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Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. 11, no. 1, 1996 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'Etat ou le marché dans l'assurance-maladie - Maurice Marchand, Pierre Pestieau p. 3-19 Cet article discute les avantages et les inconvénients d'un système d'assurance-maladie qui serait exclusivement public ou privé. Ensuite, il passe en revue les systèmes d'un certain nombre de pays de l'O.C.D.E., systèmes où coexistent l'Etat et le marché. Il conclut en souhaitant que le financement de l'assurance-maladie demeure essentiellement public et que soit préservée l'universalité d'accès.This paper discusses the comparative advantages of the state and the market in providing health insurance. It then reviews actual systems of health insurance such as experienced in a number of O.E.C.D. countries. In these systems, one finds a combination of state control and market allocation. It then concludes on the necessity of insuring by all means universal accessibility.
- Du calcul économique à l'évaluation organisationnelle des politiques de santé - Sophie Béjean, Maryse Gadreau p. 21-47 Le développement et le succès croissant des méthodes standard de l'évaluation coût-avantage ne doivent pas dispenser d'une réflexion sur leurs fondements. La démarche optimisatrice, les caractéristiques du domaine étudié (externalités, rigidités institutionnelles, incertitude, asymétrie d'information...) impliquent que ces méthodes relèvent d'une conception standard élargie du système qu'elles sont censées évaluer. Les conclusions obtenues par ces méthodes sont relativement opérationnelles, mais restent soumises à des limites méthodologiques et éthiques. S'ajoute à ces limites le caractère contestable des fondements de l'approche standard élargie dans le domaine de la santé. Il convient alors d'envisager des méthodes non standard de l'évaluation qui puissent utiliser les résultats des méthodes coût- avantage comme des informations parmi d'autres intégrées dans une procédure de négociation par apprentissage.Cost-efficiency methods for resource allocation décisions in health care lay on fondations about the functioning of health care system. These foundations can be contestable and this put on question the use of results of these methods. It is then necessary to consider non-standard methods of appraisement in health care in which the results of cost- efficiency methods could be used as informations among others.
- Recherche pharmaceutique, prix du médicament et assurance-maladie - Edouard Martin p. 49-86 en fait les organismes d'assurance- maladie, n'était pas excessive. En France, le moyen privilégié pour cela a longtemps été le contrôle des prix. Si ce système a permis de maintenir les prix bas, il s'est avéré peu efficace en termes de maîtrise des dépenses et d'incitation à la recherche. Aujourd'hui, une tendance nette semble se dégager vers un système dans lequel les prix sont libres, mais où les niveaux de remboursement sont fixés en fonction des prix les plus bas au sein de chaque classe thérapeutique. Le système allemand (Festbetrag) en constitue l'exemple type- L'analyse de la politique optimale du médicament dans un modèle théorique simple d'assurance, avec aléa moral, et de concurrence entre firmes innovantes, conduit à trouver une justification forte à ce type d'organisation. En effet, une affectation très stricte des instruments aux différents objectifs de la politique du médicament apparaît, dès lors que l'on dispose dans la panoplie d'un instrument spécifique pour stimuler un comportement d'acheteur au moindre coût, par un mécanisme de type « remboursement sur la base du médicament le moins cher du marché ». Sous cette hypothèse, la question de la maîtrise des dépenses de santé n'interfère plus avec la politique industrielle: le premier problème appelle des instruments classiques de responsabilisation de la demande ou de la prescription médicale, par exemple par des mécanismes de coassurance; la liberté du prix du médicamentThe drug policy must reconcile industrial and health policies stakes. Research and technological change, that have hitherto largely contributed to improve the population general health level, are actually the main determinants of the health expenditure evolution. Moreover, the state policy, regarding prices and reimbursement, strongly determines pharmaceutical R&D investment and competitiveness. The complexity of these interactions has led to the implementation of a wide range of drug policies in industrialised countries. These notably set up various instruments in order to make sure that the profitability of pharmaceutical firms, whose customers are in fact health insurance organisms, was not too high. In France, price control was privileged. While such a system allowed to keep low prices, it was not very efficient concerning expenditures containment and research incentives. Today, a clear tendency seems to emerge towards a system in which prices are free, but reimbursement levels are fixed according to the lowest prices within every therapeutic class. The german system (Festbetrag) is a good example of this kind of system. The analysis of the optimal drug policy, in a simple theorical model of insurance with moral hazard and competition between innovative firms, provides a strong justification for this type of organization. As a matter of fact, a strict allocation of the instruments to the different drug policy objectives emerges, as soon as one has a specific instrument to stimulate a least cost consumer behavior, through a "reimbursement on the basis of the market least expensive drug" mechanism. Under this assumption, the issue of health expenditures containment does not interfere with industrial policy. The former problem calls for classical instruments aimed to control demand and medical prescription, by mutual insurance for example; freedom of price is furthermore desirable to stimulate innovation, for it allows firms to appropriate a sufficient proportion of the surplus. Patents, and possibly common law instruments, such as research tax credits, are therefore decisive here. Obviously, this reasoning can't be reversed: the creation of rents does not guarantee an appropriate level of research investment. In such an organization, the main difficulty lies in the economic evaluation of innovative drugs. Actually, the reimbursement rule by therapeutic class, defined above, only applies if there is no therapeutic benefit, innovative drugs having otherwise to get a bonus equal to the expected economic benefit.
- La régulation du système de santé en France - Laurence Bloch, Pierre Ricordeau p. 87-146 Caractéristique commune à tous les systèmes de santé développés, la croissance des dépenses apparaît particulièrement accentuée en France. Cette évolution ne se traduit pas par un état de santé globalement supérieur en France. Certains facteurs ont joué un rôle important sur la croissance des dépenses dans le passé, mais ne jouent aujourd'hui qu'un rôle faible: accès à une offre de soins autrefois rationnée ou encore amélioration de l'accès au système de soins par l'extension des couvertures sociales. D'autres facteurs gardent en revanche un impact significatif, comme le vieillissement de la population, l'amélioration du niveau de vie, dans la mesure où le bien santé est un bien supérieur, ou encore le progrès technique. Mais ces facteurs ne peuvent expliquer qu'une partie de l'évolution des dépenses; des explications supplémentaires doivent être recherchées dans les spécificités de l'organisation et de la régulation des systèmes de soins. La régulation du système de soins doit en réalité trouver un juste équilibre entre le « tout Etat » et le « tout marché ». L'intervention publique trouve d'abord sa justification dans la recherche d'une plus grande efficacité. Les nombreuses imperfections du « marché » de la santé, à savoir l'existence d'asymétries d'information entre les différents acteurs du système de santé, l'incertitude médicale, le caractère public du bien santé, et les structures non concurrentielles du marché, perturbent son fonctionnement libre, conduisent en effet à des inefficacités collectives. L'intervention publique est également fondée par la recherche d'une plus grande équité dans l'accès au système de soins. Un système totalement public et centralisé conduirait cependant à de nombreuses inefficacités collectives. Les expériences menées dans différents pays nous montrent qu'il est possible d'associer régulation publique et mécanismes incitatifs ou concurrentiels de marché dans la gestion du système de soins : paiement prospectif par exemple sur la base des groupes homogènes de malades, mise en concurrence organisée des offreurs de soins et/ou des acheteurs de soins. En France, les politiques de régulation traditionnelles se sont révélées peu efficaces. Le contrôle des tarifs a eu pour effet de stimuler la croissance des volumes; la planification hospitalière n'a pu influé véritablement sur la restructuration de l'offre existante et la responsabilisation des consommateurs par le ticket modérateur a échoué. Par ailleurs, une répartition claire des rôles entre les offreurs de soins, les assureurs (publics ou privés) et l'Etat n'a pas été définie. Enfin la régulation manque d'un système d'information cohérent et complet. C'est pourquoi en s'inspirant des expériences étrangères, celles de l'Allemagne et du Canada, une nouvelle politique a été mise en place durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, visant à fixer des budgets globaux et des enveloppes globales. Au moment où s'engage la réforme de large ampleur du plan Juppé de nombreuses questions restent résoudre. Comment articuler dans le cadre du vote du parlement des objectifs de santé et la politique de maîtrise des dépenses ? responsabiliser plus efficacement demande de soins ? Enfin dans le domaine de l'offre, comment les mécanismes de régulation en place (respect des de dépenses, répartition entre différents secteurs et par région; évaluation et contrôle des pratiques médicales; rationalisation de filière de soins, développement mécanismes incitatifs; réformes ambitieuses passant par une grande mise en concurrence offreurs de soins et une responsabilisation de l'assurance maladie) ?Although general to every developed country, growth of health spendings has been particularly important in France. However, this movement has not led to a relatively better state of health. In the past, some factors have played an important role but are not so strong anylonger: elimination of supply shortage; extension of the social coverage. Other factors are still very strong: ageing of the population; growth of income; technological innovation. But these factors can explain only a part of the increase in health spendings. Further explanations are to be looked for in the health system organization and regulation. A balance between market and state regulations must be found. Public intervention can be justified by the need of larger efficiency. The health system is characterized by the presence of many imperfections: asymmetric information, medical uncertainty, specific nature of health as a public good, uncompetitive market structures which lead to collective inefficiencies. Public intervention is also necessary to greater equity in the access to health. However, complete public and centralized health systems also lead to collective inefficiencies. As experiments in several countries demonstrate it, state regulation can be associated with market mechanisms: prospective payments based for example on Diagnosis Related Groups; competition on the health production market and/or the insurance market. In France former regulation policies did not prove to be very efficient. Price control encouraged increase in health consumption. Hospital planning did not succeed in restructuring supply and copayments failed to moderate demand. Moreover, a clear configuration of roles between health providers, public and private insurers and the state has not been defined. Furthermore, regulation lacks a complete and consistent information system on health. Following the german and Canadian reforms' examples, a new policy, based on global budgeting or growth targets has been implemented in the '80s and the early 90s'. After the recent announcement of a large reform by the Prime Minister, lots of questions stay yet unanswered. How will the Parlement define health objectives associated with spendings limitation targets? How is it possible to improve incentives on demand? How to improve regulation mechanisms (enforcement of spendings targets, distribution of resources between different sectors and areas, evaluation and control of medical practices, development of incentives, more ambitious reforms based on greater competition between health providers and further responsibility of health insurance)?
- La régulation économique des dépenses de santé : réflexions sur la réforme britannique - Dominique Bureau, Jacques Esposito p. 147-181 Tout en offrant une couverture universelle, le N.H.S. est le système de santé qui enregistre une des meilleures performances dans le contrôle des dépenses de santé. Avant sa réforme, il représentait l'archétype du système public fiscalisé, dont la maîtrise des coûts n'était réalisée qu'au prix de contraintes réglementaires progressivement contestées. La réforme entreprise en 1991 y a rétabli certains mécanismes de marché, notamment une véritable fonction d'acheteur, les prestataires de soins de premier recours achetant des soins aux prestataires de second recours. Il s'agit là d'une réforme d'ensemble dont l'examen permet de dégager une grille d'analyse de portée générale sur la régulation des dépenses de santé.Despite universal coverage, the N.H.S. is the health system which obtains the best outcome for spending control. Prior to 1991, this result was associated with little consumer choice over health care, queues, and a general lack of flexibility. The 1991 reform has reintroduced market-type mechanisms in the N.H.S. One of its central ideas is the systematic identification of a purchaser function: the "GP fundholder", who is responsible for purchasing secondary services for his patients, is an agent of particular interest in this new context. The study of this wide-ranging reform provides an useful benchmark to discuss the various policy options available to improve the performances of health care systems.
- Les atouts et les limites des systèmes publics d'assurance-maladie - Jean-Charles Rochet p. 183-189 Cette note vise à mettre en place les principaux éléments d'une analyse microéconomique de systèmes publics d'assurance maladie. Après avoir mis en évidence les spécificités des dépenses de santé, nous essayons de montrer que le maintien de systèmes d'assurance maladie où le secteur public occupe une place prépondérante ne se justifie que si l'on veut utiliser l'assurance maladie à des fins redistributives. Enfin, nous étudions à quelles conditions ce rôle distributif de l'assurance maladie est fondé théoriquement.This note aims at putting in place the main elements of a microeconomics analysis of public systems of health insurance. We start by emphasizing the specificities of medical expenses, then we try to show that health insurance systems where the public sector is dominant, are only justified if one wants them to play a redistributive part. We conclude by assessing under what conditions this redistributive part is founded theoreticall.
- Résumés - p. 191-197
- Auteurs - p. 199-200