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Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. 17, no. 1, 2002 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La distribution des revenus dans les pays de l'OCDE au vingtième siècle - Tony Atkinson p. 3-31 Cet article est consacré à l'étude de la dispersion des revenus des ménages dans les pays de l'OCDE. Nous replaçons tout d'abord l'analyse de la distribution des revenus au sein de la théorie économique, en expliquant qu'elle offre simultanément un intérêt intrinsèque et un intérêt instrumental. Puis nous présentons quelques résultats empiriques concernant soit des comparaisons entre les pays de l'OCDE, soit des comparaisons dans le temps, en insistant particulièrement sur les cas américain et britannique. Enfin nous proposons quelques interprétations des disparités observées. Nous discutons d'abord la vision conventionnelle selon laquelle l'augmentation récente des inégalités aux USA et dans certains autres pays de l'OCDE vient du déplacement de la demande de main-d'œuvre non qualifiée vers la main-d'œuvre qualifiée, à la suite d'une concurrence accrue de la part des pays nouvellement industrialisés ou d'un changement technique biaisé en faveur du travail qualifié. Ensuite, nous étudions trois problèmes suscités par l'approche conventionnelle : (a) aux USA, le mouvement en défaveur des bas salaires s'est inversé dans les années 1990, et dans certains autres pays de l'OCDE on n'observe pas de biais général dans le haut de la distribution ; (b) l'impact des changements dans les revenus bruts peut être modéré par les impôts et les transferts, et ces politiques peuvent avoir changé ; (c) l'augmentation de l'inégalité dans le haut de la distribution exige des explications différentes.This article is concerned with the distribution of household income in OECD countries. The first section of the paper seeks to place the study of income distribution within the subject of economics, explaining that it is studied both for its instrumental and intrinsic interest. The second section sets out some of the empirical evidence, both cross-country in the OECD today, and across time, particularly for the United States (USA) and the United Kingdom (UK). The third section considers some of the explanations that can be given. This begins with the conventional wisdom that the recent rise in inequality in the USA and certain other OECD countries is due to a shift in demand away from unskilled towards skilled labour, as a result of heightened competition from newly industrialising countries or the result of technical change biased towards skilled labour. It then considers three problems with the conventional approach: (a) in the US the tilt against low paid workers has been reversed in the 1990s, and in some other OECD countries one does not observe a general tilt at the top; (b) the impact of changes in gross incomes may be moderated by taxes and transfers, and these policies may have changed; (c) the rise in inequality at the top of the distribution requires different explanation (s).
- L'impact de l'Union monétaire sur les marchés du travail - Gilles Saint-Paul p. 33-56 In this article, we discuss some economic mechanisms behind the effects of European monetary union on labour markets. First we discuss some direct effects encountered by the recent literature. Then we analyse how belonging to a monetary union affects the incentives for labour market reform. We distinguish between the role of monetary policy in stabilizing economic fluctuations and its role in smoothing the transition to a new steady state after a structural reform is implemented.
- La dollarisation comme solution en dernier ressort - Henri Bourguinat, Larbi Dohni p. 57-96 L'Equateur a récemment donné cours légal au dollar. Le Salvador est sur le point de faire de même. Le Guatemala et le Costa-Rica sont également tentés. Mais la perspective est beaucoup plus générale. Dans d'autres parties du monde, la dollarisation progresse (le Timor oriental et le Kosovo ont remplacé leur monnaie par le dollar et le mark) ; les pays balkaniques aussi se « dollarisent » ou « s'euroisent » ; il y a quelques années, le rand sud-africain fut aussi substitué aux monnaies locales de la Namibie, du Lesotho et du Swaziland. Quelques années auparavant, la dollarisation, excepté le cas du Panama [1904], ne concernait que des territoires microscopiques ou de petites cités en Europe, comme les principautés d'Andorre, du Liechtenstein, de Monaco ou le Vatican. Le champ de la dollarisation est donc en train de s'élargir considérablement. La formule est même présentée comme un moyen général de réformer le système monétaire International. Pourquoi, dit-on, ne pas remplacer toute une série de monnaies « mineures » érodées par l'inflation, les déficits, les crises politiques quand ce n'est les révoltes ou troubles ethniques, par un petit nombre de monnaies bien identifiées par les marchés et plus crédibles ? Avant d'adopter cette vue qui paraît trop optimiste (la dollarisation est une solution « en dernier ressort »), il est nécessaire de considérer : —la nature profonde et spécifique de la dollarisation en tant que contrat d'emprunt de crédibilité ; —l'intérêt de la dollarisation par rapport aux autres régimes de change (unions monétaires et caisses d'émission) ; —une analyse coût-bénéfice de la formule ; —une application aux cas du dollar canadien et des pays d'Europe centrale et orientale.Ecuador has recently adopted the US dollar as legal tender. Salvador is on the verge of doing so; Guatemala and Costa-Rica are attempting at the same substitution to their own currency. But, the prospect is now more general. In other parts of the world, the dollarization progresses, too; Eastern-Timor and Kosovo have just before replaced their currency, respectively by the dollar and the mark; Balkanic countries are about to dol- larize ("euroize") their economies. Earlier, the South-African rand was substituted to the Lesotho, Swaziland and Namibie national currencies. Now we are far from the previous straight field of official dollarization. A few years ago, it concerned, except the specific case of Panama [1904], only "microscopic" territories like Pacific Island (Guam, Micronesia, etc.) or little cities as, in Europe, Andorra, Lichtenstein, Monaco or the Vatican. Now, official dollarization is quite another phenomenon. It is often presented as a general formula available to reform the International Monetary System (IMS). This solution is now proposed to replace a lot of currencies eroded by inflation, deficits, political crisis, if not by revolts and ethnic troubles. Initially, it seems quite logical to try to replace "minor currencies" by a few number of foreign currencies well identified by the markets and more credible. The main argument of this paper is precisely to discuss this prospect of dollarization used to simplify and rationalize the IMS. Before adopting this view, which seems too optimistic, it would be necessary to consider: - The sound and specific nature of dollarization as a "borrowing contact of credibility in the last resort". —The interest in dollarization, relatively to other exchange rate arrangements like Monetary Unions or Currency Boards. —A cost-benefits analysis of this substitution of a foreign currency to a local one. —An application of the dollarization formula to the Canadian dollar and Eastern Central European countries.
- Inégalités et réformes des retraites - Jean-Olivier Hairault, François Langot p. 97-159 Nous étudions les implications sur les inégalités de l'augmentation de l'espérance de vie à l'horizon 2040 en distinguant trois scénarios permettant d'assurer la pérennité du régime par répartition actuel. Dans le premier, le ratio de remplacement est maintenu, ce qui implique une élévation du taux de cotisation. Dans le second, de façon symétrique, c'est ce dernier qui est maintenu, ce qui implique de revoir à la baisse la générosité du système de retraite par répartition. Enfin, un troisième scénario correspond à un allongement de la durée de vie active afin de maintenir le ratio de dépendance actuel, laissant inchangés ratio de remplacement et taux de cotisation. Nous élaborons un modèle à générations dans lequel les principales étapes de la vie sont représentées par des variables aléatoires. Les individus font également face à un risque de revenu salarial, à tout âge, en particulier à l'entrée dans la vie active. Enfin, cette modélisation nous semble intéressante dans la mesure où elle conduit à mieux fonder le motif d'altruisme des agents. Une contrainte de liquidités permet de donner toute son importance à l'hétérogénéité patrimoniale, seuls les ménages possédant du capital pouvant lisser leur consommation. De façon plus intéressante, le calcul de l'indicateur de Gini sur la consommation révèle que les inégalités de bien-être sont semblables dans les trois régimes et supérieures à celles prévalant actuellement. Si ce résultat était attendu pour la capitalisation, il est plus surprenant dans les deux cas où le ratio de remplacement est maintenu. Les actifs en bas de l'échelle sociale voit leur situation relative se détériorer par rapport aux plus aisés du fait de la contrainte de liquidités qui pèsent sur eux. Si l'on adopte une vision dynamique des inégalités, en considérant les espérances de bien-être, le maintien du ratio de remplacement à âge de la retraite inchangé conduit à une situation plus inégalitaire. Finalement l'allongement de la durée de vie active apparaît la mesure la plus égalitaire, quel que soit le critère retenu.This paper develops a quantitative overlapping generations model with altruistic individuals that is useful for analyzing the long-run distributional implications of demographic changes and pension reform in France. We adopt an original mar- kovian representation by introducing constant probabilities of transition into the different life-cycle stages. The transition probabilities are calibrated to replicate the French average lengths of life, work and retirement. For simplicity, the only risks individuals face throughout their life- time are idiosyncratic: a worker faces a potential loss of wage income; a retiree faces an uncertain time of death. Financial markets are incomplete (market failure in the private provision of annuities and restrictions on borrowing against anticipated future wages). First, we check whether our setup is able to replicate some aggregate features and the main distributional facts of the French economy. We then simulate different policy experiments designed to cope with the aging of the population due to the increase in the expected life time. We consider two scenarios, first an increase in the labor tax rate that holds constant the replacement rate, and conversely, the case where the latter is lowered and the labor tax rate is unchanged. In both scenarios, welfare inequality increases compared to the situation that prevailed previous to the aging of the population, especially when the share of the funded pension scheme is large.
- Commentaire de l'article de J.-O. Hairault et F. Langot - Béatrice Sédillot p. 161-171
- Les infrastructures de transport et la logique financière du partenariat public-privé : quelques paradoxes - Alain Bonnafous p. 173-194 L'implication d'opérateurs privés dans le financement, la construction et l'exploitation d'infrastructures publiques sont de plus en plus fréquemment explorées par la puissance publique. Cette tendance a ses raisons, dont le souci de minimiser la dépense publique qui est souvent évoqué. Mais quelles sont les conséquences d'une faible rentabilité financière du projet sur le choix entre opé- rateur public ou privé ? Le choix du privé n'est-il pertinent que lorsque cette rentabilité est forte ? La réponse à ces questions tient, en particulier, à un paradoxe de la rentabilité financière : en supposant que les opérateurs publics et privés aient la même efficience, tout projet qui ne peut être autofinancé requiert plus de subvention si le privé est choisi, mais le surcoût correspondant pour les finances publiques est d'autant plus faible que la rentabilité du projet est elle-même faible. Cet article propose une démonstration de ce paradoxe et en décline quelques conséquences, y compris en cas de meilleure efficience de la part de l'opérateur privé.The opportunity of private financing, building and operating of new infrastructure projects is more and more frequently explored by public authorities in the world. This trend is justified by various reasons. This paper concerns one of them which is a lower need of public financing and more specifically some questions: what is the consequence on public financing of a weak profitability rate of the project according to a public or private operator? is the "private going" only relevant with high profitability rates? One of the answers to these questions is what we call the paradox of profitability rate which can be formulated as following: the internal rate of return being supposed the same in the public and the private case, the need of subsidies for a non self-financed project is higher with a private operator than with a public one, but the additional cost of the private issue is decreasing when the profitability rate of the project is itself decreasing. This article proposes a general demonstration of this paradox and its policy oriented implications, inclu- ding in the case of a better efficiency of the private operator.
- Résumés - p. 195-200