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Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. 10, no. 1, 1995 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Déclin et renouveau de l'économie du développement - Patrick Guillaumont p. 3-25 Cet article suggère qu'au déclin de l'économie du développement, diagnostiqué il y a quinze ans, a succédé un renouveau. Il s'interroge sur la nature de l'économie du développement et indique ses liens avec l'analyse des situations de pauvreté, des défaillances de marché et de risque. Il examine les travers idéologiques et les confusions sémantiques qui ont affaibli naguère l'économie du développement, puis évoque ses perspectives et enjeux actuels.This paper argues that after its "decline" observed fifteen years ago, development economics is presently developing again. The paper offers a critical examination of the scope and specificity of development economics, underlying its links with the analysis of poverty, market failures and risk. Some of the ideological biaises and semantical confusion which have affected development economics in the past are considered. Then the perspectives and needs of development economics are presented.
- La justification ordo-libérale de l'indépendance des banques centrales - Eric Dehay p. 27-53 Ce texte présente quelques éléments de la théorie ordo-libérale qui symbolise le renouveau de la pensée économique allemande, notamment pendant les années cinquante. Il se focalise essentiellement sur les problèmes monétaires en cherchant à situer les propositions ordo-libérales en matière d'organisation des institutions monétaires par rapport au récent débat sur l'indépendance des banques centrales.This text describe the monetary conceptions of German Neo-Liberals who symbolise the revival of German economic thinking during and after the fifties. A theoretical justification of cental bank independence appears of this conception: the independence is seen as an element of the separation of powers in the State. In the perspective of construction of an independent European central bank, this argument seems to be important for examining the question of independence from different points of view.
- Soldes courants et mouvements de capitaux entre Japon et États-Unis : le tournant des années quatre-vingt-dix - Gérard Tasso p. 55-86 Durant la seconde moitié des années 1980, les sorties nettes de capitaux longs induites logiquement par l'excédent courant japonais ont joué un rôle crucial dans le financement du déficit courant américain. Dans les années 1990, alors que la situation se pérennise du côté des déséquilibres courants, elle se modifie radicalement du côté des flux nets de capitaux longs. Les Etats Unis sont désormais exportateurs nets de capitaux longs; quant au Japon, sa position d'exportateur net est devenue modeste — au regard de ses excédents courants — et fragile. Dans ces conditions, les modalités de financement du déficit courant américain qui ont prévalu dans les années 1980 sont forcément déstabilisées.
- Hétérogénéité et interactions des agents sur le marché des changes - Pierre Laurent p. 87-113 Pierre Laurent Hétérogénéité et interactions des agents sur le marché des changes. L'hypothèse d'hétérogénéité des agents est cruciale sur les marchés spéculatifs. Après avoir analysé comment cette hypothèse est traitée dans les modèles de détermination des taux de change, on présente un modèle où plusieurs types d'agents s'échangent des informations sous la forme de rencontres bilatérales aléatoires. Ces interactions prennent en compte la dimension d'imitation et les phénomènes de groupes existant sur ces marchés. Il s'agit d'endogéniser les mécanismes de contagion, déterminés à la fois par la précision de l'information et le « risque d'opinion » de chaque groupe d'agents. Une série de simulations permet de dégager différentes configurations de marché et, par là-même, de comprendre l'origine des anomalies que l'on rencontre de façon chronique sur le marché des changes.This paper presents theoretical explanations of some "anomalies" in the foreign exchange market. We try to explain the source of endogeneous fluctuations in aggregate behavior which are not caused by exogeneous shocks to the system. The underlying hypothesis is the heterogeneity of agents. This hypothesis is crucial to understand the swings of opinion in a speculative market, and how these swings may be transmitted into market prices. We examine different types of heterogeneity (heterogeneity of actions and cognition) in exchange rate models, and the interaction processes between the different groups of agents. Then, we consider a market model in which heterogeneous agents communicate with each other. Changes in opinion occur as a result of bilateral stochastic interactions, with endogeneous probabilities of contagion. The contagion depends on the precision of information and on the "risk of opinion ", a risk due to the behaviour of agents themselves. Simulations of this artificial exchange rate market show different market configurations. According to agent's behaviour and the market's characteristics, speculation may be a source of stabilization, a cause of volatility of the origin of durable instability.
- Un modèle théorique de la dynamique de l'hyperinflation : une reformulation du modèle de Cagan - Valérie Lelièvre p. 115-133 Cet article présente un modèle théorique visant à expliquer la dynamique de l'hyperinflation. Il constitue une reformulation du modèle de Cagan [1956], dans lequel ont été introduites des hypothèses nouvelles visant à rendre compte de la réalité du processus hyperinflationniste dans les pays d'Amérique Latine. Le modèle développé repose sur une contrainte budgétaire gouvernementale et sur l'équation de demande de monnaie de Cagan. Trois hypothèses nouvelles sont retenues : les anticipations des agents sont rationnelles, la demande de monnaie des agents est instable et l'offre de monnaie est endogène. Dans ce modèle, la dynamique de l'hyperinflation trouve ses origines sur le marché des encaisses réelles: c'est le financement monétaire du déficit budgétaire et le prélèvement des impôts par l'inflation qui vont impulser cette dynamique en agissant sur l'offre et sur la demande d'encaisses des agents. Les différents « chocs budgétaires » (accroissements du déficit budgétaire) vont conduire à un déplacement de l'équilibre et de la courbe de demande sur le marché des encaisses réelles, qui va accélérer et entretenir la dynamique de l'hyperinflation.Valérie Lelièvre A theoretical model of the dynamics of hyperinflation: Cagan's model revisited. This paper presents a theoretical model whose purpose is to explain the dynamics of hyperinflation. It is a reformulation of Cagan's 1956 model in which hypothesis are added to explain the reality of hyperinflationist process in Latin America. The model includes a government budget constraint and the money demand equation of Cagan's model. Three new hypothesis are introduced: expectations are rational, the money demand is unstable and money supply is endogeneous. Dynamics hyperinflation's origins are situated on real balance market: fiscal deficit financed by printing money and inflation taxes launch hyperinflation by acting on supply and demand on real balance. "Budgetary shocks" conduce to a shifting of demand and equilibrium on real cash market which accelerate and emphasize hyperinflation's dynamics.
- Les déficits publics : enjeu central de la politique et de la théorie économiques des années quatre-vingt-dix - Daniel Vasseur p. 135-191 La concomittance d'importants déficits publics et d'un niveau historiquement et internationalement élevé des taux d'intérêt français, réels et nominaux, ne peut que conduire à s'interroger sur l'existence éventuelle d'un lien de causalité des premiers vers le second. L'hypothèse la plus immédiate d'un effet d'éviction, total ou partiel, à court et/ou à long terme doit certainement être écartée au vu du contexte actuel de l'économie française. Celui-ci se caractérise par un investissement encore peu dynamique, son ouverture internationale et la capacité grandissante des agents économiques à se projeter rationellement dans le long terme. L'effet des déficits publics transite plus vraisemblablement par le canal d'anticipations défavorables. Pour un pays comme la France, il ne saurait sans doute être question d'une prime couvrant le risque de banqueroute ou de toute autre mesure assimilable - laquelle aurait théoriquement un peu le statut d'une prime d'assurance exigée par le prêteur. Il ne semble pas non plus que les déficits fassent peser, comme on l'entend parfois, la menace d'une résurgence de l'inflation. Il faut, en effet, tenir compte du redressement spontané des soldes publics qu'il est possible d'anticiper avec le retour de la croissance et des contraintes encadrant le mode de financement de ces déficits. Il ne paraît pas non plus, d'ailleurs, solidement établi qu'une telle menace entraîne mécaniquement une remontée des taux. Dans ces conditions, c'est bien le niveau des taux d'intérêt réels eux-mêmes qui se présente comme particulièrement élevé. Ces anticipations pessimistes se focalisent, en réalité, plus probablement sur la parité du franc. Les déficits contribueraient à les entretenir dans la mesure où ils signalent l'épuisement des marges de manœuvre de la politique budgétaire. Celle-ci étant désormais en grande partie surdéterminée par l'objectif de stabilisation du ratio de dette publique, la charge du soutien de la conjoncture créée par l'ampleur du chômage et de l'output gap se trouve reportée sur la politique monétaire. Tant que celle-ci n'aura pas, en quelque sorte, ratifié ces anticipations, l'économie française devra continuer de payer un différentiel de taux nominaux, et plus encore réels du fait du relatif nominalisme des marchés financiers. La vertu de la France, à savoir le primat accordé à la stabilité monétaire (franc fort, inflation faible) concourt paradoxalement à lui faire subir un certain handicap.The coexistence in France of heavy public deficits with high interest rates (from a historical and international point of view) suggest the idea of a causality link between the two phenomenons. The first hypothesis to be scrutinized is that of a crowding-out effect in the short (vertical or not LM curve) or long run (wealth effects). But there are reasonnable doubts about such a possibility in the current economic situation of France with lagging investment, the internationalization of its debts and assets and growing capacity of its agents to plan over the long range (ricardian or "quasi- ricardian" behaviour). It is more likely that public deficits might trigger pessimistic expectations. Not that a country like France may have to pay a premium for a risk of bankruptcy, (which would be, in fact, similar to an insurance premium due to the lender) whatever the form might be. Not also that public deficits may give birth to the threat of a future acceleration of inflation, as it is often said. There seem to be no point in such worries with the spontaneous narrowing of government deficits to come soon, following the recovery of the economy, and with the numerous obstacles to their being monetary financed. Besides, it is not obvious, from a theorical point of view, that such threats might automatically imply a proportionnai increase in nominal interest rates. Accordingly, the present level of real interest rates appears particularly high and detrimental to short and long term growth, which is a source of unrest as to the future well-being of the country. As a matter of fact, pessimistic expectations regard primarily the rate of exchange of the local currency, the franc. Actually, international investors pay much more attention on it than on inflation, for instance, because it may change at any moment the value of their portfolio in their own currency. The consumer price index might have an effect on the exchange rate, sooner or later, but it cannot be taken for sure nor operative in the short run. And this is the international funds' timescale. Public deficits could be a major reason for such concerns to the extent that they clearly show that budgetary policy can no longer help sustain the economic activity. Budgetary policy has been the only one to be used in order to feed the sluggish growth or to minimize the recession of the economy for the past three years - external goals compelling monetary policy to remain restrictive. A fueling of the activity is probably still necessary as the width of the ouput gap and the level of unemployment have reached unusual peaks. But, the strategy of the past three years cannot be led anylonger as the quick speeding-up of the public debt has raised a new aim, i.e. making budgetary policy sustainable again. In other terms, the economic policy has now fewer tools than targets. Thus, financial markets may be entitled to expect a relaxation of the monetary policy. As a result, France undergoes very high nominal interest rates and even worse real interest rates because of some nominalism in the markets' logic. This is due to last as long as the change in monetary policy has not made these expectations come true - with potential hysteresis effects (downgrading of human and physical capital and their long- term aftermatch) evolving in the meantime.
- Résumés - p. 193-198
- Auteurs - p. 199-200