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Cette étude été écrite au lendemain de la Guerre des Six-Jours. Hors des remous événementiels et des espérances illusoires, elle tentait de décanter les limites logiques du conflit. Son pessimisme nous avait dissuadé de la publier. L'affaire Dreyfus, les camps de la mort, le ghetto de Varsovie nous ont inculqué ce que doivent être la dignité humaine, une vie libre dans un pays libre. Hôte pendant plus de vingt ans de la terre d'Islam, ne comptant plus le nombre de nos amis musulmans, nous ressentions profondément la sensation de droit bafoué et l'angoisse arabes. Nous avions repris ces pages lorsque l'incendie de la Mosquée al-Aqça raviva cette dialectique historique et architecturale menant des victoires de Salomon à celles de Salah ed-Dîn par les légions de Vespasien et les chevaliers du Temple. La guerre du Kippour - ou du Ramadhan - a relancé ce processus de guerre sub-limitée discontinue dont nous appréhendions alors la reconduction. Par souci d'objectivité, nous n'atténuons pas les plus abruptes propositions relatives à chaque camp. - Nous aimerions avoir tort.

Existe-t-il un nationalisme arabe ? La multiplicité des formes que revêt ou qu'a revêtues ce nationalisme depuis la seconde guerre mondiale constitue-t-elle un démenti à sa réalité même ? Qu'y a-t-il de commun entre le Nassérisme et le nationalisme tel qu'il s'exprime en Syrie, en Irak ou en Libye ? Nous verrons qu'il existe en fait un ou des nationalismes en fonction du niveau d'analyse envisagé : - au niveau de la politique intergouvemementale, le label nationaliste et l'idée de l'unité arabe, revendiqués par tous les Etats, sont devenus bien souvent la couverture idéologique des rivalités interarabes ; - au niveau de la sensibilité collective modelée par l'exaltation de l'arabisme et marquée par les valeurs bédouines de solidarité et d'honneur collectifs, se retrouve une forme d'unité qui est davantage fait de civilisation - se manifestant éventuellement au plan politique - que démarche spécifiquement politique.

L'auteur examine successivement les perspectives d'un règlement de paix à la lumière des événements des six dernières années et des données actuelles de politique intérieure israélienne. Israël se trouve aujourd'hui diplomatiquement isolée avec pratiquement pour seul appui les Etats-Unis. La modération dont fait preuve l'Egypte pourrait permettre un règlement partiel en ce qui concerne les territoires occupés. La pierre d'achoppement est le problème palestinien vis-à-vis duquel Israël dans le passé a peut-être manqué d'imagination. Quoi qu'il en soit, une paix durable, même avec la garantie des grandes puissances et éventuellement une coopération économique et politique souhaitable entre l'Europe et le Proche-Orient, n'est pas pour demain.

Cette étude traite historiquement de la résistance palestinienne sous toutes ses formes jusqu'à la veille de la guerre d'octobre. Ce mouvement de résistance a connu son apogée lors de la bataille de Karameh où l'armée jordanienne avait été appuyée par les commandos palestiniens, et son plus gros échec en 1970 pendant la guerre palestino-jordanienne. Sa stratégie révolutionnaire a provoqué les craintes des régimes arabes conservateurs, et le terrorisme a fait perdre à la cause palestinienne beaucoup de sympathies. Le peuple palestinien a cependant réussi à recueillir le soutien officiel de nombreux pays d'Afrique et d'Amérique latine. L'auteur est partisan de la création d'un Etat palestinien sur la rive occidentale du Jourdain.