Contenu du sommaire : Paris 2024, (en)jeux olympiques. Un regard pluridisciplinaire

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 185, 2024
Titre du numéro Paris 2024, (en)jeux olympiques. Un regard pluridisciplinaire
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Luc Arrondel, Richard Duhautois, Sarah Guillou, Vincent Touzé p. 5-10 accès libre
  • Compétition entre les nations

    • La prévision économique des médailles par nation aux jeux olympiques de paris 2024 - Wladimir Andreff, Nicolas Scelles, Liliane Bonnal, Madeleine Andreff, Pascal Favard p. 13-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les objectifs de résultats assignés, par le pouvoir politique, à l'équipe de France pour les Jeux olympiques (JO) de Paris 2024 sont comparés aux prévisions obtenues avec un modèle macroéconométrique déjà éprouvé puisqu'il a prévu 95 % des résultats des JO de Tokyo 2021. Ses variables sont pour chaque pays : population, PIB par habitant, nombre d'athlètes alignés et nombre de médailles remportées aux JO précédents net des disqualifications pour dopage ainsi que des indicatrices pour le pays hôte, le régime politique, la spécialisation sportive, le fait d'être le pays hôte des prochains Jeux, et le fait d'avoir été l'hôte des JO précédents. Dans toutes les variantes du modèle, estimées en Tobit et en Hurdle, les quatre nations récoltant le plus de médailles sont dans l'ordre : États-Unis, Chine, athlètes russes, Grande-Bretagne. Le résultat le plus probable de la France est 47-48 médailles dans des intervalles de confiance allant, aux extrêmes, de 43 à 60 médailles. L'équipe de France se classe 5e ou 6e au nombre de médailles selon les variantes. Ce qui nous écarte de l'objectif politique initial de 70 à 80 médailles. Selon le modèle de prédiction, l'objectif initial en nombre de médailles est hors d'atteinte et statistiquement improbable mais l'objectif révisé de la 5e place est atteignable.
      The sporting performance assigned to France's national team for the 2024 Olympics is compared to the forecasts of a macro-econometric model that identified 95% of sporting outcomes at the Tokyo Games. The country variables are : population, GDP/inhabitant, the number of athletes per team, the number of medals won (net of disqualifications for doping) at the previous Olympics, and dummies standing for the host country effect, the political regime, sport specialization, the country hosting the next Games, and another dummy for having hosted the previous Olympics. All Tobit and Hurdle estimations forecast the same four major medal winners with the same ranking : the teams from the US, China, Russia and Great Britain. France's national squad would win 47/48 medals (extreme margins of the confidence intervals : 43 and 60), which would rank it either 5th or 6th in medal totals.
    • Les jeux olympiques, objet et vitrine des relations internationales ? - Pascal Gillon p. 57-86 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le sport est entré dans l'arène des relations internationales dès le début du XXe siècle et n'en est jamais ressorti depuis. Fort de sa dramaturgie et vecteur symbolique d'un affrontement « pacifique » entre nations, il s'est particulièrement épanoui lors des Jeux olympiques, rendez-vous médiatique mondialisé. Cette compétition est le produit du système olympique réunissant une sphère sportive, dominée par le CIO, une sphère économique constituée des diffuseurs et des sponsors, une sphère de régulation (Tribunal arbitral du sport et Agence mondiale antidopage) et des acteurs externes qui tentent d'utiliser cette dernière à des fins géopolitiques (États et ONG). Ce sont principalement les États qui instrumentalisent le sport en utilisant des outils de relations internationales comme la reconnaissance, les stratégies d'influence et de puissance. Les ONG et les athlètes sont des acteurs qui agissent plutôt en passagers clandestins avec leurs propres techniques ( naming and shaming et l'ambush marketing) pour les ONG. Quant au CIO, il tente de conserver le contrôle des Jeux en utilisant son droit de reconnaissance et son corollaire, l'exclusion, pour y parvenir. Par ailleurs, il a dû développer une diplomatie économique et sportive pour tenter de contrer certaines stratégies d'influence tentées par les autres acteurs et se rapprocher de l'ONU.
      Sports entered the arena of international relations at the beginning of the 20th century and has remained there ever since. As a dramatic and symbolic vehicle for “peaceful” confrontation between nations, it has flourished especially during the Olympic Games, a globalized media event. This competition is the product of the Olympic system, which brings together a sporting sphere dominated by the International Olympic Committee (IOC), an economic sphere made up of broadcasters and sponsors, a regulatory sphere (Court of Arbitration for Sport and World Anti-Doping Agency) and external players who attempt to use the latter for geopolitical ends (states and NGOs). It is mainly states that instrumentalize sport, using international relations tools such as recognition, influence and power strategies. NGOs and athletes tend to act as stowaways, using their own techniques (naming and shaming and ambush marketing). As for the IOC, it is trying to keep control of the Games by using its right of recognition and its corollary, exclusion. In addition, it has had to develop economic and sports diplomacy in an attempt to counter certain strategies of influence attempted by other players, and to draw closer to the UN.
  • Organisation et impact

    • Retombées économiques des jeux olympiques : Splendeurs et misères des études d'impact - Jean-Pascal Gayant p. 89-113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis une quarantaine d'années, les études d'impact fleurissent à l'approche des grandes manifestations sportives. Elles sont supposées mesurer le supplément d'activité économique engendré par la tenue de la manifestation dans le bassin économique considéré. Riches d'une méthodologie qui s'est progressivement affinée, elles constituent désormais un outil de nature à éclairer les décideurs publics et les citoyens. Elles doivent cependant respecter certaines règles de l'art pour demeurer crédibles : porter sur un périmètre géographique bien défini, s'inscrire dans un cadre temporel court (ne pas dépasser les 12 mois au cœur desquels se déroule la manifestation), choisir un multiplicateur raisonnable cohérent avec le périmètre et les dépenses occasionnées par l'événement, ne pas se hasarder en conjectures déraisonnables en matière de tourisme induit ou d'investissements directs étrangers futurs. Contrairement aux études de court terme, les études de long terme sont peu convaincantes tout comme les évaluations de l'impact en termes d'emplois. En prenant de bonnes précautions méthodologiques, l'article évalue l'impact économique des Jeux olympiques de Paris 2024 à un peu plus de 4 milliards d'euros, impact à mettre en perspective avec un coût pour le contribuable estimé, à l'aube de l'ouverture des Jeux, à plus de 3,1 milliards d'euros.
      Impact studies are now a useful tool for informing policymakers and taxpayers. However, to remain credible they must comply with certain best practices, including correctly choosing the targeted geographical area, privileging a short timeframe, and using an impact multiplier that is not too large. Unlike short-term studies, long-term studies tend not to be very convincing, nor are the assessments of impacts on employment. Keeping in mind these methodological caveats, we can expect the Paris 2024 Olympic Games to have an impact of just over 4 billion euros, a figure that should be kept in perspective given a cost to the taxpayer estimated just before the Games at more than 3.1 billion.
    • Des « trains » et des « jeux » : Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 peuvent-ils se passer d'une politique ambitieuse de transports publics ? - Alexandre Faure p. 115-138 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les mois qui ont précédé les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, des polémiques brèves mais vives ont éclaté autour des transports. Cet article propose de prendre du recul et de questionner le projet de transport de Paris 2024 à travers l'étude des candidatures françaises depuis 1992 et de l'évolution du contexte régional. En effet, si le projet du Grand Paris Express est concomitant de la candidature et de la préparation à l'organisation des Jeux, nous démontrons ici que depuis l'élection de Paris en 2017, il est toujours apparu impossible de la part des concepteurs du projet et des institutions publiques en charge de son contrôle, de poursuivre les objectifs politiques d'ouvrir les nouvelles lignes de métro et de RER à l'horizon 2024. Par une étude des temporalités politiques et urbanistiques, et via l'analyse de la littérature grise, des documents de candidature et de rapports, cet article met en lumière la complexité de faire concorder le projet urbain olympique éphémère très contraint dans le temps avec les projets d'aménagements et de développement préexistants à la candidature.
      As the Paris 2024 Olympic and Paralympic Games approach, and with brief but intense controversies erupting around transportation, this article proposes to step back and consider the Paris 2024 transportation project through a study of French bids since 1992 and the changing regional context. Indeed, while the Grand Paris Express project is concomitant with the bid and preparations to host the Games, we show that since Paris was selected in 2017, it has always appeared impossible for the project's designers and the public institutions in charge of monitoring it to pursue the objectives defined at political level of opening the new metro and regional rail (RER) lines by 2024. Through a study of political and urban planning temporalities, and an analysis of documents relating to the bid and reports, this article highlights the complexity of reconciling the ephemeral and urgent urban Olympic project with pre-existing planning and development projects.
  • Histoires de sportifs, histoire d'un sport

    • Les parcours d'insertion professionnelle des ex-sportives et sportifs de haut niveau : Contraintes Et Opportunités - Cécile Collinet, Jeremy Pierre p. 141-167 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le devenir professionnel des sportifs de haut niveau est souvent questionné dans les médias et fait l'objet d'une attention particulière des pouvoirs publics et des intéressés eux-mêmes. La pratique sportive à haut niveau implique un engagement total qui rend difficile la poursuite de ce que l'on appelle classiquement le double projet. Entre fantasme de réussites exceptionnelles et dénonciation de situations de précarité extrêmes, il convient de mener des études approfondies sur le sujet. Notre projet est d'analyser les parcours d'insertion d'ex-sportives et sportifs de haut niveau (SHN) à partir d'entretiens biographiques ( n = 61). Nous analysons les parcours d'insertion professionnelle qui lient les choix d'orientation d'étude, les diplômes acquis et les opportunités ou difficultés pour trouver son premier emploi. Nous mettons notamment en évidence que ces parcours se caractérisent par de fortes contraintes, la limitation de l'incertitude des choix dans les périodes de transition et l'allongement des parcours, mais aussi par des opportunités au travers des situations facilitantes qui sont offertes aux SHN dans l'accès à l'emploi à condition cependant que celui-ci se situe dans l'univers sportif.
      The professional future of high-level athletes (elite athletes) is often questioned in the media and receives special attention from public authorities and the athletes themselves. The practice of sports at the highest level requires total commitment, making it challenging to pursue what is commonly referred to as the “double project”. Amid fantasies of exceptional successes and denunciations of extreme precarity, it is appropriate to conduct in-depth studies on the subject. Our project aims to analyze the career paths of former high-level athletes based on biographical interviews (n=61). We examine their career paths in relation to the study orientation chosen, the degrees acquired, and the opportunities or difficulties they faced in finding their first jobs. We highlight in particular that these paths are characterized by significant constraints, limitations due to uncertainty concerning their choices during transition periods, and the continuation of their careers. However, they are also special opportunities that facilitate their employment, provided that it is within the field of sports.
    • Le football aux jeux olympiques : Une histoire de concurrence politique, financière et d'audiences - Paul Dietschy p. 169-191 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article retrace les 124 années d'histoire du ballon rond olympique. Le football a pris une part importante dans l'histoire des Jeux olympiques et, symétriquement, ceux-ci ont aussi joué un rôle crucial dans la construction du football international. Le ballon rond a contribué à la réinvention de la tradition olympique tout en devenant rapidement controversé en raison du professionnalisme. Le football a renforcé la viabilité économique des Jeux olympiques, malgré l'hostilité des dirigeants du CIO, menant à la création de la Coupe du monde pour les professionnels. Pendant la guerre froide, il a révélé les contradictions de l'olympisme avec les faux amateurs de l'Est. De plus, le football est devenu une tribune pour les pays africains et les femmes bien qu'il ait fallu attendre 1996 pour qu'elles puissent y participer. Son statut de sport mondial numéro un lui garantit une place permanente, alors même que le CIO envisage de nouvelles disciplines comme le breakdance ou le basket à trois.
      This article looks back over 124 years of Olympic football history. Football has played an important role in the history of the Olympic Games and, symmetrically, the Games have played a crucial role in shaping international football. Football has contributed to the reinvention of the Olympic tradition, even as it quickly aroused controversy over the issue of professionalism. Football has enhanced the economic viability of the Olympic Games, despite the hostility of IOC officials, leading to the creation of the World Cup for professionals. During the Cold War, it brought to light the contradictions between the Olympic spirit and the pseudo-amateurs of the East bloc. In addition, football became a platform for African countries and for women, although it was not until 1996 that women's football was included. Football's status as the world's number one sport guarantees it a permanent place, even as the IOC considers new disciplines such as breakdancing and three-a-side basketball.