Contenu du sommaire : Le changement des systèmes partisans en Europe

Cet article propose un état des lieux de l'analyse des systèmes partisans et de leur changement. À partir du constat d'un relatif désintérêt contemporain pour le concept de système partisan, une reformulation de cette problématique est proposée en distinguant quatre dimensions d'analyse. Dans ce cadre, le changement des systèmes partisans peut être mieux compris tant dans sa dimension de développement historique que comme événement lié à la structuration du système partisan lui-même et de sa relation avec son environnement.

Cet article propose une réflexion sur les approches des systèmes de partis et de leur changement. Il commence par distinguer les deux voies principales de la recherche : l'approche comparative classique, basée sur des typologies et donc sur l'analyse catégorielle, et une approche par variables numériques, utilisée notamment dans les enquêtes transnationales. Chacune de ces approches rend difficile la compréhension du changement des systèmes partisans, qu'elles rendent trop rare ou trop courant. L'article s'attache ensuite à proposer une nouvelle approche du système de partis en revenant sur la définition même du concept, à savoir la structuration de la compétition pour le contrôle du pouvoir exécutif. Enfin, une discussion est proposée sur les deux principaux changements qui concernent les systèmes partisans, la disparition des partis antisystème et la transformation des organisations partisanes.

Dans la lignée des travaux de Lipset et Rokkan, l'évolution des systèmes partisans d'Europe occidentale depuis 1945 est analysée à travers l'étude des changements dans le système des clivages, du rôle des réalignements électoraux, des changements de paradigmes et des notions de reconversion partisane et de cycle de vie partisan. À partir des années 1960, dans le cadre d'une « Révolution globale », l'apparition de deux nouveaux clivages partisans, Homme/Nature et Identité/Cosmopolitisme, d'une division politique post-nationalistes/souverainistes, ainsi que le déclin des clivages Laïcité/Église et Possédants/Travailleurs et la disparition de la division politique procommunistes/anticommunistes ont favorisé l'apparition de partis Verts et de droite radicale xénophobe et les transformations d'autres partis. On doit s'interroger sur l'apparition possible d'un nouveau clivage Antilibéraux/Mondialisateurs.

Le but de cette contribution est double. Il consiste tout d'abord à essayer d'appliquer le modèle de Seymour M. Lipset et Stein Rokkan à la Belgique, et ce, dans le long terme, en prenant en considération quasiment tout le XXe siècle et le début du XXIe. Ensuite, il ouvre la discussion sur l'existence de nouvelles oppositions répondant à la même conception des clivages que celle de nos deux célèbres auteurs.

Cet article mesure le degré de changement des systèmes de partis – considérés comme le changement dans la structuration de l'espace politique sous-jacent ou le changement dans les positions des partis dans ce même espace – en Europe occidentale. Le changement est mesuré à partir de deux sondages d'experts, directement comparables, concernant la position des partis sur quatre dimensions politiques « clés ». Ces enquêtes ont été conduites en 1989 et en 2003. Une distinction est faite entre les partis « survivants », en compétition à la fois en 1989 et en 2003, les « nouveaux » partis, en compétition en 2003 mais pas en 1989, et les partis « éteints », en compétition en 1989 mais plus en 2003. Les principaux résultats concernent : le changement d'importance relative des dimensions politiques clés, ainsi que les corrélations entre les positions des partis sur celles-ci ; les tendances historiques dans le positionnement politique des partis européens ; et peut-être plus frappant encore, une tendance distincte à la naissance de « nouveaux » partis et à l'extinction des « anciens » partis situés sur une position relativement extrême dans l'espace politique.

Cet article revient sur l'argument selon lequel le système partisan français serait travaillé par une tendance au bipartisme imparfait en le soumettant à l'épreuve de la comparaison. Il établit que, quel que soit le mode de scrutin, la dynamique européenne va dans le sens d'une domination croissante de deux principaux partis, à l'exception de certains pays dont l'ancienneté et la pluralité des clivages historiques. Le système partisan français y participe pleinement. En 2007, l'UMP et le PS dominent nettement par leur capacité à remporter une élection présidentielle et à obtenir une majorité à l'Assemblée nationale même si cette domination n'est pas – ou pas encore – réalisé au niveau de l'électorat.