Contenu du sommaire : Business vert en pays pauvres
Revue |
Alternatives Sud ![]() |
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Numéro | vol. 32, no 1, 1e trimestre 2025 |
Titre du numéro | Business vert en pays pauvres |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- La grande hypocrisie « verte » Nord-Sud - Bernard Duterme p. 7
- La grande hypocrisie « verte » Nord-Sud - Bernard Duterme p. 7
Points de vue du Sud
En visant la décarbonation par la financiarisation de la nature, le néolibéralisme a converti la gouvernance environnementale en source de profit. À coup de « conservationnisme », de marchés de la « compensation carbone » ou d'extractivisme, le néocolonialisme vert exacerbe les inégalités et la domination du Nord sur le Sud. Seule une transition écosociale axée sur la justice mondiale et des alternatives au développement pourra préserver la vie.Délégitimer la transition hégémonique
- Colonialisme vert néolibéral vs justice écosociale transformatrice - Breno Bringel, Mary Ann Manahan, Miriam Lang p. 27 Comme dynamique d'extraction menée dans le Sud au profit d'une transition verte du Nord, le colonialisme énergétique est la pièce maîtresse de cette nouvelle légitimation du capitalisme qu'est le consensus de la décarbonation. La logique post-fossile promue par celui-ci, au détriment des autres causes de la crise écologique et en contexte de concurrence inter-impériale, conduit les entreprises à une transition technocratique, injuste et non durable.
- Le consensus de la décarbonation - Breno Bringel, Maristella Svampa p. 41 Comme dynamique d'extraction menée dans le Sud au profit d'une transition verte du Nord, le colonialisme énergétique est la pièce maîtresse de cette nouvelle légitimation du capitalisme qu'est le consensus de la décarbonation. La logique post-fossile promue par celui-ci, au détriment des autres causes de la crise écologique et en contexte de concurrence inter-impériale, conduit les entreprises à une transition technocratique, injuste et non durable.
- Une gouvernance écologique mondiale basée sur le profit - Mary Ann Manahan p. 49 Un effet des mutations du multilatéralisme à l'ère néolibérale est l'essor de la gouvernance multipartite dans la gestion des écosystèmes mondiaux. Au nom de l'ouverture aux « parties prenantes », ces dispositifs donnent un poids considérable aux multinationales dans la définition des modèles de régulation des usages de l'environnement et favorisent l'essor de solutions « fondées sur la nature » qui financiarisent la question écologique.
- Les mouvements féministes africains face au colonialisme vert - Zo Randriamaro p. 63 La prise de conscience écologique des mouvements féministes africains est en hausse. Premières victimes des dérèglements climatiques induits par le capitalisme transnational, les femmes africaines sont aussi aux premières loges des effets des politiques « vertes » menées par le Nord global, dont l'extraction de minerais pour technologies « propres ». L'écoféminisme promeut dès lors des alternatives endogènes, justes et égalitaires.
- Colonialisme vert néolibéral vs justice écosociale transformatrice - Breno Bringel, Mary Ann Manahan, Miriam Lang p. 27
Démanteler l'extractivisme vert
- L'agenda politique de l'agro-extractivisme vert en Amérique latine - Alberto Alonso-Fradejas, Arturo Ezquerro-Cañete, Ben M. McKay p. 73 En Amérique latine, le modèle agro-extractiviste, légitimé par des impératifs de croissance verte, a le vent en poupe. Présenté comme réponse au défi climatique, ce virage écomoderniste masque ses contradictions sociales et écologiques sous de peu crédibles certifications « durables » privées. En Bolivie, au Paraguay et au Guatemala, il permet aux oligarchies nationales de maintenir leur pouvoir, en alliance avec le capital transnational.
- Néocolonialisme vert dans le monde arabe - Hamza Hamouchene p. 93 Dans le monde arabe comme ailleurs, les modalités de la transition vers les énergies renouvelables sont surdéterminées par les intérêts des multinationales et les besoins d'approvisionnement des pays du Nord. La majorité des projets reproduisent les dynamiques historiques de dépossession et de pillage des ressources. Voire participent au blanchiment écologique et à la normalisation géopolitique de situations coloniales, notamment en Palestine.
- La croisade européenne pour les métaux de la transition « verte » - Alejandro González , Bart-Jaap Verbeek p. 105 En compétition avec la Chine et les États-Unis, l'Union européenne mène une course mondiale pour garantir son accès aux minéraux critiques, essentiels pour sa transition énergétique. Cette stratégie, basée sur des accords commerciaux asymétriques avec les pays du Sud riches en ressources, favorise l'extractivisme plutôt que la réduction de sa surconsommation, renforçant en cela les dynamiques néocoloniales et les crises socio-environnementales.
- Batteries chinoises en course pour la transition, de l'Indonésie à l'Europe - Agnes Gagyi , Hao Zhang, Mads Barbersgaard, Pietje Vervest, Rachmi Hertanti p. 117 La filière des batteries de véhicules électriques est au cœur d'une compétition entre capitalismes politiques qui redéfinit les alliances entre firmes et États, comme l'illustre le déploiement de la société chinoise CATL en Indonésie. L'analyse des reconfigurations des chaînes d'approvisionnement transnationales est cruciale pour les organisations mobilisant les groupes affectés par le boom de l'activité minière liée à la transition énergétique.
- L'agenda politique de l'agro-extractivisme vert en Amérique latine - Alberto Alonso-Fradejas, Arturo Ezquerro-Cañete, Ben M. McKay p. 73
Démasquer la compensation carbone
- Compensation carbone par les arbres en Afrique, Amérique latine et Asie - World Rainforest Movement p. 133 L'expansion des plantations d'arbres destinées à compenser les émissions carbone des grands pollueurs est en cours. Elle s'opère essentiellement dans le Sud global, affectant souvent des populations dépossédées de leurs terres. Elle profite avant tout aux entreprises privées et publiques qui les financent ou qui monnaient les « crédits carbone » produits, en dépit de la fiabilité et de l'effectivité contestées des réductions d'émissions annoncées.
- Les marchés du carbone, une nouvelle ruée sur les terres africaines - Thelma Arko p. 153 Présenté comme une solution à la crise climatique, le marché international du carbone permet aux pays et aux multinationales du Nord de délocaliser leurs responsabilités environnementales vers les pays du Sud global. En Afrique en particulier, les projets de compensation carbone contribuent au phénomène d'accaparement des terres, à la privatisation des biens communs et aux conflits fonciers, au détriment des communautés locales les plus faibles.
- Face aux abus de l'industrie du carbone au Brésil - Aintzane Márquez, Daniel Porcel, Joanna Cabello p. 161 Hôte de la prochaine COP climat, le Brésil est aussi terre d'accueil pour l'industrie de la compensation carbone. En particulier l'Amazonie, où ont été lancés de nombreux projets REDD+. Sans même atténuer la crise climatique, ces initiatives affectent les droits des communautés locales et des peuples indigènes. Les décisions juridiques favorables à l'égard de ces derniers encouragent à renforcer les luttes contre l'« accaparement carbone ».
- Compensation carbone par les arbres en Afrique, Amérique latine et Asie - World Rainforest Movement p. 133