Contenu du sommaire : L'écologie au quotidien

Revue Sociétés contemporaines Mir@bel
Numéro no 131, 2023/3
Titre du numéro L'écologie au quotidien
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Pages de début - p. 1-3 accès libre
  • L'écologie au quotidien

    • Introduction : Les effets paradoxaux de l'institutionnalisation des « bonnes pratiques » écologiques - Romain Blancaneaux, Marie Goyon, Muriel Sacco p. 5-16 accès réservé
    • Faire des gestes auxquels on ne croit pas : Les pratiques écologiques quotidiennes des manifestant·es pour le climat - Giuseppe Cugnata, Maxime Gaborit, Yann Le Lann p. 17-51 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les stratégies de responsabilisation des citoyen·nes à travers l'institutionnalisation de la promotion des gestes individuels limitant l'empreinte carbone ont été fortement critiquées par le mouvement pour le climat né en 2018. Pour autant, les militant·es n'ont pas abandonné ces pratiques écologiques. Dans cet article, nous montrons que l'intensité de leur investissement quotidien ne s'explique pas par la portée stratégique qui leur est attribuée. Au-delà de leur homogénéisation sous le vocable « d'éco-gestes », les réformes du quotidien sont en effet multiples, structurées par le genre et la radicalité politique, et répondent à des logiques différentes. Si pour les plus modérés, l'enjeu est la mise en avant du bon geste, ces pratiques offrent l'occasion, pour les militant·es plus radicaux, d'ancrer dans le quotidien leur critique sociale et de réinvestir les espaces d'action collective.
      Strategies to empower citizens against the ecological crisis through anti-carbon actions have been strongly criticized by the climate movement that emerged in 2018. However, activists have not abandoned these ecological practices. In this article, we show that their engagement in daily life is particularly structured by gender and political radicalism. Everyday ecological practices are multifaceted and correspond to different logics. While for the most moderate activists it is a matter of pointing out the right thing to do, for the most radical ones these practices translate, without any strategic significance being attached to them, their social critique into everyday life and fuel collective commitment.
    • Déconflictualiser les alternatives écologiques pour mieux les diffuser : Conditions d'émergence et structuration de parcours d'engagements de jeunes militant·es éco-citoyen·nes - Gabriel Montrieux p. 53-82 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article porte sur l'institutionnalisation partielle de l'espace écologiste et l'émergence récente d'un tissu associatif actif sur le terrain de la prescription de normes comportementales dites « éco-citoyennes ». Il s'appuie sur une enquête menée par entretiens, observations et questionnaires, dans l'agglomération de Lyon. Il prend pour exemple les systèmes d'AMAP et apparentés, et interroge les appropriations dont ils font l'objet par de nouvelles associations « éco-citoyennes ». Ces dernières participent à déconflictualiser ces systèmes alimentaires locaux en les dissociant des luttes écologistes revendicatives à leur origine. En partie professionnalisées, dépendantes des pouvoirs publics, ces associations récentes sont largement investies par de jeunes écologistes. L'article analyse les modalités d'entrée en engagement de ces jeunes militant·es, et leur manière de redéfinir la conflictualité des discours écologistes au regard de leur parcours de socialisation ainsi que l'évolution des contextes institutionnel et universitaire dans lesquels se forgent et se stabilisent leurs engagements.
      This article looks at the institutionalisation of part of the ecology movement and the recent emergence of a network of associations that are very active in prescribing ‘eco-citizen' standards of behaviour. It is based on a survey conducted through interviews, observation and questionnaires in the Lyon conurbation. It takes as an example the AMAP and related systems, and examines the appropriation of this model by new ‘eco-citizen' associations. These associations are playing a major role in deconflicting these local food systems and dissociating them from the environmentalist struggles that are making demands. Partly professionalised and highly dependent on the public authorities, these recent associations are largely run by young ecologists. This article analyses the ways in which these young activists become involved, and how they redefine the conflictual nature of environmentalist discourse in the light of their socialisation and the changing institutional and academic contexts in which their involvement is forged and stabilised.
    • Verdir l'aide alimentaire ? : Les réceptions différenciées de la norme écologique dans une épicerie sociale d'un quartier populaire - Tom Beurois p. 83-112 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le paradigme de la lutte contre le gaspillage alimentaire s'est imposé dans le domaine de l'aide alimentaire sur fond d'enjeux environnementaux. À partir d'une enquête ethnographique dans une épicerie sociale implantée dans un quartier populaire, cet article montre les rapports socialement différenciés aux normes écologiques de ses membres. Dans l'association étudiée, les travailleuses sociales se font les relais des normes de consommation « verdies » et aspirent à changer l'approvisionnement du magasin qui repose en partie sur le rebut de la grande distribution. En affinité avec ces salariées et perméables à l'écologisation de leur mode de vie, les bénévoles-bénéficiaires issu·es du pôle culturel des classes populaires précarisées marquent également leur opposition à la récupération d'invendus issus de l'agroalimentaire. En revanche, les mères du quartier, bénévoles-bénéficiaires de cette épicerie sociale mettent à distance les normes écologiques de consommation diffusées par les salariées et valorisent la lutte contre le gaspillage alimentaire : elles font « de nécessité vertu ».
      The paradigm of the fight against food waste has imposed itself in the field of food aid with a backdrop of environmental issues. This article is based on an ethnographic survey in a social grocery store located in a working-class neighbourhood. It will focus on the receptions of the ecological norms of its members. In this association, the social workers take over “green” consumption standards and aspire to change the supply of the store, which is based in part on waste from mass distribution. In affinity with the employees and permeable to the greening of their way of life, the volunteer-beneficiaries from the cultural fraction of the precarious working classes also mark their opposition to the recovery of unsold food from the food industry. The mothers of the neighbourhood, volunteer-beneficiaries of this social grocery store distance themselves from the ecological norms of consumption disseminated by the employees and promote the fight against food waste: they make “a virtue of necessity”.
    • Pour l'écologie, par le marché : L'institutionnalisation marchande du compostage de déchets alimentaires - Maud Hetzel p. 113-144 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'une enquête ethnographique comparative de deux réseaux d'entreprises de compostage, cet article analyse l'émergence d'un marché créé au nom de l'écologie et les processus de sélection des initiatives écologiques qui s'y jouent. Alors que le contexte institutionnel favorise la politisation et la reconversion d'individus auparavant peu engagé·es, ces nouveaux et nouvelles entrant·es modifient durablement les rapports de force entre les différentes manières de penser l'écologie. L'analyse de la polarisation et de la sélection au sein du marché apporte alors un nouvel éclairage par rapport à la thèse d'une récupération des causes écologiques par le capitalisme, en mettant en exergue le rôle des ressources individuelles inégales et l'action des pouvoirs publics dans la régulation et la légitimation de l'ordre économique.
      Based on a comparative ethnographic investigation of two composting business networks, this article analyzes the emergence of a market created in the name of ecology and the processes of selecting ecological initiatives that unfold within it. While the institutional context encourages the politicization and reconversion of individuals who were previously less engaged, these new entrants significantly alter power dynamics among different approaches to thinking about ecology. Analyzing polarization and selection within the market provides a new perspective compared to the thesis of the co-optation of ecological causes by capitalism. More than co-optation, this article highlights how unequal individual resources and public authorities' regulations leads to eliminate a number of ecological initiatives.
  • En lutte

    • Enseignement supérieur et recherche au Mexique : Les réformes de la « quatrième transformation » (2019-2023) en question - Étienne Gérard, Rocio Grediaga Kuri, Camille Noûs p. 145-159 accès réservé avec résumé
      Cette publication s'inscrit dans la rubrique « En lutte », consacrée aux mutations de la recherche et de l'enseignement supérieur. Elle n'est pas soumise à la procédure habituelle d'évaluation des articles de la revue.Au Mexique, une nouvelle « loi sur l'enseignement supérieur » (2021) et une « loi sur les sciences humaines, la science, la technologie et l'innovation (LHCTeI) », ont été votées en avril 2023 au Sénat. Ces lois prennent place dans le cadre de la « 4e transformation » (4T) enclenchée par le président de la République Andrés Manuel López Obrador, élu en 2019. Il est du Mouvement de Régénération Nationale (Morena) qu'il a lui-même créé. Selon les discours du président, il s'agirait de lutter contre les logiques néolibérales en vigueur depuis des décennies (Miller, 2021). Ces nouvelles politiques mobilisent cependant une large partie du corps des enseignants-chercheurs car elles renforcent la précarisation de la condition universitaire, favorisent la multiplication de structures publiques et privées d'enseignement supérieur de bas niveau restreignent l'autonomie académique et scientifique des institutions de recherche et les écartent des échanges avec les systèmes académiques étrangers. Le système de recherche et d'éducation supérieure apparaît sujet à un processus de désinstitutionalisation progressive. Sont ici en cause la conjugaison d'un centralisme politique et de mécanismes parallèles de laisser-faire, la promotion de formes de nationalisme scientifique adossée à une redistribution des ressources allouées à la recherche entre ministères au détriment du CONAHCYT – ou encore la volonté politique de combattre le corps des chercheurs, au nom de la présupposée corruption des élites dont ils sont censés faire partie. Sont en jeu à la fois la réduction des inégalités sociales dans l'enseignement supérieur, la fonction enseignante et la nature même de la recherche scientifique.
  • Pages de fin - p. 161-165 accès libre