Contenu du sommaire : Politiques des territoires délaissés
Revue |
Mouvements ![]() |
---|---|
Numéro | no 118, été 2024 |
Titre du numéro | Politiques des territoires délaissés |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Politiques des territoires délaissés
- Éditorial : Politiques des territoires délaissés - Vincent Béal, Renaud Epstein, Thomas Kirszbaum, Max Rousseau p. 7-15
- Une politique foncière au service du retour du marché ? (Dis)continuités et contradictions de la reconversion du bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais - Clément Barbier, Thibault Boughedada p. 18-26 Loin d'être abandonnés, les territoires postindustriels comme le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais font l'objet de nombreuses initiatives de reconversion. Mais lorsque celles-ci sont menées au nom d'idéaux étrangers aux réalités des personnes qui y vivent et des économies qui s'y déploient, elles peuvent paradoxalement contribuer au déclin qu'elles prétendent conjurer. En retraçant l'institutionnalisation d'une politique foncière régionale, cet article contribue à l'analyse sur le temps long des ambiguïtés du redéveloppement des territoires désindustrialisés.Far from being abandoned, post-industrial areas such as the Nord-Pas-de-Calais mining basin are the focus of numerous reconversion initiatives. But when these efforts are carried out in the name of ideals that are foreign to the realities of the people who inhabit these spaces and the economies that thrive within them, they can paradoxically contribute to the very decline they claim to be preventing. By tracing the institutionalization of a regional land policy implemented in France, this article contributes to a long-term analysis of the ambiguities of redevelopment in deindustrialized areas.
- Pourquoi délaisse-t-on les territoires délaissés ? : Le jeu de bonneteau de la compétition politique à Mushin, Lagos - Côme Salvaire p. 27-37 À Lagos, le quartier de Sàkani connaît depuis une dizaine d'années un délaissement accru dont les origines sont avant tout politiques. Dans un contexte de déstructuration de la régulation communautaire et d'affaiblissement de la représentation politique, les interactions entre les mondes de « la rue » et de « la politique » se soldent par la relégation des leaders défaits vers les espaces les moins rentables. Au final, les perdants structurels du jeu de bonneteau caractérisant la compétition politique pour l'accès aux ressources publiques sont les habitant·es des quartiers marginalisés.In Lagos, the Sàkani district has been increasingly "left behind" by the local authorities over the last decade, primarily for political reasons. Indeed, interactions between the worlds of "the street" and "politics" result in defeated leaders being relegated to less profitable, marginalized spaces. In the end, when it comes to accessing public resources, the structural losers in this rigged political game are the residents of these marginalized neighborhoods.
- Habiter les ruines. La vie quotidienne dans un quartier délaissé d'une ville moyenne chinoise - Judith Audin p. 38-46 Dans les villes moyennes de la Chine de l'intérieur, de nombreux projets de rénovation urbaine sont aujourd'hui interrompus pour des raisons politiques, financières ou juridiques. Les quartiers partiellement détruits perdent alors progressivement leur identité. Ils se transforment en terrains vagues et en zones marginalisées. Cet article met en lumière les tensions entre les ambitions de modernisation urbaine en Chine et la réalité vécue par les habitant·es qui se retrouvent souvent oublié·es et marginalisé·es dans des processus de développement suspendus.In the medium-sized cities of inland China, many urban renewal projects are currently being halted for political, financial, or legal reasons. These partially destroyed neighborhoods are gradually losing their identity. They are turning into wastelands and marginalized areas. This article highlights the tensions between the ambitions of urban modernization in China and the reality experienced by residents, who often find themselves forgotten and marginalized in suspended development processes.
- Laisser pourrir pour mieux démolir. Politiques de l'abandon et rénovation des quartiers populaires - Charles Reveillere p. 47-57 Les politiques de rénovation urbaine prétendent résoudre les « problèmes » des quartiers populaires par des investissements massifs dans des opérations de démolition-reconstruction de bâtiments. Mais Charles Reveillere met en avant une autre chaîne causale, à partir d'une enquête ethnographique dans une cité des quartiers Nord de Marseille. Il montre que la rénovation urbaine s'inscrit dans la continuité de cycles de délaissement et d'investissement qui structurent la vie des quartiers d'habitat social depuis leur création. Elle participe ainsi à produire, et à reproduire, les problèmes qu'elle prétend résoudre.France's urban renewal policy aims to solve the problem of disadvantaged suburban areas by massively investing in the demolition and reconstruction of the most run-down buildings. Based on an ethnographic study of a housing estate in Marseille's northern suburbs, Charles Reveillere highlights another causal chain. He shows that this renovation policy lies at the heart of the cycles of neglect and investment that structure social housing neighborhoods. As such, it helps produce the problems it claims to solve.
- L'abandon des quartiers défavorisés. Narratif de mobilisation ou de stigmatisation - Anastasia Magat p. 60-67 L'accentuation des inégalités territoriales a donné corps depuis les années 1980 à de puissants processus de stigmatisation des quartiers défavorisés. Derrière l'apparente homogénéité de la catégorie des « quartiers prioritaires » de la politique de la ville, Anastasia Magat souligne les processus de médiatisation et de politisation différenciés de ces quartiers. En s'appuyant sur l'analyse qualitative d'un vaste corpus de tweets, elle montre que cette politisation peut déboucher sur des formes de mobilisations locales sur la thématique de l'abandon, mais aussi sur une stigmatisation (notamment raciale) accrue de ces quartiers.Since the 1980s, the accentuation of territorial inequalities in France has given rise to a powerful process of stigmatization of disadvantaged neighborhoods. Behind the apparent homogeneity of the "priority neighborhoods" category of urban policy, Anastasia Magat highlights the differentiated processes of mediatization and politicization of these neighborhoods. Based on a qualitative analysis of a vast corpus of tweets, she shows that this politicization can lead to local mobilization around the theme of abandonment, but also to increased stigmatization of these neighborhoods, which is primarily racial in nature.
- Au-delà des chiffres, pour une approche compréhensive des inégalités territoriales - Anouk Chainais p. 68-76 Les inégalités territoriales d'accès aux services publics sont le plus souvent appréhendées par des données statistiques supposément « objectives », mais qui tendent à occulter les expériences concrètes et les sentiments d'injustice qui s'expriment dans différents contextes territoriaux. L'enquête d'Anouk Chainais met en lumière des expériences partagées par les classes populaires résidant dans une commune de banlieue proche et une commune périurbaine éloignée de la métropole lyonnaise, qu'il s'agisse de situations de non-recours, du mépris institutionnel ou des effets de la dématérialisation des services publics. Ces similitudes invitent à dépasser l'opposition caricaturale entre la France « des bourgs » et celle « des tours ».In France, territorial inequalities in access to public services are most often measured by supposedly "objective" statistical data, but these figures tend to obscure the concrete experiences and feelings of injustice that are expressed in different territorial contexts. Anouk Chainais's survey highlights the shared experiences of working-class people living in two communes: one in a suburb of the Lyon metropolitan area and the other in a peri-urban area far removed from the city. These shared experiences include the non-use of services, institutional contempt, and the effects of the dematerialization of public services. These similarities suggest that we need to look beyond the binary view of France's "rural–urban divide."
- Italie : le délaissement politique de la question méridionale - Deborah Galimberti, Gilles Pinson, Angelo Salento p. 77-87 S'il est un pays où le problème des déséquilibres territoriaux a été fortement politisé, c'est bien l'Italie. La question méridionale a en effet longtemps occupé une place centrale dans le débat politique, avant de connaître une marginalisation dans les dernières décennies. Deborah Galimberti, Gilles Pinson et Angelo Salento montrent que ce délaissement n'est pas lié à une quelconque résorption des inégalités Nord/Sud. Celles-ci ont plutôt eu tendance à s'accentuer au gré des crises économiques successives et de l'« austérité asymétrique ». Il s'explique plutôt par des transformations du système politique italien : reconfiguration de l'offre partisane, déstructuration des réseaux d'expertise, régionalisation plus poussée. Les débats récents sur la mise en place d'une « autonomie différenciée » pourraient toutefois modifier la donne et conduire à une nouvelle politisation de la question méridionale.If there's one country where the problem of territorial imbalances has been highly politicized, it's Italy. For a long time, the southern question occupied a central place in political debate, before being marginalized in recent decades. Deborah Galimberti, Gilles Pinson, and Angelo Salento show that this neglect is not linked to any reduction in north/south inequalities. In fact, these inequalities have tended to increase with successive economic crises and "asymmetric austerity." Rather, this neglect can be explained by transformations in the Italian political system: the reconfiguration of political parties, the breakdown of networks of expertise, and greater regionalization. However, recent debates on the introduction of "differentiated autonomy" could change the situation and lead to a new politicization of the southern question.
- Politiser l'« abandon » en Seine-Saint-Denis ? Réflexion sur l'encadrement de mobilisations de parents d'élèves « pour un droit à la sécurité et à l'éducation » - Félicie Roux p. 88-98 La question des inégalités territoriales revient souvent dans les discours médiatiques portant sur la Seine-Saint-Denis. En étudiant deux mobilisations de parents d'élèves consécutives à des troubles dans un lycée à Saint-Denis et à des rivalités de quartier, Félicie Roux montre que ce cadrage, bien qu'il revienne souvent dans les discussions et revendications, n'est pas nécessairement central pour l'ensemble des protagonistes de ces luttes. L'étude de ces mobilisations met au jour des luttes de définition qui s'expliquent par la présence d'intérêts sociaux et politiques différenciés dans et à l'extérieur des collectifs. Si le cadrage territorial semble à certains moments gommer ces différences, il produit également de l'évitement et des formes de dépolitisation.The issue of territorial inequalities often comes up in media coverage of Seine-Saint-Denis. Félicie Roux's study of two parent-led mobilizations—which were sparked by neighborhood rivalries and unrest at a Saint-Denis high school—shows that this framing of the events, while often recurring in discussions and demands, is not necessarily a key concern for all the protagonists involved in these struggles. The study of these mobilizations reveals definitional struggles that can be explained by the presence of differentiated social and political interests within and without these groups. A territorial framing of events not only seems to erase these differences in some cases, but it also produces avoidance and forms of depoliticization.
- Les voix du vent. Développement éolien et vote aux élections régionales dans les Hauts-de-France - Jimmy Grimault, Tristan Haute, Leny Patinaux, Pierre Wadlow p. 99-109 Dans les territoires ruraux, l'implantation d'éoliennes a souvent fait l'objet de contestations, contribuant pour certain·es à amplifier le ressentiment à l'origine du vote en faveur du Rassemblement national. En mêlant des analyses quantitatives et qualitatives des élections dans la région des Hauts-de-France, Jimmy Grimault, Tristan Haute, Leny Patinaux et Pierre Wadlow montrent que, si cette question a donné lieu à des processus de politisation et de polarisation, l'implantation d'éoliennes n'est pas forcément associée à un vote à droite ou à l'extrême droite plus important, notamment lorsque sont prises en compte les caractéristiques sociales des communes d'implantation. Cette implantation constitue toutefois l'un des signes d'une relégation productive des territoires ruraux et populaires, susceptible de peser sur la manière dont leurs habitant·es se représentent le monde social.In rural areas, the siting of wind turbines has often been the subject of protests, sometimes fueling the resentment that led certain people to vote for the far-right party Rassemblement National. By combining quantitative and qualitative analyses of elections in the Hauts-de-France region, Jimmy Grimault, Tristan Haute, Leny Patinaux, and Pierre Wadlow show that, while this issue has given rise to politicization and polarization processes, the siting of wind turbines is not necessarily associated with a greater right-wing or extreme right-wing drift, particularly when the social characteristics of the communes where they are sited are taken into account. However, this choice of location is indicative of both the economic exploitation and the social neglect of rural and working-class areas, which is likely to have an impact on the way in which their inhabitants see the social world.
- L'État au chevet des territoires délaissés ? Action cœur de ville et retour des villes moyennes à l'agenda politique national - Julie Chouraqui p. 112-119 Les années 2000 et 2010 sont marquées par une restructuration profonde de l'administration et des finances publiques. Les fermetures de services publics, les coupes dans les transferts financiers de l'État aux collectivités locales ou encore les réformes territoriales ont eu des effets spatiaux multiples, qui ont contribué à la médiatisation des « territoires délaissés ». Dans le même temps, le retour des inégalités territoriales dans le débat public a aussi favorisé l'émergence de nouvelles politiques spatialisées. C'est le cas des villes moyennes qui, un temps considérées comme des espaces représentatifs de la « France périphérique », ont fait l'objet d'une politique spécifique, annoncée en 2017.In France, the 2000s and 2010s were marked by a profound restructuring of public administration and finance. The closure of public services, cuts in financial transfers from the state to local authorities, combined with territorial reforms, have all had multiple spatial effects, contributing to the media coverage of "left-behind territories." At the same time, the return of territorial inequalities to public debate has also encouraged the emergence of new spatial policies. This is the case for medium-sized towns which, once considered representative of "peripheral France," are now the focus of a specific policy, announced in 2017.
- France services : le « retour du service public au cœur des territoires », entre standardisation et adaptation localisée - Antonin Besch, Chloé Devez p. 120-129 Initié au lendemain du mouvement des Gilets jaunes et présenté comme un « retour des services publics dans les territoires », le programme France services vise à mailler la France de ces structures qui combinent accueil physique et accompagnement numérique, pour accéder en un même lieu à une dizaine de services publics. L'étude des structures porteuses et des profils des conseillères France services donne à voir, derrière la standardisation opérée au niveau national, des adaptations localisées de ce dispositif dirigé prioritairement, mais indifféremment, vers les zones rurales et les quartiers prioritaires de la politique de la ville.Initiated in the wake of the Yellow vests movement and billed as a "return of public services" at the local and regional level, the France Services program aims to provide France with a nationwide network of facilities combining physical reception and digital support, enabling access to a dozen or so public services in a single location. A study of the structures behind the France Services program and the profiles of its advisors reveals that, behind the standardization applied at national level, there are localized adaptations to this scheme, which is primarily aimed at both rural areas and priority urban districts (quartiers prioritaires de la politique de la ville—QPVs).
- « Dynamiser » des villes moyennes grâce à un programme de mobilité encadrée ? Les réceptions locales d'un dispositif d'insertion de mal-logé·es francilien·nes - Violaine Girard, Élie Guéraut p. 130-141 Depuis 2019, un programme d'État vise à lutter contre le mal-logement en Île-de-France tout en revitalisant des villes moyennes en déclin et en réduisant leur vacance. Le dispositif encourage les ménages précaires de la région parisienne à s'installer à titre volontaire dans ces territoires en échange d'une opportunité d'emploi. Cet article analyse l'articulation, dans la mise en œuvre du programme, entre ces différents objectifs, en montrant que celle-ci s'opère par le biais d'un impératif d'entrée en emploi des destinataires accueilli·es au sein de villes moyennes. Largement partagé par les acteurs de l'État territorial comme par les représentant·es des collectivités, cet impératif n'empêche toutefois pas des réceptions contrastées du programme, liées à des catégorisations négatives des ménages populaires précarisés et majoritairement racisés, dont le programme encourage la mobilité hors d'Île-de-France.Since 2019, a government program has been aimed at combating poor housing in the Île-de-France region, while revitalizing declining medium-sized towns and reducing their vacancy rates. The scheme encourages precarious households in the Paris region to move to these areas voluntarily, in exchange for a job opportunity. This article analyzes the relationship between these different objectives in the implementation of the program, showing that it is achieved through the imperative of getting people back into work in medium-sized towns. While this imperative is widely shared by local government officials and local authority representatives alike, it does not prevent the program from being received in contrasting ways, linked to the negative categorization of working-class, disadvantaged, and predominantly racialized households, whose mobility outside the Île-de-France region is encouraged by the program.
- Faire d'une ville industrielle en déclin un modèle urbain : Damien Carême et le « laboratoire » de Grande-Synthe - Clément Cayol p. 142-149 Aux métropoles dynamiques et attractives, disposant de toutes les ressources nécessaires pour construire des politiques innovantes, s'opposent les petites villes industrielles prises dans la spirale du déclin. Ces dernières peuvent néanmoins s'imposer comme des laboratoires de la transition écologique et sociale, comme l'illustre le cas de Grande-Synthe. Clément Cayol montre ici qu'au-delà des ressources fiscales dont elle bénéficie, le succès de cette commune devenue modèle tient largement à la figure de son maire, Damien Carême, pour le plus grand bénéfice de ce dernier.Dynamic, attractive metropolises, with all the resources needed to build innovative policies, are contrasted with small industrial towns caught in a spiral of decline. Nevertheless, such urban areas can also become laboratories for ecological and social transition, as illustrated by the case of Grande-Synthe. Here, Clément Cayol shows that, in addition to the tax resources it enjoys, the success of this model commune is largely due to the figure of its mayor, Damien Carême, to the latter's great benefit.
- Éditorial : Politiques des territoires délaissés - Vincent Béal, Renaud Epstein, Thomas Kirszbaum, Max Rousseau p. 7-15
Itinéraire
- « L'hinterland est fondamentalement planétaire » - Phil A. Neel, Vincent Béal, Simon Le Roulley, Max Rousseau, Mathilde Fois Duclerc p. 150-160 Phil A. Neel, géographe américain de 35 ans, analyse les contradictions du capitalisme mondialisé à partir des relations centre-périphéries. Dans cet entretien, il explore le concept d'hinterland. Ce terme, qu'on traduit souvent par « arrière-pays », est une notion complexe que nous faisons le choix de conserver en anglais dans la suite du texte. Il désigne les zones reculées, souvent invisibles à la recherche, où se cristallisent les contradictions du système économique actuel. Loin des centres urbains hyperconnectés, l'hinterland devient le théâtre d'une recomposition des forces politiques et sociales.En revenant sur son enfance dans les logements précaires de l'hinterland, Phil A. Neel raconte comment sa trajectoire de travailleur itinérant l'a conduit à fréquenter ces paysages où se mêlent exclusion, violence, mais aussi solidarité. Son expérience de la répression policière, notamment à travers le mouvement Occupy, a participé à sa réflexion pour la défense d'une « géographie communiste » qui se distancie des postures radicales-académiques en restant profondément connectée aux réalités matérielles et sociales des luttes. Dans cet entretien, il nous invite à redécouvrir ces espaces périphériques afin d'y déceler les germes d'une mise en cause du capitalisme contemporain.Phil A. Neel, a thirty-five-year-old American geographer, analyzes the contradictions of globalized capitalism from the point of view of center-periphery relations. In this interview, he explores the concept of "the hinterland." This term is a complex notion with various meanings. Here, it refers to remote areas, often beyond the reaches of academic research, where the contradictions of the current economic system crystallize. Far from hyperconnected urban centers, the hinterland is becoming the stage for a recomposition of political and social forces.Looking back on his childhood in the precarious housing of the American hinterland, Phil A. Neel recounts how his trajectory as an itinerant worker led him to frequent these landscapes punctuated by exclusion, violence, but also solidarity. His experience of police repression, notably through the Occupy movement, has contributed to his thinking in defense of a "communist geography" that distances itself from radical-academic postures while remaining deeply connected to the material and social realities of struggles. In this interview, he invites us to rediscover these peripheral spaces, where the stirrings of a challenge to contemporary capitalism can be found.
- « L'hinterland est fondamentalement planétaire » - Phil A. Neel, Vincent Béal, Simon Le Roulley, Max Rousseau, Mathilde Fois Duclerc p. 150-160