Contenu du sommaire
Revue | Revue française d'économie |
---|---|
Numéro | vol. 11, no. 3, 1996 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les nouvelles théories de la croissance et leurs implications pour la politique économique et l'analyse de la concurrence internationale - Gilles Saint-Paul p. 3-20 Les nouvelles théories de la croissance apportent-elles des réponses aux problèmes de politique économique? Cet article aborde la question sous trois aspects: le rôle de la politique industrielle, le rôle du commerce international, et l'interaction entre progrès technique et emploi. Les récents travaux empiriques et théoriques suggèrent que l'Etat peut favoriser la croissance en soutenant l'épargne, et à travers des politiques d'éducation et d'infrastructures, ainsi qu'en assurant un environnement politique stable. En revanche, ces travaux n'offrent que peu de fondements au recours au protectionnisme et aux politiques sectorielles.Do new growth theories adress traditional policy issues ? This article attacks this question from three perspectives: we discuss the role of industrial policy, the role of international trade, and the interaction between technical progress and employment. Recent work supports the idea that governments can enhance growth through public infrastructure policies, education, increased savings, and by providing a stable political environment. On the other hand, there is little support for protectionnism and sectorial policies.
- Le phénomène criminel dans la théorie du capital humain - Gilles Leloup p. 21-68 Dans les sociétés où les rapports entre les individus s'inscrivent dans un cadre légal, il revient aux autorités de faire respecter la loi en punissant les auteurs d'actes considérés comme répréhensibles. Reste toutefois à définir la notion d'« infraction à la loi ». Celle-ci ne fait pas l'unanimité chez les criminologues : pour les uns, elle se confond avec le passage à l'acte de l'individu; pour les autres, il n'y a d'infraction que si l'acte incriminé est qualifié comme tel par le juge. Seule cette dernière approche, dite de la réaction sociale, est satisfaisante sur le plan sociologique, La théorie de capital humain propose une interprétation économique du phénomène criminel. Le modèle théorique, proposé par Becker et développé par Ehrlich, s'inscrit dans une criminologie du passage à l'acte. Mais l'insuffisance des données disponibles amène Ehrlich à tester un modèle empirique, ne portant que sur les crimes et les délits outre la propriété. Il obtient alors un optimum des crimes et délits sur une période pluriannuelle. Il n'en va plus de même lorsque l'on tente d'adapter le modèle à la criminologie de la réaction sociale: il devient en effet impossible, faute de consensus sur la notion de « transgression de la norme », d'obtenir des résultats qui puissent être considérés comme significatifs.In societies where laws govern relations between individuals, it is the duty of the authorities to enforce the law by punishing perpetrators of acts considered to be reprehensible. Nevertheless, there remains to be defined the notion of "breach of law". Criminolgists are far from agreeing on a definition. For some, violation of the law and the carrying out of the deed by an individual are one and the same; for others, there is no breach of law unless the incriminated act is labelled as such by a judge. Only this latter approach — the so-called Social Response — is satisfactory from a sociological point of view. The Human Capital theory advances an economic interpretation of criminal phenomena. The theoretical model, proposed by Becker and developed by Ehrlich, is in keeping with the first school of thought, i.e., that crime resides in the carrying out of the deed. However, as the available data is insufficient, Ehrlich is led to try an empirical model, based solely on crimes an misdemeanours against property. He thus obtains an optimum of the crimes and misdemeanours committed over a span of several years. The result is no longer the same when an attempt is made to adapt the model to the Social Response theory; it, in fact, becomes impossible — for lack of a consensus on the notion of "transgressing the norm" — to obtain results which might be considered significant.
- Une explication monétaire non monétariste : la théorie post-keynésienne - Jean-François Goux p. 69-94 Le monétaire n'est plus le domaine exclusif des monétaristes. Ils sont aujourd'hui concurrencés sur ce terrain par les post-keynésiens qui mettent l'accent sur le caractère séquentiel de l'évolution économique, sur la situation d'incertitude, sur le rôle des institutions économiques et surtout sur l'importance de la monnaie et du crédit. La monnaie est intimement associée au temps et n'existe qu'en raison de l'incertitude. Ses particularités en découlent. La monnaie est introduite et intégrée dans une économie monétaire de production par l'intermédiaire du crédit et plus généralement dans le cadre du processus de financement de l'économie. L'offre de monnaie est endogène et le taux d'intérêt est exogène. On peut discuter du car- actère plus ou moins « horizontal » de la courbe d'offre. La banque centrale est accommodante et conduit la politique monétaire de manière assez passive en ne disposant que du taux d'intérêt comme instrument.Money is no longer the exclusive field of monetarists. Today, they are challenged on this ground by Post-Keynesians who emphasize the sequential nature of economic evolution, the uncertainty, the place of economic institutions and above all the importance of money and credit. Money is intimately associated with time and exists only because of uncertainty and its peculiarities come from this. Money is introduced and integrated in a monetary economy of production through the medium of credit and, more generally, as a part of the process of financing the economy. The supply of money is endogenous and the interest rate is exogenous. We can question the more or less "horizontal" pattern of the supply curve. The central bank is accommodating and conducts its monetary policy rather passively with only one instrument: the interest rate.
- Égalité et équité: l'enjeu de la liberté Amartya Sen face à John Rawls et à l'économie normative - Michel Maric p. 95-125 La notion d'équité, telle qu'elle est employée dans le débat public, témoigne de la nécessité d'un retour aux textes de Rawls. Une con- frontation aux " capacités " de Sen permet d'exposer les soubassements d'un débat sur l'équité qui ne peut négliger l'égalité, au nom de la liberté. A l'égalitarisme des instruments de mesure utilisés en matière d'analyse de la répartition, Sen et Rawls substituent, en effet, la priorité de la liberté pour justifier des répartitions inégales. Si pour Rawls, l'équité est compatible avec des inégalités sur un ensemble d'avantages sociaux, pour Sen les inégalités ne sont tolérables que soumises à une visée d'égalité des opportunités dont disposent les individus au sein de l'organisation sociale et non uniquement sur un ensemble de " biens ", matériels ou immatériels, préalablement définis comme " premiers ". La traduction de ce débat en termes d'outils d'analyse ouvre de nouvelles perspectives pour la mesure du bien- être individuel et social.The notion of "equity", such as it's employed in the French public debate, testifies the necessity of a come back to Rawls's theory. A comparison with Sen's "capabilities" allows to expose the bases of a debate on equity which cannot neglect equality, in the name of liberty. To the egalitarianism of used measure instruments concerning distribution analysis, Sen and Rawls substitute, indeed, the priority of liberty to justify unequal distributions. If for Rawls, equity is compatible with inequalities on a social benefits set, for Sen, inequalities are bearable only if the aim is the equality of individual opportunities in social organization, and not solely on a set of "goods", material or immaterial, beforehand defined as "primary". The translation of this debate in terms of analysis instruments opens new perspectives for the measure of social and individual well-being.
- Politiques d'environnement, enjeux et compétitivité et règles du commerce international : un tour d'horizon - Christel Ayasamy p. 127-163 Cet article se situe dans le cadre général d'analyse des interactions possibles entre politiques d'environnement et compétitivité internationale. A partir de plusieurs cas empiriques, sont étudiées les conséquences possibles sur la compétitivité internationale des possibilités de manipulation des accords de libre-échange. Il est montré que sous certaines conditions, un pays peut pratiquer des politiques de dumping écologique, ou de surenchère écologique, tout en respectant les règles du commerce international. L'impact des politiques d'environnement sur la compétitivité internationale est alors différencié en fonction de l'objet de la politique suivie, selon que celle-ci porte sur les produits, ou sur les procédés de production. Est abordée en particulier la possibilité pour un pays d'instaurer des barrières à l'entrée de produits importés, en renforçant ces normes d'environnement sur produits.This paper analyses the possible interactions between politics of the environment and international competitiveness. The implications on international competitiveness resulting from the manipulation of free-trade agreements are considered, with reference to several empirical cases. It is pointed out that even when countries follow the basic principles of international trade regulations, there is still a possibility for strategic environmental actions. The impacts of such actions on international competitiveness is differentiated according to whether the environmental politics concern products standards or process and production methods standards. The possibility for a country to establish trade barriers on imports by reinforcing its products standards is one of the main issues discussed.
- Le recyclage des déchets : approche économique d'une activité nouvelle - Marie-Véronique Henry-Wittmann p. 165-191 Le recyclage est la transformation, en vue de leur réutilisation, de produits naturels ou de biens ayant déjà été utilisés. C'est une activité qui offre aux économistes un sujet de réflexion relativement nouveau dans la mesure où elle permet de poser en des termes différents le problème du rapport entre la consommation et les ressources et remet en cause, du moins partiellement, la notion de ressource non renouvelable. Le recyclage s'inscrit aussi dans le cadre d'un nouveau modèle de croissance, soucieux de préserver l'environnement. La première partie de cet article analyse les raisons qui font du recyclage une activité à la fois économique et écologique, les obstacles susceptibles de freiner son essor et décrit ses principaux aspects, à partir de l'exemple français. La seconde partie reprend les analyses qui en ont été faites, envisage une classification des ressources naturelles tenant compte de la possibilité ou non de les recycler et compare les coûts de production partir de la matière vierge et à partir de matière recyclée pour tenter de définir un « optimum de recyclage ».Recycling can be defined as the transformation of goods or natural resources which have been used into other goods. The subject of recycling in relatively new for economists. It allows them to set out differently the problem of the relationship between consumption and resources. It challenges the notion of un-renewable resource. Recycling takes place otherwhise within the context of a new model of growth caring about environment. The first part of this paper considers the reasons why recycling is both an economic activity and an ecological activity and describes its aspects since the french example. Obstacles abled to slow down its growth are also analysed. After considering previous analyses, the second part viewes a classifica- tion of natural resources taken into account the possibility of recycling. Production costs are compared for production since virgin materials or since recycling materials, so as to be able to define an « optimum of ».
- Note à propos de la reformulation du modèle de Cagan - Alexandre Sokic p. 193-203 Cette note veut attirer l'attention sur deux points essentiels de l'article récemment publié de V. Lelièvre [1995]. Il s'agit, en premier lieu, de l'affirmation de cet auteur selon laquelle l'allure en cloche de la courbe représentative des revenus réels de la taxe d'inflation serait justifiée par une instabilité de la fonction de demande de monnaie. On montre que celle-ci est, au contraire, justifiée par la forme fonctionnelle particulière qui est donnée à la demande d'encaisses réelles. En deuxième lieu, s'agissant des résultats de la dynamique du modèle, on se propose de montrer qu'aucun processus hyperinflationniste ne peut être mis en évidence. Ceci nous amène alors à soulever le problème plus général de la défaillance du modèle de la théorie monétaire et budgétaire de l'hyperinflation.This note intends to attract attention on two main points of the recently published paper of V. Lelièvre [1995]. First, it concerns the author's assertion that the bell-shaped curve representing real inflation tax yield is due to a demand for money function instability. We show, on the contrary, that it is due to the particular functional form of the demand for real cash balances. Second, concerning the dynamic results of the model, we intend to show that no hyperinflationary process can be generated. This leads us to raise the more general issue of the monetary and fiscal theory of hyperinflation flaw.
- Résumés - p. 205-210
- Auteurs - p. 211-212