Contenu du sommaire : Communiquer, c'est s'organiser
Revue | Communiquer |
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Numéro | Hors-série 2023 |
Titre du numéro | Communiquer, c'est s'organiser |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Communiquer, c'est s'organiser. Une anthologie des écrits de James R. Taylor. - Nicolas Bencherki, Consuelo Vásquez, Marie-Claude Plourde, Boris H. J. M. Brummans
- La base communicationnelle de l'organisation : Entre la conversation et le texte - James R. Taylor, François Cooren, Nicole Giroux, Daniel Robichaud Des travaux récents en sociologie de la connaissance scientifique nous amènent à penser que l'organisation existe dans les processus d'interprétation de ses membres. Une théorie de la communication est présentée qui considère le processus communicationnel comme une traduction ayant deux facettes, du texte à la conversation et de la conversation au texte. En nous servant de cette théorie comme base, une conception de formes complexes et étendues d'organisation est développée qui démontre que le cycle texte-conversation sous-tend un processus complexe de mise en réseau à partir duquel l'identité de l'organisation émerge, et la structuration sociale se produit, résultant dans la division du travail et dans la coordination. Les implications de cette théorie pour la recherche sont brièvement examinées.
- L'organisation comme effet de médiation : Redéfinir le lien entre organisation et communication - François Cooren, James R. Taylor Comment expliquer un phénomène aussi général et aussi central que l'organisation sociale ? Telle est la question abordée dans cet article. Partant de l'analyse de l'énonciation, et plus généralement de la communication, celui-ci tente de démontrer la nature profondément organisante de la communication. La théorie des actes de langage (Austin, Searle et Vanderveken) est mobilisée et reformulée selon un nouveau modèle analytique basé sur le concept de « modalité » emprunté à la théorie greimassienne et la théorie de la sémantique des modalités (Palmer, Bybee et Fleischman). Par cette analyse, les concepts d'« interobjectivité » et de « médiation », proposés par Latour comme étant les fondements du collectif, sont traduits et étendus à toute activité énonciative. Ce parallèle nous permet de présenter la communication comme une activité de médiation qui consiste à distribuer illocutoirement et fixer perlocutoirement des habilitations et des contraintes qui sont à la base de toute structure organisationnelle.
- Qu'est-ce qui rend la communication « organisationnelle »? : Comment les nombreuses voix d'une collectivité deviennent la voix unique d'une organisation - James R. Taylor, François Cooren Comment une organisation se constitue-t-elle en tant qu'acteur? Cet article explore la propriété de la communication qui explique comment une organisation peut entrer dans le champ du discours, exprimer une intention et se voir accorder une voix. L'article soutient que la communication devient explicitement « organisationnelle » lorsqu'une agentivité collective trouve son expression dans une acteur identifiable, et que l'acteur est reconnu par la communauté comme l'expression légitime de cette agentivité. Cette position est comparable à l'argument de Searle (1995) sur la dimension institutionnelle de la construction de la réalité sociale. L'article développe son argument à travers une analyse de deux théories opposées de l'action dans le discours, l'une ascendante et d'inspiration linguistique, l'autre descendante et d'esprit sociologique. Nous montrons que ces deux versions de l'action dans le discours se retrouvent dans la présentation originale de la théorie des actes de langage de John Austin (Austin, 1962) et que le débat continu entre les positions ascendante et descendante, notamment présenté par Bach et Harnish (1979, 1991) et Searle (1989, 1995), peut être attribué à des visions opposées de la communication, l'une centrée sur la personne l'autre sur le groupe. Les implications pour la recherche organisationnelle sont brièvement discutées.
- Réflexion sur l'organisation dans une nouvelle optique. Enquête sur le fondement ontologique de l'organisation - James R. Taylor De l'avis général, la mondialisation transforme l'organisation. Cet article propose une théorie de l'organisation qui se prête à l'étude du changement en attirant l'attention sur deux phénomènes quelque peu négligés, à savoir : l'origine de la hiérarchie dans la communication et le rôle joué par cette dernière dans la constitution de l'identité de l'organisation en tant qu'agente. L'auteur soutient que l'organisation débute sous le couvert d'une coorientation vers un objet commun, caractérisée par des relations de mandant·e à mandataire. Un système de coorientation appelé A-B-X est proposé. Les systèmes A-B-X ont deux limites et c'est l'existence de conditions frontières communicationnelles qui explique l'avènement du corporatisme industriel moderne durant les 19ème et 20ème siècles, conditions frontières qui semblent d'ailleurs s'estomper. L'article propose ensuite un modèle réflexif et structurant du processus par lequel les organisations s'érigent en actrices. Il conclut par quelques réflexions sur les causes de stabilité et d'instabilité des organisations dans le cadre de la mondialisation.
- La métaconversation : la récursivité du langage comme propriété essentielle des processus organisants - Daniel Robichaud, Hélène Giroux, James R. Taylor Dans cet article, nous soutenons que les conséquences du caractère récursif du langage ont été largement négligées dans la recherche sur le rôle de celui-ci dans les processus organisants (organizing). À partir d'une approche narrative de la construction du sens (sensemaking) par le langage, nous illustrons comment la métaconversation est constituée, et comment cette métaconversation intègre et reconstruit les conversations locales au sein d'une conversation plus étendue, où l'identité de l'organisation dans son ensemble est générée de manière continue. Le processus central à l'œuvre est la production d'un métarécit qui englobe et transcende les récits des multiples communautés qui composent une organisation.
- Trouver l'organisation dans la communication : Le discours comme action et signification - James R. Taylor, Daniel Robichaud Cet article discute de deux façons dont le langage et le discours sont associés dans la conception de l'organisation : en tant qu'activités communicationnelles des agent·e·s (conversations); et en tant qu'interprétations discursives définissant les agent·e·s, buts et organisations (textes). La conversation, cadrée dans un environnement matériel/social et langagier, est le site où l'organisation se produit et où l'agentivité et le texte sont générés. En tant que texte, à son tour, le langage présent dans l'environnement cadre les conversations et reflète les pratiques de signification et les habitus d'interprétation des membres de l'organisation qui s'occupent de leurs objectifs matériels/sociaux immédiats. Utilisant une réunion de haut·e·s gestionnaires comme cas illustratif, l'article discute de ces deux niveaux de compréhension de la relation entre langage et organisation et soutient qu'une vision dynamique du langage et de l'organisation doit tenir compte des processus qui relient les deux aspects de la relation organisation-langage.
- L'organisation en tant que configuration (imbriquée) de transactions - James R. Taylor Cet article défend l'idée selon laquelle la communication en tant que principal objet de la théorie et de la recherche, conduit à de nouvelles perspectives sur la nature de l'organisation, telle qu'elle apparaît actuellement dans les études sur la stratégie, l'institutionnalisation, les objets-frontière, le discours et la matérialité. Sur le plan de la communication, une organisation est à la fois une configuration de pratiques, chacune avec ses propres modes d'échange interactifs, et une personne morale dont la « voix » devient, paradoxalement, une composante de cette même géographie discursive. Le « paradoxe » se dissout cependant dans une théorie communicative, qui soutient que l'identité organisationnelle, et sa personnification, sont établies de la même manière que celles des individus. L'article présente ensuite une vision originale de l'organisation comme une « imbrication » de champs discursifs d'où émergent de multiples niveaux d'identité. Le principal mécanisme responsable de la cohérence des objectifs et de l'identité organisationnelle est l'autorité, dans la mesure où les membres de l'organisation doivent être continuellement « auteurisé·e·s » pour exister. L'article se termine par une brève discussion des implications de l'adoption d'une approche communicative pour les recherches futures.