Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°64
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 64, 1998 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°64 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
La réduction de la durée du travail
- Utopie pour l'emploi (suite) - Jean-Paul Fitoussi p. 9-16 Introduction et présentation d'un dossier de 150 pages sur la réduction du temps de travail.
- Le temps et l'argent : les 35 heures en douceur - Gérard Cornilleau, Eric Heyer, Xavier Timbeau p. 17-68 Avec le projet de loi sur les 35 heures, le gouvernement a fait du partage du travail l'axe de sa politique de lutte contre le chômage. Pour préparer la baisse de la durée légale du travail le 1er janvier 2000, il a mis en place un système d'aide dont nous avons analysé les effets microéconomiques. Celui-ci autorise les entreprises à bas salaires à accorder une compensation salariale intégrale à leurs salariés à condition qu'elles réalisent le passage aux 35 heures dès l'année 1998. Dans tous les autres cas, la compensation ne peut être que partielle, même si le jeu des embauches nouvelles ou le gel des salaires permettent de limiter le coût des 35 heures pour les salariés. En supposant que les négociations aboutissent à un équilibre qui préserve le niveau des coûts de production des entreprises et que le champ de la réduction du temps de travail reste limité aux salariés des entreprises de plus de vingt salariés du secteur privé, les 35 heures permettraient de créer 450 000 emplois supplémentaires à l'horizon 2000. Il s'agit d'un résultat appréciable si l'on tient compte de ce qu'il pourrait être obtenu sans dégradation de l'équilibre macroéconomique, mais en retrait par rapport à ce qui pourrait résulter d'un partage généralisé du travail et des revenus s'appliquant à l'ensemble des actifs.Towards 35 hours in France. Gérard Comilleau, Eric Heyer, Xavier Timbeau. The decision of the French government to reduce the legal duration of working week to 35 hours, by January 2000, put forward the work-sharing wage-sharing scheme to fight unemployment. The governement's proposal include financial incentives so that low-wage firms can compensate, by an increase of hourly wage rates, the potential reduction in monthly earnings of their employees, without any increase in production costs. In all other situations, firms would only, partially compensate earnings cuts. Though, the effect of lower hiring wages and freeze of insider's wages, would limit the cost for employees. If the results of the negotiations between employers and employees, are such that production costs are not increased by the reduction of hours, and if it applies to the employees of firms with more than 20 employees in the private sector, the « 35 hours policy » could allow an increase in employment of 450 000 at the beginning of 2001. This would be good result, taking into account that it could be achieved without degradation of the macroeconomic equilibrium. But, it's a limited result compared with the one who could be reached with more extended work-sharing wage-sharing process, applying to the whole economy, which would have much more significant impact on employment.
- Fondements microéconomiques de la durée du travail et politiques de réduction - Simon Cueva, Eric Heyer, Dominique Taddéi p. 69-95 Si la plupart des économistes s'accordent à penser qu'une baisse de la durée effective du travail serait favorable pour l'emploi, ils sont par contre très divisés sur les modalités les plus propices à une réduction effective, et s'opposent en particulier sur les effets d'une baisse de la durée légale. Nous tentons ici de clarifier le débat en traitant du comportement microéconomique de fixation des horaires de travail par les entreprises et de ses conséquences du point de vue des politiques de réductions du temps de travail destinées à créer des emplois. Ce travail fait d'abord ressortir le rôle stratégique de la durée moyenne de référence dans le comportement de long terme des entreprises : au-delà de la durée légale hebdomadaire, la prise en compte des conventions collectives de branches et de l'intensité du travail en continu paraît nécessaire. Quand, ensuite, on confronte la durée de référence à cette durée effective moyenne, on ne peut manquer d'être surpris par la très forte concentration de la seconde autour de la première. Ainsi apparaît le rôle structurant de la durée de référence (et donc des régulations collectives), ce qui a une très grande importance dans le choix des modalités d'une politique de réduction du temps de travail.Microeconomic foundations of working time and reduction policies. Simon Cueva, Eric Heyer, Dominique Taddéi. For most economists decline in the real working time should increase employment. They are nonetheless divided on the most appropriate means leading to an effective reduction, and they oppose especially on the effects of decline in the legal working time. We attempt to clarify this debate, dealing with the microeconomic behavior of the setting of working time and with its consequences when working time reduction policies are aimed at increasing employment are concerned. First, our studie sheds light on the strategic role of the average reference time over the behavior of the firm in the long term: beyond the weekly legal working time, it is necessary to take branches' collective agreements and the intensity of work into account. When they confront the legal working time to this average effective working time, we are surprised by the very strong concentration of the second around the first. The structuring role of the legal working time (and therefore of collective regulations) thus appears : this has a very large importance in the choice of working time reduction policy. legal working time to this average effective working time, we are surprised by the very strong concentration of the second around the first. The structuring role of the legal working time (and therefore of collective regulations) thus appears : this has a very large importance in the choice of working time reduction policy.
- Les Pays-Bas : une société à flexibilité limitée - Catherine Bruno, Valérie Chauvin p. 97-127 Depuis 1983, les Pays-Bas ont réalisé en matière d'emploi et de chômage de bonnes performances par rapport aux autres pays européens. De profondes mutations ont eu lieu au cours des quinze dernières années sur le marché du travail : développement du temps partiel, modération salariale et réduction du temps de travail. Parmi ces évolutions, la baisse du coût du travail semble importante. Elle a permis de réaliser des gains de compétitivité en suivant une politique de désinflation compétitive très stricte. Le commerce extérieur a ainsi tiré la croissance. Par ailleurs, la réduction de la durée du travail et le ralentissement de la productivité horaire du travail ont permis d'augmenter le contenu en emplois de la croissance. La baisse du taux de chômage a été réalisée malgré une croissance de la population active, qui provient de l'évolution démographique mais aussi des restrictions de politique de l'emploi. Toutefois, celle-ci reste généreuse : les indemnités chômage sont élevées et le statut d'invalide, mieux indemnisé encore que le chômage, accueille 10 % de la population. Ainsi, les réformes entreprises aux Pays-Bas sont allées dans le sens d'une plus grande souplesse du fonctionnement du marché du travail. Toutefois, ce surcroît de flexibilité s'accompagne d'une volonté des pouvoirs publics de maintenir la cohésion sociale et les acquis des salariés.The Netherlands flexibility under control. Catherine Bruno, Valérie Chauvin. Many of the other European countries envy the Dutch economic performance, especially in the field of employment : employment grew by about 20% from 1982 to 1996 and the unemployment rate has been cut by half from 1982 to 1996. Twenty years ago, economists were discussing about the Dutch disease. Now, they talk about the Dutch miracle. Over the last fifteen years, deep changes happened on the Dutch labor market : part-time jobs developed, wage increases were moderate and the labor time was reduced. The reduction of labor costs seems to be the most important change. Indeed, it improved the Dutch competitiveness, so that foreign trade could boost growth. Moreover, the same rate of growth would have led to more employment than the past thanks to labor time reduction and hourly productivity slowdown. The unemployment rate has been reduced despite the growth of labor force which stems from demographic factors but also from labor market policy changes. Nevertheless, labor market policy is still generous unemployment allowances are high and disabled persons, whose allowances are even higher, represent 10% of total labor force in 1996. So, the Dutch labor market is more flexible since 1982 but the government controls this flexibility in maintaining workers' advantages and social unity bet ween employers and employees.
- Durée du travail, boucle prix-salaire et taux de chômage d'équilibre - Gilbert Cette p. 129-146 Cette étude se propose d'apporter quelques éléments au débat théorique concernant l'impact d'un scénario général de réduction du temps de travail (RTT) sur le taux de chômage d'équilibre de long terme implicite aux boucles prix-salaire des grands modèles macroéconomiques français. Cette analyse vise donc à expliciter pour quelles spécifications de la boucle prix-salaire un scénario de RTT peut modifier le taux de chômage d'équilibre de long terme, mais aussi l'influence de chacune des composantes du scénario sur la modification (quand elle existe). A cette fin, les boucles prix-salaire retenues s'inspirent de celles adoptées par les principaux modèles macroéconomiques neo-keynésiens couramment utilisés en France pour des évaluations de politiques économiques. Il ressort de l'analyse que l'impact d'un scénario de RTT sur le taux de chômage d'équilibre (quand il existe) n'est pas nécessairement favorable : en toute généralité, il peut être positif ou négatif. Les composantes du scénario de RTT doivent respecter certaines contraintes pour que le taux de chômage d'équilibre soit abaissé. Il y aura baisse du taux de chômage d'équilibre si les gains de productivité horaires induits par la RTT permettent de financer les augmentations de coûts liés à la RTT, et correspondants aux coûts fixes par travailleur, et à l'augmentation du revenu salarial horaire associée à la RTT. On retrouve ici un résultat assez trivial : un scénario de RTT abaisse le niveau du taux de chômage d'équilibre s'il n'augmente pas les coûts de production de l'entreprise. Dans le cas contraire, il peut élever le taux de chômage d'équilibre.Work duration wage-price spiral and equilibrium unemployment rate. Gilbert Cette. This paper assess the general reduction of work duration conse quences (RWD) on the long run equilibrium unemployment rate. Our framework is the price-wage spirals which are included in the big macroeconomic models of the French economy. We point out the fea- tures of the price-wage spiral which allow for RWD scenario to affect the long-run equilibrium unemployment rate. When such effect takes place, we analyze each component influences'. We use the wage price spirals included in the main Keynesian macroeconomic models which are conventionally used in France to make an assessment of economic policies. If there is any impact on the equilibrium unemployment rate, we reach the conclusion that it is not necessarily positive. In fact, it can be either negative. In order to push down the equilibrium unemployment rate, the components of the RWD scenario must fulfill some conditions : the productivity gap induced by the RWD have to finance costs increase due to the RWD, and linked to the existence of fixed costs per worker and to the increase of hourly gains associated with the RWD. Eventually, results appear trivial : a RWD scenario will bring down the equilibrium rate of unemployment if it does not raise the production costs. In other cases, the equilibrium unemployment rate may be pushed up.
- Fiche de lecture :__**__Gilbert Cette, Dominique Taddéi, Réduire la durée du travail, de la théorie la pratique.__**__Jacques Freyssinet, Le temps de travail en miettes, 20 ans de politique de l'emploi et de négociation collective. - Jacky Fayolle p. 147-155
- Disparités de croissance et de politiques économiques en Europe - Catherine Mathieu, Olivier Passet p. 157-176 Le poids des contraintes de politique économique est fréquemment évoqué pour expliquer les médiocres performances des pays européens au cours des dernières années. La croissance moyenne de l'Union européenne, depuis plus de quatre ans, abrite néanmoins des situations régionales très dispersées. Cet article cherche à faire le lien entre les différentes dynamiques régionales et le poids des contraintes monétaire et budgétaire qui ont pesé sur chaque pays. Un indicateur de dureté monétaire, qui regroupe l'influence des taux d'intérêt réels et du taux de change effectif réel, et synthétise l'intensité de la contrainte monétaire par pays est présenté. Son évolution récente, mais aussi son niveau (dont l'évaluation est plus discutable), permettent d'établir une correspondance assez satisfaisante avec une typologie des performances de croissance depuis 1993, selon que les pays sont dynamiques, intermédiaires ou bloqués. Complétée de sa composante budgétaire, la contrainte de politique économique globale apparaît comme un élément dominant de la différence des performances de croissance entre pays européens. Le blocage de la demande intérieure dans les pays du centre, notamment en France et en Allemagne, n'apparaît alors plus comme un mal qui frapperait l'ensemble de l'espace européen, incapable de relayer l'impulsion positive venue de l'extérieur depuis plusieurs années. Ce problème semble au contraire localisé et étroitement lié aux conditions de politique économique. Les indicateurs construits ici incitent à penser que les conditions monétaire et budgétaire ne constituent plus actuellement un frein à la diffusion du dynamisme de la périphérie aux pays « bloqués » de l'Europe.Growth and Economic Policies en Europe. Catherine Mathieu, Olivier Passet. The role of restrictive economic policies has been frequently high lighted to explain the low growth rates of European countries for several years. However, the European average growth rate results from various domestic situations : the countries can be divided into three groups, depending on growth performance (dynamic intermediate and « low growth »). This article focuses on the link between growth and monetary conditions in each European country. A monetary conditions indicator is presented. This indicator reflects the evolution of both interest rates and real effective exchange rates. Monetary conditions and budgetary policies appear to match the differences in growth recorded since 1993. In particular, the lack of internal demand only applies to the countries of the centre of the European Union (mainly France and Germany), where positive external contributions have not entailed increases in internal demand, thus resulting low growth in accordance with the monetary and budgetary conditions. According to the indicators presented here monetary, as well as budgetary, conditions do not have anymore restrictive impact on growth in 1997, and would not prevent growth extending from dynamic to « low growth » countries.
- Convergence des vieillissements en Europe et retraites - Alexis Dantec p. 177-202 Le vieillissement de la population est souvent mis en avant comme cause commune des difficultés futures des systèmes de retraite européens. Plus complexe que le vieillissement d'une personne, le vieillissement d'une population doit être appréhendé comme dynamique, réversible et décomposable. Cette déformation de la structure démographique au profit des plus âgés n'est mesuré que pour partie par l'augmentation de l'âge moyen ou le ralentissement de la croissance. Selon qu'il soit le fait, conjugué ou non, d'un vieillissement par la base ou par le sommet, les implications quant à l'équilibre financier des retraites ne seront pas les mêmes. Ce vieillissement ne pèse que sur une dimension de cet équilibre puisque seuls les actifs occupés contribuent effectivement au système de retraite. L'étude de ce vieillissement dans l'ensemble des quinze pays européens pris comme un tout, mais aussi dans leur disparité, aboutit aux conclusions suivantes. Une convergence globale est détectable à la fois de manière rétrospective et prospective, sur longue période. Mais, en 1960, les démographies des Quinze partent de niveaux et se meuvent selon des vitesses différenciés. De plus, un rebondissement notable en 1985, pour certains pays, de la natalité et/ou de l'immigration, accentuent encore ces différences en courte période. La convergence passée et future de la mortalité et de l'espérance de vie ne suffisent pas à assurer la convergence du phénomène de vieillissement dans un futur proche. Les problèmes d'équilibre des retraites encourus pour des raisons démographiques par les pays européens seront donc d'ampleur et selon des calendriers différents.European ageing convergence and retirement pensions. Alexis Dantec. One of the most popular cause of difficulties for the retirement pension system is the future general ageing of the population. However, this ageing is much more complex than the growing old of an individual. It must be seen as dynamic, reversible and complex phenomenon. The increase of the mean age or the slowing-down of the population growth are only some indicators among others of this distortion of the demographic structure on behalf of the older. Whether the population is ageing on the top or at the basis, the consequences for the financial equi librium of the retirement funds are different. Moreover, this demographic phenomenon explains only one part of this equilibrium, as only the occupied active population actually contribute to the funds. The study of this general ageing in the fifteen European countries leads to the following conclusions. In long period, global convergence appears. But, in 1960, the demographic levels and dynamics were diffe rent in each country. Moreover, in some countries, the birth-rate and the migration movements notably improved around 1985 and the differences have become more marked in the short period. The past and future convergence of mortality and life expectancies are not sufficient to ensure the convergence of the general ageing process in immediate future. Hence, the difficulties of the retirement system due to this demo graphic phenomenon will not be of the same magnitude nor will they occur at the same date for all.
- Les tendances de la société française : 1975-1995 - Louis Dirn, OFCE, Louis Chauvel, Michel Forsé, Jean-Pierre Jaslin, Yannick Lemel, Henri Mendras, Laurence Duboys Fresney, Michel Lallement, Laurent Mucchielli p. 203-222 Le groupe Louis Dirn a entrepris une mise à jour des soixante tendances qui avaient été formulées il y a une douzaine d'années. Il présente ici une évaluation synthétique de ce travail. Contrairement à une idée communément répandue, les quinze ans qui viennent de s'écouler ne sont pas la période de bouleversement complet que l'on pourrait croire. Bien au contraire, c'est plus la continuité du changement que son renouvellement qui apparaît : de nombreuses tendances se sont poursuivies et même renforcées. Quelques-unes qui étaient en germe se sont confirmées. En revanche les effets de la crise économique et du chômage ont commencé de se répercuter sur la structure sociale.
- Chronologie 1997 - Sylvie Le Golvan p. 223-241
- Utopie pour l'emploi (suite) - Jean-Paul Fitoussi p. 9-16
- Summaries in English - p. 243-246