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Cet article s'intéresse aux rapports que les jeunes des quartiers populaires entretiennent avec la politique et l'engagement, à partir d'une double perspective, historique et socio-spatiale. Il s'appuie sur une recherche participative conduite avec cent vingt jeunes pendant quatre années dans dix quartiers populaires de l'Île-de-France. Comme la jeunesse en général, les jeunes des quartiers populaires expriment une méfiance et une distance critique à l'égard de la politique dite « politicienne ». Cependant, leurs relations à la politique s'accompagnent de formes multiples d'engagement. Caractérisée par la prégnance et la conscience diffuse des inégalités et de la discrimination, la socialisation politique de ces jeunes ne se traduit toutefois que peu en dénonciation ou en action politique. Les quartiers populaires subsument les dimensions sociales et raciales des inégalités mais ne socialisent-ils pas plus qu'ils ne politisent ?

La population française vieillit et le nombre de personnes âgées dépendantes augmente. Cet article présente les résultats d'une recherche centrée sur le vieillissement de la population dans les territoires de faibles densités de trois départements : la Lozère, l'Aveyron et la Dordogne. En s'appuyant sur des données qualitatives et quantitatives, l'analyse suggère que le vieillissement de la population ne constitue qu'en creux une opportunité de « revitalisation » dans ces territoires. Parmi les enjeux liés à la prise en charge des personnes âgées dépendantes, certains sont accentués en milieu rural. Les questions de mobilité, d'accès au soin, aux équipements de services ou de logements sont souvent relayées par les acteurs locaux comme essentiellement problématique. Néanmoins, les situations sont contrastées selon l'échelle d'analyse, mais aussi d'un territoire à l'autre. Reste que la prise en charge des plus dépendants demeure perfectible partout. La doctrine de l'État les « confine » chez eux, c'est-à-dire dans des logements majoritairement inadaptés. De leurs côtés, les Ehpad se réinventent, mais pas assez vite au regard des besoins. Entre les deux, il y a peu de solutions innovantes en matière d'habitat et d'urbanisme.

Certains territoires de montagne font face aujourd'hui à un enjeu fort de changement de modèle économique en réponse aux menaces liées au changement climatique. Ce travail, issu d'un projet européen, interroge les questions de transition et de changement de modèle à partir d'une entrée fondée sur la notion de capacités adaptatives héritées des acteurs de ces territoires de montagne. Les habitants des deux territoires analysés – Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) et Ceillac (Hautes-Alpes) – ont pu faire face, dans le passé, à des crises et opérer des adaptations leur permettant de relancer leur développement. Nous identifions tout d'abord ces modèles de développement à partir de six caractéristiques, les comparons dans le temps long et détaillons de manière comparative le modèle d'après-guerre dit de l'or blanc. Les transitions d'un modèle à l'autre ainsi que les crises plus brutales que ces territoires ont traversées, sont identifiées. Nous en déduisons une typologie des capacités adaptatives héritées (actives, affaiblies, oubliées ou à construire) et explorons la potentialité de lever des verrous de changement de modèle sur ces territoires. Ces capacités alimentent un scénario prospectif de basculement vers un modèle plus durable, fondé sur des aménités territoriales revisitées et une vision partagée du développement prenant en compte le lien avec l'environnement (comme écrin) et les formes de gouvernance (co-construction des projets).

Cet article s'intéresse à l'approvisionnement en fruits et légumes à l'île de La Réunion. Il analyse dans un premier temps les tentatives de modernisation de la filière. Dans la deuxième partie la focale se déplace sur les changements sociotechniques liés au tournant écologique, comme l'agriculture biologique. Nous montrons qu'un régime des promesses technoscientifiques encouragé par les autorités tend à s'opposer à un régime des promesses fondé sur l'expérimentation collective, plus endogène et ouvert à d'autres types de publics. Ces dynamiques relèvent de systèmes d'action dont la compatibilité n'est pas toujours assurée. Se pose ainsi l'enjeu de l'organisation de leur coexistence.

Le concept d'ancrage territorial permet de rendre compte de dynamiques collectives visant à répondre à une problématique inédite localisée. Il repose sur l'idée que, dans ce processus, une communauté de destin se crée entre activité et territoire. Cette approche peine toutefois à rendre compte de la nature plurielle des processus collectifs en interaction à l'échelle d'une activité locale donnée et de la façon mouvementée dont cela impacte la qualification de ces ressources. Nous faisons l'hypothèse de la multiplicité des ancrages territoriaux et nous proposons la notion de ressource significative pour analyser les points nodaux au niveau desquels ces ancrages interagissent. Cette proposition a émergé au cours d'une recherche doctorale portant sur l'étude de l'activité ovine laitière en Corse et en Pyrénées-Atlantiques dont l'histoire conflictuelle pousse à interroger les rapports de force en présence et leur évolution dans le temps. Nous analysons la façon dont différentes ressources, laits, ressources fourragères et génétiques, affleurent à travers tensions et conflits et comment elles sont qualifiées et interconnectées dans la valorisation des fromages. L'étude de la cohérence du réseau d'acteurs et de ressources ainsi constitué permet de mettre en avant la coexistence des ancrages multiples et d'analyser la pérennité de l'activité à l'échelle du territoire.