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L'URSS de 1987 est une URSS en train de changer et de se démarquer d'une réalité soviétique devenue avec le temps figée et d'apparence immuable. Aussi n'est-ce pas le moindre des paradoxes que ce soit le changement qui surprenne aujourd'hui dans ce pays qui se voulait hier la « patrie de la révolution ». Changement ou continuité ? Le problème est de savoir si le changement que l'URSS traverse aujourd'hui est le fait et la volonté de son dirigeant du moment — parce que plus ouvert, plus lucide ou plus libéral —, une sorte de cure indispensable que le système s'imposerait à lui-même pour être en mesure d'affronter les défis de cette fin de siècle.

La nouvelle politique culturelle, qui constitue un élément essentiel de la perestroïka inaugurée par Gorbatchev, a commencé à se mettre en place après le XXVIIe congrès du Parti (février-mars 1986). L'administration du secteur culturel a été confiée à de nouveaux responsables, des organismes nouveaux ont été créés. De nombreuses œuvres interdites auparavant paraissent, des écrivains morts en disgrâce sont réhabilités, des œuvres traitant de la réalité soviétique, passée et présente, d'un point de vue critique voient le jour. Ce renouvellement de la vie culturelle rencontre des résistances. De plus, les dirigeants, tout en l'ayant favorisé, en indiquent les limites. Ils n'envisagent nullement une quelconque autonomie de la création culturelle et les mécanismes de contrôle idéologique existent toujours. Aussi le sentiment est-il répandu, dans les milieux intellectuels, que ce nouveau climat est précaire.

C'est dans le domaine de la vie culturelle que la politique de glasnost s'est traduite par les effets les plus sensibles. Mais assouplissement de la censure ne signifie pas disparition de toute ligne directrice. Les thèmes — inédits en URSS jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev — développés dans la production littéraire restent étrangement proches de ceux qui figurent dans les discours de l'actuel secrétaire général.

L'histoire des pays de l'Est a été marquée par une série de tentatives de réforme dont les résultats ont été très variables selon les cas nationaux. Le « facteur Gorbatchev » représente une nouveauté dans la mesure où c'est l'URSS elle-même, traditionnellement hostile à ces expériences, qui est aujourd'hui le théâtre d'une « restructuration ». Les données fondamentales du problème ne s'en trouvent pas pour autant réellement changées pour les leaders est-européens qui auront toujours du mal à réussir une perestroïka compatible avec les principes du socialisme, acceptée par Moscou et satisfaisante pour la population. Quant à Gorbatchev, il devra manœuvrer avec finesse pour maintenir la stabilité et la cohésion interne du bloc tout en y introduisant une nouvelle dynamique économique et sociale.

La réforme en Chine a connu plus de neuf années d'avancée importante, sinon toujours régulière. En 1987, le coup d'arrêt à la libéralisation politique et les luttes d'influence au sommet recréent une certaine incertitude, comme à l'époque de la « lutte entre les deux lignes ». L'appareil du parti politique, confronté entre sécurité et modernité, se crispe sur des réflexes idéologiques au moment où la succession de Deng Xiaoping approche. Ce dernier réussira-t-il à mettre en place au XIIIe congrès du Parti communiste un ordre de transition susceptible de poursuivre la dynamique réformatrice ?

Depuis la chute du secrétaire général du Parti communiste chinois, Hu Yoabang, en janvier 1987, la réforme économique est demeurée en suspens. Halte temporaire destinée à ajuster le rythme des changements ? Renversement de stratégie lié à un retour en force des conservateurs ? Entre les obstacles que lui opposent les pesanteurs du régime et celles de la tradition, la réforme a du mal à se frayer une voie. Le prochain congrès du Parti assurera-t-il la relance ?

Quels sont les véritables buts de Gorbatchev? Quels sont ses avantages à désarmer l'Europe? Comment celle-ci voit-elle son avenir? Avec une force militaire propre? ou toujours celle des Américains? Les décisions internes au bloc de l'Ouest seront-elles dépassées, et ne jouent-elles pas en faveur de Gorbatchev?

Interview du Président de la République Socialiste de Yougoslavie, qui donne son avis sur la situation internationale, décrit la vie politique interne et analyse l'effet Gorbatchev en Europe centrale.