prévention de tous ces risques passe par un ralentissement de la pression démographique, une amélioration des rendements agricoles, un respect de l'environnement et des normes de construction.
      The Consequences of Tectonic Instability in Wallis and Futuna. The seismic occurrence of March 13, 1993 caused considerable damage that was aggravated by the terribly run-down state of the environment. The Futuna andAlofi Islands (Horn Islands Archipelago ) were shaken by an earthquake the magnitude of 6.5 that was responsible for three deaths and leveled churches, and poorly constructed dwellings, and created rock and landslides. The seismic activity, begun on March 11th, raised the seashore of the island by from 50 centimeters to 1 meter -which was not an unknown phenomenon to the islanders. A former underwater volcano, Futuna Island is a mountain in the ocean covered with madreporic calcareous rocks. Formed of three basalt series of a back-arch basin, aged from the Pliocene to the Quaternary, the Horn Islands Archipelago, caught in the North Fijian transforming fault, the Peguy Ridge and the Pandora Ridge, emerges slowly from the Atlantic as a progressive flaking of the lithospheric plate. For the Futunian inhabitants, seismic convulsions are a part of everyday experience. Homes built in the traditional manner withstand them well, but poorly built structures represent the main risk. Furthermore, demographic pressure (there are more than 55 inhabitants per square kilometer ) has led to an extension of farming based on scorched earth and to a sharp reduction in the amount of fallow land. A thin vegetation cover called «toafa» has replaced the rain forest and exposes the slopes and ridges to serious erosion damage. Seismic movements thus trigger mud slides and falling rock that level everything in their path. Along the coast, where the majority of dwellings are located, tidal waves constitute the third grave risk for the inhabitants. To prevent further devastation and reduce loss of life, the pressure of demographic growth must recede, crop output increase on the farms, greater consideration given to the growth possibilities of the environment, and anti-seismic codes adopted as regards building practices.
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