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Revue Revue française d'économie Mir@bel
Numéro vol. 9, no. 2, 1994
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le « revenu national soutenable » peut-il être un indicateur de soutenabilité ? - Sylvie Faucheux, Géraldine Froger p. 3-35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'émergence du concept de développement soutenable a conduit les économistes et les décideurs publics à s'interroger sur la capacité des Systèmes de Comptabilité Nationale à tenir compte des préoccupations de soutenabilité écologique. Les propositions d'agrégats rectifiés, ou encore de « Revenu National Soutenable » sont examinées. Deux grandes approches sont distinguées : celles s 'inscrivant dans la lignée de la théorie du capital et celles relevant d'un cadre normatif. D'une part, nous montrons que la soutenabilité écologico-économique est appréhendée au sens faible par la première et au sens fort par la seconde. D'autre part, nous expliquons en quoi le « Revenu National Soutenable », quelle que soit la méthode à partir de laquelle il est obtenu, ne constitue pas à proprement parler un indicateur de soutenabilité. Enfin, nous avançons que ces deux approches gagneraient à être utilisées de façon complémentaire.
    The emergence of the sustainable development concept has forced economists and public decision makers to question themselves about the ability of National Accounting Systems for considering the concerns of ecological sustainability. Some propositions of rectified aggregates, or of « Sustainable National Income » are examined. Two important approaches can be distinguished : one which belongs to the theory of capital and the other which falls within the province of a normative framework. On the one hand, we put forward that ecologico-economic sustainability is apprehended, in the weak sense by the first approach, and in the strong sense by the second analysis. On the other hand, we explain why « Sustainable National Income », whatever the methodology by which it is determined, does not, strictly speaking, make up an indicator of sustai- nability. Lastly, we show that complementarity is required between these two approaches.
  • Vitesse de circulation de la monnaie et tableau économique chez les pré-classiques - Agnès Basaille-Gahitte, Bernadette Nicot p. 37-70 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les travaux des pré-classiques, et plus particulièrement ceux de Petty, Boisguilbert et Cantillon, nous ont permis de retrouver les variables explicatives et les fondements de la vitesse-revenu de la monnaie, ainsi que de la fréquence des paiements dans le circuit monétaire. Ces concepts serviront de point de départ à l'élaboration de la relation de Fisher. La vitesse de circulation de la monnaie y est étudiée dans une optique d'ajustement entre les quantités où l'activité de production, les us et coutumes dirigent les habitudes de paiements. La vitesse de circulation a une origine et une explication sociale. Les agents sont pris en compte dans la mesure où ils constituent le point de départ ou d'arrivée des flux monétaires. La nature de leurs relations détermine le circuit économique. Cantillon reprend la comparaison des flux monétaires et réels de ses prédécesseurs en fournissant une explication et non plus une simple constatation de la vitesse de circulation. Il étudie l'influence sur cette dernière d'un allongement du circuit économique et des modifications dans la synchronisation des paiements entre agents. Il calcule le nombre de semaines que la monnaie prend pour parcourir le circuit, ainsi que la durée de détention des encaisses par les différents agents. Son analyse conduit à une anticipation de l'approche par les liquidités de la théorie monétaire.
    In Petty, Boisguilbert and Cantillon 's works we find explanatories variables, basis of the income velocity of money and of payments frequency within monetary circuit. These concepts will be used as starting point of the elaboration of Fisher relation. Velocity of money is studied in view of adjusting quantities where the production activity, the ways and customs manage the payments practices. From the outset, money velocity explanation is social. Agents are taken into account in so far as they are the starting or coming points of monetary flows. The nature of their connections governs economic circuit. Cantillon compares monetary and real flows, he doesn't find out but explains money velocity. He studies how an extension of circuit or a modification in the synchronized agents' paiements can influence money velocity. He computes how many weeks money takes to travel through the circuit, and so does the holding agents' money. His analysis leads to an anticipation of the liquidities approach of monetary theory.
  • Les effets de la politique monétaire sur l'activité passent-ils par le canal du crédit ? - Olivier Paquier p. 71-104 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La vision habituelle des canaux de transmission de la politique monétaire, telle qu'elle est généralement enseignée à l'aide de modèles standards de type IS/LM, s'en tient au seul canal monétaire. Or, il n'y a aucune raison de se limiter a priori à ce seul arbitrage monnaie/titres pour les tenants du canal du crédit ; un resserrement de la politique monétaire tend alors non seulement à augmenter le taux d'intérêt sur les marchés mais aussi à accroître l'écart entre le taux des crédits et le taux sur le marché des titres et/ou à réduire la quantité de crédits offerte : le canal du crédit amplifie les effets réels résultant du traditionnel canal de la monnaie. Pour ses défenseurs, l'apport du canal du crédit pourrait notamment expliquer que la politique monétaire ait des effets particulièrement forts sur les petites entreprises très dépen- dantes des banques. Il pourrait également rendre mieux compte de l'impact de la politique monétaire sur l'activité bien que les tests économétriques aient du mal à mettre en évidence un effet direct des taux d'intérêt de marché sur l'investissement et donc la croissance. Pour ses contradicteurs, ce mécanisme serait en fait marginal et sans réelle portée macroéconomique ; c'est pourquoi, dans ce débat jusqu'alors principalement américain, l'essentiel tient aux validations empiriques. Dans le cas de la France, les travaux nécessaires pour évaluer l'influence que peut avoir ce mécanisme ne sont pas aisés à entreprendre du fait du caractère récent de la libéralisation financière. Quelques réflexions générales sembleraient néanmoins suggérer que, dans le cas de la France, les effets sur l'économie réelle de la politique monétaire passent largement par l'intermédiaire de l'offre de crédit.
    The conventionnal channel of monetary policy tranmission, as introduced in textbook presentations of the IS/LM model, is limited to the « money view ». But, according to the « credit view », there is no reason to consider that substitution only affects demands for money and bonds ; a tighter monetary policy leads to an increase in financial markets interest rates but it also leads banks to raise rates offered on new loans or to ration credit. If the credit view is right, monetary policy could for instance affect more particularly small firms because they are bank dependent. It could also explain why monetary policy can have a direct impact on investment and on aggregate activity, although standard investment models fail to find a significant effect of market interest rates. Conversely according to its opponents, this mechanism has almost no impact at a macroecono- mic level ; the controversy in the US is therefore focused on empirical evidence. In France, works needed to evaluate the importance of this channel are difficult to perform, due to the recent financial deregulation. Nevertheless some features of the French economy seem to suggest that monetary policy does affect economic activity through credit supply.
  • Incertitude et rationalité - Jean-Laurent Viviani p. 105-146 accès libre avec résumé
    Cet article essaie de montrer en quoi la conception néoclassique de la rationalité est inadaptée pour traiter les problèmes de décision en avenir incertain. Pour des raisons pratiques mais surtout logiques la théorie traditionnelle de la décision ne peut être la seule explication des comportements des agents économiques. L'auteur fait ensuite une présentation critique des voies de recherches alternatives ; essentiellement la théorie évolutionniste et la théorie de Heiner sur la rigidité des comportements en avenir incertain.
  • La privatisation dans les pays en développement : qu'avons-nous appris ? - Patrick Plane p. 147-185 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les pays en développement sont engagés dans un processus de privatisation. Les fondements économiques de ces politiques se trouvent aussi bien au niveau microéconomique que macroéconomique. En étoffant leur secteur parapublic, de nombreux pays en développement espéraient une amélioration de leur efficacité économique et par suite, une accélération de leur rythme de croissance. Rétrospectivement, ces attentes ont été déçues. Les secteurs parapublics trop étendus ont été au contraire une source de déséquilibre interne et externe. La privatisation a pris corps sous différentes formes et a connu une intensité variable selon les zones de développement. En Asie le succès a été significatif sur toute la période 1988-1992. Le mouvement a été en revanche de taille modeste en Afrique subsaharienne. Cette différence dans l'allure des programmes s'explique par des facteurs économiques mais également par des facteurs politiques et institutionnels.
    Developing countries are involved in a privatisation process. The economical basis of these policies are as much on a microeconomic than on a macroeconomic level. By enlarging the parapublic sector many developing economies were hoping for an improvement in economic efficiency and then more economic growth. Looking back, these hopes were dashed. The parapublic sectors became too large, hindered the expected growth and brought about internal and external imbalances. Over the 1988-1992 period, privatisation developed in different forms and varied according to developing areas. The process was successful in Asia and of moderate size in subsa- haran countries. This difference in pace of privatisation programmes could be explained by economical factors and also by institutional and political factors.
  • Marchés publics et politique technologique : le concept de « demand-pull public » - Antje Burmeister p. 187-220 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'histoire de nombreux secteurs montre le rôle potentiel des marchés publics dans la genèse et la diffusion de l'innovation et fournit des arguments pour leur utilisation dans le cadre d'une politique technologique. Notre approche part du concept de demand-pull en le développant à la fois sur le plan quantitatif (la garantie de débouchés stables pour des produits nouveaux) et qualitatif (les spécifications des contrats traduisant les exigences de l'acheteur). En outre, la forme de transaction la plus favorable au processus d'innovation est celle d'un marché organisé avec une interaction étroite et informelle entre utilisateurs publics et fournisseurs. L'article développe les conditions dans lesquelles les marchés publics peuvent constituer un outil de politique technologique, qui sont particulièrement favorables au début du cycle de vie, quand le secteur public dispose d'un pouvoir de monopsone qu'il utilise à travers une stratégie d'acheteur simultanément exigeant et « amical », et quand la technologie développée est générique ou adaptable aux besoins du secteur privé.
    The potential role of public procurement in the process of innovation and diffusion can be derived from the history of several industries. Our theoretical framework develops the concept of public demand- pull in terms of quantity (allowing a stable market for new products) and quality (contracts with strong and open performance tions). Furthermore, innovation and diffusion tend to take place in close informal working relationships between public users and suppliers. The paper develops the conditions under, which public procurement can be a tool of technology policy. Procurement tends to be most efficient in the early stages of the product life cycle, when public purchasing agencies have sufficient monopsony power and act as friendly buyers and quality leaders.
  • Résumés - p. 221-226 accès libre
  • Auteurs - p. 227-228 accès libre