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Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. 13, no. 3, 1998 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Entretien avec François Hollande - p. 3-23
- Equité et croissance économique : une nouvelle analyse ? - François Bourguignon p. 25-84 Cet article offre une synthèse de la littérature récente sur la relation existant entre l'équité de la distribution des revenus et des patrimoines, et le taux de croissance d'une économie. Pour une large part, cette littérature est liée au développement de la « nouvelle théorie de la croissance » qui a effectivement conduit à une modification significative de la façon d'introduire les phénomènes distributifs dans le cadre d'un modèle de croissance. De grande importance est le fait que la plupart des modèles théoriques concluent à une relation positive entre l'égalité de la distribution et le taux de croissance et que les études empiriques disponibles sur données transversales tendent à confirmer cette hypothèse. Ces résultats semblent aller contre l'idée conventionnelle que l'égalisation de la distribution des revenus devrait diminuer la croissance. Il est montré ici que les preuves empiriques d'une complémentarité entre équité et croissance sont en fait très fragiles et que les implications de politique économique d'une telle relation, telles qu'on peut les déduire des modèles théoriques disponibles, sont très ambiguës. En particulier, il reste vrai que la redistribution du revenu courant va contre la croissance, de telle sorte que les gains d'équité doivent être obtenus à travers une redistribution des actifs plutôt que du revenu courant. Ceci semblerait plaider en faveur d'une égalisation des revenus par le développement de l'éducation et l'accumulation de capital humain.This paper offers a survey of the recent literature on the relationship between the equity of the distribution of income or wealth and the rate of growth of an economy. For a large part, this literature arose in connection with the development of « new growth » models which led to a significant change in the way to introduce distributional issues in a growth framework. Of special importance is the fact that several theoretical models point to a positive relationship data seem to confirm such a relationship. Such findings seem to go against the conventional wisdom that equalizing the income distribution would harm growth. However, it is argued in the present paper that the available empirical evidence of a complementarity between equity and growth is presently extremely weak and that the policy implications of such a relationship through available theoretical models are rather ambiguous. In particular, it remains the case that redistribution of current income is detrimental to growth so that more equity must actually be obtained through asset rather than income redistribution. A convincing case may thus been made on the basis of this type of argument in favor of equalizing incomes through fostering education and the accumulation of human capital.
- L'économique politique simplifiée du « mammouth » - Robert Gary-Bobo, Alain Trannoy p. 85-126 Nous proposons un modèle exploratoire des relations contractuelles entre l'Etat et les universités. Nous considérons plus particulièrement le cas d'une université en situation de monopole local pour la délivrance d'un diplôme à caractère professionnel, faisant face à des étudiants supposés identiques. L'université et le ministère de l'Enseignement supérieur entretiennent une relation d'agence caractérisée par le risque moral : la tutelle n'observe pas le niveau d'effort fourni par la communauté universitaire pour améliorer la qualité de l'enseignement. Cet effort est supposé exercer des effets, aussi bien sur le taux de placement des diplômés que sur la demande de formation émanant des étudiants. Nous montrons que les normes Sanremo, utilisées pour le calcul des dotations de l'Etat aux universités, induisent un comportement de « sélection par l'échec » de la part des responsables universitaires. A un système de subvention fondé sur la rémunération des effectifs étudiants, nous proposons de substituer un système incitatif, faisant dépendre les dotations du nombre de diplômés qui ont obtenu un emploi.We propose an exploratory model of the contractual relationships of Universities and the State. We more particularly consider the case of a University with local monopoly power, which grants a « professional » degree, and facing identical students. The University and the Ministery of Higher Education are linked by an agency relationship characterized by a moral hazard problem : the Principal does not observe the effort expanded by the teachers to improve teaching quality. The academic effort variable is assumed to affect both the demand for studies and the rate of employment of students. We show that the system used in France to compute the amounts of public financing of Universities induces perverse incentives and can be held responsible for some majore inefficiencies (in particular the process known as « screening by means of failure »). We propose a reform in which the amount of public funding would depend on the number of students who graduate and find a job.
- Les effets d'une réduction du temps de travail sur l'emploi et le chômage - Gilbert Cette p. 127-149 Pour être « réussie », c'est à dire financée de façon pérenne de sorte qu'elle soit durablement créatrice d'emplois, une réduction du temps de travail ne doit pas dégrader la rentabilité de l'entreprise. Sur le long terme, les conditions de financement de la réduction du temps de travail ont été, dans tous les pays industrialisés, compatibles ex post avec une croissance prolongée. Sur une période récente certaines expériences nationales comme celles des Pays-Bas et de multiples réalisations d'entreprises montrent que des financements réussis de processus de réduction du temps de travail sont fréquents. Pour autant, aucune expérience micro ou macro-économique n'est transposable telle quelle d'une entreprise ou d'un pays à un autre. Les effets sur l'emploi de l'expérience française actuelle de réduction du temps de travail dépendront du financement de cette dernière. Si ce financement est réussi et respecte diverses contraintes, de nombreux emplois pérennes pourraient être créés, sans dégrader le solde des finances publiques et la situation financière des entreprises. Le bien- être des ménages en serait modifié, les salariés gagnant du temps libre mais perdant un peu de pouvoir d'achat (par rapport à une situation sans réduction du temps de travail), et de nombreux chômeurs gagnant un emploi... Néanmoins la réduc- tion du temps de travail ne peut prétendre constituer la solution au chômage massif que connaît la France.To be successful, that is to be well financed in the long run and to create jobs durably, a reduction of working time must not decrease the firms competitiveness. In the long run, the conditions of financing the reduction of working time have always been compatible with sustained growth in all industrialised countries. In recent period, both certain national experiences like in the Netherlands, and many firms realisations show that successful financing of the process of reducing working time are numerous. However, no micro or macro-economic experience can be directly transposed from one firm or country to another. The effects on employment of the actual French experience in reducing working time will depend on its financing. If the financing is successful and respects certain constraints, considerable sustained employment could be created without damaging the public financial balance and the financial situation of firms. The well-being of households would change. The employees would gain leisure time but would lose some purchasing power (compared to a situation without a reduction of working time) and many job-seekers would get a job... Nevertheless, a reduction of working time cannot be the solution to French massive unemployment.
- Taux de change et chômage : un exemple d'application de théorie du change réel d'équilibre - Hervé Joly, Alain Quinet, Nicolas Sobczak p. 151-175 L'objet de cet article est de mettre en évidence la complexité des liens entre chômage et taux de change réel. Selon une approche « naïve » une dépréciation du change mininal induit une baisse du chômage conjoncturel. En réalité, il faut également tenir compte de l'incidence d'une variation du change sur le coin salarial et le chômage structurel. Dans cette optique, une approche en termes de taux de change réel d'équilibre ne permet pas de déceler une surévaluation du franc.The paper highlights the complexity of the relationship between Unemployment and the exchange rate. According to a naive approach, a depreciation in the nominal exchange rate leads to a reduction in the cyclical unemployment. However, one must take into account the impact of the depreciation on the wage wedge and the structural unemployment. In this respect, a real equilibrium exchange rate approach does not suggest any over evaluation of the franc
- Les taux de change d'équilibre fondamentaux : de l'approche théorique à l'évaluation empirique - Didier Borowski, Cécile Couharde, Florence Thibault p. 177-206 Parmi les approches alternatives qui se sont développées, afin de palier les insuffisances de la parité des pouvoirs d'achat dans la définition des taux de change d'équilibre, la théorie de Williamson occupe désormais une place privilégiée. Elle définit le taux de change d'équilibre fondamental comme celui assurant à moyen terme la réalisation simultanée de l'équilibre interne et de l'équilibre externe (son compte courant est « soutenable »). Le recours à une approche en termes de statique comparative pour évaluer ces taux de change d'équilibre permet d'isoler les sensibilités des taux de change fondamentaux aux output gaps et aux écarts de cibles de balance courante et ainsi de s'affranchir en partie du caractère normatif de l'analyse de Williamson. L'évaluation menée, à partir du modèle multinational Nigem, a permis de calculer ces sensibilités pour les dix principaux pays de l'OCDE. Les élasticités des écarts au taux de change d'équilibre ainsi calculées sont beaucoup plus grandes vis-à-vis des déséquilibres externes que vis-à- vis des déséquilibres internes. Afin d'illustrer alors le rôle crucial joué par les objectifs de balance courante, nous calculons la valeur du taux de change d'équilibre fondamental à output gaps donnés, dans deux scénarios : un scénario à cibles nulles dans tous les pays et un scénario à cibles « réalistes ».John Williamson's theory is now one of the leading alternative approaches that have been developed to overcome the failure of purchasing power parities to define equilibrium exchange rates. His theory defines the Fundamental Equilibrium Exchange Rate (FEER) as that which, in the medium run, enables simultaneous internal equilibrium (the economy is on its potential growth path) and external equilibrium (the current account balance is « sustainable »). Using comparative statics to assess these equilibrium exchange rates enables us to discern the sensitivity of fundamental exchange rates to output gaps and to deviation from current account targets, which reduces the normative nature of Williamson's analysis. The assessment made using the NIGEM multinational model enabled us to calculate sensitivities for the ten leading OECD countries. Calculated elasticities of deviation from equilibrium exchange rates are much greater in relation to external disequilibria than in relation to internal disequilibria. We calculated the value of fundamental equilibrium exchange rates for given output gaps in two scenarios in order to show the crucial role of current account targets. The first scenario assumed that there were no targets in any of the countries, and the second assumed that there were « realistic » targets.
- Résumés - p. 207-211