Contenu du sommaire : Comment appréhender les transitions soutenables des territoires ?
Revue |
géographie, économie, société ![]() |
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Numéro | vol. 26, no 2-3, avril-septembre 2024 |
Titre du numéro | Comment appréhender les transitions soutenables des territoires ? |
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- Introduction. Comment appréhender les transitions soutenables des territoires ? - Gilles Debizet, Kirsten Koop, Rachel Levy p. 147-164 Cet article constitue une introduction au double numéro spécial de la revue Géographie Économie Société « Comment appréhender les transitions soutenables des territoires ? ». Celui-ci réunit des contributions francophones sur les dimensions territoriales des transformations profondes vers la soutenabilité. Après une présentation synthétique des douze contributions tant théoriques qu'empiriques, cette introduction établit un état de l'art autour des points saillants de l'ensemble des articles. D'une part, elle met en lumière un nouveau regard et de nouvelles approches du territoire au prisme des transitions soutenables : l'intérêt pour le vivant et les métabolismes appelle et opère une distanciation du paradigme de « développement territorial ». D'autre part, cette introduction souligne les apports de l'approche territoriale au champ d'études des transitions soutenables, notamment à propos de la perspective multi-niveau : elle met en lumière la multidimensionnalité, la complexité et le caractère situé des processus de transformation et l'intérêt de les prendre en compte pour l'analyse compréhensive d'éventuels changements de régime à plus grande échelle.This article is an introduction to the double special issue of the journal Géographie Économie Société entitled “How can we understand the sustainable transitions of territories?”. This spécial issue brings together French-language contributions on the territorial dimensions of transformations towards sustainability. Following a summary presentation of the twelve theoretical and empirical contributions, this introduction sets out the state of the art in terms of the salient points of the articles as a whole. On the one hand, it highlights a new way of approaching territories through the prism of sustainable transitions : interest in living organisms and metabolisms calls for a distancing from the “territorial development” paradigm. On the other hand, this introduction underlines the contributions of the territorial approach to the field of study of sustainable transitions, particularly with regard to the multi-level perspective : it highlights the multidimensionality, complexity and situated nature of transformation processes, and the interest of considering them for the comprehensive analysis of possible regime changes on a larger scale.
- Comprendre les transitions agroécologiques à l'échelle du territoire. : Proposition d'un cadre analytique augmenté en écologie territoriale - Aubéline Bellom, Claire Lamine, Danièle Magda p. 165-185 Face aux problématiques actuelles auxquelles sont confrontés les systèmes agri-alimentaires, de nombreuses approches se sont développées autour de la question de leurs nécessaires transformations, à l'échelle globale ou nationale, et de plus en plus à l'échelle territoriale. Nous proposons ici de mettre en discussion quatre approches systémiques qui traitent plus largement des enjeux de durabilité des activités humaines, et ont été ou peuvent être appliquées à l'étude des systèmes agri-alimentaires : les Sustainable Transition Studies – ou approches des transitions durables –, les Socio-Ecological Systems – ou systèmes socio-écologiques –, et les approches dites socio-métaboliques, au sein desquelles l'écologie territoriale. Elles proposent des regards différents, articulent de façons différentes les composantes sociales et écologiques de ces systèmes, et s'intéressent à une diversité d'échelles temporelles et spatiales. Cependant, aucune de ces approches n'a été explicitement élaborée pour analyser spécifiquement les processus de transition agroécologique des systèmes agri-alimentaires à l'échelle territoriale. Cet article propose la construction d'un cadre analytique qui permettrait de comprendre ces processus, inspiré de bases conceptuelles fournies par ces différentes approches. Ce cadre, dont nous posons ici les premiers fondements, s'inscrit dans le champ de l'écologie territoriale, qu'il propose d'enrichir.Proposing an enhanced analytical framework for territorial écologie. Given current challenges faced by agri-food systems, many approaches have emerged, regarding the necessary transformations they require, both at the global or national scale, and increasingly at the territorial scale. In this article, we propose to discuss four systemic approaches that address broader sustainability issues of human activities and have been – or can be – applied to the study of agri-food systems : Sustainable Transition Studies, Socio-ecological Systems, and socio-metabolic approaches, within which territorial ecology is included. They offer different perspectives, articulating social and ecological components of these systems in different ways, and exploring different temporal and spatial scales. However, none of these approaches has been explicitly or specifically developed to analyze the processes of agroecological transition of agri-food systems, at the territorial scale. This article proposes the construction of an analytical framework that would allow understanding these processes, drawing inspiration from conceptual bases provided by these different approaches. This framework, whose initial foundations are laid out here, falls within the field of territorial ecology, which it proposes to enrich.
- Une approche territoriale des transitions soutenables : théorisation et application à la transition agroécologique - Valérie Angeon, Olivier Crevoisier p. 187-209 Les transitions soutenables (TS) impliquent d'innover dans la perspective de nouvelles relations à construire entre la société, l'économie et la nature. Les TS sont des processus de réorganisation d'acteurs, de règles, de valeurs et d'activités dans le temps et dans l'espace. Elles articulent différentes échelles (du global au local et inversement) et rapports entre le futur et le présent. Cet article propose un cadre conceptuel territorial basé sur les concepts de référentiel et de régime institutionnel. Il mobilise la théorie de la valuation afin de comprendre comment les valeurs socio – culturelles agissent sur les expérimentations et les innovations et plus largement sur les référentiels et régimes. Ce cadre est appliqué à la transition agro-écologique comme forme emblématique de TS.Sustainable transitions (ST) involve innovations that create new relationships between society, the economy and nature. ST are processes that reorganise stakeholders, rules, values and activities over time and space. ST articulate different scales (from global to local and vice versa) and relationships between the future and the present. This article proposes a territorial conceptual framework based on the concepts of referential and institutional regimes. It mobilises valuation theory to understand how socio-cultural values influence experimentation and innovation and, more broadly, referentials and regimes. This framework is applied to the agroecological transition as an emblematic form of ST.
- Du développement aux transitions soutenables dans les territoires. : Vers un renouvellement de la notion de ressource territoriale - Lucas Durand, Maud Hirczak, Dany Lapostolle, Nicolas Senil, Camille Noûs p. 211-230 Les changements écologiques globaux interrogent en profondeur les pratiques, les méthodes et cadres conceptuels du développement territorial. Cet article, à portée théorique, vise à renouveler la réflexion sur la notion de ressource territoriale pour penser des transitions socio-écologiques justes. Le propos revient ainsi sur l'évolution de la notion, non seulement pour noter ses limites et ambiguïtés pour penser des transitions socio-écologiques territoriales justes, mais aussi pour l'enrichir par des travaux sur la justice environnementale et les ontologies relationnelles. Un nouveau régime de spécification des ressources territoriales est identifié, mettant en évidence de nouveaux agencements territoriaux entre humains et non-humains et les processus de diffusion par essaimage translocal. L'article vise ainsi à enrichir l'appareillage théorique des approches territoriales de transition soutenable.Global ecological changes are deeply challenging the practices, methods and conceptual frameworks of territorial development. This article is primarily theoretical in nature. Its aim is to revisit the notion of territorial resource as a way of thinking about fair socio-ecological transitions. The paper reviews the evolution of the notion. It notes its limitations and ambiguities for thinking about fair and local socio-ecological transitions, and suggests linking it with approaches to environmental justice and relational ontology. Finally, a new regime for specifying territorial resources is identified, highlighting new territorial arrangements between humans and non-humans and the processes of translocal diffusion. The article aims to enrich the theoretical thought about sustainable local transitions.
- Économie circulaire et transition soutenable des territoires : une mise en perspective par les Sustainability Transition Studies (STS) et approfondissement par la théorie de l'acteur-réseau - Christophe Beaurain, Chedrak Chembessi p. 231-252 L'économie circulaire (EC) constitue depuis quelques années l'un des vecteurs essentiels de transformation des sociétés caractérisées par un système capitaliste vers des modes de production plus durables. Cependant, dans les actions mises en œuvre jusqu'à présent, ses potentialités transformatrices restent limitées. En outre, beaucoup d'analyses peinent encore à établir un lien entre les objectifs à caractère sociétal liés à l'EC et les expérimentations locales et sectorielles, dont les effets à une échelle plus large semblent aussi limités. Dans cet article, nous soulignons les apports potentiels, mais néanmoins limités, d'une mobilisation des Sustainability Transition Studies (STS) pour construire des interactions à différentes échelles spatiales pour la transition vers l'EC et sa contribution aux enjeux de durabilité. À cet égard, nous suggérons une mise en perspective par la théorie de l'acteur réseau pour se saisir des potentialités de l'EC dans la poursuite d'une transition écologique. Notre analyse montre ainsi la nécessité de considérer le rôle du processus de composition des collectifs d'acteurs et celle d'intégrer les non-humains dans la dynamique de transition macro-sociétale vers l'EC et son articulation aux enjeux de durabilité.Since many years, Circular Economy (CE) has been promoted as one of the key vectors in the transformation of societies characterized by a capitalist system towards a sustainable transition. However, in the actions implemented to date, its transformative potential remains limited. And many challenges appear in establishing a link between CE's societal objectives and local and sectoral experiments, whose effects on a wider scale appear limited. Therefore, in this article, we highlight the potential, albeit limited, contributions of mobilizing STS to build interactions at different spatial scales for the transition to CE and its contribution to sustainability issues. In this respect, we suggest a network actor theory perspective to capture the potential of CE in the pursuit of an ecological transition. Our analysis underscores the need to consider the role of the composition process of actor collectives and to integrate non-humans into the dynamics of macro-societal transition towards CE and its articulation with sustainability issues.
- Métabolisme et principes d'actions. Une méthode pour impulser la durabilité - Nicolas Buclet p. 253-272 À partir d'une posture de durabilité forte, l'article présente les principales caractéristiques d'une méthode de diagnostic en termes de durabilité d'un territoire. Il s'agit de faciliter l'identification des actions collectives effectivement porteuses d'une dynamique de durabilité parmi les nombreuses actions et les projets que les porteurs proclament comme durables. En nous inspirant des méthodes d'analyse du métabolisme territorial, nous montrons l'intérêt d'une analyse plus qualitative des flux circulant au sein d'un territoire. Nous présentons les principales caractéristiques d'une méthode nous permettant de relier les flux qui circulent avec les raisons pour lesquelles ces flux circulent. À l'aide de l'économie des conventions, nous insistons sur l'importance de se pencher sur les principes qui guident les comportements individuels et collectifs. Pour ce faire, l'article discute en première partie ce qui caractérise un régime conventionnel ainsi que les modalités de changement de régime, pour ensuite montrer l'intérêt de structurer une analyse des interactions à l'échelle d'une communauté humaine sur la base de principes d'action ayant des caractéristiques conventionnelles. L'article montre en troisième partie l'intérêt d'une analyse de ces interactions à l'aide d'un des principes d'action : l'accroissement de la capabilité. Ce principe, couplé à une analyse du métabolisme d'un territoire peut contribuer à s'assurer de façon systémique que le fonctionnement du territoire auquel se rattache une communauté n'affaiblit pas les relations socio-écologiques indispensables, tant dans le présent que dans le futur.Starting from a position of strong sustainability, the article presents the main features of a diagnostic method in terms of the sustainability of a territory. The aim is to facilitate the identification of collective actions that effectively promote a dynamic of sustainability, among the many actions and projects that their promoters proclaim to be sustainable. Drawing inspiration from the methods used to analyze territorial metabolism, we will demonstrate the value of a more qualitative analysis of the flows circulating within a territory. We will present the main features of a method enabling us to link the flows that circulate with the reasons why these flows circulate. Using the economics of conventions, we show the importance of looking at the principles that guide individual and collective behavior. To this end, the first part of the article discusses what characterizes a conventional regime, as well as the modalities of regime change, to then show the interest of structuring an analysis of interactions on the scale of a human community on the basis of principles of action with conventional characteristics. The third part of the article shows the value of analyzing these interactions using one of the principles of action : increasing capability. This principle, coupled with an analysis of a territory's metabolism, can help to ensure in a systemic way that the territory's functioning to which is related a community do not weaken indispensable socio-ecological relations, in the present as well as in the future.
- Vers une gouvernementalisation des transitions socio-institutionnelles. Travail des possibles, régimes de valorisation et commoning - Yvan Renou p. 273-299 De nature théorique, cet article propose d'appréhender le pilotage des transitions socio-institutionnelles comme un travail de « gouvernementalisation », c'est-à-dire un travail technico-économique et socio-politique de (re)structuration spatiale et temporelle de ressources, pratiques et projets partagés. Ceux-ci sont jugés stratégiques pour la pérennité des communautés étudiées. La gouvernementalisation « des » communs, « par » et « pour » des communautés organisées et organisantes peut in fine rendre praticables les « problèmes vicieux » qui maillent les territoires. Elle permet ainsi de contribuer à la spécification de trajectoires de développement « soutenable » au sein de corridors de valorisation négociés. Des références empruntées au champ des transitions agri-alimentaires viennent illustrer cette perspective analytique.In this theoretical article, we propose to understand the governance of socio-institutional transitions as a work of “governmentalization”, that is to say a technical-economic and socio-political work of spatial and temporal structuring of shared resources, practices and project. These latter are considered strategic for the sustainability of the communities studied. The governmentalization “of” the commons, “by” and “for” organized and organizing communities can ultimately make the “wicked problems” spatially practicable and thus contribute to the specification of “sustainable” development trajectories within corridors of negotiated valuations. References borrowed from the field of agri-food transitions illustrate this analytical approach.
- Comment analyser les transformations soutenables dans les territoires ? Application de la perspective multidimensionnelle de transformation territoriale au Cœur des Bauges - Carine Pachoud, Kirsten Koop p. 301-323 Les transformations sociétales sont situées dans l'espace et dépendent des contextes dans lesquels elles se déploient. L'approche territoriale nous apparaît particulièrement féconde pour comprendre et analyser les conditions et expressions des transformations vers la soutenabilité, et pour contribuer à une géographie des transitions soutenables. Cet article propose de mettre à l'épreuve un cadre conceptuel multidimensionnel des transformations territoriales (Pachoud et al., 2022), en le mobilisant pour analyser les dynamiques de transformation du système agri-alimentaire dans le Cœur des Bauges situé en Savoie. Ce cadre propose d'appréhender la transformation territoriale au prisme des trois dimensions fondamentales du territoire (idéelle, matérielle et politique) et de leurs interactions. L'analyse de notre étude de cas intègre ces trois dimensions territoriales. Les résultats nous ont permis d'apporter une nuance notable à ce cadre heuristique. D'une part, nous avons pu caractériser une territorialité conventionnelle dominante, tournée vers l'élevage bovin lait pour produire de la tome des Bauges AOP dans sa matérialité, son identité et ses règles. D'autre part, nous avons identifié une territorialité alternative émergente, qui, bien qu'hétérogène, se caractérise par un effort commun de diversification des productions, de respect de l'environnement (agriculture biologique) et un objectif de plus grande autonomie alimentaire locale. Encore marginale, cette territorialité alternative est marquée par des imaginaires propres, une expression matérielle dans l'espace et une organisation qui diverge de celle dominante. Afin de pouvoir cerner et accompagner les transformations territoriales, cet article propose d'analyser les tensions, conflits, complémentarités et convergences entre ces territorialités, autant sur le plan idéel, matériel que politique.Societal transformations are spatially situated and depend on the contexts in which they take place. The spatial approach through the prism of territory seems particularly fruitful for understanding and analysing the conditions and expressions of transformations towards sustainability, and for contributing to a geography of sustainability transitions. This article proposes to test a multidimensional conceptual framework of territorial transformations (Pachoud et al., 2022), while analysing the dynamics of transformation of the agri-food system in the Cœur des Bauges in Savoie (France). This framework proposes to understand territorial transformation through the prism of the three fundamental dimensions of territory (ideal, material and political) and their interactions. Our case study incorporates these three dimensions. The results allowed to add a significant nuance to this heuristic framework. On the one hand, we characterised a dominant conventional territoriality, focused on dairy farming to produce the Tome des Bauges PDO cheese in its materiality, identity and rules. On the other hand, we identified an emerging alternative territoriality which, although heterogeneous, is characterised by a common effort to diversify production, respect the environment (organic farming) and aim for greater food autonomy. Although still marginal, this alternative territoriality is marked by its own imaginaries, a specific material expression in space as well as by forms of organisation that diverge from the dominant one. In order to identify and support territorial transformations, this article proposes to analyse the tensions, conflicts, complementarities and convergences between these territorialities, in terms of ideals, materialities and politics.
- Les défis pratiques et épistémologiques d'une écologisation de l'aménagement - Daniel Florentin, Agnès Bastin, Magali Castex p. 325-346 Cet article étudie la manière dont se pose, pour le monde de la recherche et les praticiens, la question de l'écologisation de la pratique de l'aménagement, et en particulier du modèle de fonctionnement des aménageurs. Le mode de financement des aménageurs repose largement sur la vente de charges foncières, c'est-à-dire une valeur des sols assise sur les futurs droits à construire. Il est donc fortement lié à la construction et à l'artificialisation. Il conduit à une mobilisation croissante de ressources en foncier, en matériaux, en énergie et à la perturbation des écosystèmes vivants et s'avère incompatible avec l'inscription de l'aménagement dans les limites biophysiques dites planétaires. Face aux changements environnementaux globaux et aux évolutions règlementaires du type « zéro artificialisation nette », un certain nombre d'aménageurs font le constat de l'obsolescence de leur modèle de fonctionnement. À partir d'une recherche ethnographique auprès de six sociétés d'aménagement françaises (sociétés d'économie mixte et/ou sociétés publiques locales) et d'une réflexion collective engagée avec eux ainsi que d'autres acteurs participant à la régulation de l'aménagement en France, cet article interroge les défis théoriques et pratiques soulevés par l'écologisation de l'acte d'aménager. Comment repenser la production de la valeur en aménagement de manière à « faire compter » la matière, l'énergie et le vivant ? Quelles en sont les implications opérationnelles dans les pratiques comptables et les processus de décision des aménageurs ? L'article souhaite ainsi contribuer à un agenda de recherche sur les pratiques et les métriques écologiques de l'aménagement.This article looks at how research and practitioners are addressing the ecologisation of planning practices, and in particular the business model of public land developers. The financing of these land developers largely rest on the sale of future constructability rights, being therefore highly intertwined with construction and artificialisation practices. This leads to the increasing mobilisation of land, materials and energy resources and the perturbation of ecosystems, fairly incompatible with planetary boundaries and their declension in urban projects. Faced with global environmental turmoil and recent regulatory developments (such as net-zero objectives), a number of public land developers consider their operating model as obsolete to be. Drawing on ethnographic material collected with six French land developers (semi-public companies and/or local public companies) and a collective discussion with them and other players involved in regulating development in France, this article examines the theoretical and practical challenges raised by the ecologisation of the planning and constructing act. How can we rethink the value production in planning, so as to take into account and to make count matter, energy and living things? What does it entail operationally and accounting-wise? This article aims to contribute to a research agenda on ecological planning practices and metrics.
- Analyser le rôle des innovations sociales dans la transition des territoires de montagne. Une proposition de nomenclature - Jean-Baptiste Grison, Marjolaine Gros-Balthazard p. 347-372 Cet article s'intéresse aux innovations sociales d'origine citoyenne, et à leur capacité à s'inscrire dans une transition soutenable à l'échelle territoriale. Nous nous intéressons plus particulièrement à dix territoires ruraux de montagne, dans les Alpes et le Massif central, dans lesquels 262 innovations ont été recensées. Pour analyser leur diffusion et leurs capacités transformatrices, nous proposons une nomenclature permettant leur classification en trois niveaux, dégageant de manière ascendante des formes, des fonctions et des grandes causes. Cette nomenclature permet d'avoir une approche territoriale de la diffusion du « vivre autrement » en montagne, en considérant les fonctions présentes, leur chronologie d'apparition, leur degré de généricité. Nous montrons ainsi le degré de diffusion des formes reconnues d'innovation sociale et l'engagement plus ou moins grand des territoires dans une transition soutenable impulsée par ces dynamiques citoyennes.This article focuses on citizen-based social innovations and their capacity to contribute to a sustainable transition on a territorial scale. We focus on ten rural mountain areas in the Alpes and Massif Central, in which 262 innovations have been identified. To analyze their diffusion and transformative capacities, we have developed a classification system in three levels, identifying bottom-up forms, functions, and major causes. This nomenclature allows us to take a territorial approach to the spread of “living differently” in mountain areas, considering the present functions, their chronology of appearance, and their degree of genericity. In this way, we show the degree of diffusion of recognized forms of social innovation, and the extent to which territories are committed to a sustainable transition driven by these citizen dynamics.
- En quête d'autres manières de vivre. Une proposition méthodologique pour étudier le fonctionnement d'alternatives collectives rurales - Arthur Contejean p. 373-397 Cet article s'intéresse aux lieux de vie collectifs ruraux, initiatives qui rassemblent plusieurs personnes sur un terrain partagé pour expérimenter collectivement des modes de vie alternatifs, fondés sur le faire soi-même, l'entraide, la mutualisation et le rejet de la consommation. Ces lieux déploient une panoplie de pratiques de subsistance autonomes les connectant à leur milieu de vie et à de multiples réseaux d'entraide, pouvant donner à voir des modes de fonctionnement économiques et matériels alternatifs mettant à distance certains principes du mode de vie moderne. Comprendre la réalité matérielle et économique alternative déployée par ces collectifs est cependant un défi méthodologique, et implique une recherche minutieuse, engageante, et non normative, à même d'embrasser ces modes de vie denses, complexes et politiques, sans trahir leur altérité. À partir d'une exploration ethnographique de 14 lieux, nous proposons un cadre méthodologique qui semble à même de répondre à ces exigences, en combinant plusieurs outils issus de l'anthropologie et des sciences territoriales. Une méthode ethnographique dense et collaborative, appelée ethnocomptabilité, procédant par inventaires et comptage systématique, permet de récolter des informations précises sur le fonctionnement économique et matériel de ces collectifs et sur ce qui « compte » pour eux. Combinée à des analyses des flux métaboliques et économiques, ainsi que des réseaux d'interactions se dessinant autour des lieux, cette méthodologie donne à voir la richesse de ces modes de vie alternatifs et les enchevêtrements qui les rendent possibles, afin d'alimenter notre imaginaire avec d'autres manières de vivre et de subvenir à nos besoins.This article looks at rural collective living places, initiatives that bring together several individuals on a shared plot of land to experiment collectively alternative lifestyles, based on do-it-yourself, mutual aid, sharing and the rejection of consumerism. These places deploy a panoply of autonomous subsistence practices, connecting them to their living environment and to multiple mutual aid networks, which can reveal alternative economic and material modes of operation, putting certain principles of the modern way of life at a distance. Understanding the alternative material and economic reality deployed by these collectives is, however, a methodological challenge, and implies meticulous, engaging and fundamentally non-normative research, capable of embracing these dense, complex and political ways of life, without betraying their otherness. Based on an ethnographic exploration of 14 collective living places, we propose a methodological framework that appears to meet these requirements by combining several tools from anthropology and territorial sciences. A meticulous, collaborative ethnographic method known as ethnocomptabilité, based on inventories and systematic counting, enables us to gather precise information on the economic and material functioning of these collectives and on what “counts” for them. Combined with analyses of metabolic and economic flows, as well as the networks of interactions taking shape around the places, it seems possible to show the richness of these alternative lifestyles and the entanglements that make them possible, in order to feed our imaginations with other ways of living and providing for ourselves.
- Entre rupture et inscription dans un territoire : saisir les expériences paysannes en agroécologie forte - Faustine Honoré, Catherine Carré, Corinne Robert p. 399-423 Souhaitant mieux comprendre les conséquences de la transition agroécologique française dans les territoires du point de vue des personnes s'investissant dans des systèmes alternatifs, cet article analyse le vécu d'agriculteurs et agricultrices installé·es en agroécologie forte. Nous nous appuyons pour cela sur une étude de terrain de près d'un an, sous forme d'observation participante sur treize fermes du Finistère et du Barrois. En questionnant les conséquences de l'agroécologie selon les enquêté·es à trois échelles Individu/Ferme/Territoire, nous explicitons comment les agriculteurs et agricultrices se positionnent en rupture vis-à-vis du modèle agri-alimentaire dominant. Cette rupture modèle les fermes et se matérialise dans un rapport renouvelé au vivant et aux savoirs, jusqu'à impacter l'intégration et le lien au territoire pour devenir des poches de vie alternative. En proposant un pas de côté de l'impératif de production, nous posons qu'accompagner un changement de modèle implique de changer notre propre rapport à l'agriculture et ses acteur·rices pour saisir la complexité de ces fermes : objets multifonctionnels, vivants et ancrés dans les territoires.Wishing to better understand the consequences of French agroecological transition in the territories from the point of view of people investing alternative systems, this article analyzes the experiences of farmers established in strong agroecology. To do this, we rely on a field study lasting almost a year, in the form of participant observation on thirteen farms in Finistère and Barrois. Questioning the consequences of agroecology according to the surveys at three scales Individual/Farm/Territory, we explain how farmers position represents a break from the dominant agri-food model. This break shapes the farms and materializes in a renewed relationship with the living and knowledge, to the point of impacting integration and the link to the territory in hosting alternative life. Proposing a step aside from the imperative of production, we pose that supporting a change of model implies changing our own relationship to agriculture and its actors, to grasp the complexity of these farms : multifunctional objects, living and anchored in the territories.
- La transformation de la filière bâtiment de Grenoble Alpes Métropole. Analyse comparative de dispositifs de transition guidée par la recherche-action - Quentin Desvaux, Jean-Yves Courtonne, Catherine Figuière, Guillaume Mandil p. 425-452 À l'intersection des secteurs de la construction et des déchets, l'axe spécifique de la gestion et du traitement des déchets de la filière bâtiment est caractérisé par un enchevêtrement de dynamiques de transition. La déclinaison d'un nouveau dispositif national engageant la responsabilité élargie des producteurs (REP) bouleverse notamment la filière en se superposant aux dispositifs territoriaux préalablement instaurés par les intercommunalités dans le cadre de leurs compétences de gestion des déchets. Afin d'interroger l'articulation entre ces dynamiques, cet article analyse un processus de recherche-action, initié par Grenoble Alpes Métropole (GAM), et les dynamiques collectives de la filière locale. L'inclusion du chercheur met en lumière des Transformation Knowledges (TK) propices à l'évaluation du caractère opérationnel de deux dispositifs de transition, local et national, et des dynamiques dans lesquels ils s'inscrivent, pour questionner leurs conceptions respectives de transformation. L'interprétation des résultats permet de mettre en évidence un ensemble de contradictions entre un processus national initié par le haut et une dynamique locale de changement, antérieure, initiée par le bas.At the junction of the construction and waste sectors, the specific area of waste management and treatment in the building industry is characterized by a tangle of transitional dynamics. The introduction of a new national system of Extended Producer Responsibility is having a major impact on these sectors, superimposing itself on local policies previously set up by local authorities responsible for waste management. To question the link between these dynamics, this article analyzes an action-research approach initiated by Grenoble Alpes Métropole (GAM), and the collective dynamics of the local sector. The researcher's inclusion sheds light on transformations knowledges (TK) conducive to assessing the operational character of two transition schemes, local and national, and the dynamics in which they are embedded, in order to interrogate their respective conceptions of transformation. Interpretation of the results highlights a series of contradictions between a national process initiated from above and an earlier local dynamic of change initiated from below.
- Comptes Rendus - Sylvie Fol p. 453-459