Contenu du sommaire : Economie des bas revenus
Revue | Revue économique |
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Numéro | vol. 53, no. 6, 2002 |
Titre du numéro | Economie des bas revenus |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Denis Fougère, Yannick L'Horty, Pierre Morin p. 1111-1126
- Temps partiel féminin et incitations financières à l'emploi - Bernard Salanié, Guy Laroque p. 1127-1147 Nous présentons un modèle de la participation féminine, qui prend en compte le temps partiel et l'effet du salaire minimum. Ce modèle est estimé sur les données de l'enquête Emploi de 1997. On l'applique à la comparaison de divers dispositifs d'incitation à l'emploi : l'allocation compensatoire de revenu, l'impôt négatif, les subventions aux bas salaires et la prime pour l'emploi.Female part-time work and financial incentives We present a model of female participation in the labor force, which deals with part time work and the minimum wage. The model is estimated on the French employment survey of 1997. We use it to compare various incentive schemes to work: the "allocation compensatoire de revenu", the negative income tax, subsidies to low wages and the "employment bonus".
- Une analyse de la participation des couples à la force de travail - Philippe Choné p. 1149-1179 Cet article explore les effets sur l'emploi de différentes mesures de politique publique (allocation parentale d'éducation, prime pour l'emploi, allégements de cotisations sociales sur les bas salaires notamment). Les simulations reposent sur un modèle unitaire de participation à la force de travail pour les couples. Ce modèle permet d'endogénéiser les décisions de participation des deux conjoints. L'estimation prend en compte l'inobservabilité des salaires des personnes sans emploi et la censure à gauche due au salaire minimum. Des mesures des élasticités de participation (directes et croisées) par rapport aux ressources nettes du ménage et au coût du travail de chaque conjoint sont présentées.Labor-force participation in households with two adults This paper presents a structural model of labor-force participation for two adults familles. We estimate jointly the participation of both partners, taking into account unobserved wages of nonworkers. Family utility depends on the household net resources in each possible state. The tax-benefit system is modeled as precisely as possible and the left censoring induced by the minimum wage is explicitly taken into account. The results are based upon French cross-section data from 1999 and are illustrated by several policy simulations (e.g. abolishing certain family benefits, modifying income maintenance programs). We provide estimates for elasticities of participation with respect to labor cost.
- Incitations et transitions sur le marché du travail. Une analyse des stratégies d'acceptation et de refus d'emploi - Yannick L'Horty, Thierry Laurent, Patrick Maillé, Jean-François Ouvrard p. 1181-1203 L'objet de l'article est de proposer une méthode permettant d'évaluer, dans un cadre intertemporel, l'ampleur des phénomènes de désincitation à la reprise d'emploi. Un chômeur accepte un emploi si ce dernier rend maximale son espérance de gains, compte tenu des revenus associés à chaque type de situation sur le marché du travail, de ses chances d'évolution d'une situation vers une autre et de son taux de préférence pour le présent. Dans ce cadre général, on montre qu'il peut être « rentable » d'occuper un emploi qui rapporte un revenu inférieur aux revenus de remplacement dont on pourrait bénéficier dans l'assistance. Inversement, on peut avoir intérêt à rester dans le non-emploi et à refuser des emplois immédiatement rémunérateurs. Ces résultats théoriques — illustrés par des simulations numériques — suggèrent que les gains immédiats ne sont pas les plus déterminants dans la décision d'accepter ou non une proposition d'emploi.Incentives and transitions on the labor market: an analysis of acceptation or refusal employment strategies This paper proposes an intertemporal and consistent framework in order to measure the incentives for returning to employment. A job seeker accepts a job which maximizes the sum of his discounted expected incomes, taking into account earnings associated with every job, worker's mobility between jobs and his rate of preference for the present. In this framework, we show that work can pay, even if it does not pay immediately. Inversely, high immediate gain can be compensated by unfavorable perspectives. These theoretical results - illustrated by numerical simulations - show that monetary gain upon return to employment is neither a necessary nor a sufficient condition to explain the existence of a low level of labor force participation originated in incentive problems. preference for the present. In this framework, we show that work can pay, even if it does not pay immediately. Inversely, high immediate gain can be compensated by unfavorable perspectives. These theoretical results - illustrated by numerical simulations - show that monetary gain upon return to employment is neither a necessary nor a sufficient condition to explain the existence of a low level of labor force participation originated in incentive problems.
- Mesure des effets redistributifs d'une réforme des minima sociaux à l'aide d'un nouveau critère de dominance - Marc Fleurbaey, Alain Trannoy, Cyrille Hagneré p. 1205-1234 Nous étudions une réforme des minima sociaux généralisant les conditions du cumul avec une activité rémunérée. Plus précisément, il s'agit d'octroyer une allocation dégressive à taux constant en fonction des revenus d'activité du type de l'allocation compensatrice de revenu. La modulation de cette aide en fonction de la taille du ménage et du loyer est explicitée en détail. Plusieurs variantes de la réforme sont analysées et chiffrées par le biais de microsimulations sur l'échantillon français du panel européen. L'impact redistributif de la réforme incluant un volet financement est ensuite étudié à l'aide d'un nouveau critère de dominance bi-dimensionnel (dimensions revenu et taille familiale) introduisant un intervalle d'échelles d'équivalence admissibles. Ce critère se révèle beaucoup plus discriminant que les autres critères mis au point précédemment, où il n'existe implicitement aucune borne aux échelles d'équivalence, et permet de conclure à la supériorité distributive de la réforme, contrairement aux critères existants.Measuring the redistributive impact of a reform of the welfare system with a new dominance criterion This paper examines a reform of the French welfare system. More precisely, it is a question of granting a decreasing benefit according to earned income. The modulation of this benefit according to the family size and the rent is clarified in detail. Several alternatives of the reform are analyzed and quantified by means of microsimulations on the French sample of the European Panel. The redistributive impact, including financing, is then studied using a new two-dimensional dominance criterion (dimensions income and family size) introducing an interval of acceptable equivalence scales. This criterion allows to conclude to the redistributive interest of the reform whereas the usual criteria, which are based on unbounded equivalence scales, lead to a vague diagnostic.
- Trappe à chômage ou trappe à pauvreté. Quel est le sort des allocataires du RMI ? - Danièle Guillemot, Patrick Pétour, Hélène Zajdela p. 1235-1252 À partir des résultats de l'enquête sur le devenir des allocataires du RMI, cette étude a pour but d'évaluer la pertinence empirique des analyses en termes de trappe à chômage, selon lesquelles les allocataires du RMI pourraient être, pour des raisons financières, désincités à accepter un emploi. La trappe à chômage fonctionne peu dans le cas des allocataires du RMI. Tout d'abord, les chômeurs au RMI sont très actifs dans leur recherche d'emploi et refusent rarement un emploi et encore plus rarement pour des raisons financières. Ils sont en revanche confrontés à une insuffisance de la demande de travail. Ensuite, environ un tiers des allocataires, ayant (re)pris un emploi, n'y trouvent aucun gain financier significatif. Bien qu'ils acceptent des emplois sans gain financier, ils en retirent pour la plupart un mieux-être. Le danger, pour les allocataires du RMI, est moins la trappe à chômage que la trappe à pauvreté, parce qu'ils occupent pour la plupart de « mauvais emplois » et restent très souvent confinés dans un secteur secondaire, sans transition ou presque vers un secteur primaire composé de « bons emplois ».Unemployment trap, poverty trap and RMI's recipients On the basis of the results of the INSEE survey about recipients of the RMI, we aim to evaluate the empirical relevance of analyses based on the notion of the unemployment trap, according to which recipients of the RMI suffer financial disincentives to work. The unemployment trap does not function very much for recipients of the RMI. First, recipients who are unemployed are very active in job searching and rarely refuse a job and even more rarely for financial reasons. They are more likely to face a shortage of labour demand. Secondly, about one out of three recipients who have accepted a job, do so with no financial advantage. For most of them, however, employment provides enhanced well-being. The risk for RMI recipients is more that of falling into a poverty trap than into an unemployment trap. Indeed, they most often have "poor quality jobs" and remain confined to a secondary sector, with a very low probability of migration towards a primary sector composed of "high quality jobs". often have "poor quality jobs" and remain confined to a secondary sector, with a very low probability of migration towards a primary sector composed of "high quality jobs".
- Risque de pauvreté et marché du travail au cours des années 1990 - Gérard Forgeot p. 1253-1271 On ne dispose pas, actuellement en France, d'un suivi statistique annuel de la pauvreté, qui nécessite de combiner des informations sur les revenus individuels, et au niveau du ménage d'appartenance. Une manière de pallier ce manque d'information consiste à calculer un risque individuel de pauvreté à partir de l'enquête Revenus fiscaux, puis de catégoriser la population selon ce risque, afin de pouvoir le suivre dans le temps à partir des enquêtes annuelles sur l'emploi. Sans se substituer à une mesure directe de la pauvreté, l'indicateur ainsi élaboré permet un suivi annuel du risque de pauvreté depuis 1990. Il tend à se réduire sur la période récente pour les actifs occupés et les inactifs, après avoir augmenté au début de la décennie. Cette évolution favorable est moins nette pour les personnes durablement ancrées dans le chômage.Poverty risk and labor market conditions during the nineties The number of households under the poverty threshold is not avalaible on an annual basis in France, because it is necessary to combine information on individual as well as household incomes to compute it. A way to remedy this lack of information consists first in calculating an individual risk of poverty on the fiscal income survey, and to classify the population according to this risk. It is then possible to follow those different categories on the annual labor survey. This method is not a substitute for a direct computing of the poverty rate, but it allows to analyse the evolution of the poverty risk since 1990. This risk recently tends to decrease both for the people at work and for those out of the labor market, after an increase in the beginning of the nineties. This favourable outcome cannot be observed for people on long term unemployment.
- Durée des contrats et indemnisation du chômage. Une analyse quantitative du dualisme du marché du travail français - Laurence Rioux, Javier Ortega p. 1273-1303 L'interaction entre l'indemnisation du chômage et la durée des contrats est analysée dans le cadre d'un modèle d'appariement. Les chômeurs après un emploi en CDI ont droit à une longue période d'indemnisation par l'assurance. Les chômeurs après un emploi temporaire sont peu ou pas indemnisés. Or les premiers reçoivent des offres d'emploi en CDI et CDD, alors que les seconds ne trouvent que des CDD. Les variables du modèle sont estimées à partir du Panel européen, puis des réformes de l'indemnisation du chômage et de la législation sur les contrats temporaires sont simulées. Des allocations chômage (d'assurance ou d'assistance) plus généreuses accroissent faiblement le taux de chômage et le bien-être social. Allonger la durée légale des CDD ou accroître leur taux de transformation en CDI réduit fortement le taux de chômage et améliore le bien-être de tous.Duration of contracts and unemployment compensation: a quantitative analysis of the dualism of the french labor market The interplay between unemployment compensation and the duration of contracts is analysed in a matching framework. The unemployed after a permanent job are entitled to a long period of unemployment Insurance (UI). The unemployed after a temporary job are not eligible for UI. The former receive offers for permanent and temporary jobs while the latter find only temporary jobs. The variables of the model are estimated using the European Panel. Then some reforms of the unemployment compensation system and of the temporary contracts' legislation are simulated. More generous insurance or assistance benefits slightly raise the unemployment rate and the social welfare. Increasing the legal duration of temporary contracts or their transformation rate in permanent contracts strongly decreases the rate of unemployment and improves the welfare of all the individuals.
- Faut-il inciter l'offre ou la demande de travail peu qualifié? - Pierre Cahuc, Etienne Lehmann p. 1305-1327 Nous comparons les conséquences de politiques de réduction des charges patronales sur les bas salaires et de politiques d'incitation au travail, du type prime pour l'emploi, dans un modèle dynamique où le chômage frictionne! et les comportements de recherche d'emploi sont explicitement pris en compte, contrairement aux approches plus traditionnelles expliquant le chômage dans un cadre statique. Notre approche permet d'appréhender les conséquences de ces politiques sur le taux de chômage, le taux d'emploi et le bien-être. Nos résultats suggèrent que les réductions de charges patronales sont plus efficaces pour réduire le taux de chômage et sa durée, tandis que les incitations au travail ont les effets les plus importants sur le bien-être des chômeurs et sur les taux d'activité.Should financial incentives on low skilled jobs favour labour supply or labour demand ? We use dynamical job search matching framework to compare the effects of two policies targeted on low skilled jobs paid at a the minimum wage : reductions of employers' contributions to social security versus reductions of taxes paid by employees such as the « Prime pour l'Emploi ». Our approach integrates simultaneously job search behaviour and frictional unemployment, contrary to previous literature. This type of model allows us to deal with effects of policies on unemployment rate, employment rate and welfare. Our results suggest that reducing employers contributions has larger effects on unemployment rate and unemployment spell, whereas redducing taxes paid by employees has larger effects on participation rates and welfare.
- La réforme du Welfare américain de 1996. Objectifs, méthodes d'évaluation, principaux résultats - Antoine Parent, Christel Gilles p. 1329-1355 La réforme de l'aide sociale aux États-Unis, fondée sur le retour à l'emploi des femmes seules avec enfants bénéficiaires du TANF, a donné lieu à de multiples évaluations qui ne présentent pas toutes les mêmes garanties de robustesse. Après avoir resitué la réforme fédérale de 1996 dans une perspective historique et présenté ses traits saillants, nous nous livrons à un examen critique des méthodes d'évaluation. Nous présentons les résultats les plus robustes issus de ces méthodes. Dans une conclusion ouverte, nous nous interrogeons sur la portée de ces résultats et soulignons les risques que fait courir cette réforme pour les femmes seules avec enfants dans un contexte économique de moindre croissance.The 1996 us welfare reform : goals, methodologies of evaluation, main outcomes This paper reviews the recent literature evaluating the effectiveness of us Welfare Reforms implemented in the 90's and based on a "Work First" Strategy applied mostly to single mothers beneficiaries of TANF. In the first section, we present in a historical perspective the 1996 Welfare Reform and its major characteristics. We address in the second section, the question of the methodologies adopted in the literature to assess the outcome of the Welfare Reform. In a third section, we present the most robust results provided by these various evaluation studies. Finally, in an open conclusion, we raise the issue of the scope of these results and underline the risks inferred by the Federal Welfare Reform 1996 on Single mothers in a weak macro-economic environment: should economic conditions deteriorate, there is a risk for leaving a fraction of the population without any safety net.
- Quels effets attendre de réformes permettant de cumuler emploi et aide sociale? Une évaluation sur données expérimentales américaines - éric Maurin, Alisa Lewin p. 1357-1368 Quel est l'effet de réserver l'aide sociale aux familles touchées par le chômage ? Dans quelle mesure cela génère-t-il des « trappes à chômage », les personnes privées d'emploi n'ayant pas assez d'incitation à reprendre un travail ? Dans cet article, nous éclairons cette question à l'aide de données expérimentales américaines. Nos résultats sont très différents des principales évaluations économétriques existantes, très éloignés également des hypothèses à l'origine des réformes récentes des dispositifs d'aide sociale dans de nombreux pays occidentaux. Dans notre expérience, les familles du groupe expérimental (à qui l'on permet de cumuler aide sociale et emploi) ne retournent ni plus, ni moins vite au travail que les familles du groupe de contrôle. En revanche, les familles du groupe expérimental persistent davantage dans l'aide sociale : une proportion non négligeable sort en effet du chômage sans sortir de la pauvreté. L'effet des réformes en cours un peu partout dans le monde occidental pourrait être non pas de réduire le chômage, mais d'accroître significativement la proportion de familles aidées et la charge financière de l'aide sociale.What is the work incentive effect of combining welfare with work ? A reassessment using experimental data What are the effects of making it possible to combine welfare with work? The existing literature suggests that this practice has strong work-incentive effects and represents a means for reducing unemployment and welfare dependency. In this paper we reassess this thesis using new us experimental data. Our findings differ from predictions based on survey data. We find that making it possible to combine welfare with work has only very limited incentive impacts on familles' work effort and significantly increases the welfare caseload.
- Table générale de 2002 - p. 1369-1373
- Table alphabétique - p. 1375-1376