Contenu du sommaire : Monde en guerre. Militarisation, brutalisation et résistances

Le conflit actuel au Soudan est le résultat malheureux du soulèvement populaire de 2018-2019. Les deux parties belligérantes mènent une guerre contre le peuple soudanais, cherchant à accaparer les sources de richesse – l'or, principalement – et à exercer leur emprise sur l'État et l'économie. Les perspectives de paix et de démocratie reposent sur la constance et l'intégrité de la société civile du Soudan.

La guerre à Gaza est sans précédent, tant par l'ampleur des pertes humaines que par les destructions matérielles. Face à une telle dévastation, un simple cessez-le-feu est insuffisant. Israël doit être tenu responsable et prendre en charge la reconstruction. Seules la fin de l'occupation illégale et la reconnaissance du droit à l'autodétermination du peuple palestinien offriront une solution juste.

Au Myanmar, la résistance armée à la junte militaire a réalisé d'importantes avancées, en particulier dans l'État de Rakhine, dont elle contrôle une grande partie du territoire. L'intensification du conflit a considérablement détérioré la situation humanitaire et provoqué des déplacements de population. Elle a aussi ravivé les tensions ethniques, le régime ayant mobilisé des groupes rohingyas dans ses rangs.

Les sociétés militaires privées jouent un rôle grandissant sur différents théâtres de conflits. Or les ex-soldats népalais constituent une main-d'œuvre de choix pour ces acteurs économiques. Mais les reconfigurations entre domaines public et privé dans la gouvernance sécuritaire globale ont notamment pour effet une dilution des responsabilités en cas de blessure ou de décès de ce personnel exposé et peu protégé.

Quels sont les effets de la militarisation prolongée de la sécurité publique et de l'expansion des prérogatives des forces armées en Amérique latine ? Nous avançons l'hypothèse de l'essor d'un militarisme civil croissant. Face à des États fragiles et à une crise sécuritaire, les élites politiques s'appuient de plus en plus sur les forces armées pour consolider leur pouvoir, menaçant la démocratie et exacerbant les violations des droits humains.

Les bases militaires étrangères se multiplient dans la Corne de l'Afrique, en vue de combattre la piraterie et de servir les intérêts de puissances mondiales et régionales. À quelques retombées financières près pour les espaces locaux, cette expansion débouche surtout sur l'augmentation de l'instabilité dans et entre les pays, le soutien à des régimes coercitifs, la militarisation des sociétés et la reconduction de rapports néocoloniaux.

Depuis des décennies, les Philippines sont confrontées à des conflits armés, dont une insurrection communiste menée par la Nouvelle armée populaire. Le gouvernement y répond par des politiques antiterroristes et contre-insurrectionnelles, adoptant des pratiques répressives comme le marquage rouge, qui ciblent militants et peuples autochtones. Pour en sortir, des alternatives citoyennes et coutumières tentent de construire la paix et la justice.

Depuis l'entrée en vigueur du régime d'exception, le Salvador se targue d'être devenu l'un des pays les plus sûrs du continent. Mais ce discours officiel occulte les énormes coûts sociaux et humains liés à l'instauration de cette bulle sécuritaire. Mobilisé à des fins électorales, il permet au gouvernement de susciter l'adhésion tout en renforçant sa mainmise sur les institutions.

En dépit d'un système patriarcal qui stigmatise leur participation à la sphère publique, les femmes yéménites se sont mobilisées dans les années ayant précédé et suivi le « printemps arabe ». Leur participation aux négociations de paix et plus généralement aux affaires publiques est néanmoins compromise, du fait du contexte de guerre, de l'approche bureaucratique du genre par les Nations unies et de l'influence de puissances régionales conservatrices.

Le gouvernement israélien a utilisé les violences sexuelles commises par le Hamas le 7 octobre 2023 pour enlever toute légitimité à la cause palestinienne et à ses soutiens, et justifier la guerre totale contre Gaza. Ce récit tend à occulter la longue histoire d'abus perpétrés contre les femmes palestiniennes et l'aggravation des violences sexuelles au sein même de la société israélienne.