Contenu du sommaire : De l'Europe d'avant-guerre à l'Europe d'aujourd'hui. Regards sur l'Europe de 1939
Revue | Revue économique |
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Numéro | vol. 51, no. 2, 2000 |
Titre du numéro | De l'Europe d'avant-guerre à l'Europe d'aujourd'hui. Regards sur l'Europe de 1939 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- In memoriam, Paul Bairoch (1930-1999) - Patrick Verley p. 179-181
- Introduction - Jean Batou, Jean-Charles Asselain p. 185-193
L'Europe de 1939 au sein de l'économie mondiale
- Les équilibres vitaux : la dépendance alimentaire de l'Europe - Jean-Charles Asselain, Bertrand Blancheton p. 195-212 L'Europe occidentale d'avant-guerre est largement dépendante des importations pour son alimentation de base. C'est à la fois le signe d'une domination mondiale, qui lui a permis d'orienter le développement des réseaux de production et d'échanges agricoles selon ses propres besoins, mais aussi -à la veille de la guerre - un facteur de vulnérabilité, qui conditionne les choix stratégiques des belligérants et qui affectera directement le sort des populations durant le conflit. Le continent, cependant, est loin d'être homogène : à l'Europe industrielle des pays riches s'oppose l'Europe agricole des pays pauvres, où le fort taux d'actifs agricoles s'accompagne en général d'un retard technique et d'un faible niveau de productivité, aussi bien en Europe de l'Est, exportatrice de céréales, qu'en Europe du Sud, tributaire des importations comme l'Europe occidentale. Mais la « troisième révolution agricole », dont la dernière guerre marque le point de départ en Europe, a permis des gains de productivité sans précédent, une inversion du solde céréalier pour de nombreux pays longtemps déficitaires et l'amorce d'un alignement par le haut dans une grande partie de l'Europe. Dans un monde où industrialisation et développement agricole sont toujours plus solidaires, l'Europe de l'Est a vu son retard relatif s'accentuer durant la période communiste : d'où l'incertitude sur sa place dans l'Europe agricole de demain.Agricultural deficiencies and European food dependency Western Europe, before the War, relied on food imports from all other regions to cover its basic consumption needs. Whereas this pattern originated in Europe's domination on world production and international trade networks, it was to make European nations vulnerable in case of war and to constrain their strategical plans; preserving the most vital supplies remained a major challenge for European belligerents during war years. Prewar Europe was also characterized by sharp inequalities between rich industrial nations and poor agricultural nations with a much higher proportion of their workforce in agriculture; but the latter, whether wheat importers in Southern Europe or wheat exporters in Eastern Europe, were definitely below the former in absolute terms for agricultural productivity or yields. The War was the starting point of a "third agricultural revolution", which brought an unprecedently fast advance in agricultural productivity, resulted in a reversal of the agricultural trade balance from negative to positive, and initiated a catching up process throughout a major part of Europe. While agricultural development and industrialization were becoming more and more interdependent, Eastern Europe under the communist rule lagged behind, and the last decade by no means dissipated the uncertainties concerning its position in tomorrow's European agricultural economy. edently fast advance in agricultural productivity, resulted in a reversal of the agricultural trade balance from negative to positive, and initiated a catching up process throughout a major part of Europe. While agricultural development and industrialization were becoming more and more interdependent, Eastern Europe under the communist rule lagged behind, and the last decade by no means dissipated the uncertainties concerning its position in tomorrow's European agricultural economy.
- Les positions industrielles de l'Europe à la veille de la Seconde Guerre Mondiale - Thomas David, Gary Goertz p. 213-227 Cet article fournit des estimations sur les niveaux d'industrialisation dans le monde vers 1937. Ces résultats montrent que la position industrielle de l'Europe à la veille de la seconde guerre mondiale dépend de l'indicateur choisi. Si l'on se réfère à la production manufacturière totale, l'Europe, dans son ensemble, représente la première puissance industrielle dans le monde. Par contre, les niveaux d'industrialisation mettent en évidence le retard de l'Europe sur les États-Unis. Il ressort également de cette contribution que le continent européen n'est pas une entité économique homogène vers 1937. Il existe en effet un écart important entre une Europe industrielle et une Europe agricole. L'écart entre ces deux Europes est en fait beaucoup plus important que celui entre le Vieux Continent et les États-Unis. Finalement, cet article replace les estimations de 1937 dans une perspective longue en s'intéressant à l'évolution de l'industrie européenne après la seconde guerre mondiale.The industrial positions of Europe on the eve of the Second World War This article provides estimates of the level of industrialisation in the world around 1937. The results reveal that the industrial position of Europe on the eve of the Second World War depends on the indicator chosen. If we refer to the total manufacturing production, Europe as a whole represents the first industrial power in the world. However, the levels of industrialisation show that Europe lagged largely behind the United States. This contribution emphasizes also that the European continent was not a homogenous economic entity around 1937. There is indeed an important gap between an "industrial" and an "agricultural" Europe. The gap between the two Europe was in fact much more important than the one between the Old Continent and the United States. Finally, this article replaces these 1937 estimations in the long run by focusing on the evolution of the European industry after the Second World War. an "industrial" and an "agricultural" Europe. The gap between the two Europe was in fact much more important than the one between the Old Continent and the United States. Finally, this article replaces these 1937 estimations in the long run by focusing on the evolution of the European industry after the Second World War.
- L'Europe dans le réseau des échanges mondiaux - Jean Batou, Tobia Schnebli p. 229-244 Le commerce extérieur de l'Europe (sans la Russie) à la veille de la seconde guerre mondiale se distingue par: 1. Un faible dynamisme, en comparaison avec celui de l'Amérique du Nord ou du Japon, en raison notamment de son cloisonnement intérieur ; 2. Une internationalisation sans précédent (37 % de ses exportations sont destinés au reste du monde contre 31,5% en 1910 et moins de 30 % en 1995). Cet article examine la participation de chaque pays au volume global des échanges, mesure l'impact de ce commerce sur les principales économies nationales, évalue la structure par produit des exportations en rapport avec le développement de chaque économie, détermine les avantages comparatifs des différents concurrents et présente en détail la structure géographique des exportations des principales puissances.Europe in the world trade network Before the Second World War, European external trade (Russia excluded) was characterized by: 1. A poor dynamism, in comparison with that of North America or Japan, due notably to its internal fragmentation; 2. A high degree of internationalization (37 % of its exports were destined for the rest of the world against 31,5% in 1910 and less than 30 % in 1995). This paper examines the part of each country in the global volume of trade, measures the impact of this trade on the main national economies, evaluates the structure by product of exports in relation with the level of development of related countries, determines the comparative advantages of the different competitors and presents in detail the geographical structure of exports of the most important powers.
- Les investissements internationaux européens. Réflexions sur la valeur analytique des quantifications - Albert Broder p. 245-256 Le but de l'article consiste à modifier les perspectives de l'étude de l'investissement international au XXe siècle à partir de l'évolution des trois investisseurs majeurs à la veille de la première guerre mondiale : le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne. La première partie essaie de faire le point de la situation des capitaux extérieurs de ces trois puissances au lendemain du conflit et de tenter, dans la limite des données disponibles, de mesurer leur évolution entre les deux guerres et de faire le point en 1938. Une nouvelle époque s'ouvre en 1954 au cours de laquelle la nature de l'investissement international se modifie profondément. À une phase de stagnation au niveau très bas que justifie l'état financier des nations intéressées jusqu'aux années soixante, succèdent une reprise et une accélération du mouvement des capitaux. La nature de ces derniers, la remise en question des industries, l'internationalisation des entreprises et des flux financiers, la véritable révolution dans les technologies financières, l'irruption de nouveaux modes d'investissement à partir des années soixante-dix confirment le caractère obsolète des tentatives de mesure par nation ou de définition des rapports de puissance à partir de quantifications de plus en plus fugaces et éloignées des réalités. La conclusion porte sur la nécessité pour l'historien de revoir ses représentations, de définir de nouvelles problématiques afin de disposer d'instruments conceptuels dynamiques adaptés à une réalité plus que jamais changeante. Ces nouvelles problématiques devant permettre de réappréhender le passé en incluant dans les analyses historiques le caractère international de certains mouvements de capitaux passés, les investissements immatériels (brevets, marques) importants dès les débuts du XXe siècle et de sortir du cadre idéologique étroit tracé par les économistes anglo-saxons de l'entre-deux-guerres et de l'école française des relations internationales.European international investments Some reflections about interwar quantifications and the analytical value of applying traditional methods to the realities of the second half of the twentieth century. The aim of this paper is to offer a modified view about international investment in the XXth century, beginning with the data of the three main investor countries prior to World War I: UK, France and Germany. The first part of the study gives a very global sketch of well known statistics, while showing their limits and technical failures. It gives also some tables stating the inter war evolution and global situation in 1938. The main point is stated in the second part beginning with a survey of the situation of the three countries in 1945-1950, it examines the post 1960 evolution and above all the post 1974 years. The new forms of capital, the internationalisation, freedom and total dematerialization of money markets, the new forms of international investments, their fluidity and instability, the vanishing governments and central banks control and authority, and above all the new patterns of international investments, in relation with the new activities, are depriving of any scientific value the traditional computing, economical or historical methods stated. It suggests a critical reading of the British and US publications from the inter war period onwards and those on the French school of international relations. New questions arise that must be answered with today materials that can only be assembled by newly devised investigation methods. Not only new ways of looking into international investment are a necessity if we want to understand and explain the path the international economy is following, but it will also help to resolve the numerous and often non quantifiable shortcomings of past publications. all the post 1974 years. The new forms of capital, the internationalisation, freedom and total dematerialization of money markets, the new forms of international investments, their fluidity and instability, the vanishing governments and central banks control and authority, and above all the new patterns of international investments, in relation with the new activities, are depriving of any scientific value the traditional computing, economical or historical methods stated. It suggests a critical reading of the British and US publications from the inter war period onwards and those on the French school of international relations. New questions arise that must be answered with today materials that can only be assembled by newly devised investigation methods. Not only new ways of looking into international investment are a necessity if we want to understand and explain the path the international economy is following, but it will also help to resolve the numerous and often non quantifiable shortcomings of past publications.
- L'Europe et le monde colonial. De l'apogée des empires à l'après-décolonisation - Bouda Etemad p. 257-268 La veille de la seconde guerre mondiale correspond à l'apogée des empires. À cette date, les possessions d'outre-mer de l'Europe atteignent, par leur superficie et leur population, des dimensions sans précédent. L'intensité des liens commerciaux entre métropoles et colonies est à son maximum. Les empires occupent les premiers rangs dans les avoirs extérieurs de l'Europe colonisatrice. Mais ces tendances, amorcées depuis le début du XIXe siècle, s'inversent rapidement après la décolonisation. Sans déclencher toutefois de graves crises dans les économies métropolitaines. Aujourd'hui, quarante ans après leur émancipation politique, les ex-colonies d'Asie, d'Afrique et des Caraïbes ont cessé d'être des partenaires commerciaux de choix et des lieux privilégiés de placement de capitaux pour une Europe en voie d'unification. Par ailleurs, les troubles liés à la décolonisation ont obligé la quasi-totalité des Européens de souche, ainsi que les Européens nés dans ces colonies, à les quitter et à se replier sur les métropoles. Par un autre renversement de tendance, le Vieux Continent est devenu une terre d'émigration pour les ex-sujets d'empire.Europe and the colonial world. From the apogee of empires to after decolonization The pre-World War II period corresponds to the apogee of empires. In terms of area and population, Europe's oversea possessions reached then unprecedented dimensions. Trade relations between home countries and their colonies were at their peak. Its empires were colonizing Europe's best foreign assets. Nevertheless these trends, that started since the beginning of the 19th century, reversed rapidly following decolonization, yet without starting serious crises in home countries economies. Nowadays, fourty years after their political emancipation, the former colonies of Asia, Africa and Caribbeans are no longer privileged trade partners and capital investment places for integrating Europe. Furthermore, decolonization-linked tensions led the nearly totality of "ethnic" Europeans and the colony-born Europeans to leave them withdrawing back to home countries. In a reverse trend, the old Continent became emigration land for the former subjects of colonial empires.
- Les équilibres vitaux : la dépendance alimentaire de l'Europe - Jean-Charles Asselain, Bertrand Blancheton p. 195-212
Cloisonnements et disparités
- Les frontières de l'Europe - René Leboutte p. 269-276 Que signifie vraiment le mot « frontières » durant l'entre-deux guerres en Europe ? Barrières, méta-frontières, divisions insurmontables entre des fragments d'Europe. Les frontières divisaient alors non seulement des États-nations, des régimes autoritaires de ceux démocratiques, mais surtout elles devenaient le prétexte d'aggressions, de la construction d'une Nouvelle Europe : le Lebensraum des Nazis. Les frontières devenaient des fronts. Après la seconde guerre mondiale de nouvelles frontières seront tracées dans un esprit plus pacifique. Cependant, l'Europe doit attendre jusqu'en 1989 pour retrouver ses vraies frontières.The borders of Europe What really means the word "borders" in European inter war period ? Barriers, meta-frontiers, insuperable divisions between pieces of Europe. Borders divided not only Nation-States, authoritative regimes and democratic ones, but above all were becoming the pretext for aggressions, for the building of a New Europe : the Nazi's Lebensraum. Borders were becoming front lines. After the Second World War new borders will be laid out in a more pacific spirit. However Europe has to wait until 1989 to find again her real borders.
- Conjoncture et structures monétaires internationales en Europe à la fin des années trente. Dislocation et convergences - Alain Plessis, Olivier Feiertag p. 277-290 La situation monétaire de l'Europe à la fin des années trente est marquée par la disparition des formes de régulation monétaire propres au régime de l'étalon-or. Le cloisonnement en blocs monétaires étanches et l'inconvertibilité généralisée des monnaies en sont les manifestations les plus évidentes. Pourtant, à la veille de la guerre, une mutation profonde des doctrines et des pratiques monétaires est enclenchée qui aboutit à jeter les bases d'un ordre monétaire européen nouveau qui ne trouva à s'établir pleinement qu'au cours de la seconde moitié du XXe siècle.Disrupted monetary relations and converging european policies in the late 1930s The state of monetary relations in Europe in the late 1930s is characterized by the disruption of the type of monetary relations specific to the Gold Standard. The compartmentalization of Europe into monetary blocs and the generalized inconvertibility are the main features. Yet, on the brink of the War, a deep renewal of monetary conceptions had started up and the evolution of the monetary policies throughout Europe clearly foreshadows the new monetary order of the second half of the century.
- Le poids de l'Allemagne et le sursaut britannique - Michel Hau p. 291-302 L'Allemagne est restée, après sa défaite de 1918, la première puissance industrielle européenne et les annexions de 1938 et de 1939 ont renforcé cette prédominance. Mais, en 1939, l'essentiel du déclin relatif de la Grande-Bretagne n'a pas encore eu lieu et celle-ci se sent encore assez forte pour tenter de contrer les ambitions hitlériennes en Europe. Ayant surmonté la crise des années trente, les deux pays ont un potentiel industriel apte à répondre aux exigences d'une guerre moderne. L'Allemagne a un avantage sur le plan des capacités de production et de l'antériorité du réarmement, l'Angleterre détient des atouts sur le plan des approvisionnements, essentiels dans la perspective d'une guerre longue. Mais aucun des deux pays ne peut l'emporter sur l'autre, car la Grande-Bretagne a différé la constitution d'une armée de terre capable de peser sur le théâtre européen et l'Allemagne a remis à plus tard le développement de sa marine. Ni l'une ni l'autre ne se sont encore aperçues qu'elles ne sont plus que des puissances moyennes, en comparaison des États-Unis et de l'URSS.The weight of Germany and the British start Germany stays, after its defeat of 1918, the first european industrial power and the annexations of 1938 and 1939 reinforce its predominance. But, in 1939, most of the relative decline of british economy has not yet occurred and Great Britain believes to be strong enough to face the ambitions of Hitler in Europe. Having overcome the Crisis of the thirties, both countries have an industrial potential answering the requirements of modern war. Germany has an advantage on the field of the production capacity and the precocity of rearming, England on the field of supply, what is essential in a long war. But neither Great Britain nor Germany can overcome, because Great Britain has put off organizing land forces and Germany has put off developing its fleet. Both have not yet realized that they are now middle size powers, in comparison with United States and USSR.
- Southern Europe : from the Periphery to the Center? - Vera Zamagni p. 303-313 L'Europe du Sud : de la périphérie au centre ? L'article compare quatre pays d'Europe du Sud : l'Italie, l'Espagne, le Portugal et la Grèce, et développe trois points principaux : a) parmi les quatre pays, qui se situaient tous loin derrière l'Europe occidentale au XIXe siècle, l'économie italienne se singularise en ce qu'elle est la seule à ne pas avoir vu son retard s'accentuer jusqu'aux années cinquante, parce que son rythme de croissance à long terme n'a pas été sérieusement affecté par les événements politiques ; b) les quatre pays avaient en commun à la fin des années trente leur régime dictatorial et les déséquilibres économiques provoqués par l'orientation autarcique et la priorité aux productions militaires, mais l'économie espagnole était particulièrement affectée au sortir de la guerre civile ; c) les quatre pays ont connu des taux de croissance très élevés après la seconde guerre mondiale et sont maintenant fermement intégrés à l'Union européenne, mais seule l'Italie a effectivement rattrapé le reste de l'Europe occidentale, en raison de son niveau initial plus élevé.The essay is devoted to compare four countries of Southern Europe: Italy, Spain, Portugal and Greece and substantially develops three arguments: a) among the four countries covered, all of which were far behind the Western European countries in the XlXth century, the Italian economy stands out as the only one that did not loose further grounds before the 1950s because no political event curbed its long run growth rate significantly; b) all the four countries were under dictatorship and with an economy twisted towards autarky and military production at the end of the 1930s, but the Spanish one was in special difficulties as a result of civil war; c) all the four countries had very high rates of growth in the post II world war period and are firmly inserted into the EU, but only Italy could effectively catch up with the rest of Western Europe, as a result of her higher starting level.
- The Failure of Economic Nationalism. Central and Eastern Europe Before World War II - Ivan T. Berend p. 315-322 L'échec du nationalisme économique : l'europe centrale et orientale avant la seconde guerre mondiale L'Europe centrale et orientale avait connu, avant 1914, l'échec de son effort d'industrialisation fondé sur l'exportation. Après la guerre, les pays de la région, dont la plupart venaient d'accéder à l'indépendance, se tournèrent vers le nationalisme économique. Le protectionnisme, associé à une politique ultra-interventionniste de l'État, permit de faire progresser la substitution aux importations, mais la croissance rapide se limitait aux industries de biens de consommation. L'autosuffisance était impossible, et la région devint partie intégrante du Grossraumwirtschaft hitlérien, puis de l'économie de guerre nazie durant les années 1930 et 1940. Une fois encore, l'industrialisation avait échoué : l'écart entre l'Est et l'Ouest demeurait toujours aussi grand.The export-led industrialization effort in pre-World War I Central and Eastern Europe failed. After the War the (mostly newly independent) countries of the region turned toward economic nationalism. Protectionism and aggressive state intervention helped import-substitution but led the rapid development only in consumer good industries. Self-sufficiency was impossible and the region became a part of Hitler's "Grossraumwirtschaft", then Nazi war economy during the 1930s and 1940s. Industrialization, again, failed and the gap between West and East remained as large as before.
- Les inégalités. Une ou deux Europes ? - Jean Batou p. 323-334 À la veille de la seconde guerre mondiale, l'Europe sans la Russie compte vingt-deux États de plus de 2,5 millions d'habitants. Pourtant, ce continent de près de 400 millions d'habitants répartis sur 5 millions de kilomètres carrés comporte deux grands ensembles aux structures socio-économiques très contrastées. D'un côté, une Europe industrielle, riche, moderne et dominante ; de l'autre, une Europe agricole, pauvre, archaïque et dominée. Cet article vise à comparer les formes et les dynamiques économiques et sociales des deux systèmes en présence en rapprochant successivement leurs mécanismes de production et de reproduction, leurs équilibres métaboliques, ainsi que les flux qui régissent leurs échanges internes et leurs relations avec l'extérieur.Inequalities. One or two Europes? At the end of the Thirties, Europe (without Russia) numbered twenty-two states of more than 2.5 million inhabitants. However, this continent of almost 400 million souls, living on 5 million square kilometers, was divided into two main parts with very divergent socioeconomic structures. On one side, an industrial Europe, rich, modern, and dominating; on the other side, an agricultural Europe, poor, archaic and dominated. This paper aims at comparing forms and socioeconomic dynamics of both systems, by taking into account their mechanisms of production and reproduction, their metabolic equilibriums, as well as the flows that rule their internal exchanges and their external relations.
- Les frontières de l'Europe - René Leboutte p. 269-276
Vers une identité sociale européenne ?
- Les entrepreneurs européens à la fin des années trente - Michel Lescure p. 335-351 L'article souligne le rôle des entrepreneurs propriétaires en Europe et tente d'en analyser les causes et les conséquences. Il montre que ce type de patronat était bien adapté à la taille et à l'organisation des firmes et qu'il ne peut être tenu pour responsable des mauvaises performances de nombreux pays pendant l'entre-deux-guerres.European entrepreneurs in the late 1930s The article emphasizes the role of owner-managers in most of the European countries and it tries to underline the reasons for and the consequences of this prominent position. It shows that proprietary management was relevant to the size and the structure of the firms and that owners-managers cannot be considered as responsible for the poor economic performances experienced by several European countries in the interwar period.
- Emploi et relations professionnelles à la fin des années trente - Catherine Omnès p. 353-369 Cet article présente les caractéristiques du marché du travail et de l'emploi à la fin des années trente en Europe. Il montre que, dans le cadre d'une relative stagnation des ressources de travail et d'un sous-emploi chronique, les métamorphoses de la société salariale d'après-guerre étaient déjà en germe dans l'ensemble des pays européens en 1939 et que les modèles nationaux du rapport salarial étaient bien enracinés au point de résister partiellement aux entreprises de pacification sociale autoritaire des régimes totalitaires. Ainsi, de part et d'autre de la guerre, convergence des évolutions et profils nationaux coexistent et freinent l'émergence d'une identité sociale européenne.Employment and labour relations in the late 1930s This article studies the main features of the labor market and the employement in Europe in the end of the 1930's. It shows that the mutation of the salaried society which expands after 1945 were beginning to take root in the inter war period; the national patterns were also already present and they held out against the authauritarian new order set up in Germany. In spite of some degree of convergence in the evolution, these national patterns curbed the emergence of a European social identity.
- Naissance de l'Etat providence - Pierre Guillaume p. 371-384 À des degrés divers, l'État, dans tous les pays industrialisés européens, a mis en place, depuis la fin du XIXe siècle, un certain nombre de mesures de protection sociale. En 1938, ce sont les pays totalitaires, Italie, Allemagne, URSS, qui affirment, par leur propagande, l'existence des éventails de mesures les plus larges. Cette propagande, accompagnée d'indéniables réalisations, joue un grand rôle dans la large adhésion des populations à ces régimes. Dans les démocraties, l'émergence de l'État providence se heurte à la résistance de tous ceux qui se réclament de la conception libérale traditionnelle d'un État non interventionniste. Les États Scandinaves n'en élaborent pas moins une législation fort complète. Dans l'entre-deux-guerres, la Grande-Bretagne n'applique que très imparfaitement des mesures votées dès avant 1914. En France, la dérive populationniste est réaction nationaliste à la montée des totalitarismes.The origins of the welfare state From the end of 19th century, in every industrial country of Europe, states have taken mesures of social protection, of variable importance. On 1938, the propagande of totalitarian governments of Italy, Germany and USSR allege the largest choice of mesures, with somme real effects. These effects are a major explanation of large adhesion of populations to the regimes. In democratic countries, all peoples attached to the traditional conception of liberal and non-interventionist state struggle against the emergence of welfare state. Scandinavian nations succeed in adoption of comprehensive legislations. During the inter-wars period, British government meet difficulties in application of mesures adopted before the first world war. In France a populationist and nationalist drift is a reply to the menace of totalitarisms.
- La ville européenne au XXe siècle - Hartmut Kaelble p. 385-400 Cet article aborde l'histoire des villes européennes au XXe siècle selon deux grands axes. D'abord, il retrace le débat qui se développe en Europe, jusque vers la fin des années soixante, sur la ville européenne. Ensuite, il dégage les caractéristiques majeures des cités d'Europe au XXe siècle : la visibilité de l'histoire dans l'espace urbain, les spécificités européennes en ce qui concerne la croissance urbaine, le clivage très marqué entre vie urbaine et vie rurale, les inégalités sociales urbaines, l'utilisation de l'espace dans les centres-villes, et le débat proprement européen sur l'urbanisme et les politiques de planification urbaine.European cities in the 20th century The article on the 20th century European city covers two dimensions: On the one hand it describes briefly the main directions and controversies of the debate on the European city by Europeans which slowly ended around the 1960's. On the other hand it presents the major pecularities of the 20th century European city, the visibility of history in the city, the specific urban growth, the European division between urban and rural culture, the European urban inequalities, the European use of urban space especially in the city centres, the European debate about city planning and the European urban planning politics.
- Les entrepreneurs européens à la fin des années trente - Michel Lescure p. 335-351