Contenu du sommaire
| Revue |
Futuribles |
|---|---|
| Numéro | no 468, septembre-octobre 2025 |
| Texte intégral en ligne | Accès réservé |
- Pages de début - p. 1-2

- Le coût de l'imprévoyance - Hugues de Jouvenel p. 3-4

- Prospective énergie-climat : User sans abuser de scénarios normatifs « zéro émission nette » - Dominique Finon p. 5-24
En juin 2025, une soixantaine de scientifiques ont publié une étude confirmant que l'objectif, recommandé par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) en 2018, d'une limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C d'ici la fin du siècle, par rapport aux niveaux préindustriels, était devenu inatteignable, et que cette hausse de 1,5° C pourrait être atteinte dès la fin de cette décennie1. Cette conclusion résonne avec le propos développé ici par Dominique Finon concernant la façon dont sont élaborés les principaux exercices de prospective énergie-climat depuis quelques années. Comme il l'indique en ouverture de son article, « on est passé d'un monde où on élaborait des scénarios exploratoires de politiques publiques pour les comparer à des scénarios tendanciels, à un monde où on s'intéresse d'abord à des scénarios normatifs de décarbonation rapide », avec en point de mire l'objectif « zéro émission nette de carbone » en 2050. C'est notamment l'évolution qu'a engagée l'Agence internationale de l'énergie (AIE) depuis 2021.Mais d'une part, cette propension à mettre en avant des scénarios normatifs de neutralité carbone se heurte à la réalité (l'objectif est inatteignable à cet horizon), comme le rappelle Dominique Finon en s'appuyant largement sur les analyses de Vaclav Smil, physicien, spécialiste des enjeux de la transition énergétique. D'autre part, elle pervertit l'intérêt des travaux de prospective qui sont censés permettre aux acteurs et décideurs de trouver la voie la plus adaptée ou souhaitable, compte tenu du contexte technique, économique…, qui est le leur, pour atteindre leur objectif — autrement dit s'inscrire dans une démarche plus exploratoire que normative. En somme, qui trop embrasse mal étreint : Dominique Finon constate qu'en affichant des objectifs normatifs trop ambitieux, les prospectives énergie-climat pourraient bien devenir contre-productives. S.D. 1. Forster Piers M. et alii, « Indicators of Global Climate Change 2024: Annual Update of Key Indicators of the State of the Climate System and Human Influence », Earth System Science Data, vol. 17, n° 6, juin 2025, p. 2641-2680. URL : https://essd.copernicus.org/articles/17/2641/2025/. Consulté le 19 juin 2025.In June 2025, some 60 scientists published a study confirming that the aim of limiting global warming to 1.5°C above pre-industrial levels by the end of the century, as recommended in 2018 by the IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change), had become unachievable and that the 1.5° rise might in fact be reached by the end of this decade. That conclusion chimes with the argument developed here by Dominique Finon on the way the main energy/climate foresight exercises have been conducted for some years now. As he points out at the top of his article, “we have moved from a world where exploratory public-policy scenarios were developed so that they could be compared with trend scenarios, to a world where we are mainly interested in normative scenarios of rapid decarbonization” with the aim of achieving ‘net zero carbon emissions' by 2050. This is the path adopted since 2021 by the International Energy Agency (IEA) in particular.However, on the one hand, this proclivity to prefer normative carbon-neutral scenarios runs up against harsh reality (the objective is unattainable within that time horizon), as Dominique Finon reminds us here, drawing largely on studies by the physicist Vaclav Smil, a specialist in energy transition issues. On the other hand, it undermines the aim of foresight exercises, which are supposed to enable actors and decision-makers, given the technical, economic context etc. in which they operate, to find the most suitable or desirable way to achieve their objectives. In other words, the studies are supposed to take an exploratory rather than a normative approach. To sum up, it is sometimes the case, as the saying goes, that ‘less is more'. As Dominique Finon puts it, by embracing over-ambitious normative objectives, ener–gy/climate foresight studies might well become counterproductive. - Le Viêtnam face au changement climatique : Les défis de la décarbonation dans un pays en croissance économique rapide - Hervé Conan, Patrick Criqui, Anaïs Delbosc p. 25-43

- Le backlash écologique qui vient : Réflexions sur les municipales 2026 - Manon Loisel, Nicolas Rio p. 45-54

- Effondrement démographique au Japon, une situation dramatique ? - Seiichi Kitayama p. 55-73
Dans notre précédent numéro, Alain Parant alertait sur la baisse notable de la fécondité française depuis 15 ans qui, si elle se confirme à moyen-long terme, pourrait entraîner un possible déclin démographique du pays1. Pourtant, la France reste très enviée en ce domaine parmi les pays développés, en particulier par le Japon qui voit sa population vieillir et se réduire de plus en plus rapidement. Le sociologue Seiichi Kitayama confirme, dans cet article, les inquiétudes suscitées par la situation démographique du Japon. Après un bref rappel historique du dépeuplement en cours et des conséquences qui en découlent sur le plan socio-économique, il présente les raisons communément avancées, au Japon, pour expliquer la baisse de la fécondité, à commencer par le recul du mariage. Mais, précise-t-il, les commentateurs se trompent en général de débat en pensant qu'inciter (financièrement) les jeunes Japonais au mariage pourrait répondre au problème : la question relève selon lui, avant tout, d'un problème sociétal, voire idéologique, en lien avec les conditions de travail, l'égalité hommes-femmes, la gestion archaïque des unions libres et des naissances hors mariage… Il revient sur ces différents aspects, trop souvent occultés par les gouvernants japonais dans leurs débats visant à lutter contre le déclin démographique du pays, soulignant que rien n'est inéluctable si l'on décide d'activer les bons leviers pour encourager la natalité. S.D. 1. Parant Alain, « La natalité en France : un effondrement mobilisateur ? », Futuribles, n° 467, juillet-août 2025, p. 45-59.In our previous issue, Alain Parant warned about the significant fall in French fertility over the last 15 years which, if it persists over the medium-to-long term, might potentially lead to national demographic decline. Yet France remains very much the envy of the developed nations in this regard, beginning with Japan, where the population is ageing and declining at an ever-faster rate. In this article, the sociologist Seiichi Kitayama confirms the concerns generated by Japan's demographic situation. After a brief historical reminder of the current decline and its socio-economic consequences, he rehearses the reasons commonly advanced in Japan to explain the fall-off in fertility, beginning with the decline of marriage. He points out, however, that the commentators are generally on the wrong lines if they think that (financial) inducements to marry made to young Japanese people could provide an answer. The question, in his view, is primarily of a social—if not, indeed, ideological—order: it has to do with working conditions, gender equality, and the outdated way cohabitation and births outside wedlock etc. are treated. He revisits these various aspects, which are too often left out of account by Japan's rulers in their debates on offsetting the country's demographic decline, emphasizing that nothing is inevitable if the correct levers are pulled to promote a higher birthrate. - En finir avec les déserts médicaux (III) : Pour une politique de santé globale : assurer le parcours de soins - Émilie Bérard, Emmanuel Vigneron p. 75-89

- Produire dans l'espace ? - Auriane Decker, Sébastien Lombard, Patrice Pierrat p. 91-109

Chronique européenne
- Trois scénarios pour le Groenland - Jean-François Drevet p. 111-118

- Trois scénarios pour le Groenland - Jean-François Drevet p. 111-118
Actualités prospectives
- Idées & faits porteurs d'avenir - p. 119-132

- Idées & faits porteurs d'avenir - p. 119-132
Lu, vu, entendu
- Devillers Laurence, L'IA, ange ou démon ? Le nouveau monde de l'invisible, Paris : éditions du Cerf, mars 2025, 288 p. - Grégory Aimar p. 133-136

- Arora Payal, From Pessimism to Promise: Lessons from the Global South on Designing Inclusive Tech, Cambridge, Mass. : MIT (Massachusetts Institute of Technology) Press, septembre 2024, 200 p. - Monique Dagnaud p. 136-139

- Smil Vaclav, 2050. Pourquoi un monde sans carbone est presque impossible, Paris : Arpa, mars 2025, 120 p. - Pierre Papon p. 139-142

- Tonon Clément, Gouverner l'avenir. Retrouver le sens du temps long en politique, Paris : Tallandier, mars 2025, 224 p. - Pierre-Jean Lorens p. 142-144

- Hublin Jean-Jacques, La Tyrannie du cerveau Un nouveau récit de l'évolution humaine, Paris : Robert Laffont, octobre 2024, 320 p. - Jean-Pierre Henry p. 144-146

- Hagimont Steve / Mathis Charles-François (sous la dir. de), La Terre perdue. Une histoire de l'Occident et de la nature, XVIIIe siècle-XXIe siècle, Paris : Tallandier, mars 2025, 448 p. - Jean Haëntjens p. 146-147

- Devillers Laurence, L'IA, ange ou démon ? Le nouveau monde de l'invisible, Paris : éditions du Cerf, mars 2025, 288 p. - Grégory Aimar p. 133-136
- Pages de fin - p. 149-153



