Contenu du sommaire : BRICS+ : une alternative pour le Sud global ?
Revue | Alternatives Sud |
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Numéro | vol. 31, no 1, 1e trimestre 2024 |
Titre du numéro | BRICS+ : une alternative pour le Sud global ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- BRICS+ : une perspective critique - Laurent Delcourt p. 7 S'ils participent d'un rééquilibrage nécessaire des rapports de forces au niveau mondial, les BRICS+ sont loin de représenter une alternative salutaire pour les pays du Sud. Derrière une rhétorique de solidarité Sud-Sud, leur coopération renforce le modèle extractiviste et amplifie les asymétries. Au lieu d'adhérer à une lecture binaire des relations internationales, les forces progressistes devraient jeter les bases d'un nouvel internationalisme.
- BRICS+ : une perspective critique - Laurent Delcourt p. 7
Points de vue du Sud
Les BRICS+ et le Sud global
- Les BRICS+, un nouvel anticolonialisme émancipateur ? - Gareth Dale, Tithi Bhattacharya p. 35 Loin de l'esprit de Bandung porté jadis par le mouvement anticolonial des peuples du Sud, les BRICS+ s'imposent aujourd'hui comme une coalition lâche d'États sous l'égide de la Chine, en dispute pour l'hégémonie. Ni la redistribution des richesses ni la démocratisation ne sont au coeur de leurs ambitions. Pour autant, la vision simpliste, promue par Washington, opposant démocraties d'un côté, autocraties de l'autre, ne convainc pas non plus.
- Impérialisme occidental, BRICS et sous-impérialisme dans le Sud global - Ana Garcia, Miguel Borba, Patrick Bond p. 45 L'essor des BRICS n'a pas induit de changements de fond. En dépit d'une rhétorique contestataire de l'impérialisme occidental, les relations nouées entre eux et avec les pays du Sud tendent à perpétuer les rapports de dépendance et les modèles d'accumulation du capitalisme mondialisé, aggravant les inégalités et l'exploitation des ressources naturelles. Des contradictions que les théories critiques du développement invitent à dépasser.
- La Chine et son rôle hégémonique en Amérique latine et en Argentine - Ariel Slipak, Maristella Svampa p. 65 La Chine occupe désormais une position hégémonique en Amérique latine et en Argentine en particulier. Tant en matière de financement et d'investissements dans l'extractivisme traditionnel et le nouvel extractivisme « vert » – le « consensus de la décarbonation » – qu'en matière commerciale, en important les « commodities » issues des sols et sous-sols latino-américains et en exportant vers le sous-continent ses produits industriels.
- Coopération Sud-Sud et multinationales brésiliennes au Mozambique - Ana Garcia, Karina Kato p. 85 Le corridor de Nacala, au nord du Mozambique, illustre l'enchevêtrement des programmes de la coopération du Brésil en Afrique avec les intérêts de ses multinationales et les politiques des agences internationales de développement. Ce projet s'inscrit dans le paradigme de l'accumulation par incorporation des territoires aux chaînes de valeur mondialisées, au détriment des communautés locales. Des solidarités Sud-Sud s'esquissent néanmoins.
- Les BRICS+, un nouvel anticolonialisme émancipateur ? - Gareth Dale, Tithi Bhattacharya p. 35
Nouvel ordre multipolaire ?
- Les BRICS face au conflit russo-ukrainien - Giovana Dias Branco, Laerte Apolinário Júnior p. 105 La guerre russo-ukrainienne a fait apparaître un fossé entre positionnements géopolitiques occidentaux et des BRICS. La « neutralité prorusse » de ces derniers repose sur des intérêts stratégiques communs, une conception partagée de la sécurité internationale et des interdépendances économiques. Les reconfigurations à l'oeuvre ouvrent des opportunités pour des pays émergents pragmatiques, désireux de développer leur autonomie et de s'affirmer.
- Remodeler la « Nouvelle banque de développement » des BRICS - William Gumede p. 121 La « Nouvelle banque de développement » des BRICS entend contester l'hégémonie occidentale, en devenant une banque pour tous les pays du Sud et en promouvant la dédollarisation. Les sanctions à l'encontre de la Russie ont cependant entravé ses actions. De plus, si l'arrivée de nouveaux membres offre une opportunité, elle l'oblige à revoir son rôle et sa gouvernance et à s'assurer du respect des droits humains et de l'environnement dans ses projets.
- Réaliste, le bousculement du monde voulu par les BRICS+ ? - Obiora Ikoku p. 135 Forts de leur poids économique, les BRICS+ entendent bousculer l'ordre commercial mondial, en s'attaquant notamment à l'hégémonie du dollar. Pour autant, beaucoup d'analystes, y compris dans le Sud global, doutent de la capacité du bloc à atteindre ses objectifs. Et, plus encore, de sa capacité à proposer une alternative convaincante au système actuel, en particulier aux pays africains, où le ressentiment vis-à-vis de l'Occident est profond.
- « Multipolarité », le mantra de l'autoritarisme - Kavita Krishnan p. 143 Le plaidoyer de certaines gauches en faveur d'une « multipolarité » sans valeurs les a conduites à absoudre des régimes autoritaires, ultraconservateurs, voire fascistes, pourvu qu'ils soient ennemis des États-Unis et anti-occidentaux. Lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le président Poutine a eu recours à cette rhétorique. Une partie de la gauche mondiale s'est alors révélée frileuse à l'idée de condamner l'agression russe.
- Contre l'impérialisme multipolaire - Joey Ayoub, Kavita Krishnan, Promise Li, Romeo Kokriatski p. 153 La « multipolarité » est devenue la boussole d'une partie de la gauche, l'expression d'une démocratisation anti-impérialiste des relations internationales. Mais elle fait aussi office de leitmotiv des nouvelles puissances autoritaires, servant à déguiser leurs propres pratiques capitalistes et impérialistes en alternative à l'hégémonie occidentale. Il revient à la gauche internationaliste d'être du côté des victimes de tous les impérialismes.
- Les BRICS face au conflit russo-ukrainien - Giovana Dias Branco, Laerte Apolinário Júnior p. 105