Contenu du sommaire : Classes moyennes
Revue |
Hommes et migrations ![]() |
---|---|
Numéro | no 1345, avril-juin 2024 |
Titre du numéro | Classes moyennes |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Dans la tempête - Marie Poinsot p. 3
Le point sur : Classes moyennes
- Les classes moyennes issues de l'immigration : la mobilité sociale à l'ombre des préjugés - Angéline Escafré-Dublet, Thomas Lacroix p. 9-15
- Classe moyenne et migrations : une question de visibilité ? - Mathieu Ichou, Angéline Escafré-Dublet, Thomas Lacroix, Marie Poinsot p. 16-20
- L'influence des discriminations sur les trajectoires des diplômés du supérieur des quartiers prioritaires - Matthijs Gardenier p. 23-31
- Devenir propriétaire pour échapper aux discriminations ? : Trajectoires incertaines d'accession à la propriété de personnes immigrées - Élise Palomares, Anna Perraudin, Shirin Shahrokni p. 33-42 Être propriétaire de son logement ou chercher à le devenir peut être considéré comme des marqueurs de l'ascension sociale et d'une « intégration réussie ». En France, près d'un tiers des populations immigrées sont propriétaires, une proportion stable depuis 30 ans, malgré d'importants contrastes de statut résidentiel en fonction des origines. Les premiers résultats d'une enquête qualitative, adossée à la post-enquête TeO2, menée auprès d'une quinzaine de personnes immigrées racisées propriétaires de leur logement en Île-de-France, permettent d'interroger les différents types de relation à l'achat du logement, et la répercussion d'inégalités relevant de la migration et des relations ethnico-raciales sur sur le processus d'acquisition.
- Femmes, descendantes d'immigré·es originaires de Turquie à Berlin et à Paris : des transclasses racisées ? - Zara Salzmann p. 45-55 En Allemagne comme en France, les descendantes d'immigré·es originaires de Turquie subissent des expériences de minorisation complexes fondées sur le manque ou le trop-plein de visibilité au sein de la société. L'étude de la mobilité sociale ascendante de ces femmes dans les deux pays permet de relever le poids des discriminations qu'elles rencontrent dans le cadre scolaire et professionnel. Le racisme anti-turc exacerbé en Allemagne ou les stigmatisations, plus feutrées mais tout aussi mortifères, qui ont cours en France sont autant de freins à la mobilité que leurs parcours de vie ont entrepris de faire céder.
- Ascension sociale et émergence d'une classe moyenne chez les immigrés italiens de Cannes au début du XXe siècle - Laurie Strobant p. 57-67 Le développement touristique de la Côte d'Azur au début du XXe siècle, l'urbanisation et les nouvelles formes d'activité qui l'accompagnent font de Cannes une destination privilégiée pour les migrants italiens. Si la migration italienne saisonnière est ancienne, le recensement de 1906 révèle un éventail de trajectoires socio-professionnelles ascendantes dans des secteurs d'activité de plus en plus diversifiés. La sédentarisation progressive d'une classe moyenne italienne axée sur l'artisanat et le petit patronat permet à la seconde génération d'investir les métiers du secteur tertiaire, en se rapprochant des canons de la bourgeoise française dans une ville au prestige grandissant.
- Les femmes entrepreneures face à la mobilité bloquée - Mirjana Morokvasic p. 69-77 Partant de ses travaux sur la migration et la mobilité sociale durant les années 1980 et 1990, l'auteure revient sur la façon dont des femmes immigrées et migrante en Europe, venues du Sud ou des anciens pays du bloc soviétique, cherchent à contourner leur assignation au bas de l'échelle sociale en se mettant à leur compte. L'entreprenariat féminin en migration conduit à renouveler le modèle d'accession à la classe moyenne par le salariat et les diplômes. Il permet aux femmes de créer des réseaux, de lutter contre les discriminations genrées, sociales, ethniques ou spatiales qui les visent, et de mettre à profit leur savoir en matière de circulation pour construire un capital économique.
- Français descendants d'immigrés aux Émirats arabes unis - Hadrien Dubucs p. 79-87 25 000 Français résident aux Émirats arabes unis. La destination est notamment prisée par les Français descendants d'immigrés maghrébins, partagés entre les rêves de l'eldorado émirati, la volonté d'une ascension sociale entravée durablement en France et l'aspiration à valoriser leur culture arabe et musulmane. Une enquête au long cours réalisée à Dubaï et à Abu Dhabi révèle la grande diversité de cette population en termes de profils sociaux et de projets migratoires. Elle permet de penser l'émigration comme l'une des modalités possibles de la mobilité sociale des descendants d'immigrés.
- « Rejeter la France » en immigrant au Québec ? : Portrait de l'immigration de Français racisés - Antoine Mazot-Oudin, Chedly Belkhodja, Mireille Paquet p. 89-97 Depuis le début des années 2000, l'immigration de ressortissants français au Québec, souvent présentée comme privilégiée, est en forte croissance. Toutefois, l'analyse des variations des trajectoires migratoires de Français diplômés et racisés ayant immigré au Québec laisse apparaître le poids des assignations à la fois raciales et nationales vécues par ces migrants dans leurs pays d'origine et d'accueil. Si plusieurs espèrent s'extirper des processus de minoration subis en France malgré leurs qualifications en immigrant vers un pays perçu comme davantage multiculturel, l'entrée dans une telle carrière migratoire les confronte à une « double présence », assignés au fait d'être « français » une fois arrivés au Québec.
- Se reclasser dans l'exil : Le rôle de l'activité humanitaire dans la mobilité sociale d'exilé·es syrien·nes au Liban - Elsa Maarawi p. 99-107 La participation d'exilé·es syrien·nes au secteur humanitaire et associatif au Liban par le biais du volontariat rémunéré a favorisé la formation d'une nouvelle classe sociale en situation d'exil. Bien que temporaire, car dépendante de financements qui ne cessent de diminuer, la participation des Syrien·nes au domaine associatif a conduit à un reclassement lié aux ressources sociales acquises avant la migration. Elle se réalise à travers l'occupation de rôles différents et l'apprentissage de nouvelles compétences. Pour autant, cette mobilité sociale ascendante des Syrien·nes au sein du champ humanitaire reste éloignée de la société d'accueil1.
- Les classes moyennes issues de l'immigration : la mobilité sociale à l'ombre des préjugés - Angéline Escafré-Dublet, Thomas Lacroix p. 9-15
Au musée
- De l'inventaire à la patrimonialisation d'une histoire vivante : Collecter les archives de la Marche de 1983 - Justine Bergounhon, Hédia Yelles p. 110-121 À l'occasion de la commémoration des quarante ans de la Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983, le Musée national de l'histoire de l'immigration (MNHI) a lancé, au cours de l'été 2023, un appel à collecte national à destination des institutions patrimoniales et des acteurs associatifs impliqués, pour certains de longue date, dans les luttes sociales. C'est précisément dans cette longue histoire militante que s'inscrit la Marche pour l'égalité et contre le racisme.
- 1983-2023… Ça marche à travers les âges : Une cartographie des commémorations - Alicia Gomba Aibar p. 166-174 Épousant le chemin parcouru par la Marche pour l'égalité et contre le racisme, ce relevé non exhaustif des commémorations pour le 40e anniversaire de l'événement traduit l'appétit du public pour la connaissance de l'histoire des luttes contre le racisme au sein de la société française, et le dynamisme actuel des combats portés par les collectifs des jeunes générations.
- La mémoire ténue mais tenace de la Marche pour l'égalité de 1983 - Christian Delorme p. 176-182
- Regard de photographe sur la Marche de 1983 : entretien avec Amadou Gaye - Amadou Gaye, Mogniss H. Abdallah, Anne Volery p. 183-190
- Tu veux ta photo ? - Marie Bourdeau p. 191-196 Dans le cadre de deux résidences en milieu scolaire, la photographe Hortense Soichet a proposé aux élèves de travailler sur leurs objets personnels et leurs portraits en dialogue avec les collections du Musée national de l'histoire de l'immigration, elle les a invités à questionner la représentation de soi.
- « C'était un moyen de les initier à la façon dont se construit une image » - Hortense Soichet, Fanny Morère p. 197-199
- De l'inventaire à la patrimonialisation d'une histoire vivante : Collecter les archives de la Marche de 1983 - Justine Bergounhon, Hédia Yelles p. 110-121
Champs libres
- Lass disparaît - Houri Varjabédian, Marie Chartron, Anouschka Trocker p. 202-214 Une enquête documentaire et sonore sur les traces de Louisa Aslanian, écrivaine et résistante arménienne.
- Extrême gauche et cause immigrée dans les années 1968 - Paul Boulland, Vincent Gay, Penda Fall, Dalil Ferguenis p. 215-226 L'extrême gauche – définie comme l'ensemble des groupes à gauche de la gauche parlementaire – a été une composante importante de la cause immigrée au cours des années 1968. Amorcer la réflexion sur les fondements et les spécificités de cet engagement durant la période, c'est évoquer le parcours de quelques militants et militantes qui l'ont incarné.
- Une génération contre les discriminations - p. 227-231 Le 5 mars 2024 s'est tenu au Palais de la Porte Dorée l'événement « Génération Discriminée ? », à l'initiative de L'Ascenseur, une fédération d'associations en faveur de l'égalité des chances. Réunissant des jeunes aux côtés de représentants des secteurs associatif, culturel, du service public et des entreprises, cet événement avait pour but de questionner les discriminations subies et ressenties par la jeunesse et de présenter les moyens de lutte disponibles.
- « L'entrepreneuriat est une solution durable pour les personnes en migration » - Roohollah Savar, Alicia Gomba Aibar p. 232-235 Singa, communauté internationale créée en 2012, présente 18 villes de 7 pays, favorise en France la création de liens entre les personnes nouvellement arrivées (personnes réfugiées, demandeuses d'asile et immigrées) et les personnes locales (connaissant les codes culturels de la société́ d'accueil) dans le but de favoriser le développement de leurs réseaux social et professionnel.
- « Notre premier réflexe a été de nous tourner vers des incubateurs d'entreprises » - Carlos Aberlaez, Nicolas Treiber p. 236-237 Le café Plural situé à Paris s'emploie à valoriser l'ensemble des acteurs de la chaîne du café, de la production à la tasse. Créée par deux entrepreneurs réfugiés originaires de Colombie, cette marque a bénéficié du soutien de l'association Singa.
- La mobilité européenne et internationale, un levier de mobilité sociale ? - Christine Schwartz, Valentina Faccioli, Abdulazzi Mhoumadi, Sandrine Courchinoux, Julie Meuleman, Marie Poinsot p. 238-245 Depuis sa création en 1987, le programme d'échange Erasmus+ a permis à plusieurs millions de jeunes Européens d'aller étudier dans un autre pays du continent. Ses actions d'éducation et de formation visent à lever les freins à la mobilité, ce qui s'avère essentiel pour les parcours personnels et professionnels des jeunes et des adultes concernés.
- « On ne sait jamais ce que le passé nous réserve » (Françoise Sagan) - Mustapha Harzoune p. 246-249
- Instruments voyageurs - François Bensignor p. 250-255 La municipalité de Villeurbanne choisissait le thème des instruments voyageurs pour sa saison culturelle 2020-2021. Un beau livre en fixe la mémoire, dévoilant la richesse du travail accompli et des problématiques abordées. Plus qu'un bilan rétrospectif, l'ouvrage aborde les axes d'intérêt qui sous-tendent le projet sur les plans de la culture, de la sociologie et de la migration. Exposition résultant d'un travail d'enquête et de recherche-action, Instruments voyageurs fut surtout une aventure humaine menée durant trois ans, avec la participation des habitants de Villeurbanne, sollicités pour raconter l'histoire des instruments de musique accompagnant leur quotidien.
- Black Tea : Film d'Abderrahmane Sissako (France, 2024) - Anaïs Vincent p. 256
- Les Expatriés (Expats) : Mini-série de Lulu Wang (États-Unis, 2024) - Anaïs Vincent
- L'Échappée (Drift) : Film d'Anthony Chen (France, Royaume-Uni, Grèce, 2024) - Anaïs Vincent p. 257-258
- Même si tu vas sur la lune : Film de Laurent Rodriguez (France, 2024) - Anaïs Vincent p. 258-259
- Bushman : Film de David Schickele (États-Unis, 1971) - Anaïs Vincent p. 259
- « Recueillir leur histoire pour comprendre un peu la nôtre » - Mustapha Harzoune, Aïda Amara, Slimane Amara p. 260-264 Revenir, documentaire de 26 minutes réalisé par Aïda Amara, raconte le retour de son père, Slimane Amara, dans son village natal, en Kabylie. Il n'était pas retourné en Algérie depuis… 43 ans !
- Interdit aux chiens et aux Italiens : Film d'Alain Ughetto (Belgique, France, Italie, Portugal, Suisse, 2022) - Michele Linfozzi p. 264-265
- Agata Tuszyńska, Le jongleur : Paris, Stock, 2023, 568 p., 25 € - Mustapha Harzoune
- Annette Wieviorka, Tombeaux. Autobiographie de ma famille : Paris, Seuil, 2022, 384 p., 21 €. Réed. Points Récits, 2023, Prix Femina Essai 2022 - Mustapha Harzoune p. 266-268
- Salah Badis, Des choses qui arrivent : Traduit de l'arabe (Algérie) par Lotfi Nia, Paris/Alger, Philippe Rey/Barzakh, 2023, 155 p., 19 € - Mustapha Harzoune p. 268-269
- Cholem Aleikhem, Motl, fils du chantre : Traduit du yiddish par Évelyne Grumberg et Nadia Déhan-Rotschild, Strasbourg, L'antilope, 2022, 288 p., 22 € - Mustapha Harzoune p. 269-270
- Lass disparaît - Houri Varjabédian, Marie Chartron, Anouschka Trocker p. 202-214