Contenu du sommaire : La politique de la ville en 2024 : cadre fixe, cap flou
Revue |
Les Cahiers du développement social urbain ![]() |
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Numéro | no 80, deuxième semestre 2024 |
Titre du numéro | La politique de la ville en 2024 : cadre fixe, cap flou |
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- Éditorial - Pierre-Philippe Grousson, Marion Pollier p. 1-2
Première partie. Les buts du jeu
- Lecture panoramique des contrats Engagements Quartiers 2030 d'Auvergne-Rhône-Alpes - Pierre-Philippe Grousson, Diane Prévot p. 6-9 Documents techniques, bibles ou manuels « clés en main » ? Que nous apprend la lecture des contrats de ville de la région Auvergne-Rhône-Alpes tout juste signés ? Diane Prévot, chargée de mission à Labo Cités, a passé en revue les 31 contrats de ville signés avant octobre 2024. Épaulée par Pierre-Philippe Grousson consultant à Pluricité, elle a examiné l'architecture et les principales orientations de ces documents cadre et considéré leur approche opérationnelle. Tour d'horizon des tendances dégagées à l'occasion de ce travail d'exploration.
- Dans les coulisses de l'élaboration du contrat de ville, le récit de Rive-de-Gier - Aïssa Benmessaoud p. 10-11 Située au sud du département de la Loire, la commune de Rive-de-Gier, 15 000 habitants, est membre de Saint-Étienne Métropole, bien qu'elle relève de l'aire d'attraction de Lyon. Malgré d'importants investissements, les habitants des deux quartiers prioritaires de la Ville restent confrontés à des difficultés croissantes avec une aggravation de la précarité et des inégalités sociales. Aïssa Benmessaoud, directeur de la cohésion sociale pour la Ville de Rive-de-Gier, présente les dessous de l'écriture du contrat de ville « Engagements Quartiers 2030 » dans un contexte de grave crise sociale où les écarts se creusent dangereusement.
- Politique de la ville : changements de cap et absence de perspectives - Renaud Epstein p. 12-14 Fait inédit dans l'histoire croisée des émeutes et de la politique de la ville, le soulèvement de centaines de quartiers après la mort de Nahel Merzouk, tué par un policier à Nanterre lors d'un contrôle routier le 27 juin 2023, n'a été suivi d'aucune annonce en faveur de cette politique. Venant parachever une dynamique d'effacement des banlieues de l'agenda politique, ce mutisme gouvernemental témoigne de la disparition du caractère réactif de la politique de la ville mais aussi, en creux, de la persistance de sa dimension symbolique. C'est l'analyse que nous propose Renaud Epstein, professeur de sociologie à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye / CESDIP.
- Retenir l'attention du gouvernement sur les réalités des quartiers : l'impression du tonneau des Danaïdes pour Ville & Banlieue - Catherine Arenou, Gilles Leproust, Marion Pollier p. 15 « Sortie des radars gouvernementaux », « au point mort », « un traitement exclusivement sécuritaire », « grande oubliée », « enterrée » … les critiques sont légion ces dernières années quant au portage politique et aux orientations nationales de la politique de la ville. Qu'en est-il à l'échelon local ? Le désintérêt politique pour les quartiers urbains concentrant les difficultés est-il généralisé ? Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les Vignes et vice-présidente de l'association nationale Ville & Banlieue, ainsi que Gilles Leproust, maire d'Allonnes et président de Ville & Banlieue, nous livrent leur point de vue.
- Élus locaux, leur engagement pour les quartiers - Lotfi Debbèche, Jean-Luc Girault, Gaëtan Pauchet, Marion Pollier p. 16 Que signifie être élu en charge de la politique de la ville ? Comment ces hommes et ces femmes parviennent-ils à insuffler une ambition pour le développement des quartiers populaires ? C'est l'objet de l'entretien réalisé auprès de trois élus municipaux, par ailleurs administrateurs de Labo Cités : Lotfi Debbèche, élu à Villeurbanne, Jean-Luc Girault, élu à Lyon, et Gaëtan Pauchet, élu à Chambéry.
- Pragmatisme et réalisme : la politique de la ville à Ambérieu-en-Bugey - Daniel Fabre, Liliane Falcon, Mathieu Robin, Marjorie Fromentin p. 17-18 Comment un territoire entrant en 2014 s'est-il mis en ordre de marche pour préparer son second contrat de ville ? Après avoir expérimenté et posé les bases au cours de la précédente période, le binôme élus-chef de projet entend désormais poursuivre la dynamique installée, en tirant profit des moyens mais surtout des méthodes de la politique de la ville. Quelles sont les ambitions défendues dans cette nouvelle mouture ? Réponses collégiales de Daniel Fabre, maire d'Ambérieu-en-Bugey, Liliane Falcon, adjointe à la politique de la ville, à la rénovation urbaine et à la jeunesse, et Mathieu Robin, responsable du service jeunesse et politique de la ville.
- Lecture panoramique des contrats Engagements Quartiers 2030 d'Auvergne-Rhône-Alpes - Pierre-Philippe Grousson, Diane Prévot p. 6-9
Deuxième partie. Le terrain de jeu
- Portrait sociodémographique des quartiers prioritaires de la politique de la ville d'Auvergne-Rhône-Alpes - Anne-Cécile Argaud p. 20-21 Pour décrire les territoires, il y a les cartes, les photographies, les paroles de celles et ceux qui y vivent, les diagnostics en tout genre… et puis il y a les chiffres, la donnée statistique. À l'échelle régionale, qui d'autres que l'Insee pour objectiver la réalité des territoires ? Anne-Cécile Argaud, chef de projet d'action régionale à l'Insee Auvergne-Rhône-Alpes, se prête à l'exercice du portrait sociodémographique des quartiers prioritaires de la politique de la ville en se basant, entre autres, sur des publications de 2020 et 2022.
- Quartiers en flux : les individus passent, la pauvreté reste - Hugo Botton p. 22-23 L'observation statistique des quartiers de la politique de la ville est classiquement effectuée à partir de données dites « en stock ». Ces dernières années, se développe une approche complémentaire permettant de mieux comprendre les dynamiques locales à l'œuvre dans chaque quartier. Cette approche, qui repose sur les mobilités résidentielles des ménages, vient nuancer les discours sur l'inefficacité de la politique de la ville en ce qu'elle échouerait à corriger les écarts de développement entre les quartiers urbains. C'est ce que démontre Hugo Botton, doctorant en sociologie, dont les travaux donnent à voir les données « en flux » comme un complément d'évaluation de cette politique et, surtout, un moyen de l'affiner.
- La politique de la ville à l'heure de la smart city - Maximilien Steindorsson p. 24-25 À l'heure des réflexions autour de la smart city et surtout de l'explosion des bases de données, certaines collectivités territoriales se saisissent de l'essor afin d'améliorer la compréhension de leurs territoires ou de l'effet de leurs politiques. Pourquoi la politique de la ville ne s'ouvrirait-elle pas, elle aussi, aux méthodes de la data science pour affiner la connaissance des enjeux des quartiers populaires ? Comment tout un secteur peut-il se mettre en ordre de marche pour s'approprier ces méthodes ? C'est tout l'objet des travaux menés par le centre de ressources politique de la ville de Bretagne et Pays de la Loire, RésO Villes, avec le programme data & quartiers présentés par Maximilien Steindorsson, chargé de mission Urbain.
- La politique de la ville en Auvergne-Rhône-Alpes en 2024 - p. 26-27
- Quartiers prioritaires de la politique de la ville d'Auvergne-Rhône-Alpes en 2024 et leur population - p. 28-30
- Le dessous des cartes : la proximité pour un diagnostic précis - Marc Hebel p. 31-32 Politique territoriale de référence, la politique de la ville a ses cartes. Au recto, on trouve la géographie prioritaire telle que définie officiellement, à partir de critères arrêtés par la loi et parfois à la suite d'âpres négociations politiques. Au verso, il y a le territoire tel qu'il est vécu. Cet article propose de tourner la carte officielle de la politique de la ville et de s'arrêter sur les réalités d'un quartier : Fontbouillant, à Montluçon. Marc Hebel, directeur de la MJC-centre social, structure implantée au cœur de ce quartier, revient sur le diagnostic réalisé à l'occasion du renouvellement du projet social de l'association en 2023.
- À Grand Lac, des quartiers sortis de la carte mais toujours prioritaires - Renaud Beretti, Thibaut Guigue p. 33-34 Si, à l'échelle régionale, 14 nouveaux quartiers ont fait leur apparition en 2024 dans la géographie prioritaire, 7 autres en sont sortis. C'est le cas des Hauts de Marlioz à Aix-les-Bains. Pour autant, la communauté d'agglomération n'a pas l'intention de cesser son soutien à ce territoire et à ses habitants. Renaud Beretti, président de Grand Lac, et Thibaut Guigue, vice-président en charge de la politique de la ville, de l'urbanisme et de l'habitat, nous expliquent pourquoi et comment l'agglomération a imaginé, avec les acteurs du territoire, un nouveau cadre d'action pour ses quartiers populaires.
- Portrait sociodémographique des quartiers prioritaires de la politique de la ville d'Auvergne-Rhône-Alpes - Anne-Cécile Argaud p. 20-21
Troisième partie. Les règles du jeu
- Allègement de la taxe foncière des bailleurs : quelles retombées pour les habitants des quartiers ? - Pierre Useo p. 36-37 Parmi le bouquet de mesures fiscales incitatrices à (inter)venir dans les territoires de la politique de la ville, il y en a une qui se démarque du fait de ses effets tangibles pour les habitants des quartiers : l'abattement de la taxe foncière sur les propriétés bâties (ATFPB). Perçu localement comme une ressource à part entière de la politique de la ville, le dispositif bénéficie aux bailleurs sociaux, acteur de premier rang de la politique de la ville. Pierre Useo, chargé de projet à l'Association des organismes HLM Auvergne-Rhône-Alpes, explique dans cet article en quoi consiste l'ATFPB et dresse un panorama régional des actions en faveur de l'amélioration du cadre de vie et de la qualité de service que ce dispositif permet de financer.
- Les Chantiers Jeunes XXL d'Est Métropole Habitat - p. 37
- Avec Break Poverty, le mécénat social d'entreprise progresse dans les quartiers - Cécile Fara, Julie Masselis p. 38-39 Break Poverty Foundation conçoit et déploie des dispositifs d'alliance pour lutter durablement contre le déterminisme social, notamment en mobilisant les entreprises par du mécénat social. Cécile Fara et Julie Masselis, déléguées régionales, nous expliquent comment Break Poverty, en particulier avec le programme de la Dotation d'action territoriale (DAT), crée des synergies entre acteurs publics et privés sur les territoires, dont les quartiers prioritaires.
- L'égalité des chances comme prestation : une illustration du rôle croissant des acteurs privés - Alice Pavie p. 40-41 Malgré l'éviction de l'idée d'une fondation pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) envisagée dès 2014 par la loi Lamy et reprise dans le rapport Borloo de 2018, de plus en plus de projets associatifs sont financés par le privé, via des fondations d'entreprise ou des fonds de dotation. Dans un même temps, des associations financées par de grosses entreprises voient le jour pour intervenir auprès des habitants des QPV. Le secteur éducatif en est une illustration. Alice Pavie, docteure en sociologie, décrypte ce phénomène grandissant et nous donne à voir comment ces nouveaux acteurs de la politique de la ville interrogent la notion même de service public.
- Le jeu du droit commun : petit memento pratique - Thibaut Desjonquères, Pierre-Philippe Grousson p. 42-44 La politique de la ville mobilise des crédits spécifiques pour le développement social urbain de quartiers ciblés. C'est en cela que toutes les autres politiques publiques, déployées sans distinction sur le territoire national, sont désignées par l'expression de « droit commun », notion juridique au demeurant. Thibaut Desjonquères et Pierre-Philippe Grousson, consultants au sein du cabinet Pluricité, exposent les compétences à activer pour mobiliser ce fameux droit commun au bénéfice des quartiers populaires et qu'enfin la politique de la ville produise l'effet levier originellement attendu.
- « Ni diagnostics ni propositions : la participation des habitant·e·s n'a besoin que de volonté politique » - p. 46-47 Quelle place donner aux habitant·e·s des quartiers dans la politique de la ville ? La question n'est pas nouvelle. Pour autant, comment leur parole, la réalité de leurs vécus et leur expertise sont-elles portées à travers les différents dispositifs institués ? La question est au cœur des travaux de la commission nationale « Participation citoyenne des quartiers », installée en mars 2023 et présidée par Mohamed Mechmache. Ses membres nous partagent les constats issus du rapport remis en avril 2024 présentant 23 préconisations pour agir sur les leviers de la participation.
- Entre quête de sens et « sale boulot », le travail relationnel dans les métiers de la politique de la ville - Jérémy Louis p. 48-50 Traiter des ressources de la politique de la ville, c'est aussi s'intéresser aux agents publics qui la mettent en œuvre au quotidien. Sur ce sujet, Labo Cités a souhaité prolonger les réflexions amorcées au cours de second semestre 2023 en organisant en octobre 2024, avec l'association La Cabane de la recherche, un atelier de recherche sur les mutations des métiers de la politique de la ville, au prisme de l'engagement des agents. Ainsi, avec trois docteur·e·s en sociologie, Violette Arnoulet, Alice Daquin et Benjamin Leclercq, des pistes de réflexion et de recherche ont été dessinées sur celles et ceux qui font la politique de la ville aujourd'hui. Jérémy Louis, administrateur de La Cabane de la recherche, revient dans cet article sur l'évolution de ce secteur d'activité, sur les profil des professionnel·le·s, leurs convictions et leurs engagements.
- Allègement de la taxe foncière des bailleurs : quelles retombées pour les habitants des quartiers ? - Pierre Useo p. 36-37
- Bibliographie - Muriel Salort p. 51-52