Contenu du sommaire : Concurrence imparfaite

Concurrence en prix et équilibres cournotiens Contrairement à une croyance répandue, les choix stratégiques décrits dans le modèle cournotien ne sont pas restreints aux quantités. Seulement, les choix de prix sont contraints par le fait que « le prix est nécessairement le même » pour les producteurs d'un bien homogène. Les auteurs modélisent cette idée en introduisant un schéma de prix P associant un prix uniforme de marché aux prix affichés par les producteurs. Ils définissent ensuite un P-équilibre (en quantités et prix), associé à un tel schéma ; cet équilibre conduit au même résultat que l'équilibre de Cournot, dès lors que le schéma est suffisamment manipulable. Ils discutent également les pratiques commerciales qui peuvent sous-tendre certains de ces schémas. Le concept de P-équilibre est ensuite étendu au cas de produits multiples ou différenciés, ce qui généralise à la fois les équilibres de Cournot et Chamberlin. La question du choix des quantités ou des prix comme variables stratégiques est reprise dans ce contexte. Enfin, les auteurs' montrent, dans le cadre d'un modèle spatial de différenciation horizontale du produit, que le concept de P-équilibre permet, pour un choix approprié du schéma P, de répondre à la question d'existence qui guette équilibres en prix et équilibres en quantités dès que la différenciation est trop faible.

Cournot et Bertrand peuvent coexister Cet article propose une approche générale justifiant la possibilité de voir coexister, sur un même marché à produits homogènes, des oligopoleurs de type Bertrand et Cournot. Le modèle développé est un modèle de jeu à deux étapes dans lequel les entreprises fixent les prix en première période et le consommateur représentatif décide les quantités en seconde période. Une telle coexistence apparaît parce que le comportement du consommateur présente certains traits de rationalité limitée ; on montre comment ce phénomène consolide la stabilité du marché et renforce les barrières à l'entrée.

Équilibres de Cournot-Wakas dans une économie d'échange Nous introduisons la notion d'équilibre Cournot-Walras pour une économie d'échange. Sur base d'un exemple, nous étudions en premier lieu la relation entre la notion d'équilibre « à la Cournot » proposée par Shapley et Shubik et l'équilibre de Cournot-Walras, tout en démontrant qu'ils coïncident asymptotiquement. Ensuite, nous démontrons, par le même exemple, que l'équilibre de Cournot-Walras converge par « replication » vers l'équilibre walrasien.

Duopole de Bertrand. Asymétrie d'information et bien-être collectif Cet article étudie la concurrence en prix dans un duopole lorsque les deux entreprises ont une information privée sur leur coût marginal. La solution en deux étapes consistant à dissocier la mise en concurrence par les prix de la détermination de la quantité échangée est comparée avec une politique optimale maxi­misant le surplus collectif compte tenu de la demande. Il est démontré que le mécanisme en deux étapes implique un bien-être collectif inférieur à celui que réalise un mécanisme en une étape définissant un transfert monétaire global et la quantité simultanément.

Concurrence spatiale et distorsions de localisation en information incomplète La théorie de la concurrence spatiale est essentiellement une théorie de la concurrence en information complète. On se propose de procéder à un premier examen des conséquences d'asymétries d'information sur la localisation des firmes. On considère un duopole dans lequel la concurrence se déroule en deux phases. Au cours d'une première étape, une première firme dont le coût n'est pas connu de la seconde mais qui connaît le coût de cette dernière, choisit sa localisation sur un segment de droite. Cette localisation est observée par la seconde firme qui détermine ensuite sa propre localisation sur le même segment. Au cours d'une seconde phase, les firmes se font concurrence en prix. La localisation de la première firme peut donc servir de signal sur son coût. La notion d'équilibre pertinent pour ce type de jeu est l'équilibre bayésien parfait. Comme c'est souvent le cas dans les jeux de signaux, il existe une infinité de tels équilibres. Dans tous ces équilibres, en général, les localisations sont différentes des localisations d'information complète. On raffine l'ensemble de ces équilibres par le critère intuitif de Kreps, qui se révèle insuffisant, puis par le critère D1. On montre que l'application du critère D1 permet de sélectionner un équilibre unique. Le fait que l'espace des signaux soit limité au segment des localisations possibles implique que, contrairement à beaucoup de jeux de signaux, l'équilibre robuste à D1 n'est pas toujours un équilibre séparateur mais peut-être un équilibre mélangeant.

Information asymétrique et principes d'induction Le principe d'induction vers l'amont, qui consiste à déduire des actions optimales futures les actions optimales présentes, est un principe bien connu en théorie des jeux. Ce principe est toutefois en contradiction avec la flèche du temps et ne permet pas une réelle transmission d'informations dans le déroulement effectif du jeu. Aussi s'intéresse-t-on, dans cet article, au principe moins connu d'induction vers l'aval, qui exige qu'un acteur infère des actions passées toutes les informations qu'elles sont susceptibles de transmettre sur le déroulement ultérieur du jeu. On illustre notamment l'importance de l'impact potentiel de ce principe en économie, en l'appliquant à un modèle avec information asymétrique sur la qualité des produits. L'importance de cet impact et les imperfections des formalisations actuelles de l'induction vers l'aval expliquent, d'autre part, la mise au point d'une nouvelle formalisation de ce concept.

La structure industrielle dans une course au brevet avec coûts fixes et coûts variables Dans cet article, on étudie un modèle de course au brevet qui intègre explicitement des coûts fixes et des coûts variables dans la technologie de R&D. On obtient des résultats qui généralisent les conclusions des modèles de Loury [1979] et de Lee-Wilde [1980]. On met en évidence l'importance de la forme de la technologie de R&D sur la structure industrielle dans une course au brevet. On trouve des cas où la solution naturelle du jeu est une situation d'oligopole (ou de monopole) de R&D, et d'autres cas où un nombre élevé d'entreprises se fait de la concurrence en R&D. On caractérise aussi les configurations des paramètres où la R&D a effectivement lieu. Finalement, on présente un exercice de statique comparative sur l'équilibre de R&D.