Contenu du sommaire : Entrepreneuriat de territoire : agir au service d'un développement local durable

L'entrepreneuriat s'est imposé pour stimuler les projets innovants et développer les territoires. Il représente un levier d'actions susceptible de mobiliser les forces endogènes d'un espace confronté à des difficultés structurelles. Pourtant, la construction de la dynamique entrepreneuriale du territoire reste insuffisamment explorée en raison souvent de la complexité de la thématique elle-même. L'échelle de la ville nous semble intéressante pour interroger les modalités qui permettent à cet entrepreneuriat de territoire de prendre forme.

Dans quelle mesure une organisation privée peut-elle contribuer au développement local durable ? Depuis quelques années, un entrepreneuriat « par et pour » les habitants se structure progressivement en France. L'article présente la trajectoire du groupe Archer, et analyse son évolution d'une structure d'insertion vers une entreprise de territoire. L'article étudie également certaines des spécificités de cette nouvelle forme organisationnelle. L'entreprise de territoire permet d'inspirer des politiques publiques locales de développement, d'interroger les rapports des PME à leur environnement local et de mobiliser les citoyens qui cherchent à s'engager en faveur des transitions écologiques et sociales.

Face à l'importance des défis environnementaux, sociaux et sociétaux, les expérimentations se sont multipliées au cours des dernières années. Cependant, pour qu'ils soient source de réponses efficaces et pertinentes, ces projets expérimentaux doivent respecter une double contrainte. D'une part, ils doivent s'inscrire dans un cadre normatif permettant d'apprécier leurs effets. D'autre part, ils doivent être en mesure de tirer les enseignements opérationnels de leur confrontation à la réalité du terrain. À partir d'une observation participante de plusieurs années, cet article propose de mettre à jour les éléments qui ont permis au projet Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD) d'associer la mise en œuvre d'une expérimentation et une intégration systématique du retour d'expérience. Le développement d'une structuration originale associant des instances en charge d'assurer un dialogue de proximité, de capitaliser les enseignements et de garantir le respect des exigences normatives, apparait comme l'un des facteurs principaux de réussite.

Le développement économique local est unanimement recherché. Ce développement est une amélioration des conditions locales de vie ou de production. Le développement peut être généré tant par l'entrepreneuriat territorial que par la structure de gouvernance de réseaux territorialisés d'organisations (RTO). L'entrepreneuriat territorial est une dynamique dans laquelle des ressources locales sont utilisées pour résoudre des problématiques locales. La structure de gouvernance de RTO est une personne morale qui mobilise et coordonne des acteurs pour impulser une stratégie collective. Cet article relie ces concepts et montre que la structure de gouvernance peut être un entrepreneur territorial, ce qui génère une dynamique de développement. Une étude de cas unique sur l'association Mecanic Vallée soutient la démonstration.

L'étude des pratiques entrepreneuriales, au sein d'un écosystème entrepreneurial, montre l'importance des proximités spatiales et non spatiales permettant d'activer les potentiels nécessaires au développement d'un projet. La capacité d'un entrepreneur à mobiliser ces proximités, voire à les créer, devient ainsi une compétence clé. Nous proposons, au travers d'une étude de cas longitudinale portant sur un événement sportif majeur, en territoire, une analyse des proximités qui identifie leur nature, leur genèse, et le rôle essentiel qu'elles jouent dans la création et le développement de l'entreprise et de son écosystème.

L'hybridation de la gouvernance des structures d'accompagnement est considérée, dans cet article, comme un moyen de co-construction d'un territoire entreprenant.Sur la base d'une étude longitudinale auprès de 57 incubateurs de la région Occitanie, nous montrons qu'au sein de chaque structure, il existe une grande diversité d'acteurs impliqués dans les différentes étapes de l'incubation. Le directeur de la structure est en charge de la construction d'une gouvernance pertinente qui implique des parties prenantes dont l'expertise peut être critique pour le projet entrepreneurial. En conséquence, la gouvernance de l'incubateur apparaît non seulement comme un processus hybride mais également flexible et à géométrie variable mis en œuvre pour répondre aux besoins spécifiques des porteurs de projet pour créer un environnement favorable à la création d'entreprise.

Des « événements collaboratifs d'innovation » (Hackathon, Startup weekend, etc.) suscitent un fort engouement dans la pratique et la recherche. L'un de ces événements, Start-Up de Territoire, vise à stimuler l'entrepreneuriat territorial par la mobilisation de citoyens de tous horizons pour imaginer, lancer et aider des projets visant à résoudre des problématiques locales et créer des emplois. À travers une étude de cas à Lons-le-Saunier dans le Jura, nous montrons la très grande capacité d'impulsion d'un tel événement et les intérêts symboliques et pédagogiques. Nous constatons cependant les limites en matière de création d'emplois et d'entreprises. La réalisation de ces objectifs nécessite un vrai travail de création d'un contexte organisationnel territorial favorable, impliquant acteurs publics et privés dans la gestion amont et aval d'un événement d'idéation.

La finance participative est l'un des récents outils qui a aidé au renouveau entrepreneurial à travers le financement de projets à forte valeur ajoutée. Pourtant, la dimension entrepreneuriale de la finance participative n'a été que peu abordée dans les territoires, alors que nous avons aujourd'hui des dynamiques locales. Nous assistons à la structuration de nouvelles frontières spatiales qui prennent pour origine le capital social d'un territoire que viendra révéler des collectes participatives locales. La nature des projets financés (dans leurs dimensions économique, sociale et environnementale) est l'un des éléments déterminants dans le façonnage spatial d'un capital social territorialisé. L'étude de 8 projets locaux de la Région Centre-Val de Loire sera utilisée pour illustrer ces tendances spatiales structurantes lors de collectes participatives réalisées sur la plateforme régionale efferve'sens.

Cette recherche a pour objectif d'approfondir les connaissances sur les pratiques d'identification et de sélection des porteurs de projets pendant la phase de préincubation au sein des incubateurs. Nous les avons analysées suivant une approche écosystémique, à travers une étude de cas unique, dans un incubateur du sud-ouest de la France (Occitanie). Cela a permis de conceptualiser le sourçage entrepreneurial qui est un processus pragmatique que tout incubateur pourrait adapter pour être performant pendant l'identification et la sélection des porteurs de projets. L'étude montre également que les pratiques du sourçage entrepreneurial s'inscrivent dans des interactions entre les incubateurs et autres acteurs d'un sous-écosystème que nous avons détaillé et qualifié d'écosystème de préincubation. Par ailleurs, nous avons montré comment le sourçage entrepreneurial présente des limites territoriales qui peuvent être atténuées par l'hybridation (physique-numérique) des pratiques au sein des incubateurs.

Entreprendre sur une île signifie composer avec l'isolement géographique et économique. Longtemps spécialisée dans l'agriculture et le tourisme, la Guadeloupe se diversifie pour se développer. L'économie du numérique y constitue une réponse sociale, économique et technique pertinente. Depuis 2013, le cluster GuadeloupeTech mobilise pour accompagner cette transformation. Le bilan de l'association est l'opportunité de mesurer l'ampleur des actions menées et leur impact sur le paysage entrepreneurial guadeloupéen. En liant contraintes territoriales et modalités d'action, cette contribution offre un nouvel angle d'observation de l'entrepreneuriat guadeloupéen, porté par un fort engagement. En adaptant une grille d'évaluation de cluster, nous proposons un modèle qui permettra aux acteurs publics comme privés de comprendre la façon dont les initiatives portées peuvent constituer une correction du cadre de contraintes.

Dans cette interview, Didier Nobilé, nous montre comment l'entrepreneuriat de territoire peut être porté par des collectivités et comment la collectivité peut jouer un rôle d'impulsion dans le contexte contraint d'un territoire durement touché par l'arrêt définitif des activités sidérurgiques dans les années 2010. Si la collectivité joue un rôle de facilitateur – en mettant en place un contexte qui permet d'attirer des investisseurs, des entreprises et des habitants – elle peut aussi être conduite à créer, par elle-même, des structures qui dynamisent le territoire. Cet entrepreneuriat des collectivités est un moyen de répondre à des besoins non satisfaits par les entreprises privées, voire de tirer parti de contraintes législatives.

Dans cette interview, Michel Nicolas, actuel DGA de Nantes Métropole et ancien directeur de la Fab.t, la fabrique d'entreprises de territoire, nous présente comment l'entrepreneuriat de territoire peut émerger d'initiatives individuelles ou prendre appui sur des actions coordonnées entre les collectivités locales et les acteurs de l'ESS. Il montre comment la création de coopérations entre les collectivités locales et les acteurs de l'ESS joue alors un rôle clé, mais nécessite d'organiser le dialogue.

Cet article croise le regard sur 10 reportages qui traitent de la crise écologique et climatique, et 9 chapitres études qui s'interrogent sur la façon dont des stratégies collectives sur les territoires peuvent répondre à ces crises, et plus largement aux enjeux de développement local soutenable. Si Vertige souligne les difficultés récurrentes à faire prendre conscience des enjeux environnementaux et à mettre en œuvre des actions efficaces, l'ouvrage collectif montre le potentiel d'actions collectives conduites au plus près du terrain – par des entrepreneurs, associations et/ou collectivités. Il est ainsi possible de répondre aux enjeux globaux et aux difficultés de territoires en difficulté, à l'aide d'actions entrepreneuriales collectives qui développent une activité économique respectueuse de l'environnement et/ou œuvrant contre l'exclusion.