Contenu du sommaire

Revue La Revue de l'IRES Mir@bel
Numéro no 114, 2024/3
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Pages de début - p. 2-3 accès libre
  • Pourquoi continuer à exercer un travail pénible et déconsidéré ? Le cas des travailleuses d'Ehpad - Marion Plault, Jingyue Xing-Bongioanni p. 5-33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les emplois en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) conjuguent de nombreux facteurs défavorables : des conditions de travail pénibles physiquement et psychologiquement, des rémunérations souvent faibles et une image négative. Alors que la majorité des travaux scientifiques sur le sujet étudient les difficultés de recrutement de personnel soignant, cet article propose un autre angle d'analyse en posant la question suivante : pourquoi les travailleuses d'Ehpad acceptent-elle de rester dans le secteur ?
    The employment conditions for nursing home staff are characterised by a number of unfavourable factors, including physically and psychologically demanding working conditions, low wages and a negative public perception. While the majority of scientific studies on the subject focus on difficulties in recruiting care staff, this article puts forward an alternative analytical perspective by addressing the following question: What factors influence the decision of female nursing home workers to remain in the sector?
  • « Au-delà de nos fonctions » : l'accompagnement socio-éducatif des petites mains de l'Éducation nationale sur un territoire paupérisé - Maeva Durand p. 35-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article s'intéresse aux expériences salariées et relationnelles des « petites mains » de l'Éducation nationale, à savoir les agents subalternes du travail éducatif que sont les accompagnantes d'élèves en situation de handicap (AESH) et les assistantes d'éducation (AED), deux catégories fortement genrées et précaires. Les tensions professionnelles que connaissent ces agentes renseignent sur les ambivalences socio-territoriales auxquelles l'institution scolaire est confrontée. L'Éducation nationale parvient à tirer profit d'un travail de care, c'est-à-dire d'un investissement émotionnel et gratuit des salariées qui multiplient les prises en charge censées compenser le manque de personnel scolaire et d'autres dispositifs d'accompagnement social à l'échelle locale. L'étude de deux collèges en réseau prioritaire, dans une petite commune et en milieu urbain, montre comment le travail relationnel permet de couvrir les défaillances institutionnelles au sein d'un territoire paupérisé.
    This article looks at the experiences, in terms of wages and employer relations, of the « dogsbodies » of the Department for Education, the menial functionaries of the education sector assisting disabled pupils (AESH), as well as educational assistants (AED), two heavily gendered and precarious groups. The professional tensions faced by these agents are indicative of the socio-territorial ambiguities faced by the educational establishment. The Department for Education are managing to take advantage of « care » work, in other words the free emotional investment of workers taking on more and more duties as a way of compensating for the lack of academic staff and other social assistance systems at a local level. A study of two middle schools in high-priority catchments, in a small town and an urban setting, show how interpersonal work allows deficiencies to be covered up in an impoverished area.
  • Devenir « permanent » : rupture et continuité des filières d'accès à la professionnalisation syndicale - Maxime Lescurieux p. 63-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À partir d'une enquête sur les carrières syndicales à la CFDT, l'article met en lumière l'existence de deux filières d'accès à l'espace des permanents. La première filière est empruntée par des personnes relativement plus jeunes et diplômées qui entament une carrière syndicale « par le haut » de l'organisation. Si cette filière est facilitée par des mesures d'égalité, notamment entre les femmes et les hommes, des inégalités de genre subsistent en particulier dans l'articulation des temps de vie. Les femmes accèdent certes plus rapidement à l'espace, mais leur durée en poste reste incertaine relativement aux hommes. La seconde filière se caractérise quant à elle par un accès « par le bas » de l'organisation. Elle est sur-représentée par les militants plus âgés et davantage issus des classes populaires. La mobilité géographique est déterminante, mais discriminante selon le genre.
    On the basis of a study carried out into union careers at the CFDT, this article sheds light on the existence of two access routes into the sphere of professional union organisers. The first tends to be taken by the relatively young and highly educated, giving rise to a union career starting at the top of the organisation. While this pathway is facilitated by equality measures, in particular between men and women, gender inequalities remain, particularly where longevity in post is concerned. Women certainly gain entry to the sphere more rapidly, but their longevity in post remains uncertain when compared with men. The second pathway is characterised more by starting at the bottom of the organisation. Older and working-class activists are over-represented in this pathway. The ability to relocate is a determining factor, but a discriminatory one in terms of gender.
  • Voter aux élections sociales et professionnelles en Belgique et en France : des ressorts communs ? - Tristan Haute, Timoté Hébert p. 91-115 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Alors que la Belgique et la France se distinguent par des systèmes de relations professionnelles très différents, cet article démontre pourtant une certaine proximité en matière d'élections sociales et professionnelles qui, principalement tenues au sein des entreprises, déterminent pour partie les droits et moyens institutionnels des syndicats. En effet, les données de deux enquêtes post-électorales réalisées en Belgique en 2014 et en France en 2024 montrent que les possibilités de participation des salarié·es sont principalement contraintes par les caractéristiques de leur entreprise. En revanche, les caractéristiques sociales, voire politiques, des salarié·es ont un rôle bien plus structurant en matière de participation effective et de choix de vote. Cet article éclaire dès lors le recul de la participation électorale des salarié·es observée dans de nombreux pays, tout en insistant sur la nécessité de ne pas analyser les scrutins professionnels comme des scrutins politiques.
    While Belgium and France are distinguished by very different industrial relations systems, this article highlights some similarities with respect to social and professional elections, which, mainly held within companies, partially determine the rights and organisational funding of unions. Indeed, the data from two post-election studies carried out in Belgium in 2014 and in France in 2024 show that employees' participation is largely restricted by the characteristics of their workplace. However the social, and even political, characteristics of the employees play much more of a structuring role as regards effective participation and voting choices. This article sheds light on the electoral participation of employees observed in numerous countries, while underlining the need to avoid analysing professional ballots in the same way as political ballots.
// //