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Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. 15, no. 3, 2001 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'imposition optimale du revenu : une application au cas français - Antoine d'Autume p. 3-63 Nous nous intéressons à l'imposition du revenu, entendue dans un sens très large puisque nous y incluons l'impôt négatif que constitue le versement de subventions accordées sous conditions de revenu. Dans le barème actuel, les taux marginaux d'imposition ont un profil en U. La progressivité de l'impôt se traduit par des taux élevés au sommet de la distribution des revenus. Mais le caractère d'allocation différentielle du RMI fait aussi apparaître des taux égaux à l'unité au bas de la distribution. Bien entendu, toute action redistributive s'accompagne d'effets désincitatifs dès lors que l'imposition est assise sur le revenu et non sur les caractéristiques personnelles des individus. Le problème est donc de trouver le meilleur compromis entre redistribution et incitation à l'effort. Tel est l'objectif des modèles d'imposition optimale à la Mirrlees. Nous reprenons ici ce type d'analyse en l'appliquant au cas français, sur la base de données fiscales empruntées à B. Salanié. Les agents sont supposés ne différer que par un niveau individuel de capital humain, supposé exogène. Les deux paramètres importants sont alors l'élasticité de l'offre de travail, qui mesure l'ampleur des effets désincitatifs et le paramètre de concernement qui caractérise l'intensité de la redistribution souhaitée. Des simulations numériques permettent de déterminer le barème d'impôt optimal pour une large gamme de valeurs des paramètres. La conclusion générale est que des marges importantes de redistribution existent, dès lors que l'élasticité de l'offre de travail conserve une valeur raisonnable, assez faible. Une deuxième partie de l'article présente en détail les méthodes théoriques employées, une attention particulière étant portée au phénomène de bouchonnement.We are concerned with income taxation in a broad sense, including elements of negative income tax such as various subsidies conditional to income. The existing tax schedule is characterized by U-shape marginal tax rates. Progressive taxation implies high marginal rates at the top. Minimum income provision also implies a unit marginal tax rate at the bottom. Of course, any redistribution gives rise to disincentive effects as soon as taxation rests on perceived income rather than unobservable personal characteristics. The problem therefore is to find the best compromise between redistribution and incentives. This is the aim of optimal taxation à la Mirrlees. We apply this approach to French fiscal datas, collected by B. Salanié. Agents are supposed to differ only through their individual human capital, which is treated as exogenous. The analysis is dependent on two important parameters : labor supply elasticity, which measures the size of disincentive effects, and the parameter of an Atkinson collective utility function, which describes the concern for redistribution. Numerical simulations determine the optimal tax schedule, for a broad set of parameters. The general conclusion is that important margins for redistribution exist, as soon as labor supply elasticity keeps a low enough and reasonable value. The second part of the article describes in detail the theoretical methods, with special attention to the case of bunching.
- Commentaire sur l'article d'A. d'Autume - François Bourguignon p. 65-73
- La réforme du Welfare aux Etats-Unis : une tentative d'évaluation - Michel Dollé p. 75-118 Les Etats-Unis se sont engagés, au cours des années quatre-vingt-dix et notamment à partir de 1996, dans une réforme de leur protection sociale. Les dispositifs d'allocations sous conditions de ressources ont été remaniés et durcis dans le but de renforcer les incitations au retour à l'emploi des bénéficiaires. De fait, le nombre des bénéficiaires s'est considérablement réduit, mais les résultats en termes de lutte contre la pauvreté sont beaucoup plus incertains. L'objet de cet article est de présenter cette réforme, les conceptions qui l'inspirent et les premières évaluations disponibles. L'intérêt de l'exercice tient aux débats qui se développent en France comme dans d'autres pays européens sur la réforme du système de protection sociale où le thème du retour à l'emploi prend une ampleur certaine, alors que la phase de croissance durable que connaissent les Etats-Unis depuis 1991 et les succès apparents dans le domaine de l'emploi tendent à les faire apparaître comme un modèle. Dans une première partie, on rappelle à grands traits les caractéristiques du Welfare, son évolution au cours des années quatre-vingt-dix et on présente la situation qui résulte de la réforme de 1996. Dans une deuxième partie, on analyse le Welfare sous l'angle des incitations au retour à l'emploi et on présente les premières évaluations disponibles en la matière. Dans une troisième partie on examine la réforme sous l'angle de ses effets redistributifs et de son impact sur la pauvreté. Deux annexes complètent le document, la première est relative à la mesure de la pauvreté aux Etats-Unis, la seconde aux relations entre le budget fédéral et les Etats.The step by step change of the US Welfare State at the beginning of the nineties significantly accelerated with the 1996 Personal Responsability and Work Opportunity Act. The main goal of this reform, which did affected most of the Nation's cash assistance programs, was to put an end to the welfare dépendance system by promoting work over welfare. In this paper, we try to underline the main caracteristics of the reform and to survey the first reseaches assessing its effects. In the recent years, the number of welfare recipients has fallen dramatically, partly due to the general economic upturn. But the results are less favourable if we consider the income of the former recipients as well as for the families remaining in the welfare programs. Most of them remained poor and their poverty gap did not reduce. The fight against poverty, to be succesful, should combine a dynamic minimum wage policy with an enforcement of the inwork benefits and with a welfare reform. French and European people in general should keep these three key conditions in mind to achieve a successful reform of their welfare system.
- Inégalité et pauvreté : limites conceptuelles et tendances récentes - Stéfan Lollivier p. 119-139 Les indicateurs d'inégalité utilisés habituellement, et notamment le taux de pauvreté, sont des indicateurs relatifs, qui reflètent la dispersion des revenus. Ils ne peuvent être utilisés comme indicateurs de bien-être qu'au prix d'hypothèses très réductrices, rarement explicitées dans les publications usuelles. Parallèlement, évaluer la situation des individus au vu de leurs seules ressources monétaires est insuffisant. D'autres voies sont envisageables, basées soit sur les conditions de vie, soit sur une approche plus subjective.Usual indexes of inequality, in particular the poverty ratio, are relative indexes. They reflect the concentration of incomes. They can be used as welfare indexes only under strong assumptions, generally not recalled in usual publications. Moreover, the knowledge of monetary resources is not sufficient to evaluate individual situations. Other approaches can be developed based either on living conditions or more subjective items.
- L'expérience française de réduction du temps de travail : moins d'emplois et plus d'inégalités - Pierre Cahuc p. 141-166 Cet article suggère, à la lumière des évaluations économiques des expé- riences de réduction du temps de travail, que les éléments relatifs à la réduction du temps de travail des dispositifs Robien et Aubry ont vraisemblablement des effets négatifs sur l'emploi. En outre, l'expérience française de réduction du temps de travail risque fort d'accroître les inégalités au profit de salariés bénéficiant d'emplois stables et aux dépens des travailleurs précaires.Departing from the economic evaluations of the reduction of working time policies, this paper suggests that the current french experience of working time reduction is likely to destroy jobs and to increase inequalities, at workers with fragile jobs expense and to the benefit of employees with stables jobs.
- Oligopole et contrats financiers optimaux - Jean-Daniel Guigou p. 167-185 Cet article développe un jeu non- coopératif simple dans lequel la forme des contrats financiers constitue une variable de la stratégie d'entreprise. Le contrat de dette standard n'est pas optimal : des arrangements financiers plus complexes sont choisis par les firmes à l'équilibre du jeu. Il en est ainsi des contrats d'engagement de prêt et des contrats de dette-action. Ces contrats incitent les firmes à développer des stratégies de production qui vont au-delà de celles exigées par la maximisation des profits. Les firmes sont ainsi confrontées à un dilemme du prisonnier.This paper develops a simple non- cooperative game in which the design of financial contracts matters for firms' strategy. Standard debt contract is not optimal. More complex financial arrangements are chosen by firms at equilibrium. Loan commitment and debt-equity contracts commit firms to aggressive output strategies which go beyond those warranted by profit maximization. Firms face a prisonners' dilemma.
- Résumés - p. 187-190