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Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. 7, no. 1, 1992 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le nationalisme dans les relations économiques internationales - Jean-Marc Siroën p. 3-33 Le nationalisme économique connaît aujourd'hui une nouvelle poussée qui se traduit par un durcissement des politiques commerciales. Après avoir examiné les fondements doctrinaux du nationalisme économique, nous distinguerons le nationalisme hégémonique du nationalisme autarcique. Nous montrons que l'ordre économique «libéral» d'après guerre, imprégné de mercantilisme, ne relève que d'un libéralisme instrumental. Nous examinons enfin les voies qui permettraient d'éviter les pièges des nouvelles formes de nationalisme.The economic nationalism has, today, new favourable opinions in industrial countries which permit more protectionist trade policies. We examine the doctrinal foundations of economic nationalism in relation with the liberal point of view. We distinguish autar- kical nationalism and hegemonical nationalism. We show that the postwar international "liberal" economic order was impregnated by mercantilist perceptions and that liberalism was mainly instrumental. Lastly, we explore ways of avoiding the traps of nationalism.
- Le calcul économique peut-il venir au secours d'une politique de lutte contre l'effet de serre ? - Sylvie Faucheux, Jean-François Noël p. 35-84 Avec l'émergence des menaces planétaire, la nature des risques auxquels est confronté l'environnement du fait de l'activité humaine a changé au cours des années 1980. La gestion de ce type de pollution, en particulier celle représentée par l'accroissement de l'effet de serre dû aux émissions de CO2, représente un défi pour l'analyse économique standard de l'environnement. Seuls des instruments articulant calcul économique et calcul énergétique sont susceptibles d'agir efficacement dans le cadre d'une politique de lutte contre l'effet de serre. Notre proposition de taxe assise sur le potentiel optimal d'économies d'énergie permet d'atteindre avec le maximum d'efficience économique un objectif de réduction de la consommation énergétique donné par le calcul énergétique.In the mid 80s, with the emergence of planetary threats, the type of envi- ronmental risks from anthropic activities has changed. The management of this global pollution, particularly the greenhouse effect due to CO2 emissions, appears as a challenge for standard environmental economics. Only instruments linking economic calculation and energy calculation are able to be helpful for a greenhouse regulation policy. Our proposal of an excise tax on optimal potential energy savings allows reaching a target of energy consumption decrease. This target is given by energy calculation and the economic calculation is used to get it with maximum economic efficiency. Une première version en langue anglaise de cet article a fait l'objet d'une communication des auteurs le 13 juin 1991 à Stockholm (Annual Meeting of the European Association of Environmental and Resource Economists).
- Technologie et territoire: l'organisation comme objet de recherche ? - Michel Bellet p. 85-138 La reconnaissance des formes d'innovation organisées territorialement (technopoles, districts technologiques, mais aussi systèmes nationaux d'innovation...) implique aujourd'hui de revenir sur les fondements de ce qui pourrait être leur analyse économique. En effet, les théories du changement technique, malgré certaines incursions, ont très peu traité de la dimension territoriale des phénomènes d'innovation. De leur côté, les analyses spatiales et les recherches en économie régionale ont éprouvé quelque difficulté à dépasser une conception de la technologie comme «boîte noire», transposée dans un cadre spatial récepteur. C'est seulement dans la dernière période que s'est constitué, des deux versants de l'analyse, un terrain plus favorable à un rapprochement utile : conception évolutionniste de la technologie introduisant la non-linéarité, importance reconnue aux interdépendances marchandes mais aussi non marchandes, et premiers éléments d'analyse économique des effets de proximité spatiale ont commencé à s'articuler. Ce rapprochement s'est concrétisé dans le recours commun à la notion d'organisation, et plus précisément à celle de réseau. Ce recours ne doit cependant pas masquer les différences sensibles entre deux approches: l'une, centrée sur la transaction, l'espace comme distance et la technologie comme information diffusable ; l'autre, centrée sur la coopération, le territoire comme externalité d'apprentissage et la technologie comme processus à spécifier.The recognition that forms of innovation are now organized on a territorial basis (technopoles and technological districts, but also national innovation systems) entails a fundamental réévaluation of their economic importance. Until now, theories of technical change have not shown much sustained interest in the territorial dimension of innovation phenomena. On the other hand, spatial analysis and regional economics have had some difficulty in seeing beyond their own conception of technology as a "black box" transposed into a receptive spatial framework. It has only been of late that on both sides an approach that is more conducive to closer research links has been developed: an evolutionary conception of technology introducing the notion of non linearity, the recognition of market and non- market interdépendance and the first step towards an economic analysis of the effects of spatial proximity have all begun to be articulated. The rapprochement between these two analyses can be seen in their joint use of the notion of organization, or more precisely, of network. This should not however mask the real differences between the two approaches: one focuses on the transaction and sees space as a distance and technology as a form of information that can be diffused; the other focuses on cooperation, sees territory as an externality in the learning process and technology itself as a process to be specified.
- La révolution tertiaire : services, emploi et croissance - Jean-François Lefèvre-Farcy p. 139-166 Jean-François Lefèvre-Farcy La révolution tertiaire : services, emploi et croissance. La confirmation dans la crise de l'orientation tertiaire de nos économies permet le renouvellement des analyses et du questionnement sur le rôle de l'emploi de service dans la dynamique économique et sociale actuelle. Fondées sur une vision classique des services, les analyses tradi- tionnalistes en soulignent le caractère d'improductivité. Elles sont confer- tées par les approches qui, d'une part mettent le tertiaire au centre d'un modèle de déséquilibre et, d'autre part, celles qui dénoncent le risque de dua- lisation de nos sociétés. Face à celles-ci, les conceptions en rupture dessinent une véritable révolution copernicienne. D'abord, en se dotant d'une vision rénovée du concept de service que génère une analyse reformulée des rapports entre industrie et tertiaire ; ensuite, en promouvant une conception élargie de la richesse dans les nations post-industrielles. Alors, les services, dans le cadre d'une recomposition post-fordiste de nos économies, se trouvent au creuset d'une nouvelle régulation économique et sociale. Voilà toute la dimension d'une révolution tertiaire.The confirmation in the crisis of the tertiary trend of our economies allow a renewal of analysis on the rôle of the employment service in the present socio-economic dynamics. Based on a classical view of the service, the traditionnalist analyses underline its trait of unproductiveness. They are supported by the approaches which, on the one hand, set the tertiary activities in the middle of a pattern of unbalanced growth, and, on the other hand, expose the risk of dualism in our society. Facing this, some breakaway ideas draw the picture of a real co- pernician revolution. First by allowing themself a new vision of the concept of service generated by a reformulated study of the relations between industry and tertiary activities; and then, by expressing a widened conception of wealth in the post-industrial nations. That way, should there be a post-fordist restructuration of our economies, the services will find themselves in the heart of a new economic and social regulation. There is the whole dimension of a tertiary revolution.
- Les relations économie-histoire et le statut scientifique des sciences sociales chez Hicks et Schumpeter - Daniel Dufourt p. 167-214 Le débat sur les formes de la connaissance en économie est périodiquement réactivé par les rencontres entre économistes et historiens. Ces rencontres mettent au jour de manière non moins récurrente la ques- tion fondamentale suivante : la spécificité de l'économie comme science sociale réside-t-elle fondamentalement dans son rapport à l'histoire ? A cet égard, deux thèses s'opposent qui trouvent leur origine dans les œuvres de L.Walras et С Menger. Après avoir rendu compte de deux modes d'analyse historique qui relèvent directement de ces conceptions antagonistes et qu'ont illustrés deux des plus grands économistes contemporains, J. Hicks et J. Schumpeter, nous montrons que ces pratiques scientifiques divergentes trouvent leur source dans une série de problèmes d'ordre épis- témologique non résolus à ce jour.What is the specificity of economics as a social science? The recurring encounters between economists and historians suggest that the answer is still very debatable. Two major theoretical achievements, those of L.Walras and С Menger, show that they adopt opposing views on this question. The great historical investigations proposed by J. Hicks and J. Schumpeter allow us to understand the profond divergences of both scientifical practice. It is suggested that these divergences owe to, still unresolved epistemological problems concerning the mode of reasoning in economics.
- Les systèmes nationaux d'innovation : à la recherche d'un concept utilisable - Jorge Niosi, Bertrand Bellon, Paolo Saviotti, Michaël Crow p. 215-250 Bertrand Bellon, Jorge Niosi, Paolo Saviotti, Michael Crow Les systèmes nationaux d'innovation : à la recherche d'un concept utilisable. Cet article vise à établir les fondements du concept de système national d'innovation. Le développement économique actuel est marqué par la contradiction entre, d'un côté l'ouverture des frontières nationales entraînant l'égalisation relative des règles de la concurrence ; de l'autre, la différenciation croissante, entre espaces économiques, des stratégies et des résultats qui en découlent. Les comportements des acteurs sont, en effet, d'abord orientées vers la valorisation des spécificités existantes, bien au-delà de l'alignement sur des standards internationaux. La dimension technologique, ou plutôt innovative, redevient une des sources des avantages construits. Le concept de système national d'innovation participe aux théories évolutionnistes, ou plus précisément aux approches cybernétiques, au sens des sciences de la régulation et de la communication entre les hommes ou entre l'homme et la machine. Cet article cherche non seulement à fonder le concept sur le plan théorique, mais propose une méthodologie d'analyse concrète des différents systèmes nationaux d'innovation.Bertrand Bellon, Jorge Niosi, Paolo Saviotti, Michael Crow National system of innovation: an attempt to determine a concept. This article tends to develop the national system of innovation (NIS) concept. The current worldwide economic game is two folded. On one side, frontiers are increasingly open, which spread out more eavenly among countries the laws of competitiveness. On the other side, economic efficiency heavily depends on the specificities of each territory. Strategies are fully orientated towards the valorization of such specificities. Technology is back as a corner stone of built advantages among nations. The NSI concept is part of the evolutionnist theories. More precisely it belongs to the cybernetic approach of relations between men and between man and the machine. This article does not limit its attempt to the funding of a concept; it proposes an applied methodology for the analysis of specific NSIs.
- Résumés - p. 251-255
- Auteurs - p. 256-257