Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°71
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 71, 1999 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°71 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : perspectives pour 1999-2000
- Sur un nuage. Perspectives 1999-2000 pour l'économie mondiale - Division économie internationale p. 7-83 L'économie mondiale a retrouvé son calme après la bourrasque financière de l'année 1998. La croissance mondiale devrait être de 3,0 % en 1999, puis de 3,5 % en 2000, après 2,3 % en 1998. Les échanges industriels redeviennent beaucoup plus dynamiques et devraient progresser au rythme de 9 % l'an d'ici fin 2000 (contre 4 % l'an depuis début 1998). La reprise de la croissance mondiale ainsi que l'accord retrouvé des producteurs devrait maintenir le prix du pétrole aux alentours de 20 dollars le baril (contre 10 dollars en début d'année). La vigueur de la reprise mondiale induirait un certain relèvement de l'inflation (de l'ordre de 0,5 point entre 1999 et 2000 aux États-Unis et en Europe), mais celui-ci serait limité par les pressions concurrentielles sur les marchés des biens et du travail. La vigilance de la politique monétaire entraînerait une hausse des taux d'intérêt de court terme de 1 point environ aux États-Unis et en Europe entre la mi-1999 et la fin 2000. Le ciseau de croissance attendu entre les États-Unis et l'Europe ne s'est pas encore produit au premier semestre 1999, où les États-Unis ont continué à jouir d'une croissance de plein-emploi, sans inflation tandis que l'Europe connaissait un passage à vide de la mi-1998 à la mi-1999, en particulier en Allemagne et en Italie. Cette disparité a fortement pesé sur le cours de l'euro. Toutefois, l'Europe devrait connaître une forte reprise industrielle au second semestre 1999, où le rythme de croissance annuel du PIB atteindrait 4 %. Favorisée par des taux d'intérêt qui ne se relèveraient que lentement et une politique budgétaire neutre, impulsée par le développement des nouvelles technologie, la croissance de la zone euro pourrait être de 3 % en 2000. Le ralentissement de la croissance a été de faible durée au Royaume-Uni, dont l'économie repart malgré une livre surévaluée et des taux d'intérêt élevés. En sens inverse, après un second semestre 1999 vigoureux, l'économie américaine devrait connaître un certain ralentissement en 2000. La Bourse devrait reculer et le taux d'épargne des ménages devrait remonter. La politique économique empêcherait que ce ralentissement ne débouche sur une franche récession. Le ciseau de croissance entre les États-Unis et l'Europe permettrait une certaine remontée de l'euro. La croissance japonaise a fortement bénéficié au premier semestre 1999 du plan de relance budgétaire. Cette amélioration des perspectives de croissance, a provoqué de fortes hausses de la Bourse et du yen. Le niveau excessif du yen fragilise la reprise japonaise, qui sera cependant soutenue par le rebond enregistré en Asie. Aussi, la croissance du Japon devrait rester modérée et le yen devrait revenir à un niveau plus raisonnable. Les taux de change des pays émergents se sont stabilisés, même si des doutes persistent sur la solidité du peso argentin et du yuan chinois. L'année 1999 vu le retour d'une vive croissance dans plusieurs des pays industrialisés d'Asie (en particulier en Corée), alors que l'Amérique latine reste plongée dans la récession. Les PECO traversent une phase transitoire de résorption des déséquilibres issus d'une croissance rapide tandis que la Russie connaît un certain rebond et bénéficie de la dépréciation du rouble. L'économie mondiale continue à vivre sous deux épées de Damoclès : la surévaluation des Bourses, en particulier de la Bourse américaine et le déficit extérieur américain. Le déficit américain commencerait à se réduire avec l'inversion des écarts de conjoncture à l'échelle mondiale. L'hypothèse optimiste faite ici est celle d'un atterrissage en douceur de la bulle financière ; les marchés limiteraient leurs exigences de rentabilité, ce qui éviterait un fort réajustement à la baisse des cours boursiers, qui entraînerait une baisse de la consommation et une entrée en récession aux États-Unis.Prospects for the world economy in 1999 and 2000 Division Economie internationale World growth is expected to strengthen in 2000 with the upturn in Asian emerging countries and some recovery in Russia and Eastern European countries. GDP growth was still buoyant in the US in 1999 and is expected to decelerate in 2000 under the effect of weaker increases in stock markets. Under stronger world demand, Euro area GDP could rise by 2.1 per cent this year and 3 per cent in 2000. Japanese GDP is expected to rise slowly. Growth discrepancies would allow for a stronger euro and a weaker yen. Oil prices are forecasted to stay high until next spring. Subdued inflationary pressures combined with stronger growth would lead to a slight strengthening in interest rates in early 2000 in the US and in Europe. Fiscal policy would be neutral in Europe. JEL code : FOI
- Toutes voiles dehors ! Perspectives 1999-2000 pour l'économie française - Division économie fançaise p. 85-120 La prévision de croissance de l'OFCE est de 2,6 % pour l'année 1999 et de 3,5 % pour l'année 2000. L'industrie française a subi en fin d'année 1998 et en début d'année 1999 un net ralentissement causé par la crise asiatique et les conséquences indirectes de celle-ci sur l'Allemagne et l'Italie. Cependant, la consommation des ménages reste dynamique, relativement aux autres composantes de la demande, portée par une croissance forte du revenu et soutenue par la décrue du chômage et un emploi en forte progression. La deuxième partie de l'année 1999 est marquée par le rebond de l'industrie qui réagit à une demande étrangère moins déprimée et qui rattrape son retard de stockage et d'investissement d'autant que la reprise des prix des matières premières ne justifie plus d'attentisme. Ainsi, sur la lancée de la reprise à la fin 1999, la croissance pour l'année 2000 est supérieure à la croissance potentielle, sans que des tensions particulières soient à craindre. La croissance se réalise sans mouvement de l'inflation, hors ceux apportés par la remontée du prix du pétrole. Les politiques budgétaires et monétaires ont un impact pratiquement neutre et n'obèrent pas ce schéma de reprise. Par ailleurs, la politique de l'emploi du gouvernement apporte une amélioration supplémentaire sur le marché du travail. Le chômage se réduit et atteint à la fin de l'année 2000 10,4 % de la population active.Forecast for 1999-2000 for the French economy Division Economie Francaise France has known an industrial slow-down at the turn of the year 1998, but it was only an indirect effect of the Asian and Russian crisis. The internai demand hardly weakened, whereas exports fell. Thus, the impact of the crisis on the German and Italian economic situation is the main source of slow-down. At mid-1999, the business climate had rebounded in every European country. France was one of the first big countries to experience it. The upturn in the oil prices favoured changes in business behaviour, especially in the field of investment and stocks. Employment has remained very dynamic during the past months so the rebound was quicker. Moreover, the construction sector benefited from lower interest rates and real estate priees, and fiscal reforms. The GDP should grow by 3,5 % in 2000 after 2,6 % in 1999. JEL code : FOI
- Débat sur les perspectives - Jean-Paul Fitoussi, Jean-Michel Boussemart, Gérard Maarek, Jacky Fayolle, Olivier Passet, Christine Rifflart, Philippe Sigogne, Henri Sterdyniak, Xavier Timbeau p. 121-138 Les prévisions occupent une place particulière dans le débat public en économie. Elles sont généralement considérées comme des prédictions, qualifiées fréquemment d'optimistes ou de pessimistes, comme si elles dépendaient de l'humeur des équipes qui les réalisent. Certes, en un sens, la prévision est un art tant elle dépend des signes précurseurs que nous livre le présent, de l'interprétation des évolutions en cours, de la capacité des économistes de sélectionner les informations pertinentes parmi celles, multiples, dont l'intérêt n'est qu'anecdotique. Mais elle est surtout une science puisqu'elle consiste à déduire des informations dont on dispose sur le présent une vision de l'avenir. Elle ne peut être formulée en dehors d'un cadre général d'interprétation, c'est-à-dire d'une théorie qui met en relation les informations que l'on privilégie et les variables que l'on cherche à prévoir. Parmi ces informations, certaines, cruciales, ne sont pas vraiment disponibles car, pour l'essentiel, elles dépendent de décisions à venir et qu'il n'existe pas vraiment de théorie permettant de déduire des données existantes ce que seront ces décisions. Il faut donc formuler des hypothèses alternatives et retenir celles qui nous paraissent les plus vraisemblables. Dès lors, les erreurs de prévision peuvent avoir au moins trois origines : une insuffisance d'information sur le présent, une mauvaise spécification théorique, la non réalisation de certaines hypothèses. De surcroît, il existe une incertitude irréductible au sens ou certains événements sont imprévisibles, alors même que leur conséquence sur l'activité économique est déterminante. Voilà pourquoi les chiffres associés à une prévision sont éminemment fragiles, qu'ils doivent être considérés comme conditionnels aux hypothèses que l'on formule, aux données dont on dispose et au cadre théorique dans lequel on raisonne. Il m'a donc semblé nécessaire que les prévisions réalisées par l'OFCE soient publiées en même temps qu'un débat autour de ces prévisions. Cela offre le double avantage de rendre explicite le doute inhérent à tout exercice de prévision pour les raisons déjà exposées, et de participer au pluralisme nécessaire à l'indépendance et au sérieux des études économiques. Une prévision, pour rigoureuse qu'elle soit, n'est pas un exercice mécanique au terme duquel la vérité serait révélée, mais une « histoire » raisonnée du futur délivrant des résultats incertains. Il est utile d'en comprendre d'emblée les limites, pour ne point s'en servir comme d'un argument d'autorité, à l'instar de ce qui est trop fréquemment le cas. Jean-Paul FITOUSSI
- Sur un nuage. Perspectives 1999-2000 pour l'économie mondiale - Division économie internationale p. 7-83
- Vers une nouvelle politique économique en Europe ? - Ray Barrell, Paolo Bosi, Paolo Onofri, Odile Chagny, Gael Dupont, Thierry Latreille, Catherine Mathieu, Henri Sterdyniak, Joachim Volz p. 139-179 Les années récentes ont vu l'Europe se rallier progressivement au modèle libéral de politiques économiques, en particulier avec l'indépendance de la Banque centrale, le Pacte de stabilité et la substitution de la politique de la concurrence à la politique industrielle. Toutefois, des gouvernements de gauche ont succédé progressivement à des gouvernements conservateurs. Ce dossier, élaboré par des économistes des quatre plus grands pays européens, essaie d'évaluer dans quelle mesure ces gouvernements opèrent un tournant de politique économique. Il comporte une partie synthétique et trois articles présentant la situation en Allemagne, Italie et Royaume-Uni. Il existe au départ une disparité de situation macroéconomique entre la Grande-Bretagne, proche du plein-emploi mais qui connaît un problème aigu de travailleurs découragés et de pauvreté et les trois autres pays, Allemagne, France et Italie, confrontés à un phénomène de chômage de masse. Ceux-ci se situent largement au-dessus du taux de chômage d'équilibre, ce qui indique qu'une relance de la demande serait nécessaire. Toutefois, aucun pays n'a remis en cause l'architecture composée par la BCE et le Pacte de stabilité, même si la France voudrait faire jouer un rôle plus actif au Conseil de l'Euro11 et améliorer la coordination des politiques économiques. Tous les pays ont présenté des Programmes de Stabilité qui comportent une certaine réduction du déficit public et surtout (sauf la Grande-Bretagne) une baisse importante de la part des dépenses publiques dans le Pib, se donnant pour objectif de dégager une marge pour réduire les impôts. Jusqu'à présent, la stratégie européenne pour l'emploi, mise en œuvre dans les Plans d'action nationaux, comporte surtout des mesures visant à augmenter l'employabilité et la flexibilité de la main d'œuvre, la coordination de politiques de croissance ou de politiques salariales plus actives a été repoussée. De nombreuses réformes fiscales sont similaires dans les pays européens, en particulier la hausse de la taxation écologique pour financer la baisse des cotisations sociales. D'autres sont originales en particulier : la taxation de la valeur ajoutée et l'imposition des plus-values latentes en Italie, l'impôt négatif pour les familles qui travaillent au Royaume-Uni, les mesures d'aide à la baisse de la durée du travail en France. Si les politiques sociales ont des orientations spécifiques à chaque pays étudié : meilleure couverture des plus pauvres en France, élargissement du système d'aide sociale en Italie, retour ç l'emploi au Royaume-Uni, la question des retraites est une préoccupation commune aux quatre pays. La France, l'Italie et l'Allemagne ont choisi de sauvegarder leur régime de retraite par répartition sans recours massif la capitalisation. La gauche s'est globalement ralliée à une conception économique libérale qui fait des entreprises privées et des marchés les seuls acteurs et juges suprêmes de la production et de l'allocation des ressources y compris dans les secteurs autrefois jugés stratégiques (industrie lourde et banques). Elle a renoncé à accroître l'intervention des salariés dans la gestion des entreprises. Elle n'a plus de projet industriel alternatif aux politiques libérales. Au niveau communautaire, l'obsession du respect des règles de concurrence l'emporte sur les soucis d'emplois ou de maintien de l'appareil productif. Au moment des crises financières de 1997-1998, les gouvernements européens ont proclamé la nécessité d'une meilleure régulation du système financier international. Mais ils n'ont pas réussi à élaborer une position commune sur des propositions spécifiques. La première coalition rouge-verte de l'Allemagne a connu un départ difficile. La réforme fiscale comporte un allégement net de l'imposition des familles et des mesures écologiques. Le gouvernement est fermement décidé à faire du combat contre le chômage la priorité de la législature. Mais l'orientation générale de la politique fiscale n'est pas toujours claire, la politique macroéconomique ne fait pas toujours preuve d'une grande cohérence et le dosage entre les politiques de l'offre et les politiques de la demande peut être discuté. Le gouvernement italien a entrepris de nombreuses réformes dans les domaines politique et économique (décentralisation, fiscalité, État-providence, règles de fonctionnement des marchés, assurance universelle, nouveaux types d'intervention publique dans les régions les moins développées) qui révèle le souci d'arriver aussi vite que possible à des institutions et des performances d'un niveau européen. Le risque est que la structure administrative s'avère trop faible pour soutenir le poids de tant d'innovations. L'instabilité politique ajoute des points interrogations. Le nouveau gouvernement britannique a conservé nombre des réformes initiées par son prédécesseur. Il modernise les institutions politiques. Il a transformé la gestion des finances publiques et le statut de la Banque centrale. Il veut modifier la structure de l'économie britannique et améliorer les perspectives de croissance à long terme. Il tente d'opérer un changement radical de l'État-providence en augmentant les incitations à travailler. C'est un gouvernement très libéral. Toutefois, il a instauré un salaire minimum, a amélioré la protection de l'emploi et la reconnaissance des syndicats.Towards a New Economie Policy in Europe? Ray Barrell (Niesr-London); Paolo Bosi and Paolo Onofri (Prometeia-Bologna); Odile Chagny, Gael Dupont, Thierry Latreille, Catherine Mathieu and Henri Sterdyniak (OFCE-Paris); Joachim Volz (DIW-Berlin). There has been a clear shift towards more liberal economie policies in Europe in recent years. Centre left governments have however recently corne to power in a number of European countries. This study focuses on France, Germany, Italy and UK. Are the governments in these countries to implement new economic policies? An overview both of the current macroeconomic context and of the debate on economic policy is presented in an introductory chapter, addressing: stability pacts and convergence programmes, national action plans for employment, taxation, social and industrial policies, financial globalisation. Authors then focus on the situation in their own countries. This cross-country comparison highlights similarities as well as oppositions in national contexts, economic policy strategies. JEL codes : E60, P16
- Allemagne : ruptures et continuité - Joachim Volz p. 181-199 Une première étape de la réforme fiscale entre en vigueur avec la nouvelle coalition. La réforme inclut une forte dimension écologique. Le gouvernement va orienter sa politique vers la réduction du chômage. L'orientation de la politique fiscale n'est pas toujours claire, la politique macroéconomique pas toujours cohérente.
- Italie : la dimension européenne - Paolo Bosi, Paolo Onofri p. 201-221 Le gouvernement italien met en oeuvre de grandes réformes politiques et économiques qui révèle le souci d'arriver aussi vite que possible à des institutions et des performances d'un niveau européen. La structure administrative risque d'être faible par rapport au poids de tant d'innovations. L'instabilité politique ajoute des points d'interrogation.
- Royaume-Uni : réforme et transformation - Ray Barrel p. 223-245 Le nouveau gouvernement poursuit les réformes et modernise les institutions politiques. Il a transformé la gestion des finances publiques et le statut de la Banque centrale. Il veut modifier la structure de l'économie britannique et favorise l'intégration europénne mais refuse toute avancée vers le fédéralisme. Si l'administration est très libérale, la protection de l'emploi s'améliore.
- Les dépenses de santé des Français : une maladie d'amour? - Bruno Ventelou p. 247-280 Les dépenses de santé des Français croissent plus vite que le PIB, ce qui ne manque pas de poser un problème, manifeste au terme de chaque année budgétaire, à l'équilibre comptable du système de protection sociale. L'analyse microéconomique identifie de multiples raisons à la dérive des dépenses, liées principalement à des lacunes informationnelles entre les acteurs de la relation médicale (le patient, le soignant et l'assureur maladie) : elle plaide pour des réformes structurelles, attentives aux incitations économiques effectivement fournies par le système de santé. L'examen comparé des systèmes de santé étrangers montre que la France ne fait pas exception pour ses difficultés de contrôle de l'évolution de la dépense de santé. Cependant, on peut s'interroger sur la logique des réformes qui ont été appliquées ou qui sont proposée actuellement : elles s'avèrent orientées bien plus vers des mesures de contingentement quantitatif et de contrôle a posteriori que vers la recherche des mutations qualitatives internes au secteur et nécessaires à son bon fonctionnement.Health care expenditures in France : ailments of love ? Bruno Ventelou In France, health care expenditures increase faster than GDP, which is a recurrent dilemma for the public finance balance of the social protection system. Microeconomic analysis identifies several reasons for such an evolution, linked to informational problems (informational asymmetries between the patient, the physician and the insurance). Microeconomic also provides a large array of incentives and mechanism designs in case of informational asymmetries, and then, inclines in favour of « structural reforms » in order to obtain an efficient health system. Comparative study of health care systems abroad shows that France is not isolated with regard to its difficulties in controlling health expenditures. Nevertheless, economists could be surprised by the reforms implemented in France : they tend to be more oriented toward a (short term) quantitative rationing mechanism rather than toward a (long term) qua- litative and structural response to the existing deficiencies of the health care sector. JEL codes : I10, I11, I18
Chronique de sociologie : comparaisons européennes
- Existe-t-il un modèle européen de structure sociale ? - Louis Chauvel p. 281-298 En Europe, le lien entre structure professionnelle et hiérarchies de scolarité et de revenu diffère d'un pays à l'autre. La comparaison met en évidence l'existence de trois modèles : les pays les moins avancés d'Europe sont aussi les plus inégaux, marqués qu'ils sont par un écart important entre les ouvriers et les qualifiés du tertiaire; à l'opposé, les pays germaniques connaissent une structure sociale plus floue, avec des hiérarchies peu marquées et des liens relativement faibles entre les échelles; les pays latins sont intermédiaires, caractérisés par un lien fort entre éducation, profession et revenu, même si l'écart de rémunération entre les plus et les moins qualifiés est dans la moyenne européenne.Is there a common model of social structure in Europe? Louis Chauvel This paper evaluates the link between the professional structure and the inequalities in terms of education and income in Europe. The comparison reveals three models: the less developed European countries are the most unequal, with deep income and educational gaps between workers and qualified white collars ; at the opposite, the Germanic countries have a fuzzy social structure, where the hierarchies are weak and the link between the economic and the academic scales less consistent; the Latin countries are intermediate, with a hard link between education, type of job and income, even the income gap between the most and the least qualified is in the European average. JEL codes : 121,131
- Homogénéisation ou diversification des systèmes de valeurs en Europe occidentale - Henri Mendras p. 299-311 Le fonds commun de valeurs qui fait l'unité et l'originalité de la civilisation d'Europe occidentale est en évolution. Cependant, la diversité des cultures nationales, régionales et de classes ne paraît pas s'atténuer. Deux courants d'étude se sont développés récemment, qui permettent de regarder cette contradiction d'un œil neuf. D'un côté les études de valeurs fondées sur des sondages comparatifs décèlent dans tous les pays une évolution des valeurs traditionnelles (matérialistes) vers des valeurs hédonistes (postmatérialistes). D'un autre côté, l'étude des réseaux sociaux et de la confiance interindividuelle souligne des contrastes forts et permanents, qui expliquent les différentes formes de capitalisme et d'État-providence et des différences entre l'Europe et l'Amérique du Nord.Convergence and Divergence of System of Values in Western Europe Henri Mendras The diversity of cultures in Western Europe does not seem to converge. The main contrasts between North and South are not decreasing, but on the other hand, the opinion and attitude studies are showing similar trends all over Europe. How is it possible to reconcile these two points of view? The increasing of post-materialist values is different in traditional Catholic countries and Protestant ones. The study of social capital shows also that trust among individuals is progressing, but the networks are not on the same structure in different countries. JEL code : Z10
- La participation aux associations en Europe - Maxime Parodi p. 313-325 L'Europe des associations est encore aujourd'hui fortement marquée par les spécificités nationales. S'oppose ainsi une région Nord très dynamique à une région Sud qui a connu un démarrage de ses créations d'associations plus tardif. Néanmoins, à y regarder de plus près, le moteur de l'associationnisme semble partout le même : ce sont toujours des individus engagés dans plusieurs associations et au profil caractéristique des associations choisies.The participation in voluntary associations in Europe Maxime Parodi In Europe, the dynamism of voluntary associations depends largely on national specificities. We can oppose the North, quite active, to the South which has a slow development in its creations of associations. Nevertheless, the dynamic of these civic societies always relies on the same people : the activists are engaged in many associations, which form a sort of network, and each type of association has its own model of activist. JEL code : D64
- Existe-t-il un modèle européen de structure sociale ? - Louis Chauvel p. 281-298
Fiche de lecture
- Summaries in English - p. 341-344
- Cahier de graphiques - Amel Falah p. 1-69