Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°65
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 65, 1998 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°65 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Erratum - p. 1
Les Prévisions
- Bascule transatlantique - Division économie internationale, Département analyse et prévision de l'OFCE, Henri Sterdyniak, Odile Chagny, Bruno Coquet, Hervé Le Bihan, Frédéric Lerais, Catherine Mathieu, Olivier Passet, Christine Rifflart p. 7-82 La croissance européenne s'est redressée en 1997 (2,6% après 1,7% en 1996) tandis que les Etats-Unis demeuraient impulsés par une demande intérieure toujours dynamique. L'année 1998 concrétiserait un basculement plus franc de la croissance en faveur des pays européens. Ces derniers ont bénéficié depuis la mi-1995 d'une dépréciation de l'ordre de 20% de leurs monnaies vis-à-vis du dollar et d'une détente des taux d'intérêt. La convergence des taux courts sur le niveau allemand pose des problèmes adéquation de la politique monétaire pour certains petits pays proches de la surchauffe, mais, elle permet un assouplissement supplémentaire pour les pays d'Europe du Sud. Une croissance généralisée à l'ensemble de l'Europe continentale devrait dès lors s'instaurer (avec des degrés divers de tension sur offre). D'autant que la réduction conjoncturelle des déficits publics allégerait les restrictions budgétaires, après l'examen d'entrée réussi de 11 pays pour l'UEM. Malgré un contexte financier et de prix favorable (chute du prix des matières premières), plusieurs élé ments sont susceptibles de modérer ce scénario : la crise asiatique, le tassement de la demande américaine, la baisse du dollar qui en résulterait, et le difficile redémarrage de certaines demandes intérieures au sein de l'Europe. Malgré l'absence de tension inflationniste, la politique monétaire européenne considérée aujourd'hui expansionniste, deviendrait neutre face à la hausse de l'activité (hausse progressive de l'ordre d'1 point des taux courts entre la fin de 1998 et 1999). Le dollar qui a bien encaissé la crise asiatique (influences contradictoires de la baisse des réserves des pays asiatiques d'une part, et de la recherche par les investisseurs de placements sans risque de change et de défaut d'autre part), devrait se maintenir haut niveau au milieu 1998. Mais la résorption du décalage conjoncturel avec l'Europe, la persistance d'un important déficit courant et un probable reflux de la Bourse (retournement de l'activité et des profits anticipés) devraient jouer contre le dollar dès la mi-1998. Son recul, jusqu'à 1,60 DM fin 1999, tendrait à durcir les conditions monétaires en Europe. Compte tenu des risques persistants de déflation au Japon, le yen ne sui vrait pas les monnaies européennes et resterait un bas niveau.The transatlantic swing forecast for 1998-99. Division économie internationale. The European growth improved 1997 (2,6% after 1,7% in 1996), while the American domestic demand remained bullish. In 1998 growth might swing in favour of the European countries. However, several elements are likely to moderate this scenario : the Asian crisis - the persistent depression in Japan - the slowdown of the American domestic demand, that might induce a dollar depreciation and harden monetary conditions in Europe - and the difficult pick-up of German, Italian and Swedish domestic demands. The credit squeeze in Asia will cut significantly the regional growth (by more than 5 points of GDP in 1998 and 1999 in relation to the recent trend). This external shock and the rise of the saving rate resulting from the depreciation of equities might slowdown the US activity and worsen the Japanese situation. However, we forecast substantial European growth of about 2,7% in 1998 and 1999.
- Reprise en France - Division modèle-trimestriel Mosaïque du département d'économétrie de l'OFCE, Carine Bouthevillain, Valérie Chauvin, Gérard Cornilleau, Eric Heyer, Hervé Péléraux, Xavier Timbeau p. 83-113 La situation conjoncturelle de l'économie française s'est améliorée au cours du dernier trimestre et la demande intérieure s'est nettement redressée pour constituer le moteur des évolutions prévisibles en 1998 La croissance devrait se poursuivre, sans à-coup important, au cours des deux ans à venir. Depuis la récession de 1993, la France a connu une année de reprise brutalement stoppée en 1995 par les perturbations monétaires, les augmentations impôts et les réductions de dépenses publiques. Concernant à la fois la France et l'ensemble de l'Europe continentale, ces réductions rapides des déficits publics visent assurer la crédibilité de adoption de euro en 1998. Il fallait attendre la fin des efforts d'ajuste ment budgétaire pour que la demande intérieure sorte de atonie. L'objectif de déficit ayant finalement été atteint, l'année 1998 devrait être celle de inversion entre la demande intérieure et la stimulation extérieure. L'impulsion, fournie en 1997 par la demande externe, devrait être suffisante pour modifier durablement la trajectoire de croissance de la demande des ménages. Les fortes créations emplois de la fin de 1997 et la hausse du revenu réel par tête devraient soutenir la consommation puis la reprise des dépenses investissement dans le logement. La désinflation devrait bénéficier de la baisse du prix du pétrole, massive au cours du premier trimestre de 1998, et renforcer la reprise de la croissance de la demande des ménages. En allégeant les coûts de production, la baisse des prix du pétrole contribuerait aussi à limiter la hausse des prix sur l'ensemble de l'année 1998. Celle-ci serait en moyenne inférieure à 1%. Tous les ingrédients nécessaires à l'enclenchement d'une spirale de croissance vertueuse paraissent réunis. Avec un taux d'inflation très faible, un excédent extérieur important et des entreprises dont les ressources financières continuent excéder leurs besoins de financement, la France est dans une situation idéale pour engager dans la voie d'une croissance rapide. La reprise des investissements maintenant inscrite dans les prévisions des entreprises, devrait rapidement confirmer cette évolution. Toutes les composantes de la demande intérieure devraient donc aller dans le sens de la croissance au cours du premier semestre de 1998. L'ampleur de la reprise devrait être telle que la réduction de la demande extérieure serait largement compensée par le dynamisme de la demande interne. En moyenne annuelle, la croissance serait de 3% en 1998 et de 2,7 en 1999. Ceci permet d'envisager la poursuite du fort mouvement de créations emplois engagé depuis la fin de année 1997. Sur l'ensemble de la période 1998-1999, elles pourraient atteindre 600 000 (370 000 en 1998 et 230 000 en 1999).Pick up in France forecast for 1998-99 Division économie française. The economic situation in France is improving since the middle of last year and the internal demand is now strengthen enough to ensure that the growth rate would stay at high level, without any major fluctuation, during the two next years. Since the 1993's recession, France experienced one year of recovery, stopped by monetary perturbations, increase of taxes and reduction of government spending, which have affected France and others continental Europeans countries, in conse quence of the politics which was conducted to strength the credibility of the Euro monetary unification process. It was necessary to wait until the achievement of budgetary adjustments, before the internal demand could be unfreeze. As the budgetary goal is now reached, 1998 should be the year of restart for internal demand. The increase of employment and real wage would sustained household expanses. The reduction in of inflation rate, induced by the decrease of oil price, would reinforce the move ment. On the overall, the consumption prices would increase less than in 1% in 1998. With a very low inflation rate, an important external surplus, and firms who continue to accumulate financial resources exceeding their financial needs, France is in a good situation to be engage in a path of rapid growth during next years. The restart of accumulation process of capital goods, now included in the individual perspectives of firms, should soon confirmed this evolution. All parts of internal demand would be oriented, in 1998 and 1999, in the direction of growth, and will overbalanced the reduction of external demand. The average growth rate would reached 3% in 1998 and 2.7% in 1999 and, over the whole 1998-99 period, the jobs creation would reached 600 000 (370 000 in 1998 and 230 000 in 1999).
- Débat sur les prévisions - Christian De Boissieu, Hervé Monet, Valérie Chauvin, Olivier Passet, Henri Sterdyniak, Jean-Paul Fitoussi, Philippe Sigogne, Gérard Cornilleau, Catherine Mathieu p. 115-123 Les prévisions occupent une place particulière dans le débat public en économie. Elles sont généralement considérées comme des prédictions, qualifiées fréquemment optimistes ou de pessimistes, comme si elles dépendaient de humeur des équipes qui les réalisent. Certes, en un sens, la prévision est un art tant elle dépend des signes précurseurs que nous livre le présent, de l'interprétation des évolutions en cours, de la capacité des économistes de sélectionner les informations pertinentes parmi celles, multiples, dont l'intérêt est anecdotique. Mais elle est surtout une science puisqu'elle consiste à déduire des infor mations dont on dispose sur le présent une vision de l'avenir. Elle ne peut être formulée en dehors un cadre général d'interprétation, c'est-à-dire d'une théorie qui met en relation les informations que l'on privilégie et les variables que on cherche à prévoir. Parmi ces informations, certaines cruciales, ne sont pas vraiment disponibles car, pour l'essentiel, elles dépendent de décisions à venir et qu'il n'existe pas vraiment de théorie permettant de déduire des données existantes ce que seront ces décisions. Il faut donc formuler des hypothèses alternatives et retenir celles qui nous paraissent les plus vraisemblables. Dès lors, les erreurs de prévision peuvent avoir au moins trois origines : une insuffisance d'information sur le présent, une mauvaise spécification théorique, la non réalisation de certaines hypothèses. De surcroît, il existe une incertitude irréductible au sens ou certains événements sont imprévisibles, alors même que leur conséquence sur l'activité économique est déterminante. Voilà pourquoi les chiffres associés une prévision sont éminemment fragiles, qu'ils doivent être considérés comme conditionnels aux hypothèses que on formule, aux données dont on dispose et au cadre théorique dans lequel on raisonne. Il m'a donc semblé nécessaire que les prévisions réalisées par l'OFCE soient publiées en même temps un débat autour de ces prévisions. Cela offre le double avantage de rendre explicite le doute inhérent à tout exercice de prévision pour les raisons déjà exposées, et de participer au pluralisme nécessaire à l'indépendance et au sérieux des études économiques. Une prévision, pour rigoureuse elle soit, n'est pas un exercice mécanique au terme duquel la vérité serait révélée, mais une « histoire » raisonnée du futur délivrant des résultats incertains. Il est utile d'en comprendre d'emblée les limites, pour ne point s'en servir comme d'un argument autorité, à l'instar de ce qui est trop fréquemment le cas. Jean-Paul FITOUSSI
- La mondialisation : triomphe et périls - Division économie internationale, Département analyse et prévision de l'OFCE, Henri Sterdyniak, Hélène Baudchon, Odile Chagny, Bruno Coquet, Hervé Le Bihan, Olivier Passet, Christine Rifflart, Frédéric Lerais, Catherine Mathieu p. 125-195 Au tournant de l'an 2000, la mondialisation triomphe. C'est la capacité s'intégrer dans l'économie mondiale qui différencie la réussite des économies. En même temps, la mondialisation a ses périls : pression sur les salaires et les emplois, instabilité des mouvements de capitaux, des Bourses et des taux de change, fracture des solidarités nationales. Notre projection de l'évolution de l'économie mondiale à l'horizon 2005, réalisée à l'aide du modèle multinational MIMOSA, est relativement optimiste. La crise asiatique déclenchée l'été dernier ne serait que transitoire ; au delà de 2000 les Dragons et les pays Asie retrouveraient un rythme de croissance dynamique (6%). L'Amérique latine, l'Afrique et les pays de ancien bloc socialiste connaîtraient des croissances de ordre de 4,5%. Les prix du pétrole croîtraient de façon modérée. Dans les grands pays industriels, l'inflation et les soldes budgétaires resteraient maîtrisés. À l'échelle mondiale, les taux d'intérêt réels resteraient relativement bas. Aux États-Unis, la croissance, qui ne serait plus soutenue comme dans la période récente par une consommation des ménages et un investissement des entreprises exceptionnellement dynamiques, ralentirait (2,2% en moyenne de 2000 à 2005), le taux de chômage serait proche du taux équilibre (5,7% en 2005). Victime d'une crise durable de rentabilité, le Japon connaîtrait une croissance faible (1,9%) et tirée par l'extérieur ; il continuerait à accumuler des excédents courants. En Europe, l'UEM serait un succès : la croissance de 2,5% en moyenne, serait suffisamment vigoureuse pour que le Pacte de stabilité n'ait pas à jouer ; les finances publiques s'amélioreraient grâce la croissance, à la baisse des taux intérêt et à des politiques budgétaires modérément restrictives : le taux de chômage diminuerait lentement mais sensiblement (de 10,4% en 1997 à 8,4% en 2005). Malgré une conjoncture spécifique et une inflation moins basse, le Royaume-Uni devrait rejoindre les pays participant euro en 2002. L'article présente d'abord les hypothèses de taux d'intérêt et de taux de change de la projection. Sont ensuite développées les perspectives du commerce international, puis les évolutions des grands pays industriels, l'accent étant mis sur la situation des finances publiques et des marchés du travail, enfin celles des zones en développement.Medium-term Prospects for the World Economy forecast for 2005. Division économie internationale. This projection may sound optimistic. The turmoil in East Asia would have mostly short-term effects. Beyond 2000, growth would be back in Asia (6% a year from 2000 to 2005). Oil prices would stay moderate. In the major industrialised countries, inflation and public finances would remain checked, allowing for lower real interest rates. Growth would slow down in the United States (2,2% a year), as private demand would be less dynamic ; the unemployment rate would remain close to the NAIRU (5,7% in 2005). In Japan, domestic demand would remain weak until returns on capital are restored ; net exports would allow a 1,9% annual growth rate. The EMU would be successful with EU growth settling near 2,5%, shrinking public deficits and slowly decreasing unem ployment rates (8,4% in 2005). Great Britain would join the monetary union in 2002.
- Bascule transatlantique - Division économie internationale, Département analyse et prévision de l'OFCE, Henri Sterdyniak, Odile Chagny, Bruno Coquet, Hervé Le Bihan, Frédéric Lerais, Catherine Mathieu, Olivier Passet, Christine Rifflart p. 7-82
L'euro
- À propos de la volatilité de l'euro - Jérôme Creel, Henri Sterdyniak p. 199-226 Faut-il craindre que instauration de euro accroisse la volatilité des taux de change échelle mondiale ? Cet article utilise une maquette à trois pays pour comparer la volatilité du taux de change selon la nature des chocs et le régime de change en Europe (change flexible, SME ou UEM). Si, théoriquement, le taux de change d'un grand pays fermé fluctue plus que celui un petit pays ouvert, les résultats sont mitigés dans le cas spécifique de l'euro. Le surplus de volatilité n'aurait lieu que pour des chocs de demande ou des chocs d'offre externe. La volatilité serait réduite à la suite de chocs d'offre interne. Ces résultats s'inversent si la sensibilité du commerce intra-européen aux prix relatifs est particulièrement forte. Dans le cas de chocs communs en Europe, le surplus de volatilité permettrait une meilleure stabilisation économique. Pour les chocs ne frappant qu'un pays, l'euro serait plus stable que la monnaie du pays touché, mais cette stabilité nuirait la stabilisation économique. Toutefois, l'indépendance de la BCE pourrait conduire à de fortes variations de l'euro à la suite de chocs inflationnistes. Par ailleurs, la paralysie des politiques budgétaires induites par le Pacte de stabilité rendrait nécessaires des politiques monétaires plus actives, ce qui serait une source d'instabilité.Discussing Euro volatility. Jerome Creel and Henri Sterdyniak. Is the introduction of the euro likely to increase the volatility of the exchange rates on a worldwide scale ? This article presents a three countries model to compare the exchange rate volatility depending on the nature of the shocks and the exchange rate regime in Europe (flexible, EMS or EMU). In theory, the exchange rate of a large closed country fluctuates more than that the exchange rate of a small open country, but results are ambiguous in the specific case of the euro. An increase in volatility would only occur after demand and external supply shocks. Volatility would be reduced following internal supply shocks. The conclusions are the opposite if the sensitivity of intra-European trade to relative prices is particularly strong. In the case of common shocks in Europe, the surplus in volatility would help economic stabilisation. As for (hitting only one country), the euro would fluctuate less than the currency of the hit country, but this stability would harm economic stabilisation. However, the independence of the ECB could lead to strong variations of the euro after inflationary shocks. In addition, the constraints on fiscal policies which are induced by the Stability pact would make more active monetary policies necessary : these would be a source of instability.
- La diffusion internationale de l'euro - Jacques Le Cacheux p. 227-241 La création de l'euro est-elle susceptible de remettre en cause la suprématie du dollar dans le système monétaire international ? Quelle sera étendue de ses usages en dehors des frontières de l'union monétaire européenne ? Cet article passe en revue les principaux déterminants du processus de diffusion internationale de la future monnaie européenne, en mettant l'accent sur les facteurs financiers et sur la relative indétermination de l'issue de cette compétition internationale entre grandes devises : l'existence de marchés financiers et de marchés des changes très développés et très liquides permet, en effet, de déconnecter les différentes fonctions traditionnelles de la monnaie et rend, de ce fait, très ténus les liens habituellement supposés entre usages et motifs de détention une devise. L'inadéquation des cadres conceptuels généralement utilisés pour analyser la concurrence internationale entre devises nous amène esquisser, à la suite de certains travaux récents, une analyse alternative, fondée sur les caractéristiques de bien public de la monnaie.Jacques Le Cacheux Will the creation of the euro, challenge the domination of the US dollar on the international monetary and financial scene ? Will the euro become an international currency, and to what extent ? This paper reviews the major determinants of the process of internationalization of a currency, and focuses on the financial aspects of this issue. It argues that, given the present context of financial globalization, the outcome of the competition between the euro and the dollar is indeterminate, and will mostly depend on the depth and liquidity of financial markets for assets denominated in euro, hence on the choices of investors and debtors, as well as banks and financial institutions. Drawing upon an analogy between money and technological standards, we suggest that an analysis in terms of network externalities may be fruitful to understand the process of international diffusion of the euro.
- Stabilisation et redistribution budgétaires entre régions : État centralisé, État fédéral - Frédéric Zumer p. 243-289 La dimension budgétaire de l'Union économique et monétaire en Europe a donné lieu à de vifs débats. Nous envisageons le rôle de stabilisateur automatique d'un budget fédéral dans un contexte d'union monétaire et, par conséquent, l'opportunité de créer un mécanisme spécifique de stabilisation budgétaire en Europe. Un tel dispositif aurait pour but de garantir un transfert temporaire de revenus aux Etats qui traversent des difficultés conjoncturelles. Ce dispositif est-il indispensable ? Quelle en serait l'ampleur ? Sa nécessité, ainsi que celle d'instruments de redistribution entre régions est de plus en plus souvent affirmée. À l'appui de cette assertion, une série études récentes a montré que le système budgétaire fédéral américain compense automatiquement une proportion significative des chocs asymétriques transitoires affectant le revenu des ménages dans les différents États, au travers des transferts inter-régionaux automatiques. L'examen des résultats existants, effectué dans cette étude, confirme que les effets stabilisateurs (et redistributifs) du budget central sont loin d'être négligeables dans les pays étudiés. Il est donc vraisemblable que les systèmes d'impôts et de transferts centraux permettent de réduire les coûts d'absorption des chocs. Pour approfondir la discussion, nous décrivons les effets stabilisateurs et redistributifs inter-régionaux mis en oeuvre dans un Etat unitaire. Nous mesurons un effet stabilisateur comparable dans les Etats centralisés et fédéraux, en dépit un argument sous-jacent la discussion, qui suppose que les mécanismes de stabilisation et de redistribution sont autant plus présents que l'Etat considéré est plus centralisé. L'incapacité des méthodes d'estimation à mesurer correctement ces phénomènes budgétaires dans le cas d'un pays centralisé nous amène proposer une nouvelle méthodologie qui repose sur l'économétrie des données de panel. L'étude du rôle de l'Etat central dans les régions françaises met en relief sa nature profondément différente selon que le pays est fédéral ou unitaire, ainsi que l'imbrication plus ou moins étroite des deux effets. Notre étude permet de conclure que toutes les unions monétaires reposent sur un certain degré de fédéralisme budgétaire. Par conséquent, l'Europe ne devrait-elle pas se doter d'un dispositif d'assurance inter-régionale ? Pour répondre par affirmative, il faut encore montrer qu'une stabilisation budgétaire décentralisée fonctionnerait moins efficacement et que seul un mécanisme centralisé pourrait procurer une co-assurance effective.Frédéric Zumer. The fiscal aspects of the future EMU lead to lively debates. The purpose of this work is to consider the stabilizing role of a federal budget in the context of a monetary union, and the appropriateness of creating a specific shock-absorber mechanism in Europe. Its purpose would be to permit the member states to cope with transitory, asymmetric shocks. Is this device essential for the success of EMU ? What should be its desired scale ? In most countries, a region undergoing an adverse shock will receive net transfers from other regions through the central-governement budget. But a country member of the future EMU suffering a similar shock will not receive any corresponding transfers from the European Union through the central-government budget of the Union. In this respect, countries in the EMU will lack a stabilizing mechanism that regions in a national currency union possess. A number of authors have tried to ascertain just how much stabilization the regions get today through the relevant mechanism when a shock hits one of them relative to all the rest without affecting the national aggregates. We examine the available results and conclude that stabilizing and redistributive effects are indeed far from negligible in the US and Canada, the major countries thus far studied. Both of those countries represent federal states. It has been assumed that the stabilizing effects must be still stronger in unitary states, such as the UK and France. But we find the assumption not to be confirmed for either country. A detailed application of econometrics of panel data to the French regional statistics permits estimates of regional stabilization in this particular unitary state. The figures are no higher than those for the US. In the concluding section, we turn to the question how well EMU will be able to function without some degree of fiscal federalism.
- Le partage de la valeur ajoutée : quelques enseignements tirés du « paradoxe franco-américain » - Jean-Philippe Cotis, Elisabeth Rignols p. 291-344 Au cours de ces dernières années, les débats autour du partage de la valeur ajoutée se sont souvent appuyés sur la comparaison des expériences française et américaine. Ces comparaisons ont été conduites partir d'angles attaque très différents. Certains travaux se sont centrés sur l'évolution de la part des salaires dans la valeur ajoutée - qui a fortement baissé en France depuis plus de dix ans mais pas aux Etats-Unis - ; d'autres, émanant du FMI ou de l'OCDE, ont privilégié le partage de la masse salariale entre emplois et salaires. Ces deux types d'approches ont débouché sur des conclusions totalement contradictoires quant à la nature des évolutions salariales observées en France. Jugées anormalement basses par ceux des commentateurs qui s'appuient sur les comparaisons de parts de salaire, l'évolution des rémunérations observée en France au cours des vingt dernières années est apparue, en revanche, excessive ceux que préoccupaient les modalités du partage de la masse salariale (partage à l'américaine au profit de l'emploi, partage à la française au profit des rémunérations). Ces divergences appellent, pour être surmontées, la construction un cadre théorique et d'indicateurs de partage appropriés. Ils sont présentés de manière détaillée dans cet article ainsi que leurs applications empi riques aux cas français et américain. Le cadre théorique proposé est celui d'un modèle d'offre à long terme, dans lequel le capital est un facteur de production très mobile, sa rémunération étant fixée sur les marchés financiers internationaux. À long terme, cette « contrainte de rentabilité » détermine de manière univoque le coût réel du travail et commande l'évolution de la part des salaires dans la valeur ajoutée. Dans ce contexte, les chocs de coût du travail, tels que peuvent en occasionner les chocs pétroliers ne modifient pas durablement le partage de la valeur ajoutée mais ont, en revanche, une incidence sur le partage de la masse salariale. D'autres facteurs peuvent par ailleurs affecter l'évolution de la part des salaires (progrès technique économe en main d'oeuvre, chômage keynésien persistant...). Afin de pouvoir mieux mesurer ampleur des chocs de coût à l'oeuvre, un « écart de salaire », défini comme la distance entre le coût réel effectif du travail et son niveau d'équilibre de long terme, été évalué pour la France et les États- Unis. Ces évaluations font apparaître un contraste certain entre la France, où les chocs de coûts du capital et du travail ont été très marqués, et les États-Unis, où ils se sont révélés beaucoup plus faibles. Elles suggèrent également une très grande persistance des chocs en France, où la structure des coûts peut rester très longtemps écartée de l'équilibre de long terme. Par rapport à des notions telles que la part des salaires ou le partage de la masse salariale, l'indicateur d'écart de salaire utilisé dans cet article semble mieux même d'aider l'économiste à porter un jugement sur le caractère approprié ou non des évolutions salariales. Quelques tentatives économétriques simples ont été effectuées, enfin, pour rendre compte des mouvements de la part des salaires en France et aux Etats-Unis. Elles suggèrent, dans le cas de la France, que la montée des taux intérêt réels pu contribuer à déprimer la part des salaires. Elles tendent, en revanche, à rejeter l'hypothèse qu'un progrès technique économe en main d'oeuvre ait pu jouer un rôle important en France et que la persistance d'un chômage keynésien, elle-même bien avérée, ait contribué de manière notable à la chute de la part salariale observée au cours de la décennie écoulée. Elles confirment, enfin, le rôle très important joué par les chocs et contre-choc pétroliers dans les fluctuations de la part des salaires.Jean-Philippe and Cotis Elisabeth Rignols. Over the recent years, debates surrounding past trends in income distribution have been heavily influenced by franco-american comparisons. These comparisons have been carried out from very different angles. Some works have focused on the wage share - which has experienced a strong decline over the past decade in France but not in the US - ; other studies from the IMF or the OECD, have focused rather on how increases in the real wage bill were split between job creation and wage rises. These two distinct approaches have yielded quite opposite conclusions about the nature of past wage developments in France. Wage increases appear abnormally low to those commentators who rely on the wage share approach. To the contrary, they are considered abnormally high by those experts who have expressed concern about the unbalan ced structure of the real wage bill in France, its past increases being bia sed in favor of wage rises at the expense of job creation. In this respect, France stands in sharp contrast with the US experience, which has been characterized by low wage increases and high job creation. To overcome these contradictory statements, it seems necessary to build an encompassing theoretical framework, and to derive from it appropriate « real wage gap » indicators. These indicators are presented in the present article as well as empirical applications on the French and American cases. The proposed theoretical framework is a long-run supply side model with fully mobile capital and an exogeneous real interest rate, fixed on world capital markets. In the long-run, this exogeneous real rate of interest determines both the real wage and the wage share. In this context wage shocks do not have a lasting impact on the wage share but they can alter durably the job creation/wage increase trade off. Other factors such as labor saving technical progress or a persistent Keynesian unemployment can affect the wage share. In order to get a more precise idea about the effective magnitude of cost shocks, a real wage gap indicator, defined as the distance between the current cost of labour and its long-run equilibrium level, has been estimated for France and the US. These estimates show a marked contrast between France, where capital and labour cost shocks have been large and the US, where they have been much smaller The estimates also suggest that shocks were very persistent in France, where relative costs can stay out of equilibrium for long periods of time The « real wage gap » indicator presented in this paper seems better suited than the wage share or the structure of the wage bill, to assess whether wage developments are in step or not with economic funda mentals. Some tentative econometric attempts have been made to shed some light on wage share developments in France and the US over the past two or three decades. In the case of France, they suggest that increased real interest rates might have contributed to depress the wage share. However, they tend to reject the hypothesis that a labour saving technical progress might have played an important role in France. They do not lend much support, either, to the view that the persistent Keynesian unemployment which has characterized France over the recent years, had a large depressing impact on the wage share. Finally, these econometric estimates tend to confirm the strong role played by oil shocks the formation of the wage share.
- Chronique des tendances de la société française - Louis Dirn, Louis Chauvel, Michel Forse, Henri Mendras, Denis Stoclet, Laurence Duboys Fresney, Jean-Pierre Jaslin, Yannick Lemel p. 345-363 Cette chronique traite de deux sujets très différents, le logement et l'opinion des Français sur l'Europe. Le surpeuplement des logements décru très fortement de 1960 à 1980 et continue à décroître, mais plus lentement. Les agriculteurs disposent des logements les plus vastes et les employés et ouvriers les plus exigus, mais cette différence entre catégories sociales est moins forte que celle entre classes d'âges : alors que les jeunes connaissent une stagnation, les plus de 65 ans disposent de plus en plus d'espace. Le contraste le plus fort est entre les jeunes d'origine populaire et les cadres et professions intermédiaires âgés. De même les différences concernant des dépenses de logement se sont accrues entre 1984 et 1994. Un sondage d'opinion montre que les Français, naguère très favorables à l'égard de l'Europe, sont devenus moins nombreux : les opinions se partagent par moitiés. Les différences habituelles en fonction du revenu et du diplôme apparaissent, mais l'âge et la profession ne sont pas nettement discriminants. Par comparaison avec les autres pays européens, les Français sont plus homogènes dans leurs opinions. Les différences régionales sont beaucoup moins fortes que dans les autres pays.Louis Dirn. This article develops two different aspects of social change : the decline of overpopulation in dwellings and the French opinion on European unification : The overpopulation in the dwellings had known a substantial decline from 1960 to 1980 ; the trend continues, but slower. The peasants enjoy the widest houses, and the workers the littlest, but the main gap is between age groups : the popular youth, who lives in the littlest dwellings, know no improvement, and the aged service class enjoys larger and larger houses. An opinion survey shows that French people, who were largely approving European unification, are now equally separated between sceptics and proselytes. Income and educational gaps appear clearly, but age and occupation is not discriminating. Compared to other countries, French people are more homogeneous ; the differences between regions are comparatively slight.
- Summaries in English - p. 365-370
- Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE, Amel Falah p. 370
- À propos de la volatilité de l'euro - Jérôme Creel, Henri Sterdyniak p. 199-226
- Les taux d'intérêt - p. XXIX Graphiques et commentaires des taux d'intérêt en France, Allemagne, au Royaume Uni, au Japon et aux Etats-Unis.
- La Bourse et les matières premières - p. XXIX La bourse et les matières premières: graphiques et commentaires pour les USA, le Japon, la France, l'Allemagne, le Royaume Uni.
- La population industrielle - p. XXVII Graphiques et commentaires de la production industrielle en France, Allemagne, Italie, Royaume Uni, Etats-Unis, Pays Bas, Japon, Belgique, Espagne. (Graphiques).
- Les carnets et les stocks - p. XXVII Graphiques et commentaires des carnets de commande et des stocks industriels en France, Allemagne, Italie, Royaume Uni, Pays-Bas, pour expliquer les mouvements passés de la production.
- Les prix de détail - p. XXVIII Graphiques et commentaires des indices des prix en France, Italie, Espagne, USA, Pays Bas, Royaume Uni, Japon, Allemagne, Belgique.
- Les salaires - p. XXVIII Graphiques et commentaires sur les salaires en France, USA, Japon, Allemagne, Royaume Uni, Belgique, Italie, Pays Bas, Espagne.
- Le chômage - p. XXVIII Graphiques et commentaires sur le chômage en France, Espagne, Belgique, Italie, USA, Pays Bas, Royaume Uni, Allemagne.
- Les cours des changes - p. XXX Les cours des changes: graphiques et commentaires pour la France, la Belgique, l'Italie, l'Espagne, le Royaume Uni, les Pays Bas, l'Allemagne et le Japon.
- Les échanges extérieures en volume - p. XXX Les échanges extérieurs en volume. Graphiques et commentaires pour: USA, Japon, Belgique, Pays Bas, Allemagne, France, Italie, Espagne, Royaume Uni.
- Les soldes extérieurs - p. XXXI Les soldes extérieurs en Allemagne, Japon, France, Royaume Uni, Pays Bas, Belgique, Italie, Espagne: graphiques et commentaires.
- L'équilibre des échanges commerciaux par zone de la France et de l'Allemagne - p. XXXI Les échanges commerciaux de la France avec l'Allemagne, les USA, le Japon et la CEE, l'OPEP et les pays de l'Est. Graphiques et commentaires. Les échanges commerciaux de l'Allemagne avec la France, la CEE, le Japon, l'OPEP, les pays de l'Est, les USA.
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