Contenu du sommaire : Espaces et acteurs de la culture en ville
Revue |
Histoire urbaine ![]() |
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Numéro | no 69, avril 2024 |
Titre du numéro | Espaces et acteurs de la culture en ville |
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Dossier
- Espaces et acteurs de la culture en ville – Introduction - Stéphane Frioux p. 5-16
- Du temple au musée ? : Les œuvres d'art grec et leur contexte d'exposition dans l'espace public de Rome (IIIe s. av. J.-C. – IIIe s. ap. J.-C.) - Gabriel de Bruyn p. 17-33 Les notions de « collection » et de « musée » sont fréquemment reprises depuis le début des années 2000 pour qualifier l'accumulation, dans certains espaces publics de Rome, d'œuvres d'art pillées dans les cités du monde grec. Régulièrement définies comme un élément caractéristique de la culture urbaine de Rome, ces collections ont parfois été réduites à une lecture exclusivement esthétique. Pourtant, les statues et tableaux grecs qui étaient exposés dans les temples ne paraissent pas avoir été dépourvus de fonctions religieuses. Au contraire, ils exprimaient pleinement la dignité des lieux de culte, la puissance des divinités romaines ainsi que les ambitions des détenteurs du pouvoir.Since the early 2000s, the concepts of ‘collection' and ‘museum' have usually been used to describe the accumulation of works of art, looted from Greek cities, that were displayed in some public spaces in Ancient Rome. Often viewed as a characteristic part of Roman urban culture, these collections have sometimes been reduced to an exclusively aesthetic reading. Yet Greek statues and paintings displayed in temples do not appear to have been stripped of their religious functions. Quite the opposite, in fact; they were an expression of the prestige and authority of the cult places, the power of the Roman gods, and the ambitions of those in power.
- La scène et la ville : les comédiens, des acteurs de l'actualité urbaine : (Paris, second XVIIIe siècle) - Suzanne Rochefort p. 35-51 Cet article étudie les rapports que les comédiens et les comédiennes des théâtres publics parisiens entretiennent avec la capitale, durant la seconde moitié du xviiie siècle. Les artistes théâtraux doivent suivre les rythmes et les exigences du public urbain, qui veut de la variété, de la nouveauté et des représentations conformes à ce qui était annoncé par les affiches et dans la presse. La bonne santé des artistes, qui conditionne la tenue du spectacle, se voit ainsi surveillée de près par le public et suivie par les journaux. En même temps, les acteurs et actrices peuvent aussi se servir de ces nombreuses attentes des spectateurs comme d'une ressource pour régler des conflits de travail avec leur direction, en impliquant le public ainsi que les autorités policières. La ville se révèle donc autant actrice de la vie théâtrale que les comédiens acteurs de la vie urbaine.This article focuses on the relationship between the French capital and the actors and actresses of Parisian public theatres in the second half of the 18th century. Theatrical artists had to keep up with the pace and demands of urban audiences, who wanted variety, novelty and performances that lived up to their expectations. Artists' good health, which was crucial to the success of the show, was closely monitored by the audience and the newspapers. At the same time, actors and actresses could also use the audience's many expectations as a resource to settle work conflicts with their management, by involving the audience and the police authorities. In this way, the city became as much a player in the theatre's life as actors were in the city's life.
- Le Théâtre du Gymnase sous la direction d'Adolphe Lemoine-Montigny (1844-1880) : Spectateurs, environnement et programmation d'un lieu de spectacle du xixe siècle - Laurène Haslé p. 53-71 Installé au 38 boulevard Bonne-Nouvelle dans le dixième arrondissement de Paris – et ce encore aujourd'hui –, le Théâtre du Gymnase fut un théâtre situé à la fois en plein centre du Paris du xixe siècle et excentré des autres salles de spectacle à succès de l'époque. Pourtant, et ce très vite, les spectateurs et les auteurs dramatiques se précipitèrent dans ce théâtre – théâtre qui réussit à devenir le principal concurrent de la première scène française : la Comédie-Française. Attirées par ce succès et la venue de spectateurs, les boutiques alentours jouèrent sur leur localisation et sur leur nom – certaines autres scènes françaises et dans le monde firent de même – ; les guides touristiques allèrent jusqu'à instaurer un passage « obligatoire » au Théâtre du Gymnase dans leur suggestion de programmation de week-end ou de semaine de vacances à Paris.The Théâtre du Gymnase, at 38 boulevard Bonne-Nouvelle in the tenth arrondissement of Paris – where it still stands today – was located at the heart of 19th century Paris but and not close to the other successful theatres of the day. Nevertheless, audiences and playwrights were quick to flock to the theatre, which would become the main competitor to France's leading stage, the Comédie-Française. Attracted by this success and the influx of spectators, the surrounding shops played up their location and their name – as did a number of other theatres in France and around the world – and tourist guides went so far as to make the Théâtre du Gymnase a ‘must-see' destination in their recommendations for weekend or week-long holiday visits to Paris.
- Théâtre municipal, théâtre populaire : Histoire de la salle de théâtre du quartier des Gratte-Ciel de Villeurbanne des années 1930 aux années 1970 - Aliénor Wagner-Coubès p. 73-92 Le théâtre de Villeurbanne, situé en plein centre-ville dans le quartier populaire des Gratte-Ciel est un élément majeur de l'animation culturelle de la commune depuis sa création en 1934. Théâtre municipal, puis théâtre de la cité et enfin Théâtre National Populaire son histoire s'inscrit dans celle des politiques publiques culturelles du xxe siècle en France. Dans cet article, ce sont les années 1930 à 1970 qui sont étudiées à travers les documents écrits et oraux des archives municipales de la ville. Ce qui apparait à la lueur de ce traitement archivistique est la forte volonté municipale de mettre à disposition des classes populaires la création artistique, de faire du théâtre populaire, ce qui est largement passé par une programmation centrée sur les opérettes, productions à succès jusqu'aux années 1950. La place que prend la mairie dans l'accompagnement de cette salle entre soutien et contrôle est déterminante. Et enfin son ancrage territorial est particulièrement intéressant car il s'articule à différentes échelles : du quartier, communale, régionale et nationale.Villeurbanne's theatre, located in the city centre in the working-class Gratte-Ciel district, has been a major contributor to the city's cultural life since its founding in 1934. First a municipal theatre, then a city theatre, and finally a Théâtre National Populaire, its history is closely linked to 20th century public cultural policies in France. This article examines the period from 1930 to 1970, based on written and oral documents from Villeurbanne's municipal archives. What emerges from these archival sources is the town's strong desire to make artistic creation available to the working classes, and to create popular theatre, which largely took the form of operettas, successful productions until the 1950s. The role played by the town council in supporting this venue, between supporting it and controlling it, was decisive. And finally, its territorial anchorage is particularly interesting, as it was interconnected at different levels: local district/neighbourhood, municipal, regional and national.
- Les « nuits russes » de Montmartre dans les années 1920 : Acteurs et coulisses de la marchandisation d'un imaginaire cosmopolite - Roxane Bonnardel-Mira p. 93-113 Au regard des archives du tribunal du commerce, l'entreprenariat russe blanc à l'origine du succès des nuits russes de Pigalle se révèle en partie légendaire. Des sociétés anonymes internationales et des acteurs étrangers beaucoup plus varié participent à l'implantation du divertissement dit russe dans le bas de Montmartre, un espace de Paris soumis à des transformations urbaines inédites sous l'essor du tourisme et des migrations. Cet article explore la manière dont une culture urbaine locale se métamorphose grâce à l'hybridation d'imaginaires étrangers en enquêtant sur les acteurs qui reconfigurent par leur travail et leur investissement la réputation et l'économie d'un quartier.The archives of the Commercial Court show that the White Russian entrepreneurship behind the success of the Russian Nights in Pigalle is partly legendary. A much more varied group of international corporations and foreign actors contributed to the establishment of the so-called ‘Russian entertainment' in lower Montmartre, an area of Paris subject to unprecedented urban transformations under the rise of tourism and migration. This article investigates the way in which a local urban culture was transformed through the hybridisation of foreign imaginaries by focusing on the people who reshaped the reputation and economy of a neighbourhood through their work and investment.
- « Ils savent pourquoi ils veulent nous briser, c'est que notre culture est subversive tout comme notre politique » : Le KuKuCK, espace ambivalent du mouvement squatteur de Berlin-Ouest (1981-1984) - Baptiste Colin p. 115-135 Il est un lieu qui symbolise l'unité et le caractère spécifique du mouvement squatteur de Berlin-Ouest à son apogée : le KuKuCK, acronyme de Kunst- und Kulturcentrum Kreuzberg. L'histoire de ce centre d'art et de culture, vaste squatt qui veut incarner la diversité de la scène alternative, démontre l'importance de l'existence de lieux indépendants dans les villes, consacrés à la diversité des expressions politiques et culturelles. Centré autour des significations et des événements associés à cet espace urbain particulier qui a existé entre 1981 et 1984, cet article en interroge la dimension symbolique, au cœur de conflits entremêlés. Dans un contexte de restructuration urbaine, le KuKuCK représente à la fois un emblème de résistance, et une opportunité de pérenniser des espaces d'expression d'une culture subversive. La fin de l'expérience coïncide avec le déclin du mouvement squatteur.One place symbolises the unity and specific character of the West Berlin squatters' movement at its height: the KuKuCK, an acronym for Kunst- und Kulturcentrum Kreuzberg. The history of this art and culture centre, a vast squat that sought to embody the diversity of the alternative scene, demonstrates the importance of the existence of independent spaces in cities, dedicated to the diversity of political and cultural expression. Focusing on the meanings and events associated with this particular urban site, which existed between 1981 and 1984, this article explores its symbolic dimension, at the heart of intertwined conflicts. In a context of urban restructuring, the KuKuCK represented both an emblem of resistance and an opportunity to maintain spaces for the expression of a subversive culture. The end of the experiment coincided with the decline of the squatters' movement.
- Lecture textométrique des rapports entre ville et culture en planification urbaine : Le cas de l'Île-de-France (1919-2019) - Isabelle Chesneau p. 137-158 L'analyse textométrique d'un corpus composé de cent ans de textes de planification de la région Ile-de-France, depuis la première Loi Cornudet de 1919 jusqu'au PADD du SCoT métropolitain de 2019, permet de saisir que de la place de la culture dans la planification urbaine est pensée à partir des rapports qu'elle entretient avec le monde du travail. Tout au long du siècle, ces deux forces sociales sont en dialectique, dessinant un axe sémantique « culture-travail ». Au cours des Trente Glorieuses, les notions de culture et de travail se placent aux deux pôles de cet axe, alors qu'avant et après, on observe au contraire des formes de syncrétismes, où les termes culturel-travail sont conjoints, pris dans une relation complémentaire. En fonction du caractère conjoint ou disjoint de la culture et du travail, les activités culturelles s'inscrivent diversement dans le temps et l'espace des villes.Textometric analysis of a corpus composed of a hundred years of urban planning texts for the Île-de-France region, from the first Cornudet Law of 1919 to the PADD of the Metropolitan SCoT in 2019, allows us to understand that the role of culture in urban planning is conceptualised based on its relationship with the world of work. Throughout the century, these two social forces were in dialectic, shaping a semantic axis of ‘culture-work'. During the post-war boom in France, the concepts of culture and work were positioned at the two poles of this axis, while before and after, we observe forms of syncretism, where cultural and work terms are combined in a complementary relationship. Depending on the joint or disjointed nature of culture and work, cultural activities are variously integrated into the time and space of cities.
- Espaces et acteurs de la culture en ville – Introduction - Stéphane Frioux p. 5-16
Études
- Dans le royaume de France au bas Moyen Âge : le refus d'une dette publique ? - David Sassu-Normand p. 159-178 Le présent article a pour principal objectif de comprendre pourquoi, malgré un endettement à court terme absolument chronique, la monarchie française du bas Moyen Âge ne se résout jamais à lancer des opérations de titrisation d'une dette consolidée à long terme. Si certaines villes du royaume de France connaissent bien une dette à long terme, il semble que le contrôle des « bonnes villes » par le pouvoir royal limite un tel usage. L'article examine ensuite, à travers le cas des rentes assises sur le Domaine, le plus proche dans son fonctionnement d'une dette consolidée, pourquoi la monarchie est incapable de mettre en place un crédit à long terme avant la Renaissance. En effet, très régulièrement, dès le xive siècle, la monarchie n'est pas en mesure de tenir ses engagements et le paiement des rentes est à plusieurs reprises suspendu, ce qui fait preuve d'un manque flagrant de crédibilité. Enfin, cette étude s'attache à montrer, notamment à partir de la littérature scolastique sur les finances publiques, pourquoi le royaume de France fait clairement le choix de la fiscalité et non celui du crédit. L'impôt, en effet, est la contrepartie de la défense militaire du royaume, tandis que le crédit implique remboursement avec paiement d'un intérêt. L'impôt coûte donc moins cher au roi que le crédit.The main objective of this article is to understand why, despite chronic short-term indebtedness, the French monarchy of the late Middle Ages never issued long-term consolidated debt securities. While some cities within the Kingdom of France did indeed have long-term debt, it appears that the control exerted by the royal authority over these “bonnes villes” limited such usage. The article then examines, through the case of annuities secured by the Domain (which closely resemble a consolidated debt in their operation), why the monarchy was unable to establish long-term credit before the Renaissance. In fact, starting from the 14th century, the monarchy frequently failed to meet its commitments, and the payment of annuities was repeatedly suspended, demonstrating a clear lack of credibility. Finally, this study seeks to demonstrate, particularly based on scholastic literature on public finances, why the Kingdom of France clearly opted for taxation rather than borrowing. Taxation, indeed, represented the counterpart for the kingdom's military defence, whereas credit involved repayment with interest. Therefore, taxation was less costly for the king than borrowing.
- Dans le royaume de France au bas Moyen Âge : le refus d'une dette publique ? - David Sassu-Normand p. 159-178
Événements
- Exposition Délos et ses pierres : la fabrique d'une ville antique - Guillaume Biard p. 179-189
- Exposition Délos et ses pierres : la fabrique d'une ville antique - Guillaume Biard p. 179-189